Ce n’est pas la fin pour Caesaria…

Thomas, Louis et Théo ont tissé leurs liens dès l'enfance, autant sur la pelouse du club de foot qu’autour du son. C’est la scène qui devient leur terrain de jeu favori, et ça se voit : leurs ‘live’ électrisent les corps et marquent les cerveaux au fer rouge.…

RIVE sous tension…

Entre la nuit et le jour, RIVE propose "Tension", un 4ème extrait de son album…

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Une petite souris dans le Corridor…

Corridor sortira son nouvel elpee, « Mimi », le 26 avril 2024. Réunissant 8 plages, il recèlera des pièces maîtresses telles que "Jump Cut", "Mon Argent" et "Mourir Demain". Il a été masterisé par Heba Kadry Mastering, à Brooklyn. Toutes les chansons de «…

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Wolf Parade

Il ne faut pas deux loups pour diriger une meute…

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Il y a déjà quelques années qu’on n’entend plus guère parler de Wolf Parade. Faut dire que depuis la pause que s’est réservée le band Canadien, en 2011, les deux chanteurs, Dan Boeckner et Spencer Krug ont développé ou participé à des projets parallèles. Le premier a notamment milité chez Divine Fits et Operators, alors que le second s’est essentiellement focalisé sur son aventure en solitaire, baptisée Moonface. Ce n’est qu’en 2016, que le groupe a repris le collier, publiant alors un Ep. Et dans la foulée, il a enregistré un excellent nouvel elpee, intitulé « Cry, cry, cry » Il se produisait au Botanique, dans le cadre de l’édition 2017 de l’Autumn Falls 2017. Il était donc intéressant de voir et surtout d’écouter la transposition en live de ce dernier opus…  

Après une première partie assurée par le groupe torontois, FRIGS, les membres de Wolf Parade débarquent sur les planches. Le public qui a rejoint l’Orangerie, est plutôt clairsemé.  Armé de sa gratte, Dan Boeckner se plante à gauche, et siégeant derrière son piano, Spencer Krug, a opté pour le côté droit. Le chanteur s’installe au milieu. Pas un inconnu, puisqu’il s’agit de l’ex-chanteur de Hot Hot Heat, Dante DeCaro. Après avoir participé aux sessions d’enregistrement pour plusieurs albums, il a rejoint définitivement le line up. En arrière plan, Arlen Thompson campe derrière ses fûts. Sous les applaudissements, le groupe entame le set par le single issu du dernier opus, « Lazarus Online ». Krug se concentre sur ses ivoires, tout en chantant de sa voix si caractéristique ce morceau qu’il a composé dans son style lyrique. Et les autres instrumentistes, lui emboîtent aussitôt le pas. Boeckner reprend ensuite le flambeau. Echafaudées sur les lignes de gratte, ses compositions adoptent un profil davantage punk et direct. A l’instar du dernier LP, que la formation va reprendre quasiment dans son intégralité, les deux leaders prennent la direction des événements, à tour de rôle. Malheureusement, malgré le talent des musicos et des titres, il faut bien reconnaître que les deux artistes ne parviennent pas à entrer en osmose. Y compris sur le répertoire précédent. Ainsi, la magie ne parvient pas à opérer pour les, pourtant superbes, « You are a runner and I am my fathers son » et « Modern World ». Wolf Parade est confronté à un problème de luxe : il a deux chefs de meute, et aussi talentueux soient-ils, il ne sont pas complémentaires, en ‘live’. De quoi susciter une déception bien légitime, quand on connaît le potentiel du combo. Le concert aurait pu ou dû être exceptionnel, il n’a été que satisfaisant…

(Organisation : Botanique)

Julien Doré

Maturité acquise au détriment du grain de folie…

Écrit par

Après avoir vécu intensément, pendant trois années, son « LØVE » album, accordé une multitude de concerts, été certifié quadruple disque de platine en France et d’or en Belgique et auréolé d’une Victoire de la Musique comme Artiste de l’année, Julien Doré a eu besoin de se ressourcer. Avec lui-même et les autres. Avec la Nature et le Monde. Et c’est dans cet état d’esprit, qu’il a imaginé "&", quatrième elpee, une œuvre cocoon, solaire, humaine, caractérisée par son écriture unique, entière et poétique, et dont les mélodies transpercent, brûlent ou caressent. Ce soir, le Palais 12 est sold out. 20 000 personnes attendent le natif d’Alès. Un public multigénérationnel. Et le mot est faible !

Le supporting act est assuré par Fùgù Mango. Une prestation qui ne durera que 20 minutes. Votre serviteur a déjà assisté aux shows de cette formation à plus de dix reprises. Difficile dans ces conditions d’en relater davantage. D’autant plus que durant ce set, le son n’a jamais vraiment été au top. Pas sympa pour une première partie ! Dommage ! En outre, le band n’a pu interpréter sa cover du « Golden Brown » des Stranglers, un titre devenu pourtant son cheval de bataille…

Le backing group de Julien réunit deux guitaristes (NDR : dont Roland Mélies), un bassiste, un drummer et deux claviéristes ; ces trois derniers plantés sur leur estrade. En arrière-plan, un écran est frappé du sigle « & »… d’où sort JD et qui projettera de temps à autre des vidéos. Le concert s’ouvre par « Le Lac ». Et déjà la foule l’ovationne. Ce qu’elle va d’ailleurs faire tout le concert. Et quarante mille mains qui battent la mesure, ça fait du bruit ! La scène baigne alors dans le bleu azur. Plus rock, « Moonlight Serenade » est dynamisé par les percus. Les grattes galopent et les claviers les talonnent. « Beyrouth Plage » est découpé dans des riffs funkysants. « Les Limites » met le feu dans l’auditoire. Faut dire que le public connaît le refrain par chœur. Julien veut entendre tout le monde. Et il le signale. Avant qu’une nuée de confettis ne tombe généreusement du toit. Agée de 4 ans, la petite voisine de votre serviteur rayonne de bonheur, mais elle attend impatiemment « Chou Wasabi ». Les jeux de lumières épousent les beats électro. Moment de tendresse et larmes pendant « Coco Caline ». C’est l’instant ‘panda’ qui s’est évadé de Pairi Daiza. L’ursidé fait autant le pitre que Julien. Un grand moment ! La chanson terminée, des roadies apportent un piano. Panda s’installe derrière et joue quelques notes. Julien lui demande de quitter les planches. Madame Panda s’exécute et salue le public. Elle l’attend alors en petite tenue, backstage.

Julien récupère les ivoires pour « Magnolia », une chanson d’amour chargée de spleen. La compo repose sur trois accords. Il invite la fosse à reprendre, et dans la langue de Shakespeare, le refrain : ‘Don’t be Afraid’…

Julien sort de nouveau de l’écran, avant « Porto Vecchio », et traverse la fumée. Il nous réserve alors quelques morceaux au cours desquels il susurre ses tourments, sur fond d’arrangements veloutés, d’une voix de crooner. Il prend un bain de foule pendant le très dansant « Kiss Me Forever ». Et invite la foule à lever les mains et à les balancer. Le loup apparaît sur l’écran et Julien imite son cri.

La set list n’en oublie pas le notoire « Winnipeg ». Et armé de son ukulélé, il incite derechef l’auditoire à reprendre le refrain en choeur. Un petit moment de folie ! Il noue ses cheveux et retourne derrière le piano pour plonger dans « Sublime & Silence ». Un moment de solitude à partager ! Mais c’est le calme avant tempête. D’une durée de 7 minutes, « De mes sombres archives » clôt le set. Une compo caractérisée par une envolée magistrale. L’artiste accordera encore deux rappels. Malheureusement, votre serviteur doit s’éclipser, c’est le salon ‘Cocoon’ à Bruxelles, et le plateau du Heysel est full. Il lui reste 15 minutes de marche et 30 minutes de métro avant de récupérer son véhicule.

Bref, Julien Doré a acquis une nouvelle maturité. Il a certainement accordé un excellent concert, mais qui a singulièrement manqué de folie. De cette euphorie, dont il faisait encore preuve, il y a trois ans, à l’Ancienne Belgique…

(Organisation : Nada Booking)

Protomartyr

La crucifixion selon Protomartyr…

Jolie double affiche, ce soir, au Botanique. Heimat et Protomartyr partagent la Rotonde. Un enchaînement insolite entre deux formations résolument orientée du côté obscur de la musique alternative... Pour notre plus grand bonheur !

C'est Heimat qui, en toute logique, ouvre les hostilités. Le duo réunit Armelle Oberle et Olivier Demeaux, qui militent par ailleurs au sein des prolifiques Cheveu et Badaboum, mais aussi Accident du Travail et The Dreams. Heimat, qui signifie 'maison' et 'mère patrie', c'est un peu comme si Nico faisait un boeuf avec le Yellow Magic Orchestra. Comme si Bettina Köster, époque Malaria!, se produisait dans un cabaret allemand plongé dans des sonorités électroniques minimales krautrock aux accents japonisants...

Sur les planches, le look d'Armelle évoque plutôt Catherine Ringer, pour le côté désinvolte. Celui d’Olivier Demeaux est assez discret. Il trône derrière ses contrôleurs, son clavier Nord et sa table de mixage Soundcraft. Les deux artistes s'appliquent à distiller leurs titres sans fioritures particulières. La setlist se focalise sur le premier elpee éponyme du duo, paru sur l'excellent label belgo-français Teenage Menopause. Véritables hymnes pop/punk robotiques, rehaussés par le chant lyrique, un peu grandiloquent, d'Armelle, « Tot und Hoch » et « Pompei » sont particulièrement impressionnants. ‘Prost !’, proclame Armelle en goûtant sa bière. Le dernier morceau est un inédit, très martial et ma foi, aussi intéressant. Vu qu'il reste deux minutes, le duo clôture son set par « Wek », une lente mélopée enfantine gonflée par une basse synthé ronflante et superbement 'dark'. Très belle prestation même si on aurait aimé que le duo offre un peu plus au niveau du 'show'.

Une demi-heure plus tard, Protomartyr prend possession de la Rotonde. Issu de Detroit, le quatuor pratique un post-punk propre, précis et subtilement puissant. Mais ne vous méprenez pas : sueur, guitare crachotante et roulements de batterie sont au rendez-vous! Ce qui fait surtout la spécificité du combo, c'est sans nul doute le chanteur, Joe Casey. Quand il débarque sur le podium, pendant l'intro de « My Children », on sait d'emblée que l'on est face à un fameux personnage. Affichant un look de fonctionnaire désabusé, bedonnant et le regard déjà embué par de nombreuses chopes, on dirait un croisement entre Joe Cocker et Ian Dury, en plus jeune. Dans les poches de sa veste sombre, il cache 4 bouteilles de bière qu'il décapsulera et éclusera avec délectation pendant tout le concert.

Très Buzzcocks, « Ain't So Simple » nous plonge immédiatement dans le passé ; et tout particulièrement en 1978-79, soit la période d'âge d'or du post-punk anglais quand il était plus proche du punk que de la new wave. Les compositions sont courtes et énergiques. Les paroles sont tranchantes et le chant ressemble à un cri. Joe Casey éructe ‘Everything's Fine’ dans « Windsor Hum » et la plupart des textes possèdent une forte dimension sociale. On ne comprend pas tout ce que Casey raconte, mais son souffle lyrique lui permet d’être considéré parmi les plus grands poètes du rock.

La setlist se promène entre « Under Color Of Official Right », « The Agent Intellect » et la dernière production, « Relatives In Descent », un des albums de l'année. « Up The Tower » et « Male Plague », par exemple, sont des véritables coups de poing et le public accuse le coup en dodelinant de la tête. Bizarrement, aucun pogo ni de 'circle pit' ne se déclenche. C’est sans doute dû à l'atmosphère intimiste de la Rotonde. Mais la puissance et la violence sont bien présentes, retenues mais non moins intenses. On passe d'une lenteur marécageuse à un emballement frénétique en moins d'une seconde.

La fin du show conduit à l'apothéose, grâce à « Here Is The Thing », « Don't Go To Anacita » et « Dope Cloud ». ‘Can you light up the mirror ball ?’ demande Casey, en pointant le doigt vers la grosse boule à facettes pendue très haut dans le dôme de la Rotonde. Exécution : le préposé aux lumières dirige 3 faisceaux blancs sur la sphère, transformant la salle en discothèque pour le reste du concert : fun ! « Half Sister » clôture officiellement le set, mais les musiciens reviennent bien vite pour interpréter deux bombes : « Why Does It Shake? » et surtout « Scum, Rise! ».

En un mot, un concert en forme d'uppercut, incandescent et carrément jouissif. On aurait juste voulu qu’il dure plus longtemps mais en une heure, on a quand même eu droit à pas moins de 18 titres ! Aucun doute : Protomartyr nous a... crucifiés !

Setlist :

My Children
Ain't So Simple
Corpses in Regalia
Windsor
Hum
I Stare at Floors
Up the Tower
Male Plague
Cowards Starve
The Devil in His Youth
3 Swallows
A Private Understanding
Here Is The Thing
What the Wall Said
Don't Go To Anacita
Dope Cloud
Half Sister

Rappel:

Why Does It Shake?
Scum, Rise!

(Organisation : Botanique)

Moses Sumney

Une voix hors du commun !

Écrit par

S'il est un artiste à suivre en cette fin d’année, c'est sans conteste Moses Sumney. Non seulement il est le petit protégé de Solange Knowles, mais il suscite l’admiration de David Byrne ainsi que de Sufjan Stevens. Originaire de Los Angeles, il a aussi reçu la collaboration d’Andrew Bird et de Beck. Il lui aura fallu trois ans pour écrire son premier essai. Un opus intitulé « Aromanticism ». On avait hâte de le découvrir en ‘live,’ ce lundi soir, au Botanique. Preuve de l’engouement provoqué par l’artiste, la Rotonde est pleine à craquer.

Il est 21h lorsque les lumières s’éteignent. Deux musiciens viennent s’asseoir aux extrémités du podium et plantent le décor sonore, en superposant les lignes de cordes. Quelques minutes plus tard, Moses Sumney grimpe à son tour sur l’estrade et s’installe derrière les trois micros posés au milieu de la scène. Il est vêtu d’amples vêtements de couleur noire et sa carrure en impose. Dès les premières paroles, il confirme tout le bien que l’on pouvait penser de lui. Sa voix est un instrument à part entière ; et elle est même capable de monter dans les aigus avec une aisance déconcertante. Il s’en sert également pour construire des boucles. Et semble même y prendre du plaisir. Une technique qui crée inévitablement une certaine ambiance. Il enchaîne les morceaux de son premier et seul elpee, en n’oubliant pas le superbe « Lonely World ». Mais nous réserve également quelques nouveaux morceaux, ainsi qu’une reprise du « Come to me » de Björk. Si on a pu lire dans certaines interviews qu’il était timide, sur les planches, il est vraiment cool. Il n’hésite d’ailleurs pas chambrer le public, notamment lorsqu’il l’invite à chanter. Les deux musicos qui l’accompagnent affichent une belle maîtrise de leurs instruments. Le bassiste troque circonstanciellement le sien contre un saxophone. Et le guitariste brille sur ses cordes, en jonglant littéralement entre ses pédales d’effets. En l’absence de section rythmique et vu la complexité des morceaux, la performance des deux acolytes a de quoi impressionner.  Au bout d’une heure, ils laissent Moses Summey seul sur les planches. Armé de sa gratte, il attaque alors « Man on the Moon », un titre qui figurait sur l’album « Mid-City Island », paru en 2014, avant d’embrayer par le superbe « Plastic ». Enfin, il conclut le concert par « Doomed », assis derrière un piano à queue, démontrant ainsi toute sa polyvalence…

En l’espace d’une heure et demie, Moses Sumney n’a pas failli à sa notoriété nouvelle acquise. Rarement, on a entendu une voix pareille. Elle est même hors du commun. Une chose est certaine, on devrait encore entendre parler du Californien, au cours des prochains mois.

(Organisation : Botanique)

Fink

Un artiste à suivre de très près…

Écrit par

Ce soir, l’Ancienne Belgique est en mode Box. Pas ce qui était prévu au départ. Mais vu le manque de réservations, cette disposition s’imposait. N’empêche, il doit bien y avoir 900 personnes pour accueillir Fink.
Chanteur, guitariste, compositeur et producteur anglais, Fin Greenall, aka Fink, compte huit albums à son actif, publiés en 20 années de carrière (NDR : au départ, il était dj). Et son dernier, « Resurgam », est paru en septembre dernier. Un disque pour lequel il est revenu à un élecro/folk plus classique.
Pas de supporting act, mais un film projeté sur un grand écran partagé entre séquences assez différentes, parmi lesquelles on épinglera les étapes de la fabrication d’un vinyle et des extraits de concerts notoires, qui se sont produits en Grande-Bretagne, depuis les 60’s jusque l’an 2000. 

Vers 20h45, les lumières s’éteignent. On remarque la présence des fidèles acolytes de Tim ; en l’occurrence le drummer/guitariste Tim Thornton et le bassiste Guy Whittaker, un musicien atypique, particulièrement doué, qui va se servir de trois basses différentes, une à 6 cordes, une à 5 et une autre à quatre, montée sur une énorme caisse électro-acoustique. Le line up est enrichi d’un second gratteur et d’un deuxième drummer, qui va également se consacrer aux claviers. Fink est coiffé d’un petit chapeau mou.

Le light show est constitué de 3 grillages garnis de spots placés derrière chaque artiste et d’autres assemblages réunissant de petites lampes leds montées sur des supports qui ressemblent à des trépieds de claviers. Le light show ne va pas seulement se focaliser sur les artistes, mais également la fosse.

Le set s’ouvre par « Warm Shadow ». Puissante ou tendre, mais bien maîtrisée et chargée d’émotion, la voix de Tim est impeccable. En outre, il est particulièrement interactif avec la foule. Et percutant, son toucher de gratte est à la fois hanté par JJ Cale et Keziah Jones. Le backing group affiche une technique irréprochable. Et tout particulièrement la section rythmique. Caractérisée par ses mélodies envoûtantes, la musique oscille entre folk’n’blues austère, trip hop brumeux et dub aérien. Lors des morceaux les plus intenses, quatre des musicos se consacrent à la gratte électrique. Fink s’est aussi réservé l’une ou l’autre compo, en solo, en s’accompagnant aux ivoires. Et le résultat s’est révélé savoureux. Un artiste à suivre de très près…

(Organisation : Live Nation)

Jambinai

Ils n’ont pas voulu garder le silence…

Écrit par

Jambinai (잠비나이 en coréen) est une formation de post rock issue, non pas du Soleil Levant (Japon), mais du Matin Calme (Corée du Sud). Sa spécificité, c’est de conjuguer instrumentation contemporaine et folklorique (taepyongso, haegeum, geomungo, jungju, piri, etc.) Suivant la bio, cette formation est considérée comme la plus novatrice sur la scène sud-coréenne, car elle est parvenue à créer une nouvelle forme de musique mêlant, sans tomber dans la dissonance, passé et présent. Soit un subtil cocktail de heavy post rock, de folk metal, d'électro et de tradition indigène.

L’ABClub est comble. Tous les musicos sont assis. En tailleur, Eun Young Sim pince ou frotte ses cordes à l’aide de bâtons en bambou de longueurs différentes. Sur l’estrade, l’instrument est assez imposant et quand l’artiste l’empoigne violement, elle fait corps avec celui-ci. Elle joue également du xylophone. Bomi Kim, se réserve le haegeum, un vieil instrument à cordes frottées semblable au ehru chinois. Il a été imaginé, il y a environ mille ans environ. Il est formé d'une caisse de résonance en bambou ou en bois, tendue par une peau de serpent à une extrémité de la tige, et les deux cordes sont frottées par un archet à crin de queue de cheval. Elle est assise sur son siège, son instrument placé sur les genoux. Mais le personnage central est certainement Ilwoo Lee. Il trône au milieu des planches. Derrière son imposant geomungo (une sorte de cithare coréenne), il joue du piri (flûte en bambou) et de la guitare (à sept cordes), parfois les deux en même temps, mais également du taepyongso (petite trompette coréenne) et se sert d’une loop machine. Il est le seul à s’exprimer en anglais. Il reste imperturbablement rivé sur sa chaise ; ce qui ne l’empêche pas de se démener comme un beau diable. Derrière lui, Yu ByeongKoo, également assis, se consacre à la basse. Bandana lui enserrant le crâne, Choi JaeHyuk, le drummer, campe derrière Eun Young Sim.

Une formation de métal, en position assise, ce n’est pas courant. L’éclairage est discret. Un faisceau de couleur blanche se focalise sur chaque artiste. De quoi rendre l’ambiance mystérieuse, voire mystique. Les phases d’explosions sonores et d’accalmies mélodiques s’enchaînent à merveille. L’observation des instruments traditionnels coréens en plein live est fascinant, l’éclairage collant parfaitement à l’ambiance. Celui qui connaît déjà la démarche artistique visée par Jambinai n’est pas surpris par la présence d’instruments atypiques en Europe, mais communs en Asie.

Des cymbales sonores ouvrent « Deus Benedicat Tibi », un morceau de 10’ qui entame le set tout en douceur et permet déjà à chaque instrument traditionnel de s’exprimer à tour de rôle.  Eun Young frotte délicatement les cordes de son geomungo à l’aide d’un archet. Bomi tapote délicatement les lames métalliques d’un glockenspiel, en se servant d’un bâton. Ilwoo empoigne son piri qui propage des sonorités stridentes. Eun saisit une baguette en bambou et fait cracher les cordes de son geomungo, alors que Bomi pose son haegeum sur ses genoux. Et lorsque le drumming entre dans la danse, la compo s’envole dans le métal. Le collectif embraie par « The Mountain ». Le light show est alors de couleur rouge. Ilwoo se lève et extirpe des sonorités discordantes de son taepyongso (trompette), avant que la section rythmique ne reprenne la direction de opérations, au sein d’un climat franchement noisy. Un climat qui va carrément virer au métal sur « Echo Of Creation », même si les sonorités du geomungo entretiennent le fil mélancolique. Issu du deuxième elpee, « Time Of Extinction » est le tube du band. Il est joué depuis très longtemps. Brèves, les parties vocales sont assurées par les filles, alors que –et c’est neuf– Ilwoo prête sa voix aux expérimentations… quand même préparées. S’étalant sur plus de 6’, « They Keep Silence » véhicule un message politique fort et dénonce les défaillances et la responsabilité de l’appareil gouvernemental sud-coréen lors du naufrage tragique du Sewol, en 2014. Les moments plus calmes sont envoûtants, comme une respiration avant que la musique ne monte en puissance, alors que telles des ritournelles, les mélodies s’incrustent dans les têtes et les coeurs. « Connection » opère un retour au calme, comme en début de concert et termine le show. La boucle est bouclée. Le morceau terminé, les musicos partent sur la pointe des pieds et emportent leurs précieux instruments.

Des applaudissements nourris rappellent les artistes. Ilwoo remercie le public, en anglais, bien sûr. Il signale qu’un show, ne doit pas aller au-delà de 60 minutes. Jambinai va quand même accorder deux derniers titres en rappel. Mais pas « Grace Kelly », qui n’y figure apparemment plus…  

(Organisation : Ancienne Belgique)

Texas

Texas a manifestement encore des planches…

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A l’origine, Texas pratiquait du blues/rock. D’ailleurs, souvenez-vous, sur le méga tube « I don’t want a lover », les interventions à la slide sont bien marquées. C’était déjà en 1989 ! Par la suite, la musique de la formation a embrassé un format plus pop ; et si la créativité n’a pas toujours été au rendez-vous, en 30 années de carrière, sa popularité est demeurée intacte. Faut dire que la voix et le charme de la vocaliste, Sharleen Spiteri, y sont aussi et certainement pour quelque chose. Elle a fêté ses 50 printemps, il y a une semaine, et se produit, en compagnie de son groupe, ce soir, à Forest National. Une vraie galère pour arriver à destination. Décidément, vu la fréquence des chantiers sur les routes en Belgique –qui s’éternisent pendant des mois !– le réseau ressemble de plus en plus à du gruyère !

Le supporting act est assuré par Hightre, un duo programmé en première partie de la tournée européenne de Texas. Pas étonnant puisqu’il est également issu de Glasgow. Une fille et un garçon. Elle est vêtue d’une robe courte et chaussée de ‘combat shoes’, de couleur noire. Et se consacre à la guitare. Barbu, il est coiffé d’une casquette, également de teinte noire, qui recouvre la capuche de son pull rouge. Il est préposé au synthé. Dominée par l’électro, la musique proposée puise allègrement dans les eighties. Et les mélodies sont soignées, un peu comme chez… Texas. Pas grand monde dans l’hémicycle, lors de ce set, au cours duquel cinq titres, dont une reprise du « Boys don’t cry de Cure, seront expédiés en une vingtaine de minutes. Dans ces conditions, difficile de se faire une idée du potentiel de ce tandem…

Setlist : « Break It Off », « Compete With You », « Lutz Is In The Trees », « Boys Don't Cry  » (The Cure), « Falling ».

Dix minutes avant l’heure prévue, l’éclairage de la salle s’éteint. Des spots arrosent copieusement le podium et la fosse de lumières blanches et bleues. De la fumée envahit la scène. Coiffé d’une casquette en pied de poule, le bassiste s’installe à gauche, et le guitariste, à droite. Progressivement, l’écran de fumée se dissipe et on aperçoit enfin Sharleen Spiteri, la vocaliste. Et aussitôt, elle invite la foule à chanter « The Conversation », titre qui ouvre le show. Elle harangue la foule en déclamant les trois syllabes de la chanson. Le public est déjà chaud boulette. Sharleen porte un costume de couleur mauve, mais dans son dos est imprimé en filigrane blanc, les lettres de son band. Elle arpente l’estrade de long en large. Elle frappe dans les mains. Le smog s’est levé et on remarque enfin la présence du drummer, à gauche, en arrière-plan et du claviériste, à droite, sur la même ligne.

Sharleen est la véritable star de la soirée. Elle est particulièrement interactive avec l’auditoire. Elle rappelle que le combo s’était produit, à ses débuts, il y a 30 ans, aux festivals jumelés de Torhout/Werchter.

Texas va puiser dans son large répertoire et ne va pas évidemment oublier ses tubes, tels que « Halo », « Let's Work It Out », « When We Are Together » ou encore « Tell That Girl ». Du dernier opus, « Jump On Board », seuls quatre morceaux seront interprétés, dont « Can’t Control ». La voix de Sharleen, à l’accent ‘scottish’ bien prononcé, est toujours aussi limpide et empreinte de sensualité. Elle signale que si on ne comprend pas ses textes, il suffit d’utiliser la fonction ‘translate’ en langue insulaire !’ D’ailleurs au cours du spectacle, elle va nous balancer plusieurs vannes, dont elle a le secret. Que ce soit armée d’une gratte semi-acoustique, d’une électrique ou simplement derrière son micro, Sharleen met littéralement le feu. Faut dire que ce public a, en général, le même âge que son idole. Et difficile de bouder son plaisir à l’écoute d’« Everyday Now » ou d’« In Our Lifetime ». Tout au long de la cover du « Tired Of Being Alone » d’Al Green, Mrs Spiteri se charge des ivoires.

Elle est donc devenue, depuis peu cinquantenaire (NDR : rien à voir avec le parc bruxellois !) Une fille plantée aux premiers rangs lui offre une rose, pour fêter cet événement. Sharleen l’invite alors à chanter en duo « So Called Friend ».

En rappel, Texas va nous réserver « Inner Smile » et la reprise d’Elvis Presley, « Suspicious Minds ». Une soirée vraiment agréable au cours de laquelle les musicos du groupe de Glasgow ont démontré qu’ils avaient, manifestement, encore des planches…

(Organisation : Live Nation)

 

Testament

Pas encore prêt à signer son testament

Écrit par

Les ami·e·s de la veste patchées se sont donné rendez-vous ce dimanche au Trix. Et pour cause, la salle anversoise a programmé trois pointures du Thrash : Testament, Annihilator et Death Angel. Des formations trahissant déjà plus de trois décennies au compteur. Et pas vraiment une bande de petits rigolos. Une affiche très riche, au line up certes discutable, mais qui va offrir à la foule en présence, un spectacle tout en puissance, truffé de riffs dévastateurs et doublé de blasts écrasants. Une leçon en la matière !

S’il fallait un bel exemple d’une journée d’automne en Belgique, ce 12 novembre en est la plus parfaite incarnation : des averses en rafales, un ciel aussi plombé que menaçant et quelques grêles offensives. Donc, une pénombre à perpète. Autant dès lors retourner la situation : quoi de mieux que d’affronter les forces de la nature afin de se préparer à cette soirée qui s’annonce d’ores et déjà épique ? Preuve en est, les metalheads sont nombreux dès le début des hostilités.

Y assister ou ici l’écrire demeure encore maintenant un paradoxe : Death Angel entame cette nuit. Sur les planches depuis 82 (NDR : en tenant compte, certes, du break de dix ans entre 91 et 2001), ces Californiens servent de fers de lance au Thrash de la Bay Area (au même titre qu’Exodus ou Metallica, pour ne citer que les plus notoires), depuis trente-cinq années. Et pourtant, c’est bien à eux que revient la tâche de tirer le premier coup de fusil. Et quel coup ! En toute simplicité, la bande à Oseguada débarque sur les planches et déverse un set intense et carré, sans breaks. Mais il sera court, bien trop court ! Trente-cinq minutes (alors qu’elle aurait pu en réserver quarante, soit un morceau de plus), c’est décidément trop peu pour l’aura dont bénéficie la formation. Quoi qu’il en soit, les six morceaux vont se focaliser principalement sur la partie la plus récente de sa carrière. « Father of Lies » et « The Moth », issus de son dernier elpee, ouvrent et clôturent le set. Mais les fans de la première heure ne seront pas pour autant négligés, bénéficiant des premiers riffs d’un « The Ultra Violence » (remontant à 87, cette plage atteint plus de dix minutes…) enchaîné au vitaminé « Thrown To The Wolves » (2004) avant de revenir, back in the years, à « Mistress of Pain ». La puissance vocale de Mark Oseguada est toujours aussi impressionnante. Son éternelle bouteille de Blue Bombay –à la main– est cependant aujourd’hui davantage entamée que lors de l’Alcatraz, en août dernier. Et on n’en oubliera pas pour autant ses musiciens, dont la bonne humeur est communicative. Bref, le band aurait pu, sans aucun problème, doubler la durée de sa prestation. (Voir les photos ici)

Autre set, autre pointure : l’espace est aménagé pour les Anglo-canadiens d’Annihilator. Deux structures entourent de part et d’autre la batterie, flanquées d’une représentation plutôt pileuse d’une gargouille démoniaque à trois yeux. Cette interprétation est issue de leur dernier opus, « For The Demented », paru il y a un peu moins de dix jours. Trois pieds de micro sont disposés sur l’estrade, dont un au milieu, réservé au chanteur/guitariste, mais également leader, Jeff Waters, reconnaissable à sa bonnette rouge (le pied de micro, pas Jeff hein !) et sa ribambelle de plectres accrochés (qu’il ne distribuera d’ailleurs pas). Le combo va bénéficier d’un temps de set un peu plus conséquent, soit dix minutes de plus, mais n’en tirera pas profit, se perdant même de temps à autre dans des breaks tirés en longueur, entre deux morceaux. Responsable de seize albums studio (!) à ce jour, il va étaler ses différentes couleurs musicales : un Thrash tantôt classique (« Phantasmagoria »), tantôt plus heavy (le ‘kingdiamondien’ « Alison Hell », au cours duquel le vocaliste n’assure pas les parties aiguës, invitant plutôt le public à le suppléer) ou qui lorgne carrément sur le Death (un « Twisted Lobotomy » sous stéroïdes). Des approches musicales variées, mais parfois déroutantes, privant dès lors le set de tout fil rouge. En outre, Jeff Waters éprouve désormais des difficultés pour assurer le chant en solo, depuis le départ de Dave Padden, en 2014. Malgré une présence scénique très charismatique (parfois un peu trop), il ne convainc pas encore entièrement, derrière le micro. Il n’empêche que les mélomanes, principalement massés aux premiers rangs, s’en sont donné à cœur joie et n’ont pas hésité à donner de la voix tout au long du show. Les nombreux t-shirts frappés à l’effigie du band confirment qu’une bonne partie de l’auditoire avait effectué le déplacement pour eux. Quant à la place réservée à Annihilator et Death Angel sur l’affiche, le débat reste ouvert. Certains affirmeront qu’Annihilator a publié un nombre de long playings bien plus important… Mais reste à savoir si la notoriété d’un combo dépend de son imposante discographie, surtout quand la qualité est sacrifiée sur l’autel de la production. Le débat ‘métallien’ se poursuit autour d’une mousse, avant de rejoindre la fosse pour applaudir les héros du jour. (Voir les photos )

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Testament va en imposer. Tout d’abord visuellement : le groupe occupe tout le podium. Un immense backdrop couvre l’arrière de la ‘stage’. Au milieu de cette toile figure la représentation d’un cobra beige à trois têtes, gueules grandes ouvertes et tous crochets dehors. À la base de cette effigie animale trône le set de batterie de Gene Houglan, tout en métal argenté. De part et d’autre est disposée une plate-forme, accessible par deux escaliers posés à gauche et à droite de la batterie, le tout recouvert de drapés enrichis de hiéroglyphes. Les extrémités de la plateforme sont flanquées de deux disques, au milieu desquels s’inscrit un pentagramme sur la pointe et doté d’un crâne animal, la langue pendante. La tonalité est donnée : la fosse risque de s’en prendre plein les dents.

Les projecteurs diffusent une lumière rouge. Des jets de fumée s’échappent à l’avant du podium. Et le batteur opère une entrée triomphale, baguettes croisées en guise de salut à son public. Il est rapidement suivi par le reste de la troupe. Soudain, la voix gutturale et grondante de Chuck Billy transperce les ténèbres et clame : ‘Are you ready Belgium?’ La machine s’emballe, les enfers ouvrent leurs portes pour laisser s’échapper le surpuissant « Brotherhood of the Snake », le titre éponyme du dernier LP. Et tout aussi survolté, « Rise Up » embraie. Un véritable mur de son s’abat sur le Trix. Chuck a enfilé un t-shirt parodiant, au nom de son groupe, la typographie du whisky ‘Jack Daniels’, recouvert d’une veste noire, sans manches, de type motard. Et il domine littéralement la foule. L’éclairage s’échappant du bas de la scène ne fait qu’amplifier son imposante stature de natif américain de la communauté pomo. À ses côtés, pied de micro relevé plus haut que la tête, à la manière de feu Lemmy Kilmister, le leader de Motörhead, l’impressionnant bassiste Steve DiGiorgio toise ironiquement la foule, derrière un sourire effacé et énigmatique.

La part belle du set va privilégier les titres du dernier long playing, dont « Stronghold », au cours duquel le vocaliste indiquera toute l’importance de cette compo, ne manquant pas de rappeler ses origines indiennes. ‘Il y a maintenant un petit temps que nous tournons avec les mêmes morceaux… On a décidé de vous faire une surprise, c’est la première fois que nous le jouons en Europe…’, confie Chuck, avant d’entamer l’éponyme « Low » (1994). Rompu aux grands espaces, Testament propose en salle un set différent. Comme tête d’affiche, il bénéficie du double de temps généralement imparti lors d’un festival ; l’occasion de gratifier la fosse de solos exécutés par chacun des musiciens. Mais autant celui d’Eric Peterson, guitariste rythmique, apparaît plutôt plat, autant ceux du bassiste Steve DiGiorgio, du batteur Gene Hoglan et du guitariste solo Alex Skolnick (ah quel bonheur, d’entendre ces influences puisées dans le jazz) vont se révéler de véritables prouesses artistiques. Des envolées destinées à faire exploser les barrières du Thrash. Ces trois ponctuations suspendues dans le temps ont offert, non seulement un moment de respiration appréciable, mais permis de toucher du bout des doigts, le temps de quelques minutes, l’étendue et le génie artistique de ces musiciens.

Les fans de la dernière heure seront généreusement arrosés de nouvelles compositions, mais les têtes grises ne seront pour autant pas oubliées grâce, entre autres, à un « Into the Pit », datant de 88, célébrant toute l’attitude gestuelle rituelle pour ce type de concert. Un hymne au Metal qui ne manque évidemment pas de mettre le feu à la fosse. Les métalleux se bousculent. Leurs épaules s’entrechoquent. Quelques courageuses et courageux passent en slam au-dessus des têtes. Petit bémol quand même, pour la forme : Chuck Billy ne connaît pas tous ses lyrics par cœur et doit recourir à un prompteur, habilement dissimulé dans le décor.

En une heure et demie de concert, les Américains ont assuré une prestation digne du rang qu’on leur confère. Alors que leurs apparitions estivales laissent souvent les festivalier·ère·s sur leur faim, les titans du Thrash ont ici eu le temps et l’opportunité de déployer tout leur savoir-faire. D’autant plus qu’à l’instar de bon nombre de groupes contemporains, Testament ne se repose pas sur son passé. Il ne survit pas accroché à ses golden years. Au contraire, Testament ne cesse de se bonifier, d’année en année, d’album en album. Une perpétuelle remise en question, une graduelle montée en puissance, une ascension permanente. Parvenir à prendre du galon, après trente-quatre années sur les routes ; seuls les plus grands peuvent y arriver. Pas encore prêt à signer son propre testament... (Voir les photos ici)

Setlist : Brotherhood of the Snake - Rise Up - The Pale King - Centuries of Suffering - Electric Crown - Into the Pit - Low - Stronghold - Throne of Thorns - Eyes of Wrath - First Strike Is Deadly - Urotsukidôji - Souls of Black - The New Order // Rappel : Practice What You Preach - Over the Wall

(Organisation: Biebob/Rocklive)

Merci à Nuclear Blast


 

 

Julien Baker

A revoir au sein d’un groupe électrique !

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Nonobstant son prénom, Julien Rose Baker est bien une fille. Elle est originaire de Memphis, dans le Tennessee. Cette auteur/compositrice/interprète/guitariste milite également chez The Star Killers (NDR : jusque 2015, le band répondait au patronyme de The Forristers), un groupe de rock alternatif, qu’elle a formé en compagnie de Matthew Gilliam. Elle a également décidé de se lancer, en parallèle, dans une carrière solo. Et a publié son premier elpee, il y a deux ans. Intitulé « Sprained Ankle » (Trad : cheville foulée), il a été bien accueilli par la critique. Très personnel, cet opus aborde régulièrement le thème de la mort. Des compos ténébreuses, mélancoliques, délicates, qu’elle propose sous la forme de folk songs. Et le second, « Turn Out The Lights », paru le mois dernier, baigne au sein d’un même climat…

Ce soir, le concert est sold out, et il fait particulièrement étouffant au sein de la Rotonde. Sur l’estrade on remarque la présence d’une gratte électrique, d’un micro et d’un synthétiseur de couleur rouge écarlate. Lorsque Julien Baker grimpe sur le podium, elle est accueillie par des applaudissements nourris. Un light show discret se focalise sur l’artiste. Elle n’adresse aucun regard à son auditoire (NDR : une forme de timidité ?) et attaque immédiatement « Over », en s’accompagnant à la guitare. Elle n’est certainement pas du genre à crier sa joie de vivre sur tous les toits ou à nous raconter des contes de fées. Agée de 20 ans, elle semble avoir le vécu d’un vétéran de 50 balais. Outre la vie et la mort, elle aborde des sujets comme les relations humaines, les désillusions, l’addiction ainsi que la foi. Elle a simplement décidé d’en parler ouvertement, d’une manière désarmante, sans cacher sa sensibilité et sa profonde sincérité. ‘I wish I could write some songs about anything but death’, confie-t-elle franchement dans « Sprained Ankle ». Que sa bouche soit carrément contre le micro ou à plus de 60 centimètres, sa voix vous prend aux tripes. Claire, lumineuse, tendre ou puissante, elle est chargée de spleen. Son toucher de guitare électrique est précis lorsqu’elle ne triture pas ses cordes. Elle embraie par son nouveau single « Appointments », aux ivoires, en chantant d’une voix haut perchée, à la limite de rompre ses cordes vocales. Le morceau achevé, elle remercie l’auditoire et rappelle que son premier spectacle accordé en Europe, remonte au 22 mai 2016. Il s’était déroulé Grand Salon, dans le cadre des Nuits du Botanique. Tout en parlant, elle réaccorde sa gratte, avant d’aborder une chanson de circonstance, « Happy To Be Here ». Mais malgré cette déclaration de satisfaction, il faut bien reconnaître que ses compos sont, en général, dispensées sur un même ton. Ce qui au bout d’une heure, suscite carrément l’ennui. Dommage ! A revoir au sein d’un groupe électrique…

(Organisation : Le Botanique)

Mount Eerie

Dans un profond recueillement…

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Il y a un peu plus d’an, l’épouse de Phil Elverum, Geneviève Castrée (NDR : musicienne et cartooniste), décédait des suites d’un cancer. Afin de faire son deuil, le Canadien enregistrait un album relatant la relation qui s’était établie entre lui, sa femme et leur jeune enfant. Un opus retraçant des évènements qui se sont produits au sein de leur famille, des ressentis personnels avant, pendant et après le moment fatidique. « A Crow Looked at Me », ce huitième opus conceptuel avait été unanimement salué par la critique. Au fil de l’elpee, seul, armé d’une sèche, Elverum y livre donc ses états d’âme. A côté du folk minimaliste proposé par le natif d’Anocortes, celui de Sun Kil Moon, dispensé tout au long de « Benji », est une véritable partie de plaisir. Pour accueillir cette performance introspective, l’Ancienne Belgique a donné rendez-vous à son public aux Brigittines. En effet, quoi de plus approprié qu’une ancienne église pour aborder un sujet aussi bouleversant.

L’auditoire qui a répondu présent ce samedi soir sait pertinemment que l’ambiance ne sera pas à la fête. Dans l’ancienne église, les chaises ont été disposées en rangs, face à la scène. À 20h, tout le monde est installé. Phil Elverum, alias Mount Eerie, est vêtu d’une chemise à carreaux et entame sa séance d’introspection. Outre celui de la musique et de la voix, pas un seul bruit ne vient perturber ce silence qui règne au sein de l’édifice. On peut entendre les doigts du Canadien glisser sur les cordes de sa guitare acoustique. Derrière cette voix illusoirement douce et apaisée, on sent logiquement poindre la douleur. Il enchaîne les morceaux de son dernier LP en n’adressant que quelques timides mots au public qui ne manque cependant pas d’applaudir lors de chaque intermède. L’artiste va également nous réserver quelques nouveaux titres qui s’inscrivent dans la droite lignée du dernier long playing. Et dans la seconde partie, reprendre d’anciennes compos.

Il est difficile de juger le concert de Mount Eerie tant la charge émotionnelle portée par Phil Eleverum est immense. L’ancienne église des Brigittines convenait parfaitement à cet exercice. Cependant, il faut bien avouer qu’après une heure de concert, musicalement, on a rapidement fait le tour. Et au cœur de cette atmosphère pour le moins recueillie, il n’était pas toujours facile de rester concentré…

(Organisation : Ancienne Belgique)

 

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