Entre 1983 et 1988, les frères Pauly, sous le patronyme de Parade Ground, avaient commis quelques singles ainsi qu’un album. Intitulé « Cut up », cet elpee avait même reçu le concours de Colin Newman à la production. Proche de l’équipe de Front 242, et en particulier de Patrick Codenys et de Daniel Bressanutti, le duo va même participer aux sessions d’enregistrement de « 06 :21 :03 Up Evil » et de « 05 :22 :12 Off ». Et puis le duo va disparaître de la circulation. Ne réapparaissant qu’en 2004, lors du 3ème Belgian Independent Music Festival à Anvers. « Rosary » constitue leur deuxième opus. Un disque qui réunit toutes leurs expériences opérées au cours des deux dernières décennies. Et, c’est Codenys qui s’est chargé de la mise en forme, tout en collaborant aux arrangements. 30 titres sont réunis sur cette plaque, dont 15 interludes intitulés « Rosary » et numérotés de I à XV. Des intermèdes bruitistes mais atmosphériques et de brève durée. Mais venons-en au contenu de ce disque. Clairement indus, il baigne au sein d’un climat austère, froid, inhospitalier, glauque, angoissant, décadent, ressuscitant en même temps les spectres de Front 242 (fallait s’en douter), mais aussi de Killing Joke (son aspect le plus indus), Depeche Mode circa « Construction time again », SPK et Test Department. Les trop rares mélodies (les superbes « Happy at all » et « Breath » constituant les exceptions qui confirment la règle) ne permettent pas à cet opus d’échapper à une dimension purement expérimentale que le groupe revendique par ailleurs. Des expérimentations qui impliquent aussi bien les samples métalliques, symphoniques, cinématiques (NDR : on a ainsi droit sur « Three faint fires » au célèbre dialogue entre Jean Gabin et Michèle Morgan, dans le film « Quai des brumes », ‘T’as d’beaux yeux tu sais…’), les boîtes à rythmes (psychotiques, mécaniques, obsessionnels, sordides, martiaux,…), les collages, les textures noisy, bourdonnantes, crépusculaires, ténébreuses, etc., le tout dans un esprit très eighties qui fait quand même assez daté. Dommage que Parade Ground n’ait pas sorti cet album 20 ans plus tôt, il serait peut-être devenu une référence. Aujourd’hui, d’autres sont passés avant lui…