« Sous un soleil énorme » constitue déjà le 22ème album de Bernard Lavilliers. Agé de 75 balais et suite à des problèmes de santé, l’artiste a dû être opéré du cœur. Et il nous en parle sur le titre qui clôt cet opus, le crépusculaire « L’ailleurs ». Le reste de l’elpee baigne, en général, au sein d’un climat latino. Tango, paso doble, samba, cumbia et même cha-cha-cha rythment ainsi une bonne moitié des compos. Faut dire que le Stéphanois s’est rendu à Buenos Aires, en 2019, pour y chercher l’inspiration.
Son fidèle collaborateur Romain Humeau, le leader d’Eiffel, est toujours au poste, mais Bernard a également reçu le concours du duo Terrenoire sur « Toi et moi », adaptation de « Tive Razão » du Brésilien Seu Jorge. D’Izïa Higelin (NDR : la fille de feu Jacques), Hervé, Gaëtan Roussel et Éric Cantona pour une reprise du « Who killed Davey Moore » (« Qui a tué Davey Moon ») de Dylan, un morceau qui raconte l’authentique histoire d’un boxeur mort sur le ring (NDR : il ne faut pas aussi oublier que Lavilliers a également pratiqué cette discipline sportive).
Des orchestrations symphoniques enrichissent régulièrement les arrangements alors que des cuivres (saxophone ou clarinette) accentuent l’aspect chaleureux des plages les plus ensoleillées.
Sur la ballade « Je tiens d’elle », dans un style chanté/parlé rappelant Léo Ferré (NDR : que Lavilliers a toujours considéré comme son modèle), il déclare son amour pour sa ville, Saint Etienne. Et à l’écoute de l’engagé, voire gauchisant « Corruption », malgré ces synthés pas vraiment judicieux, on ne peut s’empêcher de penser à Jean Ferrat. Autant pour la voix que pour la mélodie. Enfin, le rythme imprimé tout au long de « Les Porteños sont fatigués » réveille le souvenir d’un certain Mano Negra.
Riche de sa culture poétique (Verlaine, Guillaume Apollinaire, Aragon), Bernard Lavilliers continue de raconter ses diverses épopées à travers ses voyages, dont « Sous un soleil énorme » constitue une nouvelle escale…