Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

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Yard Act

En attendant de décrocher la timbale, plutôt que la lune…

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Issu de Leeds, Yard Act appartient à la nouvelle vague du rock indé britannique, au sein de laquelle on retrouve Fontaines D.C., IDLES, Slaves, Sleaford Mods, The Murder Capital et on en passe. Il a publié, en janvier dernier, « The Overload », un tout premier elpee d’excellente facture qui devrait figurer parmi les Tops de nombreux médias indépendants.

Il est 21h50 lorsque Yard Act grimpe sur les planches du club de l’Aéronef. A vue de nez, il doit bien y avoir 350 personnes, dans la fosse. Le quatuor est emmené par le chanteur, James Smith. Chaussé de lunettes, on dirait un étudiant fraichement sorti de l’université, prêt à participer à une bonne guindaille (NDR : en réalité, c’est un ex-prof !) D’ailleurs, déjà, il brandit sa bière face à l’auditoire, puis en boit une gorgée. Le guitariste, Sam Shjpstone, a plutôt un physique de métalleux ; il pourrait même jouer le rôle de feu Ian ‘Lemmy’ Kilmister (le leader de Motörhead), dans un biopic, mais au début de sa carrière.

Le set démarre sur les chapeaux de roues par « The overload ». Paradoxal, mais pour assurer les backing vocaux, Sam se baisse pour atteindre son micro. Des backing vocaux auxquels collaborent également les trois autres musicos.

Le débit vocal de Smith est déclamatoire et plutôt hip hop, même si ses inflexions peuvent parfois évoquer Mark E. Smith. Le plus souvent, c’est la ligne de basse qui trace la mélodie, alors que la batterie se charge de fédérer l’ensemble, une section rythmique qui rend d’ailleurs souvent la solution sonore dansante. Et qu’on ne s’y trompe pas, dans la fosse ça déménage.

Imprimé sur un drumming tribal, « Witness » embraie. Mais c’est à partir de « Dark days » qu’on se rend compte que le sixcordiste est un remarquable gratteur. Dans un style bien personnel, même si cinglants, ses riffs de funk blanc sont très susceptibles de remémorer ceux que dispensait feu Andy Gill chez Gang of Four. Et ils virent au staccato tout au long de « Human sacrifice », une nouvelle compo. Avant d’attaquer le dansant et ‘blurien’ (« Parklife » ?) « Pour another », James lève sa chope et invite le public à l’imiter (NDR : ce qu’il fait dans un bel élan !), puis balance un ‘salud’. Interactif, il bavarde beaucoup entre les titres. En guise de préalable à « Fixer upper », il percute son micro contre l’estrade du drummer, un morceau qui fait exploser les basses. L’hymne post-Brexit « Dead horses » rappelle que le groupe défend une idéologie sociopolitique de gauche, n’hésitant pas à fustiger le capitalisme à travers des paroles satiriques. Au cours des premières minutes de « 100% endurance », « The end » des Doors hante l’esprit de votre serviteur, un morceau au cours duquel Smith alterne paradoxalement chant et spoken word. Parce qu’en général, les textes sont déclamés voire rappés, dans l’esprit de toute cette nouvelle vague post punk qui déferle en Grande-Bretagne, et tout particulièrement en Irlande. Et il faut reconnaître que James crache rapidement et avec aisance, ses mots complexes…

Tout au long de « The incident », Sam multiplie les accès spasmodiques de gratte. Mais manifestement, il en a encore sous les pédales…

Le concert s’achève par le single « Land of the blind ». James et la foule s’échangent des ‘ba-ba-bas’ hymniques. Sympa ! Puis, au milieu du morceau, il s’entretient avec la foule lui annonçant qu’il s’agissait de la dernière date de leur dernière tournée et qu’il fallait en profiter. Il s’éclipse ensuite et laisse le champ libre aux trois autres musicos. Shjpstone et Ryan Needham entament alors un dialogue de cordes. Mais au fil du morceau, Sam semble de plus en plus possédé par son instrument, s’autorisant des giclées fulgurantes alors que la section rythmique se déchaîne.

La formation issue de Leeds va accorder un rappel de deux titres. Tout d’abord « Rich », au cours duquel James s’agenouille comme s’il entamait une prière et puis « The Trapper’s Pelts », dont le final explosif va décupler les mouvements dans la foule… Et c’est sous de folles acclamations, avant de la saluer, bras dessus, bras dessous, que le quatuor quitte définitivement la scène. Manifestement, un futur grand groupe est occupé de naître…

Sur le chemin du retour, une immense lune se dressait devant nous, un peu comme si on voulait nous rappeler que dans un futur proche, Yard Act allait sans doute décrocher la timbale, plutôt que la lune…

(Organisation : Aéronef)

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Setlist

The Overload
Witness (Can I Get A?)
Dark Days
Payday
Human Sacrifice
Pour Another
Fixer Upper
Dead Horse
100% Endurance
The Incident
Land of the Blind

Rappel :

Rich
The Trapper's Pelts

 

 

Yard Act

The Overload

Écrit par

Issu de Leeds, Yard Act est un quatuor impliquant James Smith (Post War Glamour Girls), Rhye Needham (Menace Beach), Sam Shjipstone et Jay Russell. Et il appartient à la nouvelle vague du rock indé britannique. « The Overload » constitue son tout premier elpee, un disque pour lequel il a reçu le concours d’Ali Chant (PJ Harvey, Perfume Genius, Algiers, Aldous Harding) à la production.

Sleaford Mods, Beck, The Streets et The Fall figurent probablement parmi les références majeures du combo. A cause du débit vocal déclamatoire et brutal, plutôt hip hop, de James Smith. Car nerveuse et musclée, la musique est fondamentalement post punk. C’est la ligne de basse qui drive la mélodie, la batterie disco percutante et la guitare tour à tour lancinante ou funkysante se chargeant de donner de l’épaisseur à l’expression sonore en la rendant dansante.

A l’instar de Jarvis Cocker chez Pulp ou de Ray Davies chez les Kinks, James dresse un portrait pas très réjouissant de la société britannique, mais post-Brexit, tout en n’épargnant pas ses dirigeants, mais avec une forme d’humour noir proche du cynisme.

L’opus recèle, en outre, quelques surprises. Comme ce « Payday » sculpté dans le funk blanc. « Witness » qui semble hanté par les Beastie Boys. « Quarantine the sticks », à la mélodie particulièrement soignée. Et en final, « Pour another » qui réveille, en notre fors intérieur, des réminiscences de Talking Heads, de PIL et du Bowie circa « Rebel rebel ».

Le long playing recèle un morceau caché, « 100% endurable », une ballade enfumée que Jarvis Cocker aurait pu inclure dans son répertoire, si Pulp avait encore été d’actualité…