Pauline Croze, c’est une voix immédiatement identifiable, un jeu de guitare particulier, des chansons légères ou bouleversantes (dont « T’es beau », repris par Imany et Angèle), et surtout, une forte personnalité, qui a enregistré quatre albums originaux dont un de reprises, en 2016 (NDR : s’autorisant une incursion dans la musique brésilienne, et la bossa nova en particulier), toujours interprétés avec élégance et sobriété.
Pauline Croze sur scène, c’est un public qui la suit depuis environ 15 ans. Mais aussi la révélation aux Transmusicales de Rennes en 2003 (suivi en 2004 du Prix Sacem du Festival Chorus des Hauts de Seine), des tournées régulières rassemblant un public fidèle - jusqu’à celle de 2018 / 2019 en compagnie d’Astérios.
L’année 2020 a démarré par la mise en ligne sur Youtube du documentaire de Didier Varrod, « Pauline Croze, mise à nu ? », réalisé il y a bientôt 15 ans peu de temps après la sortie en 2005 de son premier long playing éponyme.
Gravé en 2007, son deuxième opus, « Un bruit qui court », lui a permis de décrocher ‘Le prix de l’Eden’, en 2012.
Son avant dernier LP, « Ne rien faire », remonte à 2017.
En 2019, Anne Claverie, via sa société Absolute Management, a retrouvé Pauline pour préparer, comme éditrice et directrice artistique, son nouvel elpee.
Quatre nouveaux titres devaient être enregistrés en avril 2020, après un déménagement. Suite au confinement, il est resté au stade de projet. En attendant de pouvoir s’installer, Pauline a séjourné dans une maison de la campagne sarthoise où heureusement, elle a découvert que le grenier sonnait très bien pour ses prises de voix.
C'est donc à distance, en mode enregistrement ‘confinement’, entre ce grenier, Reims, Roanne, Paris, les Landes et Montréal que quatre premiers titres ont finalement pu être enregistrés en compagnie de Charlie Trimbur (Camp Claude, Eddy de Pretto), Pierrick Devin (Lomepal, Phoenix, Benjamin Biolay), Nk.f (PNL, Angèle, Damso), Romain Guerret (Aline, Alex Rossi... co-auteur et réalisateur de « Kim ») et enfin Voyou (à la trompette sur ce même titre).
Trois plages –dont « Kim » et « Le Monde »– ont été mixées par Alf Briat (Air, Sébastien Tellier, Flavien Berger) et masterisées par Alex Gopher.
« Kim », le premier single de ce nouveau chapitre, est paru le 14 mai 2021.
Début juillet, le suivant, baptisé « Le Monde » (réalisé par Charlie Trimbur), lui a succédé.
Et un troisième, « Je suis un renard », a embrayé cet automne, avant que ne soit publié son nouvel album, « Après les heures grises » ; une période au cours de laquelle elle a accordé de nombreux concerts, toujours avec Astérios.
Pauline Croze est bel et bien de retour !
Qu’est ce qui a changé depuis la sortie du single « T’es beau », issu du ton premier opus, et le sixième, « Après le heures grises », qui vient de paraître ?
Plein de choses. Il y a quand même seize ans qui se sont écoulés depuis le premier album. Je pense que je suis plus apaisée. Ma musique est différente.
J’ai voulu aussi explorer d’autres styles musicaux. Ne pas forcément rester dans la veine ‘chanson française’. Il y a eu pas mal de chemins de traverse. Aujourd’hui ma musique c’est toujours du ‘Pauline Croze’ mais j’ai voulu aborder d’autres sons. Notamment plus électroniques et un peu plus urbains. En résulte un album assez éclectique. Dont je suis plutôt fière.
« Nuit d’errance » est un morceau très intimiste, juste piano-voix. D’autres sont, comme tu dis, très électroniques. Que penses-tu de ce virage électronique de la chanson française ?
A partir du moment où la chanson est bien écrite, bien composée et que l’arrangement la sublime, ça me va. C’est-à-dire que je peux très bien être séduite par ces nouveaux habillages. Il y a pas mal de jeunes artistes de chansons tels que Voyou où l’électronique est un peu moins présente ; mais c’est quelqu’un qui s’ouvre de nouveaux horizons, a un superbe univers, joue super bien et a une poésie magnifique. Il est un peu plus proche de la musique contemporaine car il collabore avec des orchestres symphoniques.
Tim Dup parvient également à naviguer de manière hyper fluide grâce à un son très proche de l’univers de Barbara, très piano-voix, très classique. Mais il est aussi capable de nous entraîner dans un univers dansant, électro, club avec une aisance que j’estime fabuleuse.
Quel est le rapport entre le renard et le bagnard dans ta chanson « Le renard » ?
Je verrais le bagnard comme quelqu’un qui est exclu. Le renard, quand il suit ses instincts, peut parfois provoquer des accidents. Il peut faire des choses que l’on n’attend pas de lui. Par conséquent, il peut être écarté comme un bagnard. Pour ce morceau, je n’ai pas écrit le texte, je me suis chargée de la musique. L’auteure s’appelle Olivia Brun. Elle souffre de bipolarité. C’est tout ce cheminement, ces états d’âmes bouleversés qu’elle décrit. Cette chanson m’a beaucoup touchée même si je ne vis pas ces chamboulements à un degré aussi extrême. A ma mesure, je vis ces pics où je me sens très exaltée et des descentes au trente-sixième dessous où on a peur de tout et on devient parano. Cela m’a donc fortement parlé.
‘…je vis ces pics où je me sens très exaltée et des descentes au trente-sixième dessous où on a peur de tout et on devient parano.’
Dans le clip consacré à « Le renard », vous dansez à deux dans une chorégraphie filmée par des drones. C’est assez graphique, visuel. Et il y a de belles couleurs. Quel est l’idée du clip, son message ?
L’idée du clip est que le corps décrit ce cheminement de l’âme. Il y a les côtés très exaltés, volontaires et frondeurs et les côtés où il s’abandonne, se laisse tomber. Il s’enfonce dans quelque chose de sombre, de triste. Le drone est le témoin extérieur, le regard des gens. C’est un personnage à part entière. Il scrute la moindre de nos failles. C’est là que se joue la parano. Quand on vit cette bipolarité et des montagnes russes, il est difficile de se montrer sous ce jour-là car ce n’est pas un comportement dit ‘normal’. On sait que l’on ne va pas être accepté comme on est.
Ne pas être accepté comme on est te touche à quel stade ?
Cela me parle car pour être intégrée socialement, il faut adopter certains codes, une certaine attitude, un certain comportement. Dire que l’on est dépressif aujourd’hui est encore un discours qui fait peur. On ne le dit pas. Il y a des confidences que l’on doit garder pour soi parce qu’elles créent une distance avec les autres. On leur renvoie un miroir qui n’est pas rassurant.
Et à ton échelle, as-tu déjà ressenti ce malaise ?
Oui, à mon échelle, je l’ai déjà ressenti car je suis quelqu’un d’assez solitaire, de discret, de réservé. Je ne suis pas forcément très sociable. Une attitude qui ne fédère pas les gens autour de soi. Ne pas réagir aux mêmes choses et de ne pas aimer les mêmes choses que les autres, m’isole un peu. J’ai toujours eu du mal à vivre en groupe, à me créer des familles. Après, c’est mon tempérament.
Se sentir à côté ou à part, je le ressens. Inconsciemment c’est peut-être une barrière que je crée pour me protéger. Pour ne pas être en vis-à-vis par rapport aux autres, pour ne pas me confronter.
Il y a la posture dans laquelle on se met et le socialement correct. On doit tous s’agréger dans des attitudes communes.
Tu te sens un peu à côté, parfois ?
Parfois oui. Et je ne fais pas partie des gens qui n’ont pas envie de crier ‘cinq, quatre, trois, deux, un, zéro !’ le jour de l’an. Quand on a un tel comportement, par exemple, on est traité de rabat-joie.
Il y a des événements auxquels je n’ai pas envie d’adhérer, dans lesquels je ne me reconnais pas. Je ne participe pas mais je laisse les gens vivre.
Il en existe d’autres comme toi tu sais…
Oui il y en a d’autres comme moi. Mais on n’est pas nombreux.
Se sentir décalée est toujours quelque chose que j’ai ressentie mais je le vis probablement moins mal qu’avant.
Et ce côté-là sur les planches ?
Sur scène, en général j’essaie de bien m’entourer, d’être auprès des musiciens qui comprennent ma musique et mon propos. Sur scène je le ressens moins.
Quand tu as conquis ton public et qu’il vient te voir, tu en conclus qu’une reconnaissance mutuelle s’établit.
C’est vrai que dans mon public on ne rencontre pas forcément des gens très exubérants. On est toujours en miroir avec un artiste je pense.
Dans « Phobe », tu évoques la crise sanitaire à demi-mot. Tu dénonces la folie des hommes, la nature qui se dégrade. Mais tu dis qu’il ne faut pas hésiter à miser sur l’avenir. Comment mises-tu sur l’avenir ?
Dans « Phobe », on est poussé dans les extrêmes. On n’a plus le temps ni l’art de la nuance. On doit fonctionner de manière binaire. On s’extrémise quand il s’agit d’adopter ou de détester quelque chose.
Parmi les exemples on pourrait évoquer l’aspiration des êtres humains, l’angoisse face à la planète qui se dégrade. Nous vivons au sein d’un univers où on doit prendre parti très vite. Sur les réseaux, on nous envoie des messages par lesquels on est pris par le tripes, pour lesquels il faut réagir rapidement. Ce qui nous pousse à être tout l’un ou tout l’autre. Cette situation m’inquiète.
Et du coup je ne sais plus quelle était la question (rires)…
Comment mises-tu sur l’avenir ?
Ma manière de voir plus loin et de viser plus haut se résume tout simplement à continuer de faire de la musique. Qu’elle fasse rêver les gens, les divertisse, les transporte. Ma victoire par rapport à l’incertitude que l’on vit c’est de toujours réussir à en créer, à m’exprimer. Ce qui me permet de me projeter dans la vie. Pour moi une chanson c’est comme un message que j’envoie, c’est quelque chose que je veux transmettre à quelqu’un. C’est ma manière de ne pas me laisser décourager. Parfois ce n’est pas évident. On vit dans un monde qui est difficile. Le monde de la musique prend beaucoup de coups. Que ce soit à cause de la pandémie, à cause du marché du disque qui est très chamboulé. Les artistes sont conscients qu’ils ne vont pas vraiment vivre des revenus des plates-formes.
Je suis contente d’avoir sorti cet album, car c’est une lunette astronomique. Elle permet de me projeter. D’envisager reprendre la route en compagnie des musiciens et de vivre de ma musique. Que je vais la partager en communion avec des gens. C’est le but de ma vie quand je me lève le matin. C’est l’étoile que je peux toucher.
Comment as-tu vécu le confinement ?
Pas trop mal. Avant que la pandémie n’éclate, j’étais déjà occupée d’écrire et de composer. Chaque fois que je me consacre à l’écriture et à la composition, je suis un peu en confinement ; je m’enferme dans ma chambre, dans ma bulle…
‘Chaque fois que je me consacre à l’écriture et à la composition, je suis un peu en confinement ; je m’enferme dans ma chambre, dans ma bulle…’
Je vivais à la campagne dans une maison du Loir-et-Cher qui dispose d’un petit jardin. Je n’ai donc pas été enfermé comme les gens qui ne pouvaient sortir qu’une heure de leur appartement. Je n’ai pas subi de plein fouet cet isolement.
Et si je l’ai mal vécu, c’est par empathie, vis-à-vis de celles et ceux qui n’étaient pas aussi bien lotis que moi. C’est plutôt leur sort qui m’a chagrinée, m’a peinée et préoccupée.
Mais dans ma vie personnelle, cela n’a pas changé grand-chose. Hormis nettoyer ses courses. Ce n’est pas grave en soi, j’avais le temps de le faire. Mais cette pratique a dû mettre des gens dans des situations impossibles. Tout prenait un temps fou.
Que vas-tu faire si on retourne en confinement ?
Cette éventualité me préoccupe parce que j’ai une tournée en cours. Et là vraiment, transformer les heures grises en quelque chose de plus lumineux, ça va être compliqué.
Mais je prendrai mon mal en patience. Je resterai chez moi et me remettrai à composer d’autres chansons. Ou continuerai à peaufiner le jeu de guitare, le chant.
Comment arrive-t-on à se faire une place dans cette période de fin d’année un peu spéciale de 2021 ? Période pendant laquelle tous les artistes ont des projets à présenter dus au confinement.
Ce n’est pas évident. Bien sûr, des attachés de presse sont au front en Belgique et en France. Il y a beaucoup de travail de fond. Il était déjà conséquent auparavant, mais là il faut insister pour dire que l’album est présent. C’est très difficile car de nombreux artistes souhaitent présenter leur travail, veulent continuer d’exister. Malgré tout, les événements sont favorables, car le disque a reçu un très bon accueil chez les médias en France.
Evidemment, annoncer des dates permet à l’album de prendre sa place, petit à petit. Mais les fenêtres sont assez petites.
« Crever l’écran » traite de l’addiction aux écrans, aux réseaux sociaux. Comment gères-tu ce nouveau type de médias ? Car un artiste, aujourd’hui, est un peu obligé d’alimenter les réseaux sociaux.
Effectivement ce titre parle de l’addiction mais il aborde également pour thème une cause de rupture d’un couple. Que quelqu’un soit constamment sur un ordinateur crée de la distance. On a dès lors l’impression qu’une troisième personne s’est invitée. Ce n’est pas une critique des réseaux sociaux en tant que tel. C’est simplement savoir quelle place on donne à cet outil. Comment on l’utilise. Quelle place on veut qu’il prenne dans notre vie. Car on voit bien que c’est une cause de séparation. Les mômes, par exemple, sont constamment, tête baissée, sur leur téléphone. Il y a un moment où, si possible, on doit pouvoir faire preuve de savoir-vivre…
‘Les mômes, par exemple, sont constamment, tête baissée, sur leur téléphone. Il y a un moment où, si possible, on doit pouvoir faire preuve de savoir-vivre…’
Bien sûr, je ne me considère pas comme une exemple ; mais pour parler de sa musique et de se rendre visible, il est difficile pour un artiste de ne pas y avoir recours, effectivement. Que ce soit Instagram ou Youtube. On réalise des clips, des capsules vidéo, des sessions live. Honnêtement, je ne crois pas que l’on puisse s’en passer aujourd’hui. Même si je suis favorable à cette idée, car ils appartiennent aux GAFA. Et je ne les porte pas spécialement dans mon cœur. Vu ce qu’ils font des données par exemple. Mais c’est vrai qu’on est un peu obligés de passer par là.
Et puis, je me consacre quand même à des activités qui me ressemblent. C’est-à-dire que je ne me filme pas toute la journée. Je ne filme pas tout ce que je mange. Cette attitude me correspond, car je pense qu’il faut rester soi-même. En y ajoutant un peu de mystère, ce n’est pas plus mal. On voit trop de choses. On est submergé d’images.
Même moi, je me rends compte que je consulte mon téléphone toutes les deux minutes et je suis consciente qu’il faudrait uniquement l’utiliser pendant une demi-heure pendant la journée pour régler plein de trucs et ne plus y revenir ensuite.
Mais c’est l’ennui qui pousse à t’en servir. Parfois je suis là à ne rien faire. C’est dur d’accepter de ne rien faire. C’est un rapport d’amour-haine par rapport aux écrans et aux réseaux.
Dans ton titre « Kim », tu t’adresses directement au dictateur de la Corée du Nord de manière assez familière. Penses-tu qu’une chanson peut changer le monde ?
Jimi Hendrix racontait que la musique changerait le monde. J’ajouterai que ce changement doit être accompli collectivement. Ce n’est pas une chanson. Ce sont toutes les chansons qui apparaissent dans notre vie, dans la vie collective, qui feront bouger les choses.
Et parfois, j’ai l’impression qu’on est toujours au même point qu’il y cinquante ans voire cent ans…
Je ne sais pas si une chanson peut transfigurer le monde, mais elle peut changer la vie de certaines personnes. Ils renaissent à l’issue de ce bouleversement. Ils changent leur environnement et par conséquent, ils transforment le monde. Cela passe par l’individu et par ce qu’il fait de ce qu’il reçoit. Comment il l’intègre à sa vie et comment il oriente ses choix de vie.
Maintenant, c’est du zoom. Le monde ne va pas changer radicalement…
Tu as une solution ?
Soit on admet qu’il n’y en a pas et on vivote. Soit on accepte que le monde est imparfait et on accepte de bricoler pour que la vie avance et permet de progresser.
La solution est propre à chacun. Chacun peut faire son état des lieux de vie et se dire ‘Je vais renoncer à ça et je vais partir dans cette direction pour que ma vie change ; pour ne pas se retrouver dans les mêmes situations, dans les mêmes schémas’. C’est individuellement qu’on doit se poser des questions et changer notre mode d’existence.
La solution ne doit pas être parfaite et performante. On attend trop qu’elle le soit. Il faut accepter qu’elle survienne à moyen terme. La solution pour certaines personnes est de s’enfermer dans le déni. A un moment ou un autre, elles vont se casser la gueule ; mais cette forme de dénégation leur permet de poursuivre leur vie. Donc quelque part c’est une solution. Actuellement on ne peut pas prétendre à une solution mathématique.
Pour cet elpee, tu as reçu le concours d’un tas de collaborateurs. Pourquoi ?
Je souhaitais que cet album se distingue du précédent. Je voulais aborder des sonorités plus contemporaines. J’écoutais pas mal de rock électro. Un groupe comme Tame Impala, par exemple, que j’adore. Mac Demarco ou Frank Ocean. De la musique urbaine, comme celle de Damso dont je raffole. Perso, il s’agit d’un des plus grands en ce moment dans l’univers ‘urbain’. C’est pourquoi j’avais envie d’approcher ce genre de son. Pour y parvenir, j’ai appelé Charlie Trimbur. C’était le claviériste et choriste qui a participé à ma tournée précédente. Il a fait ses armes dans le domaine de la réalisation et maintenant il a acquis une certaine expérience. J’ai l’ai sollicité en lui signalant que j’avais envie de conserver ma couleur ‘guitare’, car c’est quand même mon ADN ; mais que je souhaitais me frotter à des sons plus actuels, plus contemporains. Je trouve qu’il est parvenu à les intégrer avec élégance et intelligence. Ma musique reste du ‘Pauline Croze’ mais avec une coloration un peu urbaine tout en respectant l’esprit ‘chanson’ quand même et sous un autre habillage. J’estime qu’il a vraiment bien travaillé.
Puis j’ai sollicité d’autres réalisateurs comme Fils Cara. Lui, c’est plus une couleur chanson sur « Je suis un Renard ». Pour presque chaque compo, j’ai fait appel à un producteur différent. Je n’ai pas proposé à Charlie Trimbur de travailler sur « Je suis un Renard » parce que je savais que ce n’était pas sa couleur. Ce n’était pas là où il allait être le plus efficace. Je l’ai donc présenté à Fils Cara. Je lui ai aussi soumis un deuxième titre parce que j’aime beaucoup son approche de ma musique. Il y a quatre à cinq réalisateurs qui créent une unité, finalement. Même si l’album est éclectique il y a un fil quand même.
Je voulais que cet album navigue entre les deux mondes. Sans choisir de n’être que chanson ou qu’à sonorité urbaine, car je ne prétends pas du tout être une artiste urbaine.
‘C’est individuellement qu’on doit se poser des questions et changer notre mode d’existence…’
Quel style de musique ou de chanson aimes-tu ?
J’aime plein de styles musicaux. J’adore le jazz, Duke Ellington, Nina Simone, Thelonious Monk. J’aime Tame Impala et tous les groupes rock électro des années 70. J’adore la musique africaine, mandingue, la kora. Je peux adorer Damso, Orelsan. J’écoute des tas de musiques différentes qui me font vibrer. En chanson, j’aime Voyou et Mathieu Boogaerts.
Quels sont les artistes qui t’inspirent ?
Tous. C’est tout ce que j’écoute qui qui me stimule et m’inspire. Je ne suis pas monodiète. Il n’y a pas un artiste particulier qui se détache des autres. J’adore écouter des styles très différents qui font un tout dans ma tête.
Les artistes qui ont établi le fondement de mon inspiration pour la composition sont Jeff Buckley, Keziah Jones, les Beatles, Nina Simone, Billie Holiday et Ella Fitzgerald. C’est la base, mon noyau, quand j’ai commencé à faire de la musique, à quatorze ans. Depuis le temps, j’ai écouté plein d’autres choses.
Et en chanson française particulièrement ?
Voyou, Tim Dup, Fils Kara et Zed Yun Pavarotti.
Bertrand Belin ?
C’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect. C’est un excellent musicien et surtout un guitariste hors pair. Et il est entouré de très bons musiciens. Mais ce n’est pas un miroir pour moi. Je ne retrouve pas mes repères dans sa musique.
J’apprécie également Mathieu Boogaerts, J.P. Nataf ainsi que Thiéfaine. Il est issu d’une génération différente, mais sa poésie est incroyable. Brigitte Fontaine, aussi. Tous ces artistes dont la poésie est très forte…
Album « Les heures grises » paru le 8/10/2021