L’édition 2008 des Francofolies de La Rochelle est lancée. Musiczine est dans la place jusqu’au 16 juillet pour une couverture sélective de l’événement.
Ce qu’on a vu en quelques mots :
1. Une gentille prestation des BB Brunes et des fans qui font des cœurs avec leurs mains.
2. Un remarquable concert d’Alain Bashung qui, oui, ‘nous avait manqués’.
3. Un show survolté de Dionysos et un record de slam.
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Pour les festivaliers tout droits débarqués des embouteillages des autoroutes françaises ou de leurs bureaux, l’aventure de ce premier jour commence, comme pour nous, aux alentours de 20h par la prestation des BB Brunes. Les lycéens étaient attendus par leur public, jeune, très jeune. Les cris hystériques n’ont pour la plupart pas encore mué, mais malgré l’énergie que l’on prêterait volontiers à l’adolescence, la masse remue peu. A peine quelques sauts quand Adrien Gallo lance un ‘vous faites des pogos à La Rochelle ?’ ; l’assistance se contente de se trémousser timidement en affichant néanmoins l’évident bonheur d’admirer ses idoles.
Sur scène, le quatuor prend des poses de rockeurs et jumpe volontiers mais il ne déménage pas. Forts du succès de leurs tubes tels « Dis moi » ou « Blonde comme moi » les BBB réalisent néanmoins un set sympathique. Fraîchement débarqués sur le devant d’immenses scènes, ils parcourent la quasi-totalité de leur premier répertoire et y ajoutent des morceaux test comme un « Seul ou accompagné » au refrain efficace.
Débordant de virilité avec sa guitare Hello Kitty, Felix fait du charme à une assemblée qui ne manque pas de lui témoigner son affection. Et quand Adrien, au micro, déboutonne sa chemise à jabot, il met le doigt sur un ingrédient essentiel du succès du groupe: ‘En fait, c’est mon corps que vous voulez, c’est ça ?!’. Dans les rangs, les fans sont en effet plus enclines à argumenter d’un ‘Ils sont bôôôôôô !’ qu’à mettre en exergue la qualité des arrangements et la subtilité des paroles de « Blonde comme moi », premier album de la bande. En attendant, les jolis cœurs écoutent les Cramps ; et après avoir conquis les cours de récré, ils s’attaquent au reste du monde…
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Changement d’ambiance radical sur l’Esplanade St Jean d’Acre : emmitouflé dans un costume noir, le crâne à nu sous une casquette, Alain Bashung fait son apparition. ‘Que le ciel nous soit clément’ exhorte le chanteur, alors que dans le parterre se chuchotent des mots inquiets sur l’état de santé de l’artiste.
Bashung fait le pari du danger en entonnant d’emblée « Comme un lego ». Neuf minutes d’une chanson fraîchement sortie, devant des festivaliers aux profils extrêmement différents, il fallait les imposer. Le silence est à l’écoute, le ton est donné : Monsieur Bashung est bien vivant.
Tout au long du set, le résident de la République distille parcimonieusement son « Bleu pétrole ». Les variés « Je t’ai manqué », « Vénus » et « Hier à Sousse » sont de la partie, tout comme un joli « Je tuerai la pianiste » agrémenté d’une mise en scène. Au-delà du dernier album, Bashung rassasie le public de quelques grands succès. Toute la place, jusqu’aux BB Brunes addict, reprend « Osez Joséphine », « La nuit je mens » et « Vertiges de l’amour »…
S’entrelacent également des morceaux moins connus comme un « Volontaire », chanté au temps du « Climax » avec Noir Désir. Une autre époque, pas si lointaine, resurgit. Et quand de ses « Confessions publiques » Bashung ressort « Happe », l’assistance retient son souffle. « Peu à peu, tout me happe » trouve un écho particulier sous le ciel rochelais. Les paroles cognent les parois des tours et reviennent en boomerang déposer un frisson sur les échines.
Lors des rappels, celui qui ne semble pas prêt à se courber devant la maladie fait entrer une blonde plantureuse. ‘J’aimerais vous présenter Chloé Mons’ annonce sobrement le mari de la créature qui gagne en classe à apparaître en duo à côté de celui qui, un morceau plus tard, saluera longuement un public reconnaissant et une fois de plus conquis.
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Il fallait être fort pour reprendre la barre tant le navire avait vogué sur des rives sombres et douces. L’équipage de Dionysos se dit pourtant ravi d’être pris dans ce ‘sandwich magique, entre Bashung et Cali’ et met le cap sur un rock festif et puissant. En trois mesures, le groupe est comme chez lui, il faut dire que c’est la quatrième fois qu’il s’attelle à mettre le feu au festival.
Dans un décor sorti des pages et des plages de « La mécanique du cœur », on s’attendait à s’entendre raconter l’histoire de ce romantique contrarié, né le jour le plus froid du monde. On aura droit qu’à quelques-uns des tic-tacs de sa vie. Entourés d’horloges hallucinées, Mathias Malzieu et sa bande sont, comme à leur habitude, complètement remontés.
Le public suit, accompagne, répond, jusqu’à obtenir le titre des plus honorifiques de ‘champions du monde de ta gueule le chat’. Titre amplement mérité, et récompensé par l’arrivée du chat Cali qui termine à quatre pattes pour donner plus de profondeur à son rôle.
Autre guest du set, ‘une petite grande surprise’ : Olivia Ruiz, l’allumette allumeuse qui embrase la foule dans sa minirobe crème, au son de « Tais-toi mon cœur ». « Babeth et son violon » gardent, à nos yeux, la palme de la prestance, mais la femme chocolat est une savoureuse friandise supplémentaire.
Les six Valenciens, rejoints ces derniers mois par trois nouveaux membres n’en finissent pas de gesticuler et communiquent leur énergie à un public complètement déchaîné et ravi de porter à de multiples reprises un Mathieu Malzieu adepte des bains de foule. N’en déplaise aux assureurs, le chanteur s’offre un record de slam en parcourant l’honorable distance d’un aller-retour régie, escaladant des échafaudages au passage.
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A force d’excès de bonne humeur réjouissants et de performances musicales, Dionysos laisse un parterre surchauffé aux bons soins de Cali. Mais comblés par les concerts de la soirée ou déçus par d’anciens shows de l’enfant des Francos, une partie de l’assistance abandonne le navire.
Les photos du festival sur http://www.hiersoir.com