New Brutalism de 087 à 089…

New Brutalism est un groupe de rock minimaliste formé à Knoxville, Tennessee, en 1998. Le groupe est composé de Shane Elliott (chant), Matt Hall (guitare/chant), David Basford (basse/chant) et Carey Balch (batterie). Son nouvel Ep, « Requiescat Record »,…

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Wholes passe son chemin…

Wholes (ex-The Van Jets, Hypochristmutreefuzz, Pink Room, Elefant, etc.) a partagé une première chanson torride. Brute, non filtrée et chargée d’émotion. "Till We Don't Meet Again" est une collision de guitares tordues, de rythmes implacables et de voix qui…

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Août en Eclats 2025 : samedi 30 août

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Le centre historique de la cité millénaire fondée au VIIème siècle par Vincent Madelgaire (Saint Vincent) est une nouvelle fois en effervescence.

Et pour cause, la Ville de Soignies accueille, en grande pompe, son festival familial et pluridisciplinaire, le bien nommé ‘Août en Eclats’, un festival particulier puisque les belles découvertes musicales côtoient spectacles, village des enfants, marché du monde, saveurs et animations de rue, autour des places Verte et Van Zeeland.

En termes de facilités économiques, on ne peut pas faire mieux ! Ici, les spectacles et concerts sont proposés gratuitement !

Côté musique, deux scènes se côtoient, la grande pour les artistes confirmés comme Mud Flow et Les Innocents chargés de présenter une rétrospective de leur carrière respective ; la plus petite pour celles et ceux, qui pourraient le devenir. Et à voir ceux qui vont s’y produire, il y a fort à parier que, méconnus, ils pourraient devenir rapidement de grandes stars, comme cette jeune et presque inconnue, Epona.

C’est justement par cette frêle artiste que la journée de votre serviteur débute. Alors qu’elle n’a que 24 printemps, elle possède déjà une belle carrière au théâtre, au cinéma et évidemment dans le domaine de musique.

Elle a enregistré un premier Ep 4 titres, intitulé « Help I’m Fine », en 2023. Une œuvre dont les thématiques tournent autour d’histoires personnelles. Si se mettre à nu demande du courage et une bonne dose d’introspection, s’agit-il peut être dans son chef d’une manière pudique de rendre hommage à toutes ses victimes, voire d’exorciser quelque chose de plus profond qui sommeille en elle… Dieu seul le sait !

Quoiqu’il en soit, c’est par « Computer » qu’elle entame son concert. Les accords de guitares de Dimitri Eggermont se marient parfaitement aux frappes de Merlin Vanitterbeek, expression sonore sur laquelle se pose la voix crépusculaire d’Epona Guillaume, son nom à l’état civil.

Après l’excellent « Witches », c’est encore par cette superbe reprise guitare/voix d’un titre de Kavinsky (« Nightcal ») que l’identité vocale de la gonzesse prend une dimension toute particulière, entre candeur et douceur. Une chanson popularisée par Angèle également, lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris, en 2024, en compagnie du groupe Phoenix.

Mais ne vous fiez pas aux apparences, la post-adolescente sait aussi se montrer sauvage et déterminée, à l’instar de ces « Wrong » et « Louise », à l’intensité bestiale.

Alors que jusqu’ici son terrain de jeu était l’anglais, elle surprend avec un titre interprété dans la langue de Voltaire, « Peine pour toi », issu d’un single tout frais ; une chanson dans laquelle elle narre l’histoire d’un type qui a voulu la salir en lui dérobant des photos personnelles, que l’on devine intimes. Un texte où elle dévoile une facette plus vulnérable de son répertoire, en général, plus engagé.

Et une nouvelle reprise plus tard, le combo adapte une compo des Strokes, un groupe de rock américain, originaire de New York, drivé par Julian Casablancas, dans une version iconoclaste de « Ode to the mets », une comptine dans laquelle la jazzcaster du préposé aux cordes émet un son d’une finesse inouïe. La classe !

Epona est issue d’une famille nombreuse puisque la fratrie compte 10 enfants, dont 7 filles, nés de deux pères différents. L’une de ses demi-sœurs est relativement connue dans le milieu, puisqu’elle est impliquée au sein du binôme Colt, auparavant Colline et Toitoine, et avec lequel une collaboration pourrait voir le jour prochainement. Et au vu des univers foudroyants des frangines, on ne peut s’attendre qu’à de belles surprises.

La maman d’Epona se tient à une encablure de la scène. Pour lui rendre hommage, Epona se livre magistralement dans un « Mom » qui touche au plus profond celle qui n’est autre que la principale concernée, accompagnée par d’autres enfants. Les regards qui s’échangent en disent long sur la complicité qui règne au cœur de cette famille.

Le féminisme et les thématiques liées à l'égalité femmes-hommes appartiennent, depuis longtemps, à l’identité de l’artiste. Elle le prouve encore ici à travers un « Voice », plus significatif jamais. Une guerre idéologique, certes, mais a-t-elle aujourd’hui toujours une raison d’exister, en Europe occidentale ?

Il y a des combats qui ne peuvent être menés que par la parole. C’est le cas de cet étrange « Naked man (in the forest) », l’histoire véridique d’une rencontre fortuite et malheureuse de l’une de ses sœurs avec un exhibitionnistes, alors qu’elle se soulageait en forêt. Si de prime abord, le sujet pourrait prêter à sourire, la demoiselle est parvenue à le transformer en une chanson satirique d’une intensité rare. Un délice pour les oreilles, moins pour l’imaginaire collectif.

Le concert touche doucement à sa fin. Après une heure d’un set qui aura dévoilé bien des facettes d’une personnalité protéiforme, Miss Guilaume a tout d’une grande artiste : une voix, un univers musical percutant et des thématiques qui interrogent à l’instar du rock très coloré « Siner, you », qui traite des agressions sexuelles.

Et si Epona était une ambassadrice qui dénonce tout ce qui n’est plus possible d’accepter ?

La grande scène se situe à quelques pas. C’est Orlane qui s’y colle ! Deux jeunes gens sont postés côte à côte. Ils ont la lourde tâche d’alimenter des sons à l’aide de leurs synthés. Un des proposés aux ivoires se charge aussi de la gratte électrique.

Elle est venue proposer des compos issues d’un premier album intitulé « Aller-Retour ». L’amour et la solitude seront au cœur des débats, à l’instar de « Mal d’amour », une chanson pop dans laquelle elle aime se mettre à nu, armée de son saxophone, un instrument dont elle se sert merveilleusement bien. Musicienne chevronnée, la belle manie la gratte également.

La jeune Belge impose son style et ses couleurs comme sur ce très caustique « 23/09 ». Ce morceau ravit la ‘fan base’ qui a découvert Orlane sur les planches de l’émission ‘The Voice’, il y a déjà quelques années.

Malheureusement, votre serviteur doit écouter le set, car une interview d’Epona est prévue au sein de l’hémicycle du Centre culturel.

Dommage, car l’univers coloré d’Orlane Willems, influencé par sa synesthésie, une condition qui lui permet d’associer des couleurs à des lettres et des notes de musique, avait tout pour plaire.

A son retour dans la fosse, les portugaises de votre serviteur sont irrésistiblement attirées par le son que libère le concert de Yolande Bashing.

N’y voyez aucune connotation féminine, car Yolande Bashing est un personnage de fiction, un patronyme derrière lequel se cache une grande soif de liberté. Un personnage à deux têtes aussi ; celle de Baptiste Legros et Aurélien Gainetdinoff.

Aurélien se poste derrière des machines électroniques. Il a un look déluré : training bleu, coupe mulet, et grandes lunettes rouges. Baptiste, quant à lui, marcel blanc sur le dos, qui lui procure un côté vieille France, se charge du micro. Comédien à ses heures perdues, il avait milité au sein de la formation électro-punk Les Dents avant de se lancer définitivement en solo, gravant un tout premier elpee baptisé « Yolande et l’amour », qui a rencontré un joli succès.

Au milieu de l’estrade, trône un vieux téléphone beige, dont le cadran est composé d'un disque rotatif autour duquel sont portés les chiffres de 0 à 9. Un objet qui interpelle les plus jeunes à l’heure des téléphones portables. Quant aux plus nostalgiques, il se remémoreront les canulars d’antan.

S’il fallait cerner l’univers de cette formation singulière, on indiquerait que ce n’est pas tellement la chanson qui caractérise Yolande Bashing, mais bien la dérision, voir l’autodérision, le duo n’hésitant pas à dépeindre le quotidien tantôt façon Docteur Yolande, tant façon Mister Bashing, c’est selon. En tous cas, l’univers dans lequel ce concept fantasque baigne est un savant mélange de Flavien Berger, Sttellla et Odezenne, l’exercice consistant à lancer, rattraper et relancer de manière continue et méticuleusement les mots et leur sens.

Legros et Gainetdinoff connaissant parfaitement la recette d’une journée réussie. C’est donc à coup de beats lancinants et de synthés épileptiques, agrémentés d’un phrasé désabusé, que le chanteur éveille un mouvement festif presque incontrôlable.

Les thématiques s’enchaînent et ne se ressemblent pas. On passe du marteau à l’enclume en une fraction de seconde, du « Le chat » à « Claude », l’esprit dialectique des lascars s’imprégnant dans chacune des compos.

Tout au long d’un set savamment construit autour de titres les plus improbables, Y. B. réinvente magnifiquement la chanson pop et francophone entre techno, poésie, mélancolie, synthés désaccordés et ‘spoken word’ tremblant (‘Tu te répètes’).

Caractérisé par son spectaculaire crescendo, « Solitude » constitue un paradoxe des temps modernes. Quant à « Les Vivants » et son refrain entêtant, il suggère que les quelques centaines de festivaliers présents vont éprouver toutes les difficultés du monde à s’émerveiller dans une réalité plus sombre que celle dans laquelle le duo les a entraînés durant une heure.

La fiesta est terminée, malgré les demandes de rappels…

Mud Flow embraie. Il s’agit d’un collectif belge de rock alternatif, originaire de Bruxelles, et formé autour du chanteur-guitariste Vincent Liben.

Mud Flow appartient à de cette vague de groupes belges de pop/rock qui a connu un certain succès à l’aube des années 2000, comme Girls in Hawaii, Ghinzu ou encore Hollywood Porn Stars, qui revient à la surface.

Après cinq albums et plus de dix ans d'existence, le combo s'était séparé officiellement en 2010. Mais, nonobstant la carrière solo de Vincent, une envie de reprendre la route des tournées s’est progressivement manifestée. Alors, il s’est offert le luxe d’ouvrir la parenthèse pour le plaisir de tous. Une ultime fois ?

La formation réputée pour ses riffs de guitare dynamiques et sa rythmique palpitante a décidé de rejouer sur scène et dans son intégralité, l’album « A Life on Standby », une œuvre remarquable qui plonge l’auditeur dans l’univers sonore particulier du band, tout en y incorporant quelques pépites des long playings « Ryunosuke » (« Planes »), « Re-Act » (« Panic »), ou encore « Amateur ».

Caractérisé par ses envolées aériennes, « The sense of me » rappelle combien la richesse mélodique constitue la source de cette formation décidément bien en forme, porté par un Liben qui n’a pas perdu de son aura, ni sa superbe voix rauque et ténébreuse, malgré le poids des années.

Un concert d’une intensité rare où le public a pu (re)découvrir une salve de compos, tantôt ouatées à l’instar du chaud et envoûtant « Unfinished Relief », tantôt percutants comme ce « New Eve », des morceaux qui ont, au moins, gagné l’attention de tout un auditoire et sans aucun doute ravivé un sentiment de nostalgie chez les admirateurs de longue date. D’ailleurs, la foule reprend en chœur le refrain de « Today », titre qui n’a pas pris une ride.

Et « Tribal Dance », porté par une énergie brute et un son authentique parfaitement reconnaissable, mérite la mention ‘Plus que parfait’.

Durant une heure, Mud Flow s’est offert un concert d’une dimension incroyable. Et pourtant, les musiciens n’ont pas perdu leur âme d’enfant, s’amusant tout en se produisant sur les planches.

Alors que Jean-Pol Groove s’excite sur la petite scène, votre serviteur décide de rester sur place, afin de conserver le meilleur angle possible pour assister à la prestation des Innocents, un groupe qu’il a découvert pour la première fois, en 1989, au festival de Dour.

Depuis, le line-up a bien évolué. En 2000, peu après la sortie du quatrième opus, Sieur Urbain décide de voler de ses propres ailes. La formation implose et l’aventure se termine aussi brutalement qu’elle a commencé…

Entre-temps, JP s’accorde une parenthèse et entame une carrière solo. La critique salue sa première œuvre, mais la défection d’une partie du public lui laissera un goût amer…  Le come-back du tandem n’était donc pas tout à fait… innocent.

Il faudra attendre une quinzaine d’années pour que les chevilles ouvrières se croisent à nouveau, au détour de l’enregistrement d’une compilation confectionnée sous la forme d’un ‘best of’ et se réunissent sous un line up minimaliste. Il devient alors duo réunissant simplement Urbain et Nataf.

En analysant l’auditoire, la pyramide des âges est bien représentée. On y croise aussi bien une bobonne aux cheveux gris que de jeunes enfants d’à peine sept ou huit ans. Sans oublier les fans quinquas à la chevelure plus rare que des spectateurs lambda venus pour entendre des tubes. Et puis d’autres encore qui se sont égarés sur le site…

Les groupies piaffent d’impatience. Faut dire que Les Innocents ont vécu de glorieuses années, entre 1989 et 1999. Un succès couronné de singles platinés, passages radios, tournées à guichets fermés et récompenses aux Victoires de la musique. Les ‘Innos’ ont marqué cette décennie par des standards pop comme « L'autre Finistère », « Fous à lier » ou encore « Colore ».

Les ‘deux frères ennemis’ se sont entourés d’une formule groupe pour l’occasion. Ça risque donc de déménager grave !

Il est 22h30 lorsque JP, vêtu sobrement, sourire aux lèvres, salue le parterre, et sixcordes en bandoulière entame son tour de chant par « Des jours adverses », une compo qui figurait sur l’elpee ‘Post-parfum », en 1995.

Nataf, cernes marqués par des nuits blanches supposées et barbe noire mal entretenue, manifeste déjà une belle connivence musicale avec un Urbain, plus en retrait. 

Sans frime ni préméditation, les gaillards s’amusent comme des gamins ! Des regards complices s’entrecroisent. Si ces deux-là n’étaient pas de vrais amis dans le passé, la connexion qui les lie aujourd’hui fait plaisir à voir…

Le duo est influencé par la pop anglo-saxonne. Mais, le fil conducteur de leurs compos reste le français qu’ils utilisent astucieusement pour ciseler des textes qui dépeignent un univers métaphorique, à l’instar de ce « Fous à lier », un hymne que le temps n’est pas parvenu à démoder.

Les chansons s’enchaînent à une cadence folle. Malgré les arrangements subtils, le band laisse pas mal de place à l’improvisation. En quelque sorte, c’est frais, millimétré et exercé avec beaucoup de souplesse. Un travail d’orfèvre ! Les pédales d’effets sont utilisées à bon escient. Le feedback aussi ! L’exercice est suffisamment intéressant pour permettre la découverte ou la redécouverte de morceaux incontournables comme « Quand la nuit », Lune de lait » ou « Apache », même si un parfum de nostalgie flotte dans l’air, tout au long du concert. Il est cependant fortement hanté par l’esprit du leader !

JP est de très bonne humeur ! Le show est ponctué d’anecdotes ! Et à la stupéfaction de tous, JP s’accorde même un pas de danse de Sioux pour le moins contorsionniste ! Un condensé de twist et de polka ! Delirium ? Il est encore plus drôle, lorsque par moment, sa jambe droite croise la gauche. Une position d'unijambiste qui faciliterait son envol en cas d'agression surprise comme le font les flamants rose ? En tout cas, sympa, mais risqué pour le service trois pièces ; fallait voir l’étroitesse du falzar ! Le genre masculin compatira…

Afin de briser la fine couche de glace qui persiste, les blagues émaillent le show. Qu’elles soient rigolotes ou ringardes (façon Carambar), le gars est complètement décomplexé et se fiche totalement de ce que les gens pensent !

Il a bien raison ! Après tout, on est là pour se vider la tête et passer un moment agréable !

« Colore », mais surtout « Finistère » bénéficient de de mélodies simples, mais efficaces, avec en toile de fond des textes bien torchés.

Il est déjà temps de se dire au revoir ! Des cris hystériques s’élèvent ! Le rappel est annoncé ! « Jodie » et « Un homme extraordinaire » s’uniront pour le meilleur et pour le pire, coupables d’un amour périlleux…

Durant une heure vingt Les Innocents ont livré un set haut en couleurs, grâce à « Un homme extraordinaire » : Jean-Philippe ‘Jipé’ Nataf. Et Jean-Christophe Urbain, un homme extraordinaire lui aussi.

« Un homme extraordinaire », une expression qui souligne à merveille le talent et la singularité de chacun des artistes qui se sont produits ce soir ainsi que chacun des bénévoles qui ont œuvré dans l’ombre afin de faire de cette édition, une belle journée qui restera gravée dans les cœurs et les mémoires.

(Organisation : Août en Eclats)

Les Solidarités 2025 : dimanche 24 août

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Dernier jour des Solidarités. Par chance, le soleil s’est montré généreux, sans chaleur excessive. Une aubaine pour toutes celles et ceux qui se sont présentés en masse afin d’y (re)découvrir des monstres sacrés de la chanson française, dont Santa et Hoshi.

Première bonne surprise de la journée, le concert d’Adé.

Dès l’âge de 17 ans, Adélaïde Chabannes de Balsac, aka Adé, se forge un nom dans la chanson par l’entremise de son groupe, Therapie Taxi, drivé par Raphaël Faget-Zaoui. Le duo sera vite rejoint par Félix Gros et Renaud Bizart.

Placé sous les feux des projecteurs par le provocateur « Salop(e) », en 2016, la formation connaitra un joli succès avant de se dissoudre en 2021, notamment en raison de la pandémie de la Covid-19. Mais pas seulement, les musicos manifestant une soif de liberté artistique.

Adé traverse alors une période plus calme, limitée à quelques collaborations musicales. Mais le goût de la musique remonte à la surface. Elle s’exile au Etats-Unis pour y enregistrer un premier opus, dont le single « Tout savoir » qui récoltera en quelques mois, le seuil des 2,5 millions de vues sur la plate-forme Youtube.

Sa petite taille dénote par rapport à l’immensité du podium. Sa tenue particulièrement sexy s’apparente à celle d’une écolière coquine, de quoi aguicher les plus pervers plantés au crash, la langue bien pendue.

Elle entame son récital par « More Love ». Direct et incisif, le son adopte un format rock chargé de testostérone.

Alors que les guitares chuintent encore dans les frontaux, le succulent « J’me Barre », prend le relais, dont le gimmick est rapidement repris en chœur par le public excité par des paroles pas toujours délicates dans la bouche d’une demoiselle de bonne famille.

Alors qu’une jeune fan de 27 ans, et dont c’est l’anniversaire, fait de ses pieds et mains afin d’attirer l’attention de l’artiste, Adé, prise d’émotion face à un tel investissement, décide de faire une pause de quelques minutes afin de contenter cette femme. Une petite causette et un selfie plus tard, « RockStarz » prouve que l’on est tous un peu rock dans sa tête, même en buvant un thé tout en caressant son chat.

Empoignant pour l’occasion sa guitare aux sonorités cinglantes, parfois à la limite de la saturation, elle livre « Dans tes rêves » de manière plus brute, mais homogène, rappelant la décennie 90/2000 ; de quoi ravir les amateurs du genre.

Tout au long du show, la demoiselle endosse à merveille un rôle qui n’est pas sans rappeler le côté ténébreux de Thérapie Taxi pour le fond ou encore Dolly, pour la forme. Et le tout est épicé d’un soupçon d’électro surprenant, à l’instar de « Les Silences » ou encore du plus bruitiste « Open Up », au cours duquel Baptiste, le préposé à la basse, laisse de côté son instrument au profit d’une danse endiablée aux côtés d’Adé, Pierre à la guitare et Sébastien aux fûts se contentant d’observer le scénario.

Alors que le set tire à sa fin, la jeune femme prouve, à travers « Tout savoir », qu’elle est capable de nous réserver plein de surprises et qui, loin de rester dans sa zone de confort, réussit à nos offrir un spectacle sincère, spontanée, et d’une authenticité redoutable.

Enfin, « Toujours + » suscite un tressaillement démesuré dans ce petit corps autour d’élans mélancoliques et de textes intimistes, l’artiste exprimant beaucoup de sentiments, entre amour et déception.

Adé s’est livrée aux Solidarités pour le meilleur et a donné un concert d’une grande qualité.

On le sait maintenant, sur chacune de ses prestations, Santa aime surprendre. Ce sera (forcément) le cas aujourd’hui. Une sacrée surprise même ! Inutile de préciser que l’icône de Hyphen Hyphen est donc attendue de pied ferme pour les milliers de festivaliers qui ont (sans doute) fait le déplacement pour cette artiste ‘belge’ d’adoption.

Alors qu’un décompte semble s’éterniser sur le nombre ‘9’, la scène laisse entrevoir une Santa, haute perchée, la tête en bas, pour descendre peu à peu, aidée de filins métalliques, entre des colonnes de feu qui jaillissent. Quelle richesse dans le souci du détail !

Après nous avoir bercé de sa douce ballade en mode piano-voix sur « Popcorn salé », une compo écrite dans l’urgence, presque par égarement, qui paraîtra sous l’impulsion et les encouragements de ses comparses Laura Christin, alias Line (basse, percussions), et Romain Adamo, aka Adam (guitare, synthé), la jeune dame s’émancipe et grave un premier album sobrement intitulé « Recommence-moi ».

Si la pop anglophone constituait jusqu’alors sa ligne directrice, notamment au travers d’HH, la Niçoise prend un virage à 180 degrés en réalisant un très réussi premier essai solo, chanté dans la langue de Voltaire.

Toute de noire vêtue, elle est chaussée de grandes bottes qui lui confèrent un air très glamour. Soutenue par un batteur au drumming corrosif et une bassiste qui n’est autre que sa meilleure amie – Line, elle entame son tour de chant par un spectaculaire « Chanter le monde », une compo aux couleurs vives qui émeut par sa richesse sonore.

Multi-instrumentiste, elle alterne, au gré des compositions, piano et guitare, ses deux instruments de prédilection, qui viennent soutenir sa voix puissante. Qu’elle met parfaitement en exergue sur « Eva », une magnifique chanson qui s’impose sur fond d’appel à la résilience. Des cris d’amour fusent. Comme elle ne parvient pas à cerner leur origine, elle les rend, mais en plus fort encore.

Un concert ponctué de surprises ! Et tout d’abord lorsque, posée devant ce piano noir, elle entame « Les larmes ne coulent pas », qui a bénéficié, lors des sessions d’enregistrement, de la complicité de Christophe Willem, un artiste devenu aujourd’hui son ami. Il s’invite le temps d’une chanson, entre simplicité et fausse grandiloquence, lors d’un duo uni par des larmes amères. Mais n’y a-t-il pas larmes plus amères que celles qui ne coulent pas ? Quoiqu’il en soit, elle finit ce titre, le sourire et le regard sereins, debout sur les retours posés à front de podium.

Elle compte se jeter aujourd’hui à corps perdu dans un univers où règnent l’intime, la retenue et la douceur.

Pour ce faire, rien de tel que dénoncer « La différence », sorte de manifeste sur le bien vivre ensemble avec, en filigrane, cet espoir latent de tolérance, d’insouciance et de communion. Pour marquer le coup, elle enfile un drapeau dont les couleurs se réfèrent à l’arc-en-ciel, emblème de l'homosexualité. Le drapeau arc-en-ciel, créé par Gilbert Baker en 1978, est devenu un symbole international de la communauté LGBTQIA+. Il représente la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre au sein de cette communauté. Chaque couleur du drapeau a une signification spécifique, comme le rouge pour la vie, le vert pour la nature, et le violet pour l'esprit.

Fidèle à son style unique et son spectre lyrique hors du commun, Santa se regarde ensuite dans le miroir avec introspection durant sa séance de « Popcorn salé » et le désir de recommencer son histoire, à l’instar d’une césure sur le temps. Entre ambition, espièglerie et qualité rare, l’artiste s’était essayée au métier de cascadeuse en interprétant ce premier titre, perchée à plus de 40 mètres de haut ! C'était à Bruxelles, sur la place de la Bourse. Un « Popcorn salé » à son apogée, en quelque sorte !

Et pour rappeler cette spectaculaire ascension, elle n’a rien trouvé de mieux que de jouer du piano en lévitation, grâce à un système de treuil, sous les yeux ébahis des spectateurs qui ont rarement vu un show rythmé digne de ce nom. C’est moins spectaculaire que dans la capitale, mais quand même…

Elle embraie ensuite dans un mashup, en associant le « Paradis blanc » de Michel Berger et Désenchantée de « Mylène Farmer ». Pour un résultat plus que convaincant !

Elle s’éclipse alors le temps de quelques secondes pour revêtir une cape de vampire. Assoiffée de sang, elle souffle le chaud et le froid lors d’un « Je brûle » qui n’est pas sans rappeler certaines sonorités pop/rock contemporaines qui ont fait les beaux jours de Hyphen Hyphen.

Et puis, dans une parfaite communion, les milliers de festivaliers se transforment en chorale parfaitement synchronisée, pendant « Dis-moi oui », une toute nouvelle compo annonciatrice, sans doute, d’un futur nouvel album.

Le set touche doucement à sa fin. Alors qu’elle s’apprête à s’éclipser pour une séance de ‘hugs’, des câlins posés délicatement à une poignée de chanceux, les colosses chargés de maintenir la sécurité s’agitent. Que se passe-t-il ? D’un coup, comme boostée par un surplus de vitalité, elle saute précipitamment de la barrière destinée à maintenir le public à distance et traverse la foule sur les épaules de son gorille.

Les spectateurs les plus avertis connaissent l’amour de l’artiste pour les défis. Et à Suarlée, il y en a un de taille, la grande roue qui trône depuis le début des festivités.

Drapeau pirate à la main, en mode ‘on a piraté Les Solidarités’, Santa s'est éclatée en prenant de la hauteur dans une attraction privatisée quelques minutes pour y chanter tout de haut son titre emblématique « Recommence-moi ».

Durant près d’une heure trente, Santa a une nouvelle fois démontré qu’elle méritait amplement la distinction du public et de la presse.

Dans l’univers de la chanson française, la jeune dame peut être assurément considérée comme une grande artiste. Et en livrant un concert d’une telle intensité et générosité, elle a emmené le public dans un tourbillon émotionnel et onirique d’une intensité rare.

Après une pause boisson bien méritée, place à Hoshi. Une artiste maintes fois vues par votre serviteur qui commence à la connaître par cœur.

Elle a enfilé de grosses godasses et des chaussettes à damiers noirs et blancs, afin, sans doute, de signaler le début du tour de chauffe.

Ses musiciens entrent en scène, lentement, tour à tour. Et dans cette bande, il n’y pas que des inconnus. A commencer par Lola Frichet à la basse (Pogo Car Crash Control), Charlène Juarez aux claviers (Brigitte) et Enzo Gabert à la batterie (Skip The Use). Et c’est Lucie, un joli bout de femme, qui se réserve la guitare… d’un vert éclatant.

Du haut de ses grosses godasses, Hoshi impose un style musical bien à elle. Des textes simples, mais touchants, une musique entraînante et une aura exceptionnelle. Sans oublier cette voix haut-perchée et quelque peu nasillarde qui peut perturber les non-initiés. Pas étonnant donc qu’elle soit devenue l’une des révélations de la chanson française de ces dernières années.

La demoiselle s’épanche avec tact sur ses expériences passées, ses aspirations, de manière authentique, mais autocentrée à l’instar de cette « Amour censure », hymne à la tolérance et à la sincérité des sentiments amoureux, l’artiste ayant elle-même été victime d'agressions homophobes. Une chanson en réaction à une certaine libération de la parole discriminatoire, notamment après la ‘manif pour tous’ qui a malheureusement encore des raisons d'exister auprès des ‘biens pensants’. Et pour contrer toute cette haine, rien de tel qu’un gros fuck à tous ces enculés dont elle n’a plus peur aujourd’hui, dit-elle, tout en agitant un drapeau arc-en-ciel, symbole du mouvement LGBTQIA+.

Son grain de voix particulier et douée pour les métaphores et autres figures de style, Hoshi est généreuse et humaine. Fusionnelle au sein de son band, une belle complicité la lie avec sa bassiste. Et les puristes auront remarqué l’inscription gravée sur l’instrument, ‘One woman on stage’.

Celle dont le physique a été quelque malmené par le journaliste-chroniqueur Fabien Lecoeuvre, entame un « Je partirai », chanson percutante qui parle du désir de s’éloigner d'un monde qui ne l'aime pas, la juge et la blesse. Bref, un exutoire où elle exprime sa souffrance, son incompréhension et son besoin de liberté. Elle veut rester éternelle dans les mémoires, comme une étoile ou une comète. Gageons qu’elle y parvienne.

Après avoir donné d’elle-même durant une heure quinze, la chanteuse au gros chignon prend congé de ses invités qui la réclame encore. Ils devront pourtant se contenter de sa prestation, sans plus.

Saule a l’honneur de clôturer cette nouvelle édition des Solidarités. Votre serviteur préfère reprendre la route, ses lombaires lui rappelant la triste réalité de la seconde moitié de vie.

A l’année prochaine !

(Organisation : Les Solidarités)

 Que dire de plus, si ce n’est que les Solidarités ont offert des concerts d’une riche intensité, entre rock, pop et autres découvertes musicales, sous un soleil qui n’a pas osé ternir. Que demander de plus ?

 

 

Les Solidarités 2025 : samedi 23 août

Écrit par

Si la vieille, le line-up était davantage consacré aux groupes rock, cette journée de samedi fait la part belle aux artistes suscitant un intérêt auprès des plus jeunes. La programmation est aussi plus diversifiée.

Après tout, les Solidarités est un évènement protéiforme au sein duquel, chacun doit y trouver son compte.

Les vieux bourlingueurs le savent, qui veut profiter sainement d’un festival, doit pouvoir compter sur une météo clémente. Et, en cette fin août, comme par miracle, même si le iel est nuageux, il fait relativement doux, de quoi rappeler des airs de vacances.

Le temps de gagner le parking de délestage et de prendre le bus qui va l’amener vers le précieux sésame, votre serviteur arrive aux alentours de 16 heures 30 sur le site.

Des pro-manifestants contre le génocide de Gaza sont venus en nombre. Des calicots sont distribués aux passants au sein de l’hémicycle. De fait, le génocide en cours dans la bande de Gaza, depuis plus de 18 mois, constitue l’effroyable aboutissement du long processus de dépossession du peuple palestinien.

D’ailleurs (fait du hasard ou pas ?), les contrôles policiers se sont intensifiés à l’entrée du site.

Et pour approfondit le sujet, un débat-concert se déroule à l’Escale, le grand chapiteau qui sert désormais de tribune, en lieu et place du baraquement en bois qui trônait ici même l’année dernière.

Pour être tout à fait transparent, c’est davantage Noé Preszow qui éveille la curiosité de votre serviteur, plus que l’engouement pour cette cause humanitaire, même si hautement importante. Ne dit-on pas que faute avouée est à moitié pardonnée ?

L’estrade est bien remplie. Noé Preszow (NDR : prononcez ‘Prèchof’) s’y trouve planté sur une chaise. Petit et trapu, on dirait l'arrière-petit-fils de Demis Roussos (sans la barbe). Il est accompagné de deux autres préposés. L’une tient entre ses mains un qanoûn, un instrument à cordes pincées de la famille des cithares sur table, très répandu dans le monde arabe, le monde iranien, en Asie du Sud-Ouest ainsi qu'en Grèce et dans le Turkestan. L’autre, ce qui semble être une darbouka (ou doumbek/derbouka), un tambour en forme de gobelet utilisé au Moyen-Orient, notamment en Palestine. Cet instrument est un élément essentiel de la musique traditionnelle palestinienne.

Noé a fait le déplacement expressément afin de défendre cette cause qu’il estime noble et juste. Il n’y livrera que deux chansons écrites pour l’occasion dont le sublime « Pas en mon nom », ses compos étant entrecoupées d’incantations géopolitiques.

Peu nombreuses, mais de qualité, ses chansons sont parfaitement ciselées. Elles sont le fruit d'une conjugaison entre pop immédiate et poésie à fleur de peau. Des mélodies accessibles dont le phrasé est parfait et le sens du rythme précis.

Le gaillard a un don pour torcher une chanson. L’inspiration de Preszow semble héritée des plus grands songwriters français et américains. Ses textes ont la profondeur de ceux signés par Dominique A. En outre, sa voix emprunte des inflexions à Gaëtan Roussel.

Très en phase avec le présent et ce qui l'entoure, le gaillard est un digne héritier des monstres sacrés de la chanson française. Et sans doute un avant-gardiste dans ses propos et les thématiques humanistes développées. Son discours fait d’ailleurs mouche auprès du public, présent massivement.

Noé Preszow est un artiste, un vrai. Un de ces gars dont il faut parler.

La parenthèse musicale refermée, votre serviteur s’aventure devant la scène P&V où se déroule le set de Camille Yembe. Il s’agit d’une chanteuse et auteure-compositrice-interprète belge. Grande, mince et élancée, cette jeune black respire la fraîcheur.

Forcée de quitter le foyer familial à 16 ans, elle enchaîne des petits boulots alimentaires avant de rencontrer, deux ans plus tard, le rappeur Gandhi. Elle participe ensuite à l'écriture de l'album d'Eva Queen et Gandhi devient son manager.

Elle collabore alors à deux titres de l'elpee « Texte Symbole » de Gandhi, qui paraît en 2016, puis signe des textes pour plusieurs musiciens dont le rappeur Tiakola, l'actrice Stefi Celma ainsi que Moha MMZ.

Yembe vient de graver un premier Ep. Et, elle a hâte de le présenter au public qui, avouons-le, n’est pas venu très nombreux.

Accompagné d’un préposé qui se cache derrière les fûts et d’un autre qui se partage le synthé et la gratte électrique, la jeune dame se dévoile à travers des chansons ‘aigres-douces’, à l’instar de « Plastique », une belle ballade aux contours pop.

L’artiste belgo-congolaise possède une belle palette de couleurs musicales, comme sur ce « Après l’aube » où sèche à la main, elle exulte sa mélancolie dans un phrasé percutant. Mais la cantonner à cette simple expression serait réducteur, l’artiste se révélant ouverte à d’autres styles, à l’instar de « Encore », aux relents plutôt rock.

Camille Yembé enchante son univers à travers des textes qui parcourent son envie de réussir, les liens familiaux troubles et l’humain. Grâce à une signature vocale singulière, et dans un style qui navigue entre pop, indie rock, électro et une forme de rap, elle est parvenue, en quarante minutes, à conquérir l’auditoire.

La (bonne) surprise passée, le pluralisme du festival nous invite à découvrir Bon Entendeur sur la main stage, Place des arts.

C’est un collectif musical français, fondé en 2012 par Arnaud Bonet, qu’ont rejoint trois amis, Nicolas Boisseleau, Arnaud Bonet et Pierre Della Monica.

Bon Entendeur s’est forgé une certaine notoriété en partageant en ligne des remixes mêlant samples de voix connues et musiques contemporaines. Il a lancé son propre label de musique indépendant BE Records, en 2020.

Malgré les efforts consentis votre serviteur pour y prêter une oreille attentive, au bout d’une dizaine de minutes tout au plus, l’ennui l’envahit, et un besoin irrépressible de se désaltérer le décide à changer d’air.

A RORI de jouer maintenant.

Après avoir marqué les esprits en assurant la première partie de Lana Del Rey, au festival Rock en Seine, devant 40 000 spectateurs, RORI poursuit son ascension. Cet été, elle a été invitée à se produire sur les scènes de plusieurs festivals dont Les Francos à Esch/Alzette, Les Gens d’Ere et bien sûr Les Solidarités, à Namur.

Nouvel espoir de la scène musicale belge, RORI s’impose grâce à un univers atypique, puissant et résolument moderne.

Portée par un style pop-rock instinctif et percutant, la jeune dame capture les tourments et les espoirs d’une jeunesse en quête de repères, devenant ainsi une voix authentique et inspirante. A travers des textes sincères et engagés, elle transforme ses émotions en hymnes générationnels, oscillant entre fragilité et intensité.

Les spectateurs les plus avisés ont bien conscience qu’il ne s’agit pas d’une novice, puisqu’elle a milité aux côtés de Valentin Vincent – chez Beffroi, décédé à l’aube de sa vie.

La petite maîtrise les codes du marketing en faisant de la couleur rouge, une identité et sa marque de fabrique. On retrouve ainsi cette teinte sur le micro et son pied. C’est également celle qui domine le light show. Et puis celle qui a été choisie pour l’inscription sur la peau de résonnance de la grosse caisse.

Toujours flanquée de ses fidèles serviteurs, l’ex-The Subs, Hadrien Lavogez, préposé à la guitare, et Martin, caché derrière les fûts (NDR c’est aussi le batteur de Ykons), la demoiselle entame son tour de chant par « Ma Place », dont le phrasé, les sonorités pop et les appuis rythmiques sont très communicatifs.

Si son pop/rock lui va comme un gant, les fans de la première heure s’y perdent un peu, l’artiste ayant, jusqu’alors, chanté dans la langue de Shakespeare.

La jeune fille laisse apparaître un corps filiforme. Elle connait bien ce festival pour s’y être déjà produite dans le passé.

Capable de vous retourner de solides punchlines, l’ingénue est devenue une figure de proue de la scène musicale noir-jaune-rouge, pour l’avoir écumée depuis quelques années.

Aujourd’hui, elle s’affranchit des préjugés pour servir un répertoire cuisiné à la sauce pop acidulée, devant un public que l’on dit souvent élitiste. Mais « Ma place », met tout le monde d’accord. Les riffs de guitare, les frappes syncopées et la voix portante de RORI, font de ces ingrédients, une recette qui incarne une nouvelle génération d’artistes qui ramène le rock alternatif sur le devant de la scène pop, imposant son style avec une authenticité et une force indéniables.

Sur le percutant autant que ravageur « Vampire », la jeune dame vampirise littéralement son auditoire. Un titre dont les sonorités résonnent encore aujourd’hui dans la tête de votre serviteur. Et donne le « Vertige » à son cœur, tout au long de cette compo livrée avec justesse et émotion.

Caractérisé par son phrasé haché et ses appuis rythmiques, la musique de RORI, artiste manifestement charismatique et communicative, rallie rapidement la foule à sa cause et s'inscrit dans l'air du temps.

Malgré ce « Soleil » brûlant, les corps se dénudent. Force est de constater que cette situation suscite la « Jalousie ».

Alors que RORI embrasse différents styles, depuis la pop au rock en passant même par le funk, ses chansons abordent des sujets personnels et très intimistes, à l’instar de « Loser ». Alors qu’hier, ces thèmes la rongeaient, aujourd’hui elle semble les cultiver et en tirer parti.

Spasmodique, « Miroir » véhicule des accents nostalgiques. A moins que le rétroviseur ne soit un moyen de regarder le passé afin d’affronter l’avenir.

Touchante et la sensibilité à fleur de peau, Camille Gemoets (à l’état civil) a accordé un concert d’une intensité rare, dévoilant, un peu plus encore, le contenu de ses émotions.

Justement, « Docteur » vient doucement clôturer la fin d’un set très enrichissant. Une chanson ultramédiatisée dont les spectateurs semblent connaître les paroles du refrain et qui met exergue, ce sentiment de différence. Mais est-ce que vous en vouliez « Encore » ? Manifestement oui, au vu de l’engouement suscité par le public pour un rappel… qui ne viendra finalement pas, le timing d’un festival exigeant une discipline certaine…

RORI a tout d’une grande : la musicalité, la justesse, l’émotion et ce désir de faire le bien à l’aide de textes dans lesquels le mélomane lambda s’y retrouve.

La scène des Arts accueille désormais la chanteuse belge Helena, manifestement très attendue par un public essentiellement constitué de jeunes enfants. Il faut dire que cette auteure-compositrice-interprète belge s’est fait connaître du grand (petit ?) public grâce à sa participation à la onzième saison de l’émission télévisée ‘Star Academy’.

Il y a quelques mois seulement, la jeune dame a sorti un premier album, intitulé « Hélé », qui s’est e classé numéro 1 des ventes en France, la semaine de sa parution.

Alors qu’il y a dix minutes à peine, les guitares vrombissaient, ici c’est la douceur qui prédomine. Le son, la voix éthérée et l’univers bisounours participent à cet état d’âme. Que l’on aime ou pas, cette artiste apporte cette petite brise de fraicheur qui fait du bien.

Héléna Bailly aime (se) raconter à travers sa musique, chacune de ses compos étant un livre ouvert sur la vie, à l’image de « Mon piano et moi », une belle ballade dans laquelle elle revient sur ses débuts en tant que chanteuse, une époque où elle chantait en cachette de sa famille et de ses amis.

« Aimée pour de vrai » est balayé par un vent de nostalgie. De quoi faire fondre les cœurs des jeunes filles, amassées aux premiers rangs, dont les larmes se mettent à perler sur leurs joues…

Le style ‘guimauve’ de la demoiselle dérange, sans doute, les plus exigeants, mais colle parfaitement à sa personnalité.

Empreints de sincérité et de sensibilité, ses textes sont, la plupart du temps, inspirés de son propre vécu, comme lorsqu’elle évoque le décès de sa grand-mère, qu’elle aimait tant, sur « Bonne maman ».

Si le spleen constitue la matière première de son répertoire, Héléna est aussi capable d’aborder des sujets différents, et notamment qui se rapportent à la santé. Et notamment, « Mélatonine », une chanson qui s’inspire des troubles de sommeil dont elle souffre depuis toujours, « Boule au ventre », au cours de laquelle elle évoque ses crises d’angoisse ainsi que « Tout gâcher » qui traite de l’alcool au volant.

Alors que la foule semble figée par cette poétesse des temps modernes, les corps se déchaînent allègrement dès les premières notes de « Mauvais garçon », un de ces plus gros tubes.

Inspirée et inspirante, la Belge scrute un panorama de sa jeune expérience sur Terre sous l’angle de chansons profondes, qui frisent certes la facilité par moment, mais se laissent écouter tendrement au creux de l’amour. Helena, « Je t’aime (bien) ».

La fraicheur automnale se fait maintenant sentir. Les festivaliers ont revêtu de gros pulls, afin de tenir le coup pour le concert de Yodelice, prévu sur la scène P&V.

Le gaillard est connu pour avoir prêté sa plume à M6 (L5, la comédie musicale Alive...), mais aussi pour avoir apporté sa collaboration à la chanteuse Jenifer en tant que compositeur et producteur, lors de ses débuts. Cette coopération s’est d’ailleurs poursuivie à la Ville, durant quelques années, également.

Maxim Nucci (Nouchy pour l'état-civil) a soufflé le chaud et le froid au cours de sa carrière. Son premier LP, baptisé Maxim Nucci gravé en 2006, ne rencontre pas le succès escompté. Il tente alors la formule acoustique, à travers l’album folk, « Tree of Life », en 2009. Le sens créatif du musicien se confirme enfin, lors de la sortie de Cardioid (2010), un disque plus rock. En 2014, il enregistre « Like a Million Dreams », et après une pause d’une durée de 8 ans, il revient au folk en 2022, en publiant « The Circle ». Et enfin, en 2024, il emprunte une voie complètement différente en abordant « What's the Cure ? », un opus ‘laboratoire’, plongé dans la synthpop et le rock à guitares.

Le gaillard est planté seul dans une structure futuriste noire et dentelée. Il est entouré de ses plus fidèles serviteurs, des claviers en tout genre et une kyrielle de guitares. Juste au-dessus, un grand carré projette des éclairs blancs, parfois aveuglants.

Dès les premiers accords, Yodelice plonge son auditoire dans un univers sonore contemporain, presque visionnaire. Difficile même de cataloguer cette musique venue d’ailleurs. De nombreux spectateurs s’interrogent même quant à l’opportunité de programmer un tel artiste lors d’un festival qui se veut avant tout familier. Sans doute que le pluralisme a été plus fort que la réflexion.

Les riffs de guitares de « Desires never die » se mêlent aux boucles des claviers, dévoilant une solution qui n’est pas sans rappeler les beaux jours de Depeche Mode, une bonne dose de psychédélisme en plus. Le mimétisme de la signature vocale, est lui aussi impressionnant. Mais quel est donc l’artiste qui se produit sur les planches ? Dave Gahan ?

L’utilisation d’une série d’effets sur « Cutting like a knife » rend l’intensité monstrueusement délicieuse, sans oublier ces jets de lumières qui diffusent des ondes, comme le claquement de l’eau sur le rocher.

Plus le set gagne du terrain et plus l’électro s’inscrit résolument dans une esthétique new wave, soutenu par une boîte à rythmes dont les beats sont tentaculaires.

Les sonorités, rehaussées par des effets de réverbération, créent une atmosphère froide, mais elles parviennent malgré tout à soutenir des mélodies souvent peu accessibles au mélomane lambda, il faut le signaler. Quant à la voix de Nucci, souvent enveloppée dans des échos et des effets de saturation, elle devient une arme de guerre, entre douceur et violence, comme sur ce « Vampire » aux dents acérées.

Au terme d’un show qui a duré une heure, Yodelice peut se targuer d’avoir réussi le pari de capter l’essence même du côté bruitiste des sons électroniques pour les marier habilement à un composant plus organique, témoignant de la créativité et de l’évolution de l’artiste.

Direction maintenant la Place des Arts pour y assister au concert de Kyo, le dernier groupe à se produire ce soir.

Pas mal de fans ont enfilé des t-shirts à l’effigie du band, preuve que la popularité du band n’a pas faibli au cours des deux décennies.

C’est pendant leur scolarité dans un collège des Yvelines, en Ile-de-France, que Nicolas Chassagne, Benoît Poher et les frères Fabien et Florian Dubos se rencontrent et décident de fonder Kyo, une appellation qui s’inspire des mangas japonais et de jeux vidéo.

Le quatuor sort un premier LP en 1999, « Pour toi ». Le succès n’est pas au rendez-vous. C’est grâce au second, paru en 2003 et intitulé « Le Chemin » –dont le titre éponyme, partagé en duo en compagnie de la chanteuse néerlandaise Sita– qu’il finira par s’imposer. Afin de fêter dignement ses 20 années d’existence musicale, le combo a décidé de rééditer ce disque en y ajoutant des bonus. On y retrouve, certes leurs succès, mais aussi des duos iconoclastes.

Changement de line up quand même, puisque Jocelyn Moze, est désormais préposé aux fûts, ce qui apporte une nouvelle dimension aux compostions.

Les musicos font leur apparition sur « Sad day », choix étrange pour une entrée en la matière. Un constat ! Les gars ont morflé physiquement. Au programme donc : rides, cheveux ‘poivre et sel’ et boucs aux poils hirsutes. Même les dreadlocks de Florian Dubos ont disparu pour faire place à une coiffure davantage dans l’air du temps. Certains parleront d’un cap qu’ils viennent de passer, d’autres de maturité.

Poher poursuit son tour de chant par « Contact » et ses riffs de guitare puissants. Mais c’est sur « Le chemin » qu’il va fédérer, une chanson autrefois interprétée en compagnie de Sita et plus récemment par Stéphane, mononyme d'une auteure-compositrice-interprète suisse. Un titre qui mènera le combo… vers la voie du succès !

Bien entendu, la fan base reprend en chœur ce refrain d’une composition devenue mythique et qui a su traverser les âges et les époques, l’intemporalité de Kyo n’étant plus désormais à prouver.

« Je cours » raconte le destin d'un adolescent, rejeté de tous, qui cherche le bonheur malgré lui au sein d’un univers ténébreux. L’impact de cette compo est profond. Musicalement, bien sûr, mais aussi surtout parce que le sujet est malheureusement toujours d’actualité.

Si la recette de Kyo repose avant tout sur des textes introspectifs et des accords passe-partout, elle n’en demeure pas moins efficace. Une bande son moderne comme sur ce spectaculaire « Tout envoyer en l’air ».

Tandis que les sixcordes s'électrisent, le groupe jette un regard oblique et incisif sur la société ainsi que l'industrie musicale à travers des « Poupées russes » : ‘Dans la musique il y a des farces et les graines du futur / Et si souvent des coups d'État, parfois des investitures’.

Alors que la tournade Kyo s’abat de plus belle sur le site de Suarlée, la dynamique se poursuit par « Dernière danse », sublime ballade que Poher et Cœur de Pirate, avaient interprétée en duo, en 2023.

Dans un registre plus sombre, sur fond de violence familiale, de maltraitance et d'alcoolisme, « Sarah », vient apaiser les esprits, mais conforte les certitudes : Kyo est taillé pour le live.

Que l’on aime ou pas ses relents post-adolescents et sa pop facile, Kyo fait preuve de fausse perversité en proposant un show d’une qualité rare. En se positionnant durant une heure en mode ‘best-of’, cette formation montre ainsi à ses détracteurs les plus virulents qu’il dispose encore suffisamment d’énergie, de maîtrise et de pugnacité pour tenir encore au minimum 20 années de plus.

La recette Kyo est d'exploiter au mieux un terrain de jeu qu’il connaît parfaitement, un espace à la signature reconnaissable, un renouveau dans la direction artistique ainsi que de la précision dans le travail d’écriture et de réalisation.

Chapeau bas Messieurs !

Il est minuit lorsque le set s’achève. Cette seconde journée plus pop que la précédente a montré ses forces et ses faiblesses musicales et artistiques. Quoiqu’il en soit, la découverte a été de mise !

Les festivaliers prennent congé de leur hôte d’un soir. Demain est un autre jour…

(Organisation : Les Solidarités)

 

 

 

Les Solidarités 2025 : vendredi 22 août

Écrit par

Si le festival des Solidarités se déroulait jusqu’alors à la Citadelle, il a pris ses quartiers sur le site d’Ecolys depuis 2023, à quelques minutes du centre-ville de Namur, en raison des travaux nécessaires à la restauration complète du Stade des Jeux et du Théâtre de Verdure.

Les Solidarités devront attendre au moins trois ans avant de revenir sur leur site historique. En attendant, le festival va peut-être devoir déménager une fois encore, car certaines entreprises souhaitent s’installer dans le zoning. Une affaire à suivre donc…

Les puristes se rassureront, le nouveau site est pour le moins plus facile d’accès, plus étendu et surtout permet une meilleure fluidité de déplacement.

Le festival des Solidarités est singulier car il est fédérateur d’un bien vivre ensemble, de justice sociale et de lutte contre les inégalités.

Durant trois jours, il offre une programmation musicale particulièrement qualitative. Mais pas que puisqu’une kyrielle d’activités sont organisées autour des thématiques précitées, telles que conférences, spectacles pour enfants, activités ludique, découverte de la culture hip-hop, programmation off des associations, etc. L’offre est telle qu’elle en donne le tournis !

Depuis ses débuts, les Solidarités soutiennent des artistes émergents ou des découvertes ‘coup de cœur’. On pense à Clara Luciani, Aya Nakamura, Hoshi, Juliette Armanet, 47ter, Gauvain Sers, Rori, Suzane… invités lors de leurs débuts scéniques et dont on connait maintenant le formidable parcours.

Si en 2023, de nombreuses critiques avaient été formulées, notamment en ce qui concerne la mobilité, il faut reconnaître que, cette année, les organisateurs ont remédié au problème. Ainsi, notamment, de nombreuses navettes effectuent des trajets de et vers la gare ferroviaire et l’aérodrome. De même, l’espace sur le site a été agrandi permettant une meilleure fluidité de déplacement.

Deux scènes de taille quasi-identiques se côtoient, ‘La place des Arts’ et la ‘Scène PV’. Cette dernière est installée à proximité d’une grande roue, elle aussi, sponsorisée par le même groupe. En revanche, la scène iconoclaste baptisée ‘Magic Mirrors’, empreinte de magie et de mystère, a malheureusement disparu. Elle laisse place à un grand chapiteau, nettement plus impersonnel, mais plus confortable. Il a été judicieusement baptisé ‘L’escale’.

Pour cette première journée de festival, les organisateurs ont fait fort en misant sur le rock puissant en invitant des formations comme Hollywood Porn Stars, Ghinzu ou encore dEUS.

Lorsque votre serviteur débarque sur la plaine, il est 17 heures. Hollywood Porn Stars est prêt à entamer son set.

La foule est déjà bien compacte. Les familles sont assez peu nombreuses, les artistes programmés ce vendredi se prêtant sans doute mal aux oreilles fragiles des bambins. Il en faut pour tous les goûts !

Le combo célèbre, pour la circonstance, son vingtième anniversaire. Les enjeux sont donc importants ! Comment le public va répondre aux sollicitations de ceux qui, de post-adolescents, sont devenus de jeunes adultes bien installés dans leurs vies respectives ?

Après avoir balancé au public un « Ben’s Dead » bien pêchu, un titre figurant sur l’album Satellites (2007), Sinatra déclare : ‘Vous ne travaillez pas à Namur ?’, afin de provoquer une foule déjà dans l’ambiance foutraque du quatuor.

Très vite, les notes de « Money » fusent, une compo issue de « Year of the tiger » (2005) à travers laquelle les grattes s’expriment autant librement que les voix d’Anthony Sinatra et Michael Larivière.

Ces quadras n’ont rien perdu de leur énergie. Si le succès, la sortie de disques, les tournées et les expériences passées auraient pu modifier la manière de concevoir les événements, l’insouciance de leurs débuts n’a pas changé d’un iota. On dirait deux grands gamins qui s’amusent dans la cour de récré.

Des titres qui loin de s’étioler, restent parfaitement dans l’air du temps. Et ce n’est pas « Andy », entre électricité et émotion, qui démontrera le contraire. Aucun doute, HPS s’est construit pour traverser les âges et les générations.

Loin de se reposer sur ses lauriers, le combo a proposé tout récemment de nouveaux titres, comme ce « Peach Bomb » à la fraicheur absolue. Une chanson second degré derrière laquelle se cache John Goodman (Nada Surf, Sun Garden, etc.) et qui décrit avec beaucoup de légèreté la métaphore de la dangerosité des décisions prises par les dirigeants de ce monde et de leurs conséquences, à l’instar de querelles qui éclatent entre gosses dans une cours d’école.

Le set se poursuit dans une énergie folle. Les guitares saturent, que ce soient la Stratocaster ou la Telecaster. Les frontaux rugissent de plaisir, notamment lorsque les énergumènes frottent le manche de leur instrument sur les retours placés à l’avant du podium. Les cordes doivent morfler sec !

Les briscards du rock se déchaînent sur des compos inaltérables, comme « Fonzie », « Islands » « Fugitive » ou encore le récent « 6th of october ». Mais c’est encore le légendaire « Actarus », et son refrain entêtant, qui remporte les suffrages auprès des aficionados. Résultat des courses, le lien entre les nouveaux et anciens titres réside encore dans la spontanéité, l’énergie et l’instant.

A l’exception du drummer, Benoît Damoiseau, les autres membres du groupe sont restés identiques. Une belle histoire d’amitié les réunit.

Dire que Hollywood Porn Stars a failli ne plus jamais se produire dans l’un des festivals, programmé par Denis Gérardy, le Directeur des Solidarités. En effet, la première fois que le groupe a été invité par ce dernier, le concert s'est terminé en bagarre homérique. Ainsi, certains musicos du band, assoiffés, avaient pioché dans les frigos de la loge d'à côté. Et Denis de leur promettre qu’ils ne seraient plus invités dans l’un de ses événements. Comme quoi, il n’y a que…

HPS a livré un concert endiablé prouvant à toute une génération qu’il avait toujours la forme, alors que personne n’attendait plus rien, si ce n’est l’un ou l’autre best-of. Et si My little Cheap Dictaphone ou Piano Club, au sein desquels certains musiciens ont milité, ressuscitaient, eux aussi ?

Sam Savage a ensuite la lourde tâche de succéder aux vieux dinosaures de MLD. Il remplace au pied levé Lucky Love, malade. Une aubaine lorsqu’on sait qu’il était en vacances à 500km, tranquillement installé chez sa mère, les doigts de pied en éventail, comme il aime à le rappeler.

Sam Sauvage s’est fait remarquer par ses clips postés sur Instagram. Il affiche un air de dandy, un peu à la manière de Pierre De Maere que les Solidarités ont eu le plaisir d’accueillir lors de l’édition précédente.

Il entre sur scène, l’air hagard et complètement désarticulé dans son costume-cravate de couleur gris clair et… ses chaussettes roses.

Auteur-compositeur-interprète, Sam Sauvage s’essaie avec beaucoup d’aisance entre chanson et pop française à l’instar de ce « On est là » et son gimmick très singulier (‘amor, amor’) où l’on perçoit, ci et là, des intonations à la Stromae.

Les cheveux hirsutes à l’instar d’un savant fou, le jeune homme emmène son public dans son univers déluré et instable où « Les gens dansent ».

Soutenu par un seul préposé à l’aise tant aux claviers qu’à la gratte électrique, Sam prévient les « Les âmes sensibles » lorsqu’il évoque des moments de malaise liés à son apparence et une quête d’identité artistique à travers son style. Aujourd’hui, à le voir sur les planches, il semble avoir surmonté cette période difficile.

Entre liberté, désamour et jeunesse désinvolte, le garçon solitaire s’épanche encore un peu plus en interprétant la jolie cantine « Ali roule de nuit », un récit poétique, porté par un personnage nommé Ali, taximan, chargé de reconduire Sauvage à son domicile, après une nuit que l’on devine imbibée.

Hugo Brebion, à l’état-civil, manie la plume et les mots de façon ciselée et romantique. Grâce à des textes délicats à la fausse candeur, l’artiste est parvenu à s’attirer la sympathie du public.

Malgré ses apparences, sa dégaine et ses pas hésitants, le bonhomme promet qu’il n’est « Pas bourré » sous les cris hilares d’une foule compacte.

Après un set d’une heure, Samy a gagné son pari. Faire découvrir son univers et gagner la sympathie d’un auditoire qui n’était pas nécessairement venu pour lui.

L’artiste suivante à se produire sur la scène P&V est Charles, son patronyme se référant à son papy dont elle vouait une admiration sans faille.

La demoiselle est vêtue d’une jupe assez courte (laissant entrevoir des guiboles bien en chair), d’un long t-shirt et chaussée de grandes bottes noires, lui conférant un petit air d’écolière effarouchée.

Les fans sont essentiellement constitués de jeunes gens, ravis de revoir celle qui participait, il y a quelques années encore, à ‘The Voice’, comme candidate.

La native de Braine-le-Château explore un univers singulier, au sein duquel elle nous réserve des chansons sensuelles, qui épousent la courbe de son existence. Des titres qui racontent ce qu'elle vit ou qu'elle observe dans son entourage. Vu son jeune âge, cette conception risque évidemment d'évoluer rapidement.

Après un premier Ep et un premier album, tous deux remarqués, deux disques dont le ton fascinant nous plonge au sein d’univers dark-pop alternatif, Charles a décidé d’adopter une esthétique punk et pourpre pour présenter un projet audacieux, au cours duquel, elle raconte ses histoires captivantes en français.

Son nouvel Ep, baptisé « Sabotage », s’érige comme le récit initiatique chaotique et formateur d’une nouvelle femme forte, nourrie par les expériences et les mélodrames de sa petite vingtaine. Il lui permet d’enfin de faire éclater sa bulle à nos visages et à nos cœurs.

La grande nouveauté de ce disque procède au recours, aussi bien de la langue de Molière que de Shakespeare. Un défi fou et laborieux, mais surtout un exercice formateur pour celle qui a toujours douté de ses capacités dans son idiome maternel.

Pour Charles, ce choix a toujours été purement affinitaire, et l’introduction du français sur « Sabotage » découle surtout d’une envie d’explorer d’autres horizons.

Elle entame donc son tour de chant par un « Never Fair », figurant sur l’elpee « Until We Meet », afin de mettre tout le monde d’accord sur son potentiel.

Loin du mythe selon lequel on traduit plus facilement ses secrets dans une langue étrangère, Charles affronte ses vices et ses histoires avec la même hargne, en français. En témoigne ce texte fort sur les abus de la drogue, « Le Marbre ». Une compo qui désarçonne un peu les fans de la première heure.

Mais, très vite, les craintes se dissipent dès « Without You » qui constitue le moment solennel de cet après-midi.

Si le concert de Charles avait des airs inoffensifs, incitant à s’étendre sur l’herbe fraîche, il en est tout autrement pour Ghinzu, car la place des Arts, qui doit l’accueillir, est essentiellement constituée de béton. S’assoir sur le sol s’avère plutôt pénible pour les fesses !

Il est environ 20 heures 10’ lorsque Stargasm et son team débarquent sur l’estrade. Ils sont parfaitement à l’aise.

Chaussé de ses habituelles lunettes noires fumées, le leader est suivi par une bande de joyeux drilles. En l’occurrence le bassiste Mika ‘Nagazaki’ Hasson, le guitariste Greg Remy, le drummer Antoine Michel et le claviériste/guitariste Jean Montevideo, également préposé aux backing vocaux.

Le bassiste affiche des faux airs à la Kévin Bacon, un acteur, producteur, réalisateur et compositeur américain notoire pour son film musical ‘Footloose’ ou encore pour avoir endossé le rôle de méchant dans une kyrielle de longs métrages, dont ‘Sleepers’ et ‘Hollow Man’.

Le look du sixcordiste ne passe pas inaperçu, non plus ! Il a pour habitude de pimenter les shows de l’une ou l’autre frasque selon l’humeur et l’endroit au sein duquel il se produit. S’agissant d’un lieu hautement familial, gageons qu’il n’en fasse pas de trop, n’en déplaise aux esprits chagrins.

Le set débute par « Wowa », un nouveau morceau qui annonce la sortie d’un quatrième long playing studio. En tout cas, une compo toute droite tirée de l’univers énergisant de la bande à Stargasm.

Mais c’est encore « Cold Love », issu de « Mirror Mirror », aux riffs de guitare tranchants et à la rythmique schizophrénique, qui recueille tous les suffrages au sein de la foule. L’ambiance en est déjà à son paroxysme alors que le concert vient de commencer.

Très inspirés, « Jet Sex », « Cockpit Inferno » ou encore « Dragon » maintiennent la pression.

Bien punk, des titres emblématiques tels que « Do You Read Me ? » ou « The Dragster Wave » ne sont pas oubliés.

Le sixcordiste reste sage, ne (s’)accordant que l’une ou l’autre rare pitrerie. Mais la tension monte d’un cran lorsque le quintet interprète le trépidant « 21st Century Crooners », le frontman se laissant aller à quelques pas de danse osés.

Il faudra attendre l’incontournable « Blow », plage d’ouverture de l’elpee éponyme, pour que le groupe s’attirer l’adhésion des plus perplexes. Toujours aussi punchy, cette compo conserve une place de choix dans le répertoire de la formation.

Le concert prend fin. Reste à savourer ce qui constituera un dessert de choix. En l’occurrence « Mine », un titre explosif pour lequel Stargasm s’empare de la basse de son acolyte, lui-même se chargeant désormais des six cordes électriques. Un cross-musical en quelque sorte qui prouve, une nouvelle fois, que les artistes, souvent, sont de vrais virtuoses.

La fin est digne de l’apocalypse, les musiciens se livrent à fond pour marquer de leur empreinte une prestation cinq étoiles.

Malgré le poids des années, Stargasm n’a ni perdu de sa passion, ni de son énergie. Plaisir intense, satisfaction immense et résultat garanti.

Très vite, les amateurs de rock pressent le pas pour se rendre au plus proche du front stage de la scène P&V afin d’y assister à la prestation de dEUS. Et cerise sur le gâteau, il y interprétera son premier elpee, « Worst Case Scenario », un disque ‘laboratoire ‘, intéressant, certes, mais par le meilleur selon votre serviteur. Rien ne pourra détrôner « The Ideal Crash », le troisième opus, dont les riffs résonnent encore aujourd’hui dans ses portugaises.

Cependant, « Worst Case Scenario » reste l’œuvre qui a ouvert la voie au rock belge dans sa conquête du monde.

Après une intro au cours de laquelle on entend une voix quasi-inaudible baragouiner quelque chose en français, « Jigsaw You » est servi en guise d’ouverture. Une compo gentillette qui contraste avec l’énergie débridée de « Via » et la basse entêtante de Stef Kamil Carlens qui signe un retour historique et s’exprime pleinement sur « W.C.S (First Draft) ».

Il faut attendre « Shake Your Hip » afin que le violon, jusqu’alors limité à quelques soubresauts timides, rencontre, de manière brutale, son archet.  Il martèle alors les cordes sans ménagement et les fait vibrer jusqu’à extinction. Un jeu dangereux auquel Barman attache peu d’importance, le frontman préférant vociférer comme un forcené dans son micro sur « Great American Nude ».

Cette compo et « Right As Rain » avaient permis au combo anversois de devenir le premier groupe de rock belge à être diffusé sur la chaîne MTV.

Alors que les guitares saturées s’affolent au gré des compos, le préposé aux fûts semble éprouver quelques difficultés à maintenir le rythme. Heureusement le downtempo « Hotellounge (Be The Death Of Me) » vient casser cette dynamique fofolle tout en offrant un peu de repos au combo et … aux portugaises des milliers de personnes qui sont venues en masse afin d’assister à ce spectacle.

Répit de courte durée, puisqu’après une seconde brève (seconde) intro, le flamboyant « Suds & Soda » prend le relais. Sans doute la signature la plus caractérisée de dEUS et le morceau le plus attendu, provoquant chez le public des mouvements dangereux, proche d’une situation ‘pogotique’ hallucinogène.  Un hymne synonyme de lâcher-prise, de communion et d'abandon.

« Divebomb Djing » vient ponctuer ce concert-hommage à un album qui a marqué la face du rock noir-jaune-rouge. « Worst Case Scenario » a probablement suscité des vocations auprès d’une certaine forme de jeunesse.

La douceur de cette nuit d’été s’est invitée pour le concert de Zaho De Sagazan.

La demoiselle est une auteure-compositrice-interprète et musicienne française. En mars 2023, elle publie son premier album, « La Symphonie des éclairs », et se forge rapidement une belle notoriété.

En février 2024, elle est nommée dans cinq catégories de la 39èmecérémonie des Victoires de la musique, et elle remporte quatre prix, dont ceux de la chanson originale et de l'album de l’année.

Elle commence à diffuser des vidéos sur Instagram, dès 2015. Elle s’y met en scène pour interpréter de nombreuses reprises et quelques compositions originales. En 2016, pour sa toute première scène, elle interprète « La Bonne Étoile » de -M- au théâtre Simone Veil de Saint-Nazaire lors du Concert Salade des ‘Irréductibles’ du lycée Aristide-Briand, auquel elle participera jusqu'en 2019.

Son curriculum vitae fait apparaître une participation dans l’émission de téléréalité ‘The Voice’. Décidément, ce show cathodique est une machine à tubes. On y fabrique des artistes comme des petits pains. Et pas toujours de qualité, malheureusement !

Très vite, ses musiciens ouvrent le bal. Alors qu’elle n’affiche qu’un quart de siècle, la jeune dame s’épanche alors lourdement, mais sobrement et efficacement, sur ses 10 ans de dépendance au cannabis dans « Aspiration », une chanson à texte dominée par l’électro, mais consolidée par les interventions de Rémy, Tom, Simon et Greg, ses amis, comme elle aime à le souligner.

Elle se confie avec « Tristesse », dans un français précis, sur ses désirs amoureux, appuyé par des oscillations aériennes et cosmiques, alors que les arrangements soignés, embrassent ci et là une onde électronique. La tristesse qui se dessine sur son visage décrit mieux que les mots, le spleen qui la transperce de part en part.

La demoiselle déclame sa poésie frénétique par des mots simples, mais qui ne sonnent jamais creux. Elle transforme sa fragilité en force tranquille et se démarque en imposant une version moderne de la ‘nouvelle’ chanson française.

A travers « Dis-moi que tu m’aimes », Sagazan chante l'amour, parce que les chansons sont faites avant tout pour cela. Ne dit-on pas qu’il est universel et dépasse les frontières. Depuis la nuit des temps, ce sentiment impalpable, incolore et inodore, accompagne les hommes et les femmes.

La poésie de l’artiste est délicate, les mots sont doux. Elle est fragile et timide à la fois, mais, à travers son répertoire, elle démontre qu’elle sait ce qu’elle veut.

Elle entraîne l’auditoire, dans son univers feutré, lentement, progressivement. La foule écoute et savoure, religieusement. Et lorsque « La Symphonie Des Eclairs » retentit (titre éponyme du premier elpee studio de l’artiste), c’est l’explosion ! Son interprétation grave lui confère quelque chose de théâtral. Le public devient acteur et spectateur.

Et ce n’est pas le petit Romain Huberland, 11 ans, qui dira le contraire. En s’approchant des barrières, elle invite le jeune garçon à s’exprimer sur le refrain. De toute évidence, ce gamin a un don pour la chanson. Un moment suspendu comme il en existe peu et dont il se souviendra sans doute durant toute son existence.

Grâce à ce titre, Zaho de Sagazana confirme son statut d’artiste avec un grand ‘A’. Et quand la tempête s’apaise, l’orage prend le relais et gronde tout au long de « Ne Te regarde Pas », une compo où l’électronique reprend le contrôle d’un spectacle… éclair.

Alors que « Dansez » invite les uns et les autres dans un ‘move your body » déchirant, la chanteuse s’émancipe et créée la surprise en osant une reprise exceptionnelle et personnelle d’un titre du regretté David Bowie, « Modern Love ».

Il est près de 23 heures 35 lorsque le show se termine. A minuit, se produit The Avener, de son vrai nom Tristan Casara, un DJ français d'électro house.

Trop peu pour votre serviteur qui doit encore emprunter le bus pour regagner son véhicule garé sur l’aérodrome de Temploux, un des parkings de délestage.

Une première journée sans accro, ni embûche. La météo, souvent capricieuse, n’a pas joué les trouble-fêtes.

La journée du samedi sera davantage axée sur la découverte. Quant à celle du dimanche, elle se focalisera davantage sur des artistes déjà un peu plus confirmés. A demain !

(Organisation : Les Solidarités)

Park Rock 2025 : samedi 16 août

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Situé dans la région de Saint-Ghislain et plus précisément à Baudour, le Park Rock a fêté, comme il se doit, un vingtième anniversaire qui restera, foi de festivalier, dans les annales !

Si la première journée était consacrée principalement aux déjantés de Poulycrock, la seconde à une pléiade de covers bands tentant de réincarner au mieux Rammstein, Marylin Manson ou encore System of a Down, la dernière journée du samedi misait plus largement vers des artistes pluralistes émergents ou confirmés. C’est vers ce jour précis que votre serviteur s’est tourné.

Loin des grosses machines industrielles, le Park Rock se veut proche des gens. Ici, une seule scène trône au milieu du site, laquelle est entournée de nombreux bars, stand food ou encore d’artisans locaux.

L’endroit possède ce petit côté ‘lounge’ avec ses aires de repos herbées dispersées ci et là. Sais oublier ces grands arbres centenaires aux ombrages salutaires. Si le soleil s’est montré généreux en début de festival, il sera plus discret lors de cette journée de clôture. Mais pas de quoi décourager les défenseurs de la cause culturelle.

Au programme, sept formations aux styles divers, oscillant du garage-rock au blues, en passant par le bon vieux punk. Et à voir l’engouement suscité pour les vieux briscards de Tagada Jones, on peut affirmer que l’expression ‘Punk is not dead’ n’a jamais été autant d’actualité.

Il est aux environs de 13 heures 30 lorsque le power trio The Rackers monte sur le podium. Fondée en 2016, cette formation réunit des amis de longue date : Allan Tombeur (basse), Yohan Pisella (batterie) et Jimmy Morais Rosa (guitare, chant).

The Rackers, c’est la tradition du bon vieux rock des 90’s aux influences UK puisées chez Royal Blood, The Strokes, The Rapture, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys, Blur, The Libertines et bien d'autres...

Le groupe rôde ses compos en concert, remporte plusieurs concours et se produit sur de belles scènes, comme au Bota ou dans le cadre du Ronquières Festival. Le succès prenant de l’ampleur et l’envie de partager un univers bien à eux l’incite à enregistrer un premier album. Prometteur, il s’intitule « Lovaria », un nom emblématique dans la Cité des loups. Pas étonnant donc que les lascars arborent des vestes en jeans sur lesquelles est reproduite l’effigie distincte d’un grand loup.

Le combo attaque immédiatement « Melany ». Une compo énergique nourrie aux riffs de guitare, et dont les coups sur la caisse claire déchirent littéralement. Le son punchy pousse le public à se presser en masse pour découvrir ce band à la vitalité débordante.

Le power trio ne déçoit pas ; il s’en donne à cœur joie tout au long d’un « Doctor » au sonorités post-industrielles mancuniennes voire liverpuldiennes.

Les chansons s’enchaînent à grande vitesse. Les références britanniques sautent aux oreilles tout au long de « Fabulous », « You think » ou encore « Quiet drink ».

Le public danse frénétiquement et dans une communion folle, « Hey Honey » provoque l’exaltation des grands jours.

Les portugaises en ont pris un sacré coup ! Et le sautillant « You can drive » a de quoi ravir les amateurs de ce cocktail vivifiant sonorités de guitare électrique, de batterie et de basse.

Le morceau qui aura l’honneur de clôturer le set de quarante-cinq minutes, « Good morning », mettra tout le monde d’accord. Les crocs de ces louveteaux risquent à coup sûr de laisser des traces indélébiles sur la planète rock !

Autre style, autre ambiance, en compagnie de Fervents. Les musicos doivent accuser à peine la vingtaine et ont déjà acquis une solide expérience.

Le guitariste Ben Baillieux-Beynon, le batteur Sébastien Beaumont et le bassiste Nicolas Berwart pratiquent un garage punk aux influences multiples.

Formé à Liège en pleine pandémie, le trio sort un premier Ep propulsé par le single entêtant « Billy », en 2022. Très vite (début 2023), le groupe retourne en studio pour enregistrer un second Ep réunissant cinq morceaux abrupts aux sonorités poisseuses.

Même si le style est aux confins des goûts musicaux de votre serviteur, force est de constater que brutale et intense, l’expression sonore de la jeune formation semble détenir tous les ingrédients d'une vraie réussite dans un style largement sous représenté dans l'Hexagone.

Grâce à des titres incendiaires proches du grunge, du punk et du hardcore, Fervents parvient à capter l’attention du public. Et ce n’était pas gagné d’avance.

Dans l’univers du metal, Komah est considéré comme une valeur sûre. Un metal qu’il mêle à du hardcore. Il s’est formé en 2007 autour de deux anciens membres de Do Or Die.

Sauvage et implacable, sa musique libère un fameux groove. Ne vous attendez pas à du chant lyrique. Ici, le gars qui se cache derrière le micro vocifère une dialectique qui s’approche davantage du hurlement que du chant. Il sera d’ailleurs soutenu du début à la fin par un drumming féroce et des riffs tempétueux et incendiaires. Mais au cœur des déflagrations électriques, on remarque un penchant pour les prouesses techniques.

Le set est tellement violent et aux antipodes de ce qu’écoute votre serviteur qu’il préfère prendre la fuite afin de se rincer le gosier.

Heureusement, le blues-rock de Sasha & The Lunatics vient apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes ! Un quatuor fondé en 2022.

Sous ces airs de Sainte Nitouche, la bien nommée Sasha déborde d’une énergie folle. Dès la plage d’ouverture, « Wacky Lane », la voix de la jeune femme étonne. Elle est, sans conteste, la clé de voûte de cette formation, jeune, certes, mais pleine d’assurance. Mais résumer Sacha and the Lunatics a un grain de voix serait inévitablement réducteur, car la musique de ce combo est susceptible de vous flanquer des frissons, à l’instar de « Cruise Contro », caractérisé par ses riffs saturés. Ou alors lorsque les compos se frottent au psychédélisme, entre énergie brute et grooves sexy.

Sur « Mona » ou encore « Legacy », les influences semblent puisées chez Led Zeppelin, Dorothy et encore Kaleo.

Empreint d’une fausse candeur, la performance scénique de la demoiselle est remarquable, comme sur cette reprise légère et osée de « Human », le titre phare de Rag'n'Bone Man.

Ce soir, Sacha a brillé de mille feux en compagnie de ses fidèles musiciens follement lunatiques.

Place ensuite à Black Mirrors, un quatuor issu du Brabant wallon, drivé par Marcella Di Troia.

Le patronyme du band est tiré de la série anglaise ‘Black Mirror’, dont la trame dénonce les dérives du superflu actuel.

L’influence individuelle de chacun des membres est relativement marquée.  Une musique hybride entre le stoner des Queens Of The Stone Age, le garage/blues/rock ‘old school’ pratiquée par Led Zeppelin ou Jimi Hendrix et la coloration psyché/pop de Jefferson Airplane.

Une évidence, l’organe vocal de Di Troia sert de charpente aux compos ! Elle possède une maîtrise parfaite et se sent très à l’aise sur différentes tonalités que ce soit sur « Soap », la plage d’ouverture, « Gunther Kimmich » ou encore « The Mess ». C’est elle qui va capter l’attention du public, bien plus que l’instrumentation. Et ce même si le jeu de guitare de Pierre Lateur apporte une dimension structurelle aux morceaux. Il s’agit d’un musicien qui détient une maîtrise parfaite de son manche. Les accords les plus complexes n’ont aucun secret pour lui.

Marcella s’investit corporellement en ‘live’, ses membres exultant sur chacune des notes. Son corps manifeste des soubresauts à l’entame de « Lost In Desert » ou encore pendant « Tears To Share ». Ses compagnons de route, quant à eux, sont plus réservés et se contentent de laisser vaguer leurs six cordes électriques, laissant entrevoir les portes de l’onirisme.

Le combo s’autorise une reprise du « The Memory Remains » de Metallica que le band américain avait interprété, en 1997, en compagnie de Marianne Faithfull. Crasseux et percutant, le son dispensé dans les frontaux gronde et crache ses décibels. 

Au bout d’une heure, au cours duquel le groupe a livré son excellent blues/rock/garage, Black Mirror prend congé d’un auditoire ravi et un peu sonné de cette prestation éblouissante.

La lune a établi ses quartiers au-dessus de la plaine de Baudour, de quoi illuminer le concert du trio anglais The Subways. Un groupe de rock alternatif britannique, originaire de Welwyn Garden City, dans la banlieue de Londres, en Angleterre.

Formé en 2003, le combo compte quatre albums studio, à son actif. A l’origine, le line up impliquait les frères Billy Lunn et Josh Morgan, auquel s’était ajouté l'ex-fiancée de Billy, Charlotte Cooper. Ce n'est pas parce qu’il craignait d’être confondu avec Billy Corgan (chanteur des Smashing Pumpkins) mais bien en hommage à son grand-père, qui lui a acheté sa première guitare, que Billy a décidé de choisir Lunn comme patronyme. Aujourd’hui, c’est Camille Phillips qui siège derrière les fûts.

Dès les premiers accords de « Oh Yeah », une constatation s’impose : le combo n’a rien perdu de son énergie. Et puis, il nous permet de revivre ce rock sauvage, à travers les riffs glorieux, qui a marqué les nineties, si bien incarné par Nirvana, Smashing Pumpkin, Sonic Youth et même Oasis.

« Holiday », « Black Wax » ou encore « We Don't Need Money to Have a Good Time » s’enchaînent à la vitesse de l’éclair.

Mais celle qui focalise l’attention est la bassiste qui s’investit pleinement dans l’explosion des titres.

Très complices, les voix de Lunn et Cooper se complètent à merveille, comme sur ce « Taking All the Blame », caractérisé par cette fausse candeur.

Véritable machine à produire des titres punk-rock aussi réjouissants que nerveux, The Subways s’attise la sympathie du public, d’autant plus que le singer baragouine dans un français approximatif, mais qui produit son petit effet ‘kiss cool’.

Les titres révélateurs parsèment une setlist copieuse, mais bien équilibrée, au sein de laquelle Lunn partage continuellement des anecdotes amusantes avec son public.

L’incontournable « Rock’n’Roll Queen » vient conclure cette prestation épatante au cours de laquelle Billy manifeste une simplicité inattendue en se tapant l’‘incruste’ dans le public.

Une fraîcheur automnale s’abat soudainement sur le site lorsque Tagada Jones débarque sur l’estrade. Il est alors 22 heures 30.

Après l’intro, très vite le combo fait saigner guitares, basse et batterie afin de balancer « Le dernier baril » plein de poudre.

Ces vieux briscards semblent dans une forme olympique. Ça déménage même d’enfer.

La plaine est… pleine à craquer. Même ceux pour qui le punk est mort depuis belle lurette se sont donné rendez-vous à Baudour, afin de revivre des moments vécus au cours de leur jeunesse en s’adonnant aux joies de la danse débridée.

Malgré plus de 30 ans de carrière, cette formation française est toujours aussi contestataire et nous le rappelle bien dès « Je suis démocratie » qui fédère, comme un paquet de frites sauce mayo.

Les assauts électriques fusent sur une rythmique complètement psychédélique. Les titres s’enchaînent (« Nous avons la rage », « Zéro de conduite », « Cargo ») et les remous de la foule, un peu timides au début, se transforment vite en pogos complètement fous.

Le son puissant et métallique de ces sales Jones pousse les plus téméraires à se livrer aux joyeusetés du slam et à se laisser porter par la foule, en étant allongé, jusqu’aux barrières crash, elles-mêmes postées en front stage.

Les propos sont rudes, mais font figure de punchlines, à l’instar de cet excellent « Vendredi 13 » (NDR : il relate les attentats du 13 novembre 2015, qui ont causé 131 morts, 413 blessés, et des milliers de victimes collatérales dans les familles), et dont le refrain est repris par le peuple dans son entièreté, excédé par autant d’ignominie et de bestialité. Comme quoi, la musique a des vertus qu’aucun autre art ne possède.

Les échanges entre Niko (au chant et à la guitare) et le public sont peu nombreux. Peu importe, l’essentiel est porté par Waner préposé à la basse, Stef à la guitare, et Job à la batterie qui repoussent les limites du possible pour pouvoir délivrer le meilleur d’eux-mêmes.

Alors que le set tire à sa fin, « Mort aux cons » met littéralement « Le feu aux poudres ». Un hymne qui traite de l’injustice sociale et dont le refrain entêtant à hurler sans vergogne, provoque un séisme narratif au sein d’une foule pourtant surchauffée.

Tagada Jones se produit déjà depuis une heure trente, le visage de chacun des membres ruisselle de sueur, démontrant que leur investissement n’est pas feint.

La reprise de « Cayenne » de Parabellum sonne le clap de fin, avant qu’une bande préenregistrée diffuse en boucle, durant de longues minutes, le titre-slogan des Berruriers Noirs : ‘La jeunesse emmerde le Front National’. Un groupe que les jeunes de moins de vingt ans ne peuvent évidemment pas connaître.

Une fois de plus, le Park Rock a tenu toutes ses promesses. Un anniversaire fêté comme il se doit, entre simplicité, efficacité et pugnacité, car il en faut de la volonté et du courage pour survivre aujourd’hui dans la jungle des festivals…

(Organisation : Rock Nation + Park Rock)

Lokerse Feesten 2025 - Jour 8 : vendredi 8 août

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Aujourd’hui le soleil est bien de la partie. Une évolution positive par rapport aux premiers jours (pluvieux) du festival. L’ambiance, déjà bon enfant en temps normal, l’est encore davantage ce 8 août. Et la fête bat son plein, puisque ce vendredi est finalement décrété sold-out, en début de journée. Idem en ville, lors du festival parallèle (et gratuit celui-là) Fonnefeesten, pour lequel la file s’étend en permanence jusqu’à plusieurs centaines de mètres pour y entrer. Mais pas le temps de s’y attarder, car un long programme et zapping entre les groupes nous attend.

En début de soirée sur la grande scène, DIIV profite des derniers rayons de soleil. Il est encore possible, à cette heure, de s’avancer aux premiers rangs et de circuler aisément vers le bar (NDR : ce ne sera plus le cas ensuite, car lorsqu’une journée du Lokerse Feesten est complète, on est vite serrés comme des sardines).

Après avoir accordé un concert aux réactions mitigées, dans le cade des Nuits Botanique, en 2022, les natifs de Brooklyn vont mettre tout le monde d’accord. Avant leur entrée sur scène, une vidéo, diffusée en fond d’écran, présente chaque membre du band (NDR : et ainsi éviter de le faire en fin de set ; et puis, les musicos sont plutôt des shoegazers et pas très loquaces).

En fait, entre chaque titre, la vidéo d’une tierce personne est projetée sur cet écran. Traitant brièvement du groupe, balançant une pub originale pour le merchandising ou encore pour défendre une bonne cause. S’autorisant ainsi des slogans de soutien à la Palestine ou du style ‘America is the great satan’.

Sur les planches, le look ne trompe pas : un t-shirt 3XL et une coupe à la Jay Mascis des débuts pour le bassiste. Des lunettes vintages à la Derrick pour le leader Zachary Cole Smith. Le guitariste central Andrew opte, quant à lui, pour une tenue sportive, casquette vissée sur sa tête. Bien que le combo ait souvent été catalogué comme noisy et indie, le fait d’avoir assuré la première partie de certains concerts de Depeche Mode, mais surtout grâce à son remarquable quatrième opus, lui ont permis de s’élever au niveau supérieur. Et ce soir, ce sont d’ailleurs les titres « Amber » et « Brown paper bag » qui servent d’ouverture, comme c’était le cas sur ce dernier elpee. En fait, une bonne moitié du set est issue de cet album. A l’instar de « Fog in boiling water », dont le titre éponyme est aussi interprété, tout comme l’éthéré « Soul net », qui n’est pas sans rappeler Slowdive, dans un même registre. Les compos s’enchaînent dans une ambiance de dreampop atmosphérique, sous les derniers rayons de soleil qui se couchent sur la plaine. En clôture « Doused », plage extraite de son deuxième long playing du même nom (NDR : et sans doute le moins bon des quatre), à la fois hypnotique et mélancolique, est découpé par ses riffs tranchants. Exécutant une sortie de scène tout aussi sobre que son entrée. Pour info, la formation reviendra à Maastricht, en concert gratuit, au Muziek gieterij, le 5 septembre. Mais également, au Splendid de Lille, 3 jours plus tard.

Direction le club réservé aux (re-)découvertes et à la scène indie. Hinds s’y produit. Un groupe féminin espagnol qui n'est pas sans rappeler Wet Leg, Wolf Alice voire Warpaint, en version tempérée (NDR : ces ‘W’ sont tout à fait accidentels). Très enthousiaste et volubile entre les titres, Carlota nous parle de sa première expérience agréable en Belgique, et de sa connaissance du français et de l'anglais. En fait, bien que ce band existe depuis une bonne dizaine d’années (essuyant quelques déboires durant les années Covid), sa passion et sa fraîcheur lui confèrent des allures de bande d’ados. Une spontanéité qui semble plaire à un auditoire bien rempli. Son rock garage flirte avec ce côté plus pop (teen), de quoi vouloir continuer à les suivre. Même si ce soir le temps presse, et un retour vers la grande scène s’impose, au milieu de sa prestation.

Quelle bonne surprise de voir la plaine, devant la main stage remplie à craquer ! Pas de doute, Haunted Youth jouit d’une fameuse popularité au Nord de la Belgique. Et ce malgré une maigre discographie. Un seul long playing à son actif, « Dawn of the freak », paru en 2022, et quelques singles gravés en 2024 et 2025. A l’instar de DIIV, la musique baigne dans le shoegaze. Une voix atmosphérique, de longs riffs, toujours soutenus par cette basse lancinante et omniprésente (NDR : un peu comme chez les groupes post punk et new-wave). Cependant, les musicos sont un peu trop statiques au goût de votre serviteur, ce qui le pousse à retourner vers la deuxième scène du club, pour une prestation plus pêchue.

McLusky avait déjà mis le feu aux nuits du Bota en mai dernier, tout comme The Ex et Jesus Lizard. Ce soir le bassiste et le batteur se démènent encore sans compter, sur la gauche du podium. Andrew Falkous semble plus concentré sur son sujet. D’ailleurs, il a un casque audio vissé sur la tête (NDR : il s’en sert comme protection auditive, pour diminuer le volume sonore). Le public est plus clairsemé, et surtout moins agité que lors de ce récent passage au Botanique et lors de leurs débuts, au Dour festival de 2002. Malheureusement, il n’est possible que d’écouter une partie du set, car le temps presse pour rejoindre la grande scène, devant laquelle le monde commence à se presser. Et vu l’affluence, pas facile de se faufiler. D’ailleurs Falkous, guère avare de boutades, nous rappelle, avant la fin du set, qu’un grand groupe s’apprête à jouer et qu’il est préférable quitter la salle. Pas grave, car McLusky sera de retour, au Cactus Muziekcentrum de Bruges, ce 4 octobre.

Une foule de dingue s’est massée devant la Main stage, longtemps déjà avant le début du concert. Pas de doute, The Smashing Pumpkins est l’un des concerts les plus attendus de cette 25ème édition, voire de toute l’histoire du festival (NDR : à entendre les commentaires à priori et à posteriori). Pourtant, à l’instar des Sex Pistols lundi, les craintes relatives à la prestation des Smashing sont pourtant assez élevées. Il n’est d’ailleurs pas difficile de comparer le band chicagoan à Placebo, programmé aux Lokerse Feesten, deux ans plus tôt. Et pour cause, intéressants sur disque, ils le sont beaucoup moins en live.

On se souvient de son excellent premier elpee, « Gish » (NDR : malheureusement oublié de la setlist de ce soir). Et même du tout dernier « Aghori Mhori Mei », paru l’an dernier. En fait les attitudes de Brian Molko pour Placebo, et du leader de Smashing Pumpkins, Billy Corgan, ternissent régulièrement les prestations des combos en public. Bref, ils sont, par nature, antipathiques. Et Corgan suscite même la crainte. Le genre de gars à qui on ne confierait pas ses enfants, même 5 minutes. Sur scène son humeur peut influencer le déroulement du set. Il a déjà révélé publiquement souffrir de troubles mentaux. On est aussi en droit de déplorer les changements de line-up. A la basse notamment, à la suite des défections successives des charmantes D'arcy Wretzky (devenue actrice a posteriori), Melissa Auf der Maur (partie rejoindre Hole, entre autres) puis encore Nicole Fiorentino. Cependant la multi-instrumentiste Katie Cole, et la guitariste Kiki Wong (installée côté gauche de l’estrade), ne manquent pas de charme, mais surtout apportent leur touche personnelle. De la formation originelle, il reste le sixcordiste James Iha (dont l’interview accordée en 1993 est toujours disponible ici) et le drummer Jimmy Chamberlin (malgré plusieurs allers-retours).

C’est d’ailleurs James qui prend d’abord la parole en début de set, pour introduire « Today », en ces termes : ‘Goeie avond (NDR : bravo pour l’effort de la langue et avec le bon accent), We are Smashing Pumpkins, now let’s rock !’. Le ciel se dégage et la pleine lune brille sur le côté gauche du podium. Dont le décor a de quoi impressionner. A cause des structures gonflantes et du light show, en début de parcours très tamisé (NDR : un calvaire pour les photographes - voir les photos de Wim Herbaut, ). Le concert se mue rapidement en ‘best of’, épinglant notamment « Bullet With Butterfly Wings » et « 1979 ». Certains estiment la reprise de « Berlin », amusante (NDR : y compris Billy qui lâche sa guitare et vient sourire (fait rare !) en s’approchant de l’avant-scène…

Cependant, dommage que le combo n’ait pas interprété davantage de morceaux singuliers, à l’instar de « Bodies », joué lors de shows précédents. D’autant plus que la durée du set est calculée à la minute près. Soit 1 h 30, ne laissant guère de place aux surprises. Mais ne boudons pas le plaisir d’assister à un concert de Smashing Pumpkins en forme, au cours duquel Billy est de bonne humeur. Des compos comme « Disarm », « Tonight, Tonight » et le décapant « Cherub Rock » (caractérisé par son riff d’intro lancé par Corgan en personne) se succèdent. Soit autant de titres qui nous replongent dans l’époque d’une jeunesse insouciante des 90’s. Un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Une époque au cours de laquelle les vidéos de ces singles étaient diffusés sur la chaîne MTV.

Dans la setlist figurent les excellents « Ava Adore » et « Zero », insérés parmi certains morceaux un peu trop tirés en longueur. Et cette courte reprise/intro de Black Sabbath, balancée en fin de parcours, n’est pas vraiment nécessaire ni judicieuse (NDR : c’est bon, on lui a assez rendu hommage à l’autre écorché vif). Et à l’issue du final électrique « The Everlasting gaze », Corgan prend le temps de longer l’avant du podium, seul, pour saluer la foule (NDR : parce que ce soir, il était de bonne humeur, on vous le rappelle).

Même s’il évolue dans un autre registre, Goose n’a pas de mal à (re-)conquérir le public en fin de soirée (enfin en début de nuit, car il entame sa prestation après 1h du matin). Il faut préciser que le band flandrien se produit, en moyenne, tous les deux ans, depuis 2008, aux Lokerse Feesten.

Mais que de changements depuis ses débuts. Ou comme il y a 10 ans, lors d’un concert intimiste accordé à l’Eden de Charleroi ! Désormais, le band courtraisien envoie du lourd dans le cadre des plus grands festivals, tant visuellement qu’au niveau sonore. En intro, « British mode » résonne, en effet, comme le titre d’un grand groupe de britpop électro. Ensuite le leader Michael Karkousse, fort de sa grande taille, se sent pousser des ailes et part au contact du public, sur le tout aussi bien nommé « Can’t stop me now ». « Control » ou « Bring it now » continuent de faire danser la foule. Tout comme « Words » ou l’inévitable instrumental « Synrise », en clôture.

On signalera encore que les noctambules ont eu le loisir de s’éterniser jusque 5h du matin au Club Studio Brussel grâce aux DJ sets d’Helena Lauwaert et Aya.

PS : n’hésitez pas à vous replonger dans l’ambiance des Lokerse Feesten, en consultant le reportage photo de Wim Herbaut ici

(Organisation Lokerse Feesten)

Ronquières festival 2025 : du vendredi 1er au dimanche 3 août + Will Smith le mardi 5 août

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Welcome to Ronquières, Bienvenidos a Ronquières

Au terme d'une édition 2024 très réussie (deuxième plus grande affluence du festival, soit 67 000 festivaliers en 3 jours), les organisateurs du Ronquières Festival ne se voilaient pas la face : les coûts de production sont devenus tels qu'un festival comme celui de Ronquières devait devoir se réinventer en 2025, s'il voulait perdurer.

Cette redéfinition annoncée des contours de l’événement s’est donc concrétisée cet été sous la forme de l'ajout ‘Ronquières Encore !’. Cette prolongation a pris place le mardi suivant le festival (5 août 2025) et proposait une tête d'affiche assez exceptionnelle, d’un artiste en tournée européenne pour quelques dates seulement cet été Will Smith. Retour sur cette 13ème édition.

Première constatation, la musique urbaine, très présente à Ronquières ces dernières années, a pratiquement disparu du radar au profit d'une programmation familiale axée sur plusieurs artistes francophones dont le succès actuel n'est plus à démontrer et renforcée par quelques vieux briscards et valeurs sûres.

Ainsi, le vendredi 1er août, Clara Luciani assure la tête d'affiche, quelques années après avoir performé ici même, mais au beau milieu de l'après-midi. La prestation sans faille de la chanteuse martégale va ravir les 17 500 spectateurs présents ce vendredi soir sur une plaine bien échauffée par l'inoxydable Jean-Louis Aubert, dont les concerts constituent toujours un instant de communion formidable avec son public mais aussi par The Vaccines dont le set pop-rock met le feu à la scène principale.

Le samedi 2 août est considéré par beaucoup comme le point d'orgue de cette édition 2025 et les chiffres le confirment : il y a 7 000 spectateurs de plus que le vendredi (mais également que le dimanche qui a vu passer autant de festivaliers qu’au cours de cette première journée) pour venir applaudir Mustii, Philippe Katerine, Héléna et surtout Julien Doré, dont le grand sourire continue de convaincre les habitués du festival, puisqu’il s’agit de son cinquième passage en terres hennuyères, en 13 éditions. Loufoque, drôle et décomplexé, le concert de Philippe Katerine est complètement déjanté. Il met le public dans sa poche, notamment en s'adressant à lui à la façon dont un Général de Gaule l'aurait fait à ses compatriotes, si ce n'est que le ‘Français, Françaises’ laisse place à un ‘Belges, Belges’, qui devient un gimmick, au fil des morceaux.

Troisième et... avant-dernier jour (pour celles et ceux qui ont suivi) de cette édition 2025, le dimanche 3 aout accueille une merveilleuse Zaho de Sagazan qui montre toute l'ampleur de son talent sur la plaine de Ronquières, totalement conquise malgré une pluie naissante. Du haut de ses 25 printemps et deux ans et demi après la sortie de son très joli premier album, « La Symphonie des Eclairs », qu'elle défend sur la route avec acharnement depuis qu'il est dans les bacs, la jeune Française clôture cette journée du dimanche de main de maître, alternant moments d'une rare douceur et passages électro endiablés. Aucun doute, Zaho de Sagazan n'a déjà plus grand chose à prouver. Espérons juste que ce rythme effréné ne l'épuise pas et que les amateurs de ses jolies histoires puissent encore en profiter longtemps. Cette solide prestation ne doit cependant pas éclipser les autres grands moments de cette journée de dimanche, comme le retour des Libertines et de Kaiser Chiefs, venu fêter les 20 ans de sa pépite « Employment ». A cette occasion, la formation originaire de Leeds, livre un set énergique égrenant hit après hit, pour le plus grand bonheur des amateurs de rock présents ce jour- là.

Clap de fin ? Presque. Comme expliqué ci-dessus, le Ronquières Festival proposait cette année une nouveauté en ajoutant cette quatrième journée, indépendante des trois premières, sous le nom de Ronquières Encore ! Et à l'affiche de cette première édition, un cador, une star US en la personne de Will Smith, le Fresh Prince himself. Il n'est pas de notre ressort de chroniqueur de juger des évènements qui l'ont mis sur le devant de la scène ces dernières années, contentons-nous de parler musique. Parce qu'au-delà de sa carrière d'acteur (‘Le Prince de Bel Air’, ‘Men In Black’, ‘Independance Day’, ‘Bad Boys’, ‘I am Legend’...), Will Smith est à l'origine de plusieurs hits indémodables que tout le monde connait. Et ce sont ces tubes que l'Américain enchaîne devant une dizaine de milliers de spectateurs. Cette assistance est certes en-dessous de celle espérée par les organisateurs, mais elle suffit malgré tout à rendre l'opération rentable. Mieux encore, elle permet au Ronquières Festival de ne pas mettre ses activités à venir en péril, en épongeant quelque peu le creux d'assistance constaté les vendredi et samedi.

Attardons-nous sur la prestation du Fresh Prince, qui déboule par le frontstage, pour serrer des mains et faire des ‘high five’ aux premiers rangs, pour le plus grand plaisir de ses fans. S'ensuit alors une succession de hits, « Gettin' Jiggy With It », « Miami, Bad Boys », « Wild Wild West », « Summertime », rien ne sera oublié. Ni même la fameuse danse de Carlton, sur laquelle il invite deux fans à danser avec lui sur le podium, ni un poignant hommage à James Avery, l'inoubliable oncle Phil, décédé en 2013. Chaque discours est traduit en français par une de ses choristes, pour ne perdre personne au fil du concert. On notera également l'inoubliable moment pour une quarantaine de bénévoles du festival, habillés en men et women in black, qui ont le bonheur d'accompagner l'agent J sur les planches pendant qu'il interprète la bande originale du film. Bref, un show à l'américaine, très critiqué en amont de sa prestation et encensé en aval. Ce sont les absents qui ont eu tort ce soir-là.

Cet épisode clôture donc cette édition un peu particulière. Accusant une baisse de fréquentation de 12%, le Ronquières Festival subit le même sort que la plupart des festivals de son calibre et finit pour la première fois dans le rouge. Ce qui n'empêche pas Gino Innocente d’annoncer, d’ores et déjà, que l'édition 2026 aurait lieu du 7 au 9 août. Gageons que son organisation, arrivée aujourd'hui à pleine maturité, associée à la diversité de sa programmation, lui offre encore de belles années et une longue vie.

(Organisation : Ronquières Festival)

Photos Vincent Dufrane ici

 

 

 

 

 

 

 

Lokerse feesten 2025 : ‘Punk day’ – lundi 4 août

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Organisé à Lokeren, en Flandre Orientale, le Lokerse Feesten souffle ses 50 bougies cette année. On aurait donc pu s’attendre à une affiche bien plus alléchante pour marquer le coup ; mais elle ne propose pas de noms ronflants. En outre, la programmation de dimanche, jour de clôture, n’attirera pas beaucoup de Francophones, puisqu’elle proposera Clouseau, de Mens, et Noordkaap, comme têtes d’affiches. Mais finalement l’essentiel n’a-t-il pas été préservé en conservant cette convivialité tout au long de ce demi-siècle. D’ailleurs, la kermesse et la fête battent toujours leur plein au centre-ville. En longeant le canal depuis la gare, on rejoint rapidement le site du festival, judicieusement baptisé Grote Kaai. Et puis, ne boudons pas, non plus, notre plaisir, car contrairement aux autres grands festivals, le line up résolument rock a été, en grande partie, préservé. Et notamment le ‘Metal day’, fixé le mardi, et le ‘Punk day’, le lundi. C’est ce dernier jour que votre serviteur a suivi.

Sur la grande scène, la soirée débute par une légende du punk, The Undertones. Un quintet qui célèbre également son cinquantenaire. Ainsi de 1975, année de sa naissance, à 1983, de sa séparation, il a été très actif. Puis, son leader, Feargal Sharkey, a quitté le band, pour faire carrière dans l’industrie des médias. Après un long hiatus, le groupe s’est reformé en compagnie d ‘un nouveau chanteur, Paul McLoone, début 2000. Le combo a alors gravé deux elpee, en 2003 et 2007.

Malgré quelques singles comme « Teenage kick » ou « My perfect cousin », dont les compos sont hantées par les Buzzcocks, le quintet nord-irlandais n’a guère convaincu. Un set plutôt fade. Les applaudissements sont polis, et les allers-retours entre les bars et le site sont nombreux.

C’est la troisième fois et année quasi-consécutive que The Damned se produit aux Lokerse Feesten. Ça fait un peu ‘réchauffé’. De nouvelles têtes auraient été bienvenues. Et pourquoi pas une bonne surprise ? C’est un peu comme si on assistait à la parade militaire du 21 juillet ! Heureusement, les deux membres originels du groupe, Dave Vanian, aux allures toujours vampiriques, et le déjanté Captain Sensible, vont encore assurer le taf. Et occuper le devant de la scène. Entre punk et post-punk (voire new-wave) les tubes s’enchaînent. Depuis « Love song » en ouverture à « Neat, neat, neat » en passant par « New rose ». Et c’est largement moins monotone que le set des Undertones. Car certaines compos lorgnent vers le psychédélisme West Coast comme cette reprise du Jefferson Airplane, « White Rabbit », interprétée en fin de parcours. Un concert qui s’est avéré agréable à suivre.

Mais le point culminant de cette soirée viendra d’Iggy Pop. Malgré ses 78 piges, il est toujours bien actif. Déjà présent, à l’affiche de Werchter, il y a un mois, et après quelques dates aux USA, l’Iguane est déjà de retour en Belgique. Sa discographie est impressionnante. Il a enregistré 19 albums solos au cours des cinq dernières décennies. Dont l’excellent « Every Loser » - sur lequel figure le single « Frenzy » - paru en 2023, qui succédait à « Free », en 2019, un opus plus intimiste, jazzy et poétique. Et bien entendu le chef d’œuvre (NDR : n’ayons pas peur des superlatifs à la Marc Ysaye) « Post pop depression », en 2016, qui avait bénéficié de la collaboration efficiente de Queens Of The Stone Age. Malgré la pluie qui commence à tomber (NDR : il faut s’y faire, pendant les festivals, au cours de ces dernières semaines voire années).

L’accueil du public est enthousiaste. Les tubes des Stooges, « TV eye » et « Raw power », ouvrent le bal. Malgré la petite brise, l’Iguane a déjà laissé tomber sa veste et affiche encore son torse nu et sénile. Enchaînés, « The Passenger » et « Lust for life » donnent vite des allures de best-of au set de ce soir. A mi-parcours, « I wanna be your dog » donne l’occasion au presqu’octogénaire – il est né en 1947 – de descendre (difficilement) les marches du podium qui donnent accès à la place. Après quelques accolades et chœurs échangés avec les spectateurs, il remonte sur les planches et s’y couche. Mais il se redresse très rapidement et s’assied pour interpréter certains morceaux. Des compos qui sont bien revisitées d’ailleurs, enrichies par deux cuivres postés côté gauche de la scène. Et par les interventions du guitariste des Yeah Yeah Yeahs, Nick Zinner. Il est facilement reconnaissable à sa tenue sombre et sa chevelure… aussi imposante que ses riffs. Une belle touche d’originalité est apportée à travers le choix du morceau final, le « Punk rocker » des Teddybears (NDR : où Iggy ne faisait qu’un featuring à la base). Mais dont les paroles (‘I'm listening to the music with no fear. Caus’ I am a punk rocker, yes I am’) nous rappellent que, oui, Iggy reste une légende vivante (NDR : pour longtemps encore, espérons-le) du punk.

Et si Iggy Pop ne déçoit jamais en ‘live’, la dernière mouture des Sex Pistols suscite d’inévitables inquiétudes. Plus de line-up originel comme lors de son passage au Grote Kaai, en 2008. John Lydon, à la suite de ses différents avec ses comparses (NDR : une situation récurrente, vu son caractère), a préféré partir en tournée avec PIL (NDR : qui avait transité, en juin dernier, par Leuven et Lille). Frank Carter (ex-Rattlesnakes) prend le relais au chant et opère une entrée sobre sur le podium. Se plantant même sur le côté et adoptant presque une position de Namasté, pour mettre en lumière les musicos initiaux. Pourtant c’est bien ce nouveau chanteur, rouquin lui aussi, qui injecte le plus d’énergie dans le show. Les trois musiciens restent souvent, proches de l’un l’autre. Et n’interagissant pas avec le public. Les lumières mauves et jaunes, couleurs des fonds d’écran, rappellent la pochette de l’unique long playing, « Nevermind the bollocks ». Des anciens et récents concerts (essentiellement accordés au Royal Albert Hall de Londres) sont projetés sur un écran. Mais évidemment. Johnny Rotten n’y apparaît pas.

Après « Holidays in the sun » en ouverture, les titres défilent, dont « Seventeen », « Pretty vacant » ou encore « Bodies ». C’est alors que Carter surgit, tour à tour de chaque côté de l’auditoire. S’y installant même pour y chanter. Ce qui déclenche des circle pits et autres pogos autour de lui. Il ne ménage pas ses efforts ; cependant, on se demande comment le groupe parviendra à remplir les 1h30 du ‘timing’. Les réponses arrivent, mais ne sont guère réjouissantes. Pour y parvenir, la formation tire en longueur la présentation des musicos, mais aussi les morceaux, en les encombrant de solos interminables.

Alors, méritaient-ils une telle ovation ? La question mérite d’être posée. Ce ne sont pas les Stones, quand même, et leurs accords sont plutôt simplistes. Les versions étirées de morceaux punks qui, à l’origine, ne duraient que 2’30’’ ont de quoi irriter. Tout comme cette reprise de « My way » au cours de laquelle Glen Matlock et Steve Jones jouent assis. Coïncidence, mais cette adaptation a déclenché de nouvelles averses.

Nonobstant un « Anarchy in the UK » de bonne facture, qui a clôturé le set, on ne peut pas dire que la prestation ait été transcendante.

D’ailleurs la foule était bien moins nombreuse que pour le show d’Iggy Pop, et pas mal de festivaliers sont partis avant la fin du concert des Sex Pistols.

Le reportage photos consacré à l'édition 2025 des Lokerse Feesten et réalisé par Wiim Herbaut est disponible

(Organisation Lokerse feesten)

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