La cavalcade de Jéhan…

Poussé par un nouvel élan poétique, Jean Jéhan a sorti son nouvel opus, « On ne sait jamais », le 18 novembre 2023. Pour ce cinquième elpee, Jéhan fait le choix de s'affranchir de ses affinités folk rock, pour aller vers des horizons plus dégagés. On retrouve…

logo_musiczine

Pour Jane Weaver, l’amour est un spectacle permanent...

Jane Weaver, aka Jane Louise Weaver, est une musicienne originaire de Liverpool. Son nouvel opus, « Love In Constant Spectacle », paraîtra ce 5 avril 2024. Il a été produit par John Parish (PJ Harvey, Eels, Sparklehorse). Son disque le plus intime et le plus…

Langues

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Nos partenaires

Dernier concert - festival

Vive La Fête - 11/04/2024
Manu Chao - Bau-huis

Pukkelpop 2003 : samedi 30 août Spécial

Écrit par
&

Dernière ligne droite, et à peine le nez qui coule : heureusement, Arsenal devrait rapidement nous réchauffer avec son trip-hop limite lounge de très bonne tenue (le beau " How Come ? " en clôture). " Mr. Doorman " ramène même le soleil, malgré le fait que la chanteuse et le rappeur aient déclaré forfait (à la place, des samples).

Mais la première vraie bonne surprise du jour, et même du festival, viendra juste après, au Château, avec les Américains d'Ima Robot (prononcez " I Am Robot ") : du punk funk comme on l'aime, avec des musiciens de Beck et un chanteur au beau bagout. Ca groove, tendance PIL (la voix) et Gang of Four, et le répertoire recèle quelques tubes en devenir comme ce " Dynomite " dansant à souhait. L'album sort mi-septembre, et c'est clair qu'il faudra y jeter une oreille…

Entre le rétro-futurisme d'Apparat Organ Quartet (des synthés cheap à la Add N To X), les relents stoniens (encore) de The Vue et le nu-métal sans odeur d'Adema (" le groupe du frère du chanteur de Korn "), on n'aura pas choisi… Préférant attendre Matthew Herbert et son Big Band, parce qu'on aime l'originalité du bonhomme, et sa démarche : cette fois, pas de morceau housy à base de samples de boîtes de Coca concassées et d'hamburgers broyés (Herbert n'aime pas l'impérialisme), mais un orchestre de cuivres et d'autres musiciens, live, avec l'artiste aux laptops… Le résultat ? Intéressant, en rien tape-à-l'œil, quoiqu'un peu statique.

Dans un tout autre genre, The Blood Brothers, programmés au dernier moment, auront eux aussi fait très fort : leur mélange de guitares hardcore, de ruptures rythmiques proches du free jazz et de vocaux hystériques n'est certes pas des plus reposants, mais peu importe, ça défoule… Ecoutez leur " Burn, Piano Island, Burn ! " tous les matins au saut du lit, ça vous met la patate pour le restant de la journée.

A contrario de South San Gabriel, sous peine de rester au pieu jusqu'au coucher du soleil… Si l'Américain brille dans un registre " alternative country " proche de Sparklehorse et de Lambchop, difficile de rester éveillé à l'écouter marmonner des histoires tristes seul sur scène…

D'autant que sur la Main Stage, les affreux Pennywise martèlent leur punk bourrin avec une sacrée énergie, poussant les V.U. dans le rouge, et le vice jusqu'à en remettre une couche (les jeunes aiment ça, et ils en redemandent).

Mais la palme de la ‘couche de trop’ est attribuée à Michael Franti ! Ce type joue tellement les gars ‘positifs’ qu'il finit par paraître ridicule : le pire, c'est quand il s'en prend à Bush et sa guerre contre le terrorisme (ok), en prônant plutôt la guerre contre le militarisme (sic)… Euh, oui mais Michael, ça reste quand même une guerre, non ? Et c'est pas bien non plus, comme les gens qu'on enferme dans des cachots, parce que eux aussi ils " méritent de la musique " (" Everyone Deserves Music "), et mon voisin aussi, qui m'emmerde le dimanche quand il tond sa pelouse, et même ce con de Bush, tiens, parce qu'il faut s'aimer et s'entraider, c'est même pour ça qu'à un moment t'as demandé aux gens de se tenir par l'épaule, comme à un grand rassemblement hippie, en chantant " Taxi Radio ", ton nouveau tube qui s'appelle comme ça parce que " c'est deux mots que tout le monde comprend dans le monde entier ". Merci, Michael ! Parce que grâce à toi, tout le monde il est content et heureux de vivre, et c'est le principal. Trop cool, quoi !

Plus costaud, Radio 4 au Château : pour leur troisième passage en Belgique, les New-yorkais ont frappé fort – rythmiques d'enfer, riffs tournoyants, percus extatiques, tubes à la pelle… Devant un public surchauffé, ils auront prouvé une fois pour toutes qu'ils comptent bien rester, malgré la hype qui les entoure, malgré ce machin (le " punk funk ") auquel ils sont sans cesse affiliés. C'est vrai que leur musique groove comme un bon vieux PIL, rocke comme du Clash, transpire comme du Section 25. Ce concert fût le meilleur des trois : nos gars sont bien en place, balançant la sauce avec maîtrise et habileté. Même les titres de leur premier album, passé inaperçu faute d'être " tendance ", sonnent comme de vrais hymnes à la danse, et n'ont pas à rougir face à ces tueries que sont " Our Town ", " New Disco ", " Save Your City " et bien entendu l'immense " Dance To The Underground ", qui clôtura ce concert avec panache, sous un déluge d'applaudissements amplement mérités.

Tout le contraire des Mars Volta, qui pourtant furent eux aussi à l'origine d'un des meilleurs live de ce Pukkelpop : les 5 Texans (dont deux d'At The Drive In, rappelons-le) n'ont certes laissé aucune place aux manifestations bruyantes (sans blanc, pas de " hourra ! "), mais leur prestation n'en fût pas moins des plus époustouflantes. Sur une heure de concert, seulement deux morceaux : " Roulette Dares (The Haunt Of) " et " Cicatriz Esp ", de leur excellent album " " De-loused In The Comatorium " (l'un des albums de l'année). Sur le CD, ça dure en tout 20 minutes (pile !)… En live, ça dure une heure. Comprenez : The Mars Volta ne fait pas de l'emocore (At The Drive In est une bien vieille histoire), mais du punk progressif (du " Punk Floyd "). Un peu comme au temps de Yes et de King Crimson, la rage en plus. Certes, Cedric Bixler (le chanteur) singe parfois Jim Morrison ou Robert Plant, et Omar Rodriguez-Lopez (le guitariste) lui aussi en fait trop (quel virtuose du manche !)… Mais ces gars-là sont dans un trip total, façon seventies et tout le toutim ! Ne pas prendre le temps de comprendre leur démarche et de les accompagner dans leur délire peut évidemment très vite agacer. Ce qui expliquait les mines décaties de certains spectateurs pas habitués à ce genre de spectacle. La musique de Mars Volta ne se zappe pas : elle s'écoute de l'intérieur, et ça passe forcément par une attention sans failles, malgré ces quelques digressions théâtrales, malgré ce décorum prog parfois pompeux…

Ceux qui préféraient moins se casser la tête (nous ça va, merci) n'avaient qu'à aller voir PJ Harvey, qui ne sort pas de disque mais venait juste pour chanter qu'elle existe toujours. Ca commence fort avec le splendide " To Bring You My Love ", du tout aussi splendide album du même nom. Puis " Rid Of Me ", " 50Ft Queenie ", " Big Exit ", " Good Fortune ", " Me-Jane ", " The Whores Hustle And The Hustlers Whore ", " Working For The Man ",… Autant de tubes qui rappellent que la PJ fait partie des plus grands songwriters de ces 15 dernières années. Vêtue d'une robe blanche " elvisienne " plutôt courte et entourée de ses fidèles compagnons Mick Harvey (basse) et Rob Ellis (batterie), PJ Harvey n'aura levé le voile (c'est une image) sur son nouvel album (à paraître cet hiver) qu'un seul instant, le temps d'une petite bombe punky à la " Dry " qui parle de ses… cheveux. En final (10 minutes trop tôt), un " Man-Size " d'une puissance impressionnante achèvera de nous convaincre que PJ Harvey est bel et bien de retour, et qu'elle n'est pas contente. Chouette !

Mais le summum de cette soirée déjà parfaite, c'était du côté du Château (encore !) qu'on allait le connaître, avec les quinquagénaires punks de Wire. De retour après plusieurs années d'absence avec un album incendiaire (" Send "), les quatre Anglais ont mis le public, composé à la fois de vieux fans et de nouvelles recrues un peu ‘fashion victims’ (punk funk revival oblige…), à genoux. Ce mélange d'électronique hypnotique, de guitares incisives et de lyrics post-situ, interprété avec une rage 100 fois supérieure à celle de tous les groupes de la Skate Stage réunis, aura prouvé que l'âge dans le rock n'entre pas en compte, et qu'on peut toujours sonner actuel malgré une carrière déjà bien longue. Terrible !

Après une telle claque, Limp Bizkit n'avait qu'à bien se tenir… Après Axl Rose l'année dernière, Fred Durst, la plus grande tête à claque du music business, que personne n'aime, parce que : 1/ Pour les puristes nu-métal, ce gars-là est un vendu ; 2/ Il se tape Britney Spears ; 3/ Il a tellement la grosse tête que son guitariste, qui tenait le ménage et composait presque tout, s'est barré. En live, cela se traduit par : 1/ des canettes balancées avec vigueur sur sa tête de gros frimeur ; 2/ des doigts levés et des gens qui dorment (ou vont voir Pretty Girls Make Grave, excellent combo rock de Seattle, entre Magnapop, The Slits et les Strokes). Il n'empêche que Limp Bizkit, à une époque pas si lointaine, incarnait avec Korn le futur du métal, avant d'être récupéré par des marques de casquettes et de boissons pétillantes. Fred Durst était alors notre compagnon (de beuverie, de baston, de déprime) fidèle, et des titres comme " Nookie " et " Break Stuff " rythmaient notre quotidien de leurs riffs puissants et de leurs scratches hip hop. Aujourd'hui, Limp Bizkit n'est plus que l'ombre de lui-même, malgré les derniers hits de " Chocolate Starfish… " (" Hot Dog ", " My Generation ", " My Way ", " Take A Look Around ", tous joués ici), malgré le fait qu'en live, cela reste une belle machine rock bien huilée (décor, pyrotechnie, show de Fred Durst, dont l'égocentrisme vire tout doucement à la mégalomanie). " Faith " (la cover de George Michael) en final (20 minutes trop tôt !) et dédicacé à " toutes les filles ", c'est avec amertume qu'on tire un trait sur ce Pukkelpop grande cuvée. Il y a eu la pluie. Il y a eu Fred Durst (aurait-il voté pour Bush ?). Il y a eu des annulations (Aaah, Jackass…). N'empêche, c'était quand même drôlement bien. Rendez-vous l'année prochaine, avec on l'espère, le grand retour d'Axl.

 

Informations supplémentaires

  • Date: 2003-08-30
  • Festival Name: Pukkelpop
  • Festival Place: Kiewit
  • Festival City: Hasselt
  • Rating: 0
Lu 1067 fois