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The Young Gods

L'Aéronef balayé par un tourbillon 'indus'...

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Les légendaires pionniers suisses de l’indus, The Young Gods, opéraient leur grand retour sur la scène de l’Aéronef à Lille, dans le cadre d’une tournée destinée à promouvoir la sortie d’un quatorzième album studio baptisé « Appear Disappear » et à célébrer ses 40 ans de carrière. Le club affiche complet pour cette soirée où le trio va démontrer, une fois de plus, sa capacité à fusionner l’urgence brute du rock et l’art du sampling.

Dès 21h10, ponctualité suisse oblige, Franz Treichler (chant, guitare), Cesare Pizzi (samples) et Bernard Trontin (batterie) investissent la scène, portés par une énergie régénérée. Les sonorités de la guitare sont tranchantes, les rythmiques effrénées, et les paysages industriels finement orchestrés. Les titres s’enchaînent sans temps mort, chacun portés par les samples du magicien de service, qui déchirent littéralement l’atmosphère.

Le concert s’ouvre par « Appear Disappear », le titre maître du dernier long playing, dont le tempo évoque celui d’un train à vapeur, puis embraie par « Systemized », imprimé sur un drumming tribal, le lancinant « Hey Amour », le blues indus « Blackwater » (ce drumming syncopé !), et « All My Skin Standing », qui s’ébroue dans un climat ambient, est secoué par des explosions métronomiques, avant de s’enfoncer dans un final apocalyptique. Le public est transporté par la complainte intergalactique de « She Rains » et les réminiscences orientales de « Intertidal ». La voix de Franz peut se faire rauque, à l’instar du sauvage voire menaçant « The Night Dance » et de l’autre blues indus, « Gasoline Man », une voix aussi rocailleuse que celle d’un vieux bluesman.

La frénésie s’empare du drumming de Trontin sur « Mes yeux de tous », une compo traversée d’éclairs d’électricité. Et cette intensité électrique devient spasmodique sur « Blue Me Away », même si elle est entrecoupée par les vocalises atmosphériques de Treichler. Le set s’achève par « Shine That Drone », dont le rythme presque new wave incite les premiers rangs à s’agiter et même à danser.

Le light show est à la hauteur de la performance musicale : neuf colonnes lumineuses forment un demi-cercle derrière le groupe, les lumières circulent, changent de couleur, deviennent multicolores ou tombent comme des flammes, créant une ambiance immersive.

Après une heure de concert intense, le trio accorde deux rappels, livrant notamment l’emblématique « Skinflowers », moment choisi par Franz pour sortir une torche électrique afin de balayer la fosse de son faisceau lumineux, et « Charlotte », dans un registre différent, bercé par des samples d’accordéon et se distinguant par ses paroles décalées. Et lors du second encore le combo helvète nous gratifie de « Did you miss me », une reprise de Gary Glitter. Le public, conquis, profite jusqu’au bout de cette énergie communicative, avant que les musicos des Youngs Gods ne terminent par des poignées de main aux premiers rangs.

Dans une interview, Franz Treichler confiait : ‘Ne capitulez pas. Et gardez votre énergie, même si l’environnement est… eh bien, tel qu’il est’. Une philosophie qui transparaît dans la musique des Young Gods et leur présence scénique, où chaque son est travaillé comme une couleur sur une toile.

Ce soir, on a eu droit à une démonstration magistrale du savoir-faire du trio suisse, confirmant son statut de maître incontesté du rock industriel et de force scénique capable de surprendre et d’émouvoir, même après quatre décennies de carrière.

Setlist : Appear Disappear, Systemized, Hey Amour, Blackwater, All My Skin Standing, She Rains, Intertidal, The Night Dance, Gasoline Man, Mes yeux de tous, Blue Me Away, Shine That Drone.

Rappel 1 : Skinflowers, L'amourir, Charlotte

Rappel 2 : Did You Miss Me

(Photos Ludovic Vandenweghe ici)

(Organisation : Aéronef, Lille)

Graham Nash

Une prestation magistrale, à la hauteur de la légende

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À 83 balais, Graham Nash continue d’incarner la légende vivante du folk-rock. Ce vendredi 24 octobre, au Cirque Royal de Bruxelles, il a réussi à transformer un simple concert en une véritable expérience musicale, entouré de musiciens virtuoses et d’un public conquis. Retour sur une soirée où chansons et anecdotes se sont mêlées pour célébrer sept décennies de création. La salle n’affiche pas complet, mais le public, constitué de passionnés de tous âges, va se montrer attentif et enthousiaste.

Pas de première partie : Graham Nash grimpe sur le podium, accompagné de Todd Caldwell (claviers et voix), Adam Minkoff (multi-instrumentiste et voix) et Zach Djanikian (guitares, mandoline, batterie et voix).

Dès les premiers accords, Nash prouve qu’il conserve une voix de ténor claire et précise, fidèle à ses enregistrements originaux. Les harmonies vocales, portées par ses musiciens, subliment les classiques comme « Marrakesh Express », « Teach Your Children » et « Our House », ainsi que des titres ‘solo’ tels que « Military Madness » et « Chicago/We Can Change the World ». Son dernier album, « Now » (mai 2023), témoigne de sa créativité toujours intacte.

La soirée est ponctuée d’anecdotes savoureuses sur ses débuts chez The Hollies et ses rencontres marquantes, notamment en compagnie de David Crosby et Stephen Stills, qui donneront naissance à Crosby, Stills & Nash, puis un peu plus tard, à Crosby, Stills, Nash & Young. Graham partage l’histoire derrière « Bus Stop » et « Immigration Man », illustrant chaque récit par des extraits ou des interprétations complètes.

Nash relate donc ainsi, comment, après un concert avec Crosby, Stills, Nash & Young au Canada, il n’a pas été autorisé à traverser la frontière pour rentrer aux États-Unis. Crosby et Stills, eux s’en sortent sans problème, pas même le Canadien Neil Young, mais l’Anglo-Américain — qui n’était encore que britannique à l’époque — n’avait pas été autorisé à entrer. C’est cet épisode qui a donné naissance à cette chanson. Cette fois, c’est Adal Minkoff qui accompagne la chanson d’un puissant solo de guitare.

Cependant, Nash ne raconte plus ni n’interprète ses histoires ni ses chansons debout, comme il l’avait fait deux ans plus tôt à la Roma d’Anvers. Mais, depuis son siège. Et son backing group se produit également en position assise.

Les musiciens brillent chacun à leur tour : solos de mandoline, de basse, de guitare et de saxophone rythment le concert. L’émotion culmine lors de « Simple Man », hommage à Joni Mitchell, et « Better Days », dédiée à Rita Coolidge. Nash invite régulièrement le public à chanter, notamment sur « Our House » et « Teach Your Children », créant une atmosphère chaleureuse et participative.

L’harmonica de Nash résonne sur « Southbound Train », où il glisse un clin d’œil à « The Star-Spangled Banner ». Les harmonies atteignent leur apogée sur « Cathedral », tandis que la simplicité et la beauté de « Our House » enveloppent la salle d’une douce nostalgie.

Le concert s’achève sans rappel traditionnel : Nash enchaîne « Find the Cost of Freedom », « Woodstock » et l’épique « Suite : Judy Blue Eyes », salués par plusieurs ovations debout. Une prestation magistrale, à la hauteur de la légende.

Setlist : « Wasted On The Way » (Crosby, Stills & Nash song), « Marrakesh Express » (Crosby, Stills & Nash song), « Military Madness », « I Used To Be A King », « Right Between The Eyes » (Crosby, Stills, Nash & Young song), « Bus Stop » (Graham Gouldman cover), «  Immigration Man » (Crosby & Nash song), « Better Days », « Love the One You're With » (Stephen Stills cover), « Simple Man », « Southbound Train », « Cathedral » (Crosby, Stills & Nash song), « Just A Song Before I Go «  (Crosby, Stills & Nash song), « Our House » (Crosby, Stills, Nash & Young song), « Teach Your Children » (Crosby, Stills, Nash & Young song) (with Douwe Bob), «  Find The Cost Of Freedom » (Crosby, Stills, Nash & Young song), « Woodstock » (Joni Mitchell cover), « Suite: Judy Blue Eyes » (Crosby, Stills & Nash song)

(Photo: Ralf Louis)

(Organisation : Greenhouse talent)

Project Pitchfork

Trois rappels pour le grand bonheur d’une fidèle fan base…

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18 ans après son passage (NDR : à l’Expo, pour le défunt Gothic festival), Project Pitchfork est de retour à Waregem, mais dans un lieu plus intimiste cette fois. En effet, la salle Schakelbox de la maison culturelle a une capacité de 350 personnes. Pas étonnant donc que ce concert ait affiché sold-out, un mois à l’avance. Dès notre arrivée, nous sommes surpris par la beauté de l’endroit et du quartier, entièrement rénovés. Un contraste avec certains centres culturels wallons, qui demain seront encore davantage soumis à des restrictions ; mais ça c’est une autre histoire.

Arrivés à l’heure malgré la tempête, nous sommes récompensés par une première partie de qualité : un autre groupe teuton, Oberer Totpunkt (NDR : souvent réduit à ses initiales, ‘OT’). Une formation issue d’Hambourg dont la musique oscille entre une new-wave classique, une forme de dark-wave, de l’Electro Body Music et carrément du metal, enrichi de des beats electro/techno. Un peu comme si Anne Clark (NDR : la voix de la chanteuse, bien que différente physiquement et pudiquement, s’en rapproche) rencontrait Front 242, Prodigy, Oomph et Alec Empire. Des styles qui varient autant que leurs tenues de scène (et leurs accessoires) tout au long de ce début de soirée.

Démarrant son set, 5 minutes à l’avance, les six musicos déboulent progressivement sur les planches, accoutrés comme s’ils participaient à un défilé mêlant, en même temps, Halloween, le fétichisme, la provocation et une parade militaire, tout en brandissant des drapeaux (neutres heureusement). Bonjour les contrastes ! Le claviériste, posté sur la droite, porte parfois un masque et chapeau dignes de la fête des morts au Mexique. Au milieu, la chanteuse, blonde, a enfilé une robe en cuir échancrée, qui ne laisse pas indifférent. Quant au batteur, planté à sa gauche, débordant d’énergie, il restera debout toute la soirée, se servant même quelquefois de la pointe de son pied pour frapper sur ses timbales. Une jeune danseuse/choriste les rejoint dès le deuxième morceau, suivie d’un guitariste capé et masqué, balançant des riffs puissants. Le sixième acolyte, un danseur en tenue de zombie, revient souvent sur le podium pour se déhancher. Mais installé au centre, la chanteuse possède une voix tellement captivante, que de temps à autre, on a l’impression qu’elle chuchote à votre oreille. Les compos sont agréables à écouter, même si les textes traitent régulièrement de mort ou d’apocalypse. A l’instar de « Alltag macht tot » (Trad : la vie quotidienne tue), de « Langfristig gesehen sind wir alle tot », proposé en début de parcours, que la chanteuse déclame partiellement en espagnol, et encore de « Dias de los Muertos »), toujours dans la langue de Cervantès, mais également, celle de Molière (‘A long terme nous sommes tous morts’, s’exclame-t-elle !). Enfin, leurs beats sont paradoxalement dansants.

Le show s’achève au bout d’une bonne cinquantaine de minutes par une forme de cérémonie, au cours de laquelle les six protagonistes s’avancent sur le devant de l’estrade pour chanter comme des enfants de chœur lors d’une cérémonie de funérailles. Une chouette découverte ! (Page ‘Artistes’ ici)

Rigueur et rapidité germanique oblige, le changement de matos opéré par les roadies est extrêmement rapide (NDR : précisons quand même que celui de la tête d’affiche campait déjà à l’arrière de la scène). Quinze minutes chrono, balance express comprise ! Les lumières s’éteignent alors, et le concert peut commencer. Enfin, pas tout à fait. Elles sont tamisées et le resteront tout au long de l’intro et du premier morceau. En l’occurrence le single entraînant « Timekiller ». Un démarrage en force pour Project Pitchfork ! Les deux batteurs, Léo (à gauche) et Achim (à droite), entourent le claviériste et choriste, installé au centre. Vers la fin de ce premier titre, un écran géant, de plus ou moins 15 mètres de large et 4 mètres de haut s’allume soudainement en arrière-plan. Y seront projetés successivement les logos du groupe, des clips vidéo ou des images de sensibilisation. « Song of the winds » (LP – « Entities -1992) et « Conjure » (LP - « Lam-‘bras » -1992) s’enchaînent. Durant tout le set, combo n’aura de cesse de nous faire voyager au sein de sa vingtaine de longs playings gravés en 35 ans de carrière. La ferveur du public ne faiblit pas. En milieu de parcours, la charmante épouse de Spilles, Sue, rejoint la troupe pour assurer les synthés et les chœurs, le claviériste passant à la guitare. Elle reviendra un peu plus tard, pour échanger un duo avec son époux, sur « Ascencion », en avant-scène. Avant que le band ne nous gratifie de trois titres phares : « Rain », « Souls » et « Beholder ».

Infatigable, la formation accordera 3 rappels, toujours en alternant nouvelles et anciennes compos. Project Pitchfork aura ainsi accordé un set de 22 titres, ce soir.

Après avoir assuré la tête d’affiche de l’Amphi festival, au pied levé, en juillet 2025, Project Pitchfork nous a donc gratifiés d’une date exclusive en Belgique, lors de cette tournée ‘best-of’, baptisée ‘Epitaph’. S’ils se produisent fréquemment en Allemagne, leurs passages en Belgique restent plus rares. Il fallait remonter aux éditions 2018 et 2023 du W festival, à Amougies puis à Ostende, pour retrouver les traces de leurs visites au pays des moules-frites. Sur les planches, Peter Spilles est toujours aussi charismatique et enthousiaste. Néanmoins, il faut reconnaître que sa voix devient de plus en plus rauque. Et puis les autres musiciens ont été à la hauteur. Que ce soit les deux drummers, en retrait, qui sont parvenus à maintenir le tempo tout au long de la soirée. Ou le claviériste en support au chant et à la guitare. On peut évidemment toujours regretter le départ, depuis 2021, de Dirk Scheuber, parti pour embrasser d’autres projets. Membre fondateur aux côtés de Spilles, il assurait le backing vocals et une deuxième présence charismatique derrière ses ivoires. Mais ne boudons pas notre plaisir d’avoir revu, dans une salle intimiste, et une bonne ambiance, cette formation allemande qui conserve indéniablement sa fan base.

(Organisation CC De Schakel)

Johnny Marr

Johnny Marr, les Smiths, Morrissey, la nostalgie et l’émotion…

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Johnny Marr, né John Martin Maher en 1963 à Manchester, est un musicien anglais surtout connu comme le guitariste et compositeur du groupe The Smiths dans les eighties, formant un duo emblématique avec le chanteur Morrissey. Son style de guitare innovant a influencé de nombreux musiciens britanniques. Après la séparation des Smiths, en 1987, Marr a milité au sein de plusieurs formations (The The, le duo Electronic avec Bernard Summer de New Order, The Healers, Modest Mouse, The Cribs) et collaboré avec de nombreux artistes. Il a également mené une carrière solo, gravant plusieurs elpees dont « The Messenger » (2013), « Playland » (2014), « Call the Comet » (2018) et le double album « Fever Dreams Pts 1-4 » (2022). Marr a aussi publié une autobiographie, « Set the boy free » (NDR : que votre serviteur avait lue très attentivement, à l’époque), et a participé à de nombreux projets musicaux, confirmant son statut de figure majeure de la pop et du rock britannique. Car finalement, Johnny Marr, auteur/compositeur/interprète, c’est aussi près de 40 ans de carrière post-Smiths.

Il se produisait ce mardi 21 octobre à l’Aéronef de Lille. Le public est nombreux, bien que la salle n’affiche pas complet. D’ailleurs, l’étage est ouvert, signe d’un bel engouement. Et c’est The Clockworks qui assure le supporting act.

Vu la densité de la circulation, pour arriver à bon port, lorsqu’on débarque dans la salle, la moitié du set est déjà assuré. Mais le peu auquel nous avons pu assister est convaincant. The Clockworks est un quatuor signé, depuis peu, par le légendaire Alan McGee. Originaire de Galway, en Irlande, mais désormais établi à Londres, le groupe vient de publier son premier long playing, « Exit Strategy », enregistré à Abbey Road et produit par l’ex-Suede Bernard Butler.

Sur les planches, chargé d’intensité, leur expression sonore tient parfaitement la route. Les guitares crépitent, la section rythmique percute, les backing vocaux soutiennent parfaitement la voix du lead singer, James McGregor, et le son est parfait. Les quatre jeunes musiciens illustrent une nouvelle fois l’incroyable vitalité de la scène post-punk britannique et irlandaise en particulier. A ne pas manquer lorsqu’ils se produiront pour un concert d'au moins une heure (photos Ludovic Vandenweghe ici et page ‘Artistes’ ). 

Setlist : Endgame, Enough Is Never Enough, Mayday Mayday, Best Days, Blood on the Mind, The Future Is Not What It Was, Lost in the Moment

Cool, veste en jeans sur le paletot, Johnny Marr grimpe sur le podium accompagné de ses fidèles musiciens : Jack Mitchell à la batterie, James Doviak à la seconde guitare, aux synthés et aux backing vocaux ainsi qu’Iwan Gronow à la basse

Dès les premiers morceaux, Marr montre son assurance scénique. Le quatuor fonctionne à merveille : la basse et la batterie forment une base rythmique solide, tandis que James Doviak, excellent second sixcordiste, apporte une complémentarité précieuse, doublant parfois aux claviers et assurant les chœurs. Sa voix se distingue particulièrement dans les aigus, mais elle peine un peu dans les graves.

La setlist, variée, alterne entre compositions solo de Marr et reprises des Smiths (six en tout), qui électrisent littéralement le public à chaque fois. Le spectre de Morrissey plane sur ces morceaux, et la nostalgie s’installe lors de titres comme « This Charming Man », « Big mouth strikes again », « Panic », dont l’auditoire reprend en chœur le fameux slogan ‘Hang The DJ’ ou « How soon is now », au cours duquel le vibrato si caractéristique est très susceptible de vous flanquer des frissons partout ; et même « Please, Please, Please Let Me Get What I Want », réarrangé en acoustique, pour un moment intime et touchant.

Parmi les titres solo, « Generate! Generate ! » ouvre le bal, suivi de « Armatopia » où un petit souci de guitare est vite réglé par un roadie, et « New Town Velocity » aux sonorités cristallines. « Spirit Power and Soul » apporte une touche électro, avec le batteur aux boîtes à rythmes, tandis que « Hi Hello » rappelle les Smiths par ses arpèges complexes et ses inflexions vocales, mais Johnny n’a ni le timbre, ni l’amplitude de Morrissey.

A mi-parcours, Johnny remercie les spectateurs qui se sont déplacés pour assister au concert, ce soir, mais pas les autres ; ce qui déclenche l’hilarité dans l’auditoire.

Meilleure compo personnelle, « Walk Into the Sea » se distingue par son atmosphère ténébreuse et ses vocaux incantatoires, flirtant avec la prog, tandis que « Getting Away With It » (reprise d’Electronic) transforme la salle en ‘Manchester Disco’ sous la boule à facettes. Enfin sur l’entraînant « Easy money », Johnny reprend le refrain à la guitare.

En rappel, Marr et son groupe reprennent « The Passenger » d’Iggy Pop, déjà adapté lors d’un événement BBC Radio 2 et repris aux côtés de Tim Booth de James lors de leur tournée nord-américaine, puis « Ophelia », dont la partie de guitare funky participe au groove contagieux.

Le concert s’achève sur « There Is a Light That Never Goes Out », hymne incontournable des Smiths, repris en chœur par le public. Johnny, ému, s’incline devant la foule, et se laisse submerger par l’ovation finale, visiblement ému par l’accueil chaleureux.

Si Johnny Marr a démontré une fois de plus son talent, sa précision et son efficacité, sans jamais tomber dans la démonstration technique, ce showman à l’attitude cool parvient à bonifier son propre répertoire, parfois constitué de titres sans grand relief, mais surtout à rendre chaque reprise des Smiths vibrante de nostalgie et d’émotion. C’est surtout pour ça que la majorité du public s’était déplacé nombreux, ce soir.

(Photos Ludovic Vandenweghe ici)

Setlist

Generate! Generate !, Panic (The Smiths song), Armatopia, New Town Velocity, Spirit Power and Soul, It's Time, Hi Hello, This Charming Man (The Smiths song), Somewhere, Please, Please, Please Let Me Get What I Want (The Smiths song), Spin, Walk Into the Sea, Bigmouth Strikes Again (The Smiths song), Easy Money How Soon Is Now? (The Smiths song), Getting Away With It (Electronic song)

Rappel

The Passenger (Iggy Pop cover), Ophelia, There Is a Light That Never Goes Out (The Smiths song)

(Organisation : Aéronef, Lille)

 

Yungblud

L’idole au sang neuf…

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Ce 5 octobre 2024, Forest National accueille Yungblud pour un concert événement à Bruxelles, dans le cadre de sa tournée mondiale baptisée ‘Idols EU Tour’. Le jeune Britannique, figure montante du rock contemporain, vient présenter son cinquième album, « Idols », un double opus dont la première partie est sortie en juin 2025. Accompagné en première partie par Palaye Royale et Weathers, Yungblud promet une soirée explosive à ses fans belges. La salle affiche complet, témoignant de l’engouement autour de l’artiste, reconnu pour son authenticité, son énergie brute et sa capacité à créer un lien unique avec son public. Après avoir déjà enflammé Forest National en 2022 et la Main Stage de Rock Werchter en 2023 et 2025, Yungblud revient avec un show intense, porté par une créativité sans limite et une volonté de repousser les codes du genre. Un rendez-vous immanquable pour tous les amateurs de rock moderne.

A l’entrée, le personnel de la sécurité semble débordé, et invite la foule à transiter à travers des couloirs balisés par des barrières Nadar, de manière quelque peu chaotique. C’est la première fois que votre serviteur assiste à une telle situation.

Le son, à Forest, c’est tout ou rien. Pour les deux premières parties, il sera exécrable, les infrabasses remontant du sol jusqu’aux sièges. Intenable ! Pour Yungblud, il sera, comme par hasard, parfait.

Premier groupe à ouvrir la soirée, Weathers est un quatuor originaire de Los Angeles, récemment invité à rejoindre Yungblud pour sa tournée européenne. La formation se compose du chanteur Cameron Boyer, du guitariste Cameron Olsen, du bassiste Brennen Bates et du batteur Christian Champion. Sa musique se distingue par des hymnes entraînants et rythmés, portés par des paroles introspectives abordant le passage à l’âge adulte et la santé mentale. On retrouve dans leurs influences des groupes comme The Kooks, Green Day ou Blink-182. Sur les planches, les Américains affichent une étonnante assurance, malgré leur relative inexpérience de ce type d’événement. Ils surprennent en reprenant « Famous Last Words » de My Chemical Romance, en adress      ant un clin d’œil à leur inspiration. S’ils n’atteignent pas encore ce niveau, ils s’en sortent néanmoins très bien pour un combo peu habitué à de telles scènes. En fin de concert, pendant « C’est La Vie », ils prennent le pari de faire chanter le public, un risque largement récompensé. Ils présentent de larges extraits de leur troisième album, « Are We Having Fun ? », sorti en 2023. Avec un meilleur son, ce quatuor mérite d’être revu, tant son énergie en ‘live’ est communicative (page Artistes ). 

Setlist : « Happy Pills », « I'm Not Ok », « Lonely Vampire », « Famous Last Words » (My Chemical Romance cover), « Ugly », « Where Do I Sign ? », « All Caps », « C'est La Vie »

Surprise ! On a droit à une deuxième mise en bouche : le trio Palaye Royale. Et il compte bien faire monter l’ambiance d’un cran. Dès le premier morceau, Remington Leith invite la fosse à se baisser puis à bondir ; et elle s’exécute avec enthousiasme. Véritable tornade, le leader de Palaye Royale entraîne le public dans son sillage, soutenu par ses complices qui jouent avec charisme et énergie, distillant des mélodies accrocheuses et incitant la foule à chanter, notamment sur « Mr. Doctor Man ». Le band canado-américain, toujours en tournée, ne connaît pas le repos et adapte chaque soir son set à l’énergie de l’auditoire ; ce qui rend chaque performance unique et vivante. Malgré un son perfectible, l’émotion brute passe sans filtre. Le public, conquis, accueille les Américains comme de véritables têtes d’affiche. Remington, vêtu d’un kilt, escalade la barrière du gradin pour galvaniser la foule, puis descend dans les pogos et s’immerge dans les premiers rangs. La communion est totale : on vit l’instant présent à fond, et ça fait du bien. Après une demi-heure d’énergie pure, Palaye Royale quitte le podium, laissant un auditoire conquis et prêt à accueillir la star de la soirée (page ‘Artistes’ ici

Setlist : « Mister Devil », « Death Or Glory », « No Love In L.A. », « Addicted To the Wicked & Twisted », « Dying In A Hot Tub », « Fucking With My Head », « You'll Be Fine », « Mr. Doctor Man », « For You ».

Les lumières s’éteignent et la foule se déchaîne en hurlant lorsque Yungblud débarque. Pendant que le morceau d’entrée préenregistré, « War Pigs » de Black Sabbath, accompagne l’arrivée des musiciens sur les planches, l’excitation monte. Vêtu de cuir et de lunettes fumées, il ouvre le bal par le titre épique « Hello Heaven, Hello », issu de son dernier elpee « Idols ». Visiblement, les fans vont se régaler ce soir. De la joie aux larmes, la palette des émotions est vaste, mais toujours authentique. Enlevant sa veste, il se verse de l’eau sur la tête et secoue ses cheveux, les projetant en l’air, avant d’asperger la foule. Les fans adorent. Yungblud reste rarement immobile : il s’avance sur les enceintes, se déplace d’un côté à l’autre et multiplie les sauts. Il sait vraiment divertir et captiver son public. Débordant d’adrénaline et d’enthousiasme, il conquiert la salle dès son arrivée. Son nouvel LP confirme et consolide sa réputation d’idole du rock. Mais cela ne change en rien son engagement : il saute et se balance sur scène tel une pile Duracell fraîchement chargée, inépuisable. Le public, debout sur les gradins, depuis le morceau d’ouverture, est en transe. Harrison n’a jamais été du genre subtil. Des mots comme ‘fuck’ lui échappent des dizaines de fois par concert, et ‘jump, jump, jump’ ou ‘Let Me See Your Hands’ appartiennent au vocabulaire et constituent la marque de fabrique, depuis des années. Même un morceau plus calme, comme « Idols Pt. 1 », sublimé par un quatuor à cordes, dégage une énergie communicative : le public chante à tue-tête. Des cordes vocales vibrantes à la salle tremblante, l’effet de « Lovesick Lullaby » sur la foule fait sursauter tout le monde et crée des tableaux rares pour un concert de rock. Il faut dire que, grâce à sa formation, la compo prend, en live, un côté nerveux qui peut manquer sur disque. Ce qui montre bien ce qu’un ensemble bien rôdé peut apporter. Pendant « Fleabag », Yungblud, fidèle à la tradition, offre à un fan la possibilité de rejoindre brièvement le band sur l’estrade. Cet honneur est revenu hier à Simon, de Bruxelles. Cependant, après le premier refrain, sa guitare s’est éteinte, laissant la place à Adam Warrington, qui a livré un excellent solo et s’est, une fois encore, révélé indispensable au spectacle. L’artiste termine debout au-dessus de la fosse, poing levé, filmant la marée humaine qui s’étend devant lui. Puis, avant d’entamer sa reprise de « Changes » de Black Sabbath, il évoque son amour et son profond respect pour la légende Ozzy Osbourne (disparu en juillet 2025). Cette chanson, qui met particulièrement en valeur sa voix et son talent d’interprète, captive l’assistance, qui chante en chœur. Il la conclut, électrisé, face à une mer de cœurs formés avec les mains. ‘Yungblud Is about love !’ lance-t-il, comme une affirmation. À plusieurs reprises, les jets de confettis, les fumigènes et les effets pyrotechniques viennent dynamiter et électriser le show. Sur presque chaque morceau, Yungblud trouve un moment pour faire chanter, crier ou sauter le public — et aussi pour le remercier.

Décidé à tout donner jusqu’au bout, il entame son rappel par « Ghosts », où il fait virevolter son micro filaire autour de lui avant de s’allonger au sol. L’ultime morceau, « Zombie », vient clore le set sur une note sombre et puissante.

Véritable bête de scène, il sait susciter l’émotion en se donnant entièrement, avec une sincérité palpable, pour un public qu’il chérit profondément. N’hésitant plus à exposer ses fragilités au fil de ses morceaux, l’expérience a gagné en intensité et en profondeur. L’artiste réussit la prouesse de créer à la fois proximité et explosion d’énergie. Ce soir, ce n’était pas un simple concert : c’était une véritable expérience de vie, gravée dans les mémoires de chacun.

Setlist : « War Pigs » (Black Sabbath song) (chanson d’entrée pré-enregistrée), « Hello Heaven, Hello », « The Funeral », « Idols Pt. I », « Lovesick Lullaby », « My Only Angel » (Aerosmith & Yungblud song), « Fleabag » (With a fan à la 6 cordes), « Lowlife », « Changes » (Black Sabbath cover), « Fire », « War », « Tin Pan Boy » (With A Tease To “I Love You, Will You Marry Me”), « Braindead ! », « Loner ».

Rappel : « Ghosts », « Zombie »

(Organisation : Live Nation)

 

Damiano David

Un charisme déroutant, mais irrésistible…

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En 2021, l’Italie remporte le Concours Eurovision de la chanson à Rotterdam. Ainsi débute le spectacle international de Måneskin. Extravagante et rock, la formation prend d’assaut les radios, les grandes salles, les festivals et les stades. Il y a quelques années à peine, Damiano Davids, le leader, prend du recul par rapport à son groupe et enregistre ce premier album, « Funny Little Fears », dont l’intégralité nous est présentée ce soir. En tournée, il fait salle comble en Europe et monte sur scène chaque fois plus à l’aise que jamais. Depuis longtemps, ce dernier est une bête de scène et, s’il est facile de manquer l’énergie intense et déchaînée qu’il dégage au sein du combo, son épopée pop sur ce premier elpee solo est tout aussi captivante. Il va électriser un Forest National comble grâce à son charisme déroutant et si attachant. Pas de première partie : le concert débute à 20 h précises et se termine à 21 h 30. Sueur, émerveillement et étoiles dans les yeux. Le son est nickel.

Lumières clignotantes et musicos en costume-cravate forment le décor de l’entrée de Damiano, et la foule est en effervescence. On pointe du doigt, avec empressement, le podium, cherchant à le repérer, mais dès qu’il tourne au coin, il devient indéchiffrable. Il a cette aura que l’on possède naturellement, sortant en pantalon de soie, avec des ceintures nouées façon pirate, secouant la tête et inclinant le pied de micro comme un amoureux.

« Born With A Broken Heart » ouvre le concert, et la salle s’emballe. Puis « The First Time » retentit, et le son monte encore plus fort. « The First Time » est naturellement entraînant, une compo au cours de laquelle les paroles s’enchaînent à l’infini. On n’entend même pas les premières phrases, couvertes par les cris enthousiastes du public. Damiano David suit cet élan : pendant les premières chansons, il reste immobile, débitant ses mots à toute vitesse, ce qui empêche des morceaux énergiques comme « The First Time » et « Voices » de trouver leur place.

Caractérisées par des ponts et des paroles ouvertes, « Next Summer », « The Bruise » et « Sick Of Myself » sont plus lents. Sa voix est addictive : elle se brise aux bons endroits, son timbre crépite comme du miel. Et il se montre particulièrement vulnérable sur « Perfect Life ».

Avant de chanter, il change de tenue sur scène, enfilant des vêtements tout en expliquant ce que ceux-ci représentent pour lui — c’est très frappant, sincère. Il nous confie que le concert, jusqu’alors, a retracé les dix dernières années de sa vie, quand tout filait à toute vitesse et qu’il vivait des choses incroyables, comme la tournée des stades. ‘Quelque chose a craqué’, admet-il. Cette honnêteté est rafraîchissante.

On ne veut pas comparer inutilement la musique solo de Damiano à celle de Måneskin, car, comme ‘artiste l’a déclaré pendant le spectacle, c’est une étape qu’il souhaite franchir et une décision qu’il était libre de prendre. Il est fier du travail de la formation, mais a besoin d’un nouveau chapitre. Pourtant, on sent dans sa présence scénique qu’il ne perd rien de sa nonchalance rock. Un véritable loup déguisé en mouton. Globalement, la musique est soignée et rendue plus lourde ; ce qui améliore la performance live et la rapproche de l’indolence de Damiano. « Cinnamon » a même une touche légèrement rock. Le tableau colle, et on s’imagine brièvement le Damiano d’antan.

Il révèle adorer les reprises et en interprète deux. Celle de « Sex On Fire » de Kings Of Leon constitue la partie la plus lourde du set, cette fois sans t-shirt, tandis que celle de « Nothing Breaks Like A Heart » de Mike Ronson, que chante Miley Cyrus, est plus douce et plus fragile. Ce qui met également en valeur sa voix.

Damiano se lance alors dans la paisible « Perfect Life » ; mais au bout de quelques morceaux plus calmes, le set menace de s’essouffler, mais non. Heureusement, l’énergie sensuelle de « Tangerine » relance l’ambiance. Cependant, c’est la ligne de synthé entraînante de « Zombie Lady » qui captive véritablement l’attention. Et Damiano lance son sprint final. Sur « Tango », l’Italien assume enfin pleinement son rôle d’interprète, s’adaptant à l’énergie de la musique. Après le significatif « Mars », il quitte la scène.

Pour le rappel, c’est dans des cris et des hurlements à tue-tête que les fans accueillent le chanteur et le groupe sur les planches. À la grande joie de tous, Damiano enchaîne ensuite « The First Time ». Cette fois, c’est encore mieux qu’au début. Le double titre « Naked, Solitude » sonne le glas du spectacle. Un final explosif : le chanteur clôture le spectacle et passe du calme à la vitesse supérieure. Alors que le band donne encore tout son possible, Damiano quitte brièvement l’estrade pour rejoindre l’auditoire, dans les bras de ses fans dévoués. Mille baisers, remerciements sincères et poignées de main viennent clore le show.

Une superbe soirée se termine. À la prochaine, Damiano ; en espérant que ce soit au sein de Måneskin !

Setlist : « Born With A Broken Heart », « The First Time », « Mysterious Girl », « Voices », « Cinnamon », « Sex on Fire » (Kings of Leon cover), « Talk To Me », « Nothing Breaks Like a Heart (Mark Ronson cover), « Perfect Life », « Next Summer », « Sick Of Myself », « The Bruise », « Tangerine », « Zombie Lady », « Tango », « Angel », « Over », « Mars ».

Rappel : « The First Time » (Reprise), « Naked, Solitude (No One Understands Me) ».

(Photos Vincent Dufrane ici

 

(Organisation : Gracia Live)

Agnes Obel

Un voyage sonore toujours aussi enchanteur…

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Partout où elle passe, Agnes Obel affiche complet. Pour cette tournée, tous les concerts sont sold out, parfois même plusieurs fois dans des salles somptueuses et magiques. Ce soir, c’est au tour du Cirque Royal, évidemment plein à craquer. Votre serviteur est un aficionado d’Agnes et ne manque jamais un de ses concerts, toujours mémorables et marquants. Sa voix aérienne évoque les fjords, les elfes et les gnomes. Aucun supporting act n’est prévu.

En seulement quatre long playings parus en dix ans, la Danoise s’est imposée véritablement comme une figure incontournable de la ‘chamber pop’ contemporaine. Compositrice hors pair, auteure surdouée, talentueuse pianiste et chanteuse à la voix ensorcelante la native de Gentoffe séduit de nombreuses oreilles grâce à ses mélodies envoûtantes, mêlant musique néo-classique et sonorités électroniques aux ambiances cinématographiques. Elle peut compter sur une solide base de fans. Elle a présenté le même spectacle au même endroit peu après la pandémie. Pas beaucoup de différence par rapport à 2023 : même line-up, même concept visuel, même setlist, à l’exception de trois nouvelles compos. À l’époque, il y avait un nouvel opus à défendre, « Myopia ». Aujourd’hui, il s’agissait surtout d’attendre impatiemment de nouveaux morceaux. Pendant le concert, Obel confie avoir passé les trois dernières années en studio et précise que son nouvel LP n’a plus qu’à être mixé avant sa sortie. C’est une expérience merveilleuse d’être au Cirque Royal à ce moment charnière, entre l’univers actuel de l’artiste et le nouveau chapitre qu’elle s’apprête à ouvrir.

Après avoir patienté au son du chant des oiseaux, c’est à 20 h 30 qu’Agnes Obel et ses 3 musiciens font leur entrée sur les planches, dans une salle plongée dans le noir. Contrairement à de nombreux artistes qui optent pour la couleur noire, la Danoise et ses acolytes illuminent la scène en portant des tenues immaculées de blanc. Après quelques petits ajustements, le concert débute enfin. Et c’est par l’instrumental « Red Virgin Soil » qu’Agnes Obel choisit d’ouvrir le spectacle. Derrière son piano droit, elle semble légèrement stressée et tendue ; mais elle se détendra progressivement, au fil du set.

Arrivent ensuite le sublime « Dorian », le captivant « Fuel To Fire » et le saisissant « Camera’s Rolling ». La voix éthérée d’Agnes nous fait inévitablement voyager. Incroyablement transcendante, elle se marie à la perfection à celles de ses deux talentueuses musiciennes, l’une au violoncelle et l’autre aux machines. Alors qu’elle nous envoûte, des ombres et des images de la scène — avec effets — se projette sur l’écran en arrière-plan. On se laisse alors facilement porter par cette scénographie intimiste et épurée. Au bout de quelques titres, elle prend enfin la parole pour remercier le public en français. ‘Bonsoir. Je m’appelle Agnes’, lâche-t-elle encore dans la langue de Molière avant de revenir à celle de Shakespeare. Trois nouveaux titres sont prévus dans la setlist. En revanche, petite déception concernant le troisième et dernier morceau, « Gemini », plus éloigné de son univers.

L’ambiance monte d’un cran lorsque retentissent les premières notes de « Familiar ». Debout derrière son clavier, au milieu du podium, elle fascine par son interprétation. Viennent ensuite les bouleversants « Run Cried the Crawling » et « It’s Happening Again ». On applaudit les réorchestrations de certains titres proposés pour l’occasion, qui offrent ainsi un nouveau visage. Mention spéciale à la violoncelliste d’origine allemande, qui nous a véritablement conquis par son talent et ses loops parfaitement maîtrisés.

Et le charme se poursuit par « Philharmonics » et « Stretch Your Eyes », puis « Words Are Dead », joué en solo au piano par Agnes Obel lors du rappel. Bien sûr, l'auteure ne peut pas oublier d'interpréter son hit posé et mélancolique « Riverside », chaleureusement acclamé par le public. La voix fragile et douce de l’interprète nous transperce au plus haut point.

Et c’est par l’envoûtant « The Curse » qu’Agnes Obel termine ce très beau show d’1h30 environ. Une fois encore, la pianiste et chanteuse scandinave a prouvé qu’elle faisait partie de ce cercle restreint d’artistes incontournables de la scène néo-classique et chamber pop, grâce à ses compositions modernes et audacieuses qui continuent de nous enchanter et de nous faire voyager.

Setlist : « Red Virgin Soil », « Dorian », « Fuel To Fire », « Camera's Rolling », « Laymelli » (nouvelle chanson), « Familiar », « Run Cried the Crawling », « It’s Happening Again », « Faustian Deal (nouvelle chanson), « Gemini » (Nouvelle chanson), « Philharmonics », « Stretch Your Eyes »

Rappel : « Words Are Dead » (en solo), « Riverside », « The Curse ».

(Organisation : Live Nation)

Die Krupps

Un concert dans un bunker !

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Cette soirée est une double opportunité. Celle de revoir Die Krupps, l’un des plus grands groupes allemands qui a manifestement influencé Rammstein. Fer de lance du metal-indus-EBM, il fête ses 45 ans d’existence. Et d’autre part, celle de découvrir la superbe salle du MuzikBunker, à Aix-la-Chapelle, situé à une cinquantaine de kilomètres de Liège, et 150 de Bruxelles.

Comme son nom l’indique, le MuzikBunker est un authentique bunker de la deuxième guerre mondiale qui a été restauré. En 1987, la ville décide de transformer cet ancien abri anti-aérien en salle de répétitions (NDR : les combos locaux les utilisent encore), puis en 1994 en salles de spectacle. Une bonne centaine de concerts et événements y sont alors organisés chaque année. Un décor qui cadre finalement bien avec la formation programmée ce soir. Il faut d’abord longer un long couloir sous-terrain, éclairé de lumières bleu électrique et fluos, avant de pénétrer dans la salle où une bonne centaine de spectateurs sont amassés. Sur le côté gauche du local, un long bar permet de se rafraîchir avant la tornade musicale.

Le batteur Paul Keller et le claviériste Ralf Dörper (NDR : membre originel du band et compositeur hors pair, il a notamment lancé Propaganda, au cours des 80’s), débarquent en catimini. Du haut de ses (presque) deux mètres, l’imposant guitariste australien, Dylan Smith arrive à son tour. Il a intégré le line up, il y a un peu plus d’un an, après s’être brouillé avec Andrew Eldritch et quitté les Sisters of Mercy. Et enfin, Jurgen Engler, chaussé de lunettes fumées, qu’il ne quittera jamais, lors du concert, les rejoint.

« Nazis auf speed » et son refrain répétitif ‘Rammt sie !’ ouvre le bal. Le dansant « Schmutzfabrik », issu de l’elpee incontournable « Machinists of joy », embraie. Un morceau qui permet déjà au leader de venir frapper sur ses colonnes de tubes métalliques, comme s’il assurait une percussion martiale. Une singularité qui permet au band de se distinguer de ses pairs, au sein du mouvement EBM voire metal-indus, outre ses multiples influences qui enrichissent ses nombreux long playings.

De bonne humeur. Dylan balance ses riffs avec enthousiasme. « On collision course » préfigure un nouvel Ep. Quant à « The dawning of doom », il nous rappelle combien Die Krupps a pu marquer Rammstein de son empreinte.

La suite du set ne connait pas vraiment de temps morts : « Cross fire », « Fatherland », « To the hilt » constituent autant d’uppercuts assenés à la chaîne. « Robosapien » et son intro ‘wo-ho-ho’ scandée par le public nous emmène jusqu’au rappel.

Un encore d’une seule compo, « Machineries of joy », au cours duquel la communion entre l’auditoire et la formation atteint son point d’orgue, celui-ci scandant en chœur, le slogan ‘Arbeidt ! Lohn !’ du refrain final. Avant de prendre congé du public, le band prend encore le temps de le saluer et de poser pour quelques photos…

(Organisation : Muzikbunker)

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