Il y a près de 20 ans, Seasick Steve, auteur-compositeur-interprète américain à l’époque méconnu, alors que dans les 60’s c’était un ami de Janis Joplin, livre une prestation magistrale sur le plateau du présentateur britannique Jools Holland. L’homme n’a rien d’autre que son vieux stompbox, petite caisse en bois retournée, et une guitare à trois cordes décrépite. Et pourtant, cette prestation fait l’effet d’une claque, dont l'impact se fait encore sentir près de deux décennies plus tard. Depuis, il a quand même gravé 14 elpees, dont le dernier, « A Trip A Stumble A Fall Down On Your Knees », est paru ce 7 juin 2024.
Le supporting act est assuré par James Dixon. Il est seul, armé de ses guitares, dont une ‘cigar box’ (NDR : il ne s’en servira qu’à une seule reprise).
Barbu, de longs cheveux bouclés retombant sur les épaules, il prend place sur un cajun. A sa droite, on remarque la présence d’une boîte dont les différents boutons sont destinés à moduler ou amplifier les sonorités de sa sixcordes. Mais également à produire quelques jolis effets. Une cymbalette traîne à ses pieds. Originaire des Cornouailles, en Angleterre, cet homme-orchestre va accorder un set de plus de 40 minutes. Il va nous réserver de larges extraits de son dernier opus, « Trepassing Light », ainsi que son nouveau single « Freight Train », un morceau de country/americana vivifiant. En écoutant sa musique les yeux fermés, on a l’impression de voyager à travers les States, tantôt en traversant les grandes plaines sauvages de l’Ouest américain ou alors en s’enfonçant profondément dans le Bayou. Chouette première partie (la page ‘Artiste’ consacrée à James Dixon est disponible ici
Longue barbe blanche, Seasick Steve aurait pu incarner le père Noël s’il avait opté pour un bonnet rouge plutôt qu’une casquette de couleur kaki. Il est accompagné d’un drummer, mais sans couvre-chef.
Le concert s’ouvre par « My Donny ». Issu de son dernier opus, l’entraînant « Backbone Slip » libère un groove incroyable. Plus de la moitié de la setlist est d’ailleurs constituée de titres extraits de son quatorzième long playing. Un groove qui se révèle hypnotique sur le rythmé « Soul Food » dont les riffs répétés sont découpés dans les accords d’une vieille dobro. « Barracuda '68 » est à la fois fluide, doux et enlevé.
Sympa, attachant et cool, il présente longuement ses compos, change de guitare entre chacune d’entre elles, sauf pour les deux morceaux qu’il interprète d’affilée à la ‘cigar box’ et qu’il est fier d’exhiber.
On a droit au quart d’heure amoureux de Steve. Il place sa guitare dans son dos, se lève de son siège et scrute attentivement les premiers rangs. Il cherche une jolie fille et l’invite à monter sur les planches. Il la prie de s’asseoir à sa gauche sur un baffle puis, comme il est toujours bien vert, commence à lui faire la cour. D’abord, à travers une vanne, en signalant que la dame fête son anniversaire. Ce qui déclenche l’hilarité dans l’auditoire. Il empoigne sa guitare et lui confie amoureusement qu’il s’appelle Steve. La chanson terminée (« Walkin' Man, Abraham »), il l’embrasse et demande à un roadie de lui apporter un vinyle qu’il dédicace ; et, en petit fûté, lui communique son adresse e-mail personnelle. Votre serviteur a déjà assisté au même scénario, à trois reprises. C’est devenu un rituel lors de chaque concert. En outre, Steve frotte et lisse souvent sa longue barbe lorsqu’il manipule la foule.
Mais les spectateurs sourient et dansent sur sa musique allègre, contagieuse, et dont les morceaux s’achèvent régulièrement par une rafale de percussions.
Il a aussi le don de mêler son blues à d'autres styles. Et le résultat est très réussi. On épinglera encore « Funky Music », une composition dont les paroles sont explicites : ‘Le blues m'a appelé / Toute ma vie…’ Une belle illustration de sa passion demeurée intacte pour ce style musical… Une superbe soirée comme on souhaiterait en connaître plus souvent. Et puis, c’est une des dernières icônes du blues qui crée toujours la sensation.
Setlist : « My Donny », « I Don't Know Why », « Backbone Slip », « Good Morning Little Schoolgirl », « Roy's Gang », « Soul Food », « Summertime Boy », « Walkin' Man, Abraham », « Mona », « Funky Music », « Started Out With Nothin' », « Barracuda '68 », « Let The Music Talk », « Bring It On », « Sun on My Face ».
Rappel : « Thunderbird »
(Organisation : Live Nation)