La scène post punk irlandaise, et tout particulièrement dublinoise, est en ébullition. Girl Band a tracé la voie ; et depuis, des groupes comme Fontaine D.C., Melts, Thumper, Silverbacks et The Murder Capital se sont engouffrés dans la brèche. The Murder Capital a donc gravé son premier elpee. Intitulé « When I have fears », il a bénéficié de la mise en forme de Flood, aka Mark Ellis (U2, New Order, Nick Cave & The Band Seeds, Nine Inch Nails, Smashing Pumpkins, PJ Harvey, Depeche Mode, etc.).
Première constatation, cet elpee est sombre. Très sombre même. Voire lugubre. Deux morceaux rendent même hommage à des proches décédés. Tout d’abord à la mère d’un des musicos sur « Don’t cling to life ». Puis d’un ami qui s’est suicidé sur « On twisted ground ». Côté textes, les compos traitent cependant à la fois de malaise existentiel, mais aussi de sujets personnels. En outre, tout au long de ce long playing, le spectre de Joy Division plane. A cause de ce drumming spasmodique, convulsif et parfois martial ainsi que de cette ligne de basse cotonneuse, parfois même douloureuse. Finalement, ce sont les grattes qui apportent une coloration spécifique à l’ensemble. Tour à tour déchiquetées, limpides (Sad Lovers & Giants ?), luxuriantes (And Also The Trees ?), acérées, frénétiques ou tumultueuses, lorsqu’elles se conjuguent en harmonie, elles sont de toute beauté. Comme sur l’instrumental « Slowdance II ». L’opus recèle cependant l’une ou l’autre compo plus indolente. A l’instar de l’élégiaque et minimaliste « How the streets adore me », une plage tramée sur des accords de piano. Enfin, si la voix James McGovern n’est pas exceptionnelle, elle colle parfaitement à la musique. Un peu comme feu Ian Curtis chez Joy Division… Elle peut ainsi devenir mélancolique, chuchotée, irascible, caverneuse, déchirante ou encore mélodieuse, suivant les émotions qu’elle cherche à communiquer.
Enfin deux pistes affichent des références à l’indus. Tout d’abord le final « Love, love, love ». Puis le morceau d’entrée « For everything », au cours duquel on retrouve ces changements de tempo climatiques si chers aux Young Gods.
Et pour que votre info soit complète sachez que le titre de l’opus s’inspire d’un poème de Keats, alors que l’illustration de la pochette est une photo de réfugiés s’abritant d’une tempête dans le désert…
The Murder Capital se produira en concert, dans le cadre du Sonic City, ce dimanche 10 novembre 2019 et le 11 février 2020 au Botanique de Bruxelles.