La cavalcade de Jéhan…

Poussé par un nouvel élan poétique, Jean Jéhan a sorti son nouvel opus, « On ne sait jamais », le 18 novembre 2023. Pour ce cinquième elpee, Jéhan fait le choix de s'affranchir de ses affinités folk rock, pour aller vers des horizons plus dégagés. On retrouve…

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Bill Lupkin

Hard pill to swallow

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Originaire de Fort Wayne, dans l'Indiana, Bill réside depuis une quarantaine d'années à Chicago. En y débarquant, il fréquente les clubs de blues implantés dans les ghettos des quartiers ‘Southside’ et ‘Westside’. Il sympathise avec les Aces, le groupe qui avait accompagné Little Walter et Junior Wells. On le retrouve donc dans une aventure impliquant les frères Dave et Louis Myers, Fred Below, le mandoliniste Johnny Young et le pianiste blanc Bob Riedy. Il rencontre ensuite le légendaire Jimmy Rogers et participe aux sessions de son elpee "Gold tailed bird". Un disque paru en 1972. Son premier véritable opus ne date que de 1999. Un live immortalisé dans sa ville natale de l'Indiana : "Live at the Hot Spot". Une œuvre pour laquelle il reçoit le concours du Chicago Blues Coalition. Ainsi que de Barrelhouse Chuck au piano et Billy Flynn aux cordes. Au cours des dernières années, il s’est lié d’amitié à Nick Moss ; ce qui lui a permis d'enregistrer pour Blue Bella. Dont un "Where I come from", paru en 2006.

« Hard pill to swallow » succède donc à ‘D’où je viens’, une ‘Pilule difficile à avaler’ habillée par une très jolie pochette créée par Kate Moss. Elle illustre un flacon contenant un harmonica. Pour enregistrer cet opus, Bill s'est enfermé dans les studios ‘Rancho de Rhythm’ à Elgin, chez Nick Moss. Il est épaulé par son frère Steve à la basse, Mark Fornek aux drums et Tim Wire aux claviers. Moss se réserve la guitare, le mixage et la production. Les 14 plages ont été composées par Lupkin.

Dès les premières secondes de "Think it over baby", ça déménage. Tous les doigts de pieds frétillent à l'écoute de ce morceau particulièrement remuant. Les musiciens manifestent une cohésion remarquable. Le talentueux Gerry Hundt a emporté sa mandoline électrique. Elle confère à l’expression sonore une belle touche d’originalité. Lupkin affiche une forme étincelante. Il se montre très agressif dans l’attaque de son harmonica. La lecture de son instrument est très claire. Il jouit également d’une bonne voix ; dans un style assez laidback. C'est-à-dire indolent, mais stimulant. Une excitation ouatée qu’il réitère sur "Funny way to show you love me". Sa palette de tonalités lui a permis de côtoyer des grands maîtres, comme Little Walter et Big Walter Horton. Nick Moss en profite pour dispenser un solo parcimonieux, comme il affectionne. "Bad luck" opère un changement de rythme et de style. La douceur est passée à l’aigre. Bill a glissé vers l’instrument chromatique. Il chante d'une voix saturée d'amertume. Il me rappelle ici manifestement le grand Rod Piazza. Cette excellente compo constitue un très grand moment de blues! Mais ce que j’apprécie tout particulièrement sur cet elpee, c’est la sonorité d'ensemble. Tout fonctionne à merveille dans ce petit studio d'Elgin. Sur "Fine little thing", Lupkin parvient à recréer le son de ce Chicago blues qui nous a toujours fait rêver. Les esprits de Jimmy Rogers et de Little Walter y sont tellement présents ; mais sous une forme tellement naturelle, qu’on en est complètement bouleversés. "I'll be over you someday" en revient au tempo lent. La mélodie emprunte probablement à "It hurts me too". Moss joue comme un dieu. Le spectre du géant Freddie King nous traverse l’esprit. La complicité entre les intervenants est traduite par une communion de leurs sensibilités. Et que c'est beau à écouter. "Elgin bounce" est un instrumental qui remet au goût du jour le son des Aces. Le soupçon de swing et de groove permet de restituer le génie de l'harmoniciste leader, alors poussé dans ses derniers retranchements par le piano de Wire et l'intarissable Nick aux cordes. La classe! L'esprit de Johnny Young refait surface lorsque Hundt reprend sa mandoline. En l’occurrence sur "See that little girl", un morceau que Lupkin chante avec beaucoup de conviction. Sculpté dans le funk, "Blues again today" nous invite à danser. Un peu comme autrefois, au cœur des petits clubs enfumés de la cité des vents. "You're gonna be sorry" évolue sur un tempo digne de Jimmy Reed. La paresse des swamps louisianais nous envoûte. "Hook, line and sinker" adopte les rythmes chers à Howlin' Wolf. Bill se consacre à l'harmo chromatique et un impressionnant Moss parvient à recréer les climats chers à Henry Vestine. "Where you goin'" est le long blues lent que l'on espérait. Bill souffle rageusement comme un Walter Horton soutenu par Sunnyland Slim (NDR : pour la circonstance, Tim Wire s’y subsitue). Musicien versatile, Gerry Hundt accorde une remarquable intervention aux cordes. Ce superbe album s’achève comme il a commencé ; c'est-à-dire par le titre maître, dans une version de Chicago blues rythmé, mais dans un style très Rogers.

 

Bill Lupkin

Where I come from

Écrit par

Bill Lupkin est né et a grandi à Fort Wayne, dans l’Indiana. Touché par le virus du blues, il émigre à Chicago, fin des sixties. Il y hante assidûment les clubs des quartiers Sud et Ouest pour chanter ce blues, tout en soufflant dans son harmonica. Il fréquente les Aces, le backing band de Little Walter et de Junior Wells ; mais devient également un collaborateur régulier du pianiste blanc, Bob Riedy. Ce qui lui permet de soutenir la comparaison avec les grands ; et en particulier Muddy Waters, Howlin Wolf et surtout le guitariste Jimmy Rogers, pour lequel il participera d'ailleurs à la confection de l'album "Gold tailed bird" (produit par Freddie King), en 1972. Une aventure au cours de laquelle il avait acquis la promesse de travailler en compagnie de Canned Heat. Un projet qui ne s’est, cependant, jamais concrétisé. Mark Hummel, le célèbre souffleur californien, est responsable des notes consignées sur la pochette. Il avait rencontré Bill, en 1973. A Los Angeles. Et avait été impressionné par sa technique, notamment par les effets obtenus par la langue, afin de développer un style proche de James Cotton. Plus d’un quart de siècle plus tard, Lupkin nous rappelle à son bon souvenir. Il avait ainsi monté un groupe : le Chicago Blues Coalition, en compagnie duquel il ait commis un elpee chez lui, à Fort Wayne, en 1999. Un disque enregistré en public intitulé "Live at the Hot Spot". Au sein de son backing group figurait alors le pianiste Barrelhouse Chuck et le guitariste Billy Flynn.

Pour enregistrer ce tout nouvel opus, il a reçu le concours de ses amis. Il a ainsi conservé le drummer du Chicago Blues Coalition, Mark Fornek ; et puis les musiciens de Nick Moss. Il signe toutes les plages de cette œuvre, en exploitant à merveille toutes ses expériences vécues. Le booklet est illustré par des témoignages photographiques où il figure en bonne place auprès de tous les grands. Impressionnant !

L'album s’ouvre par le puissant "What's with that?". Bill respire la joie de chanter et de souffler. Nick Moss piaffe d’impatience et décroche, sans attendre, une première flèche sur ses cordes. Nous sommes ici en plein cœur du Chicago Southside. "The sun is shinin" accroche instantanément. Les musiciens manifestent une grande cohésion. L’ambiance des années 50 est parfaitement restituée. Une sonorité qui fait plaisir à entendre. Bill souffle comme Little Walter. Tim Wire nous ramène dans l'univers de Sunnyland Slim et d'Otis Spann. Nick lorgne vers celui de Jimmy Rogers et d'Eddie Taylor. "All night long", "Move out to the country" et "Bad feelin" évoluent dans le même registre. Lupkin y démontre avoir entièrement assimilé la quintessence de la Cité. Celle de Little Walter, Junior Wells, James Cotton et consorts. Jamais ce disque ne suscite l’ennui! Instrumental explosif, "Madison & Sacramento" nous renvoie à l'époque au cours de laquelle, Little Walter – flanqué de ses Aces – sévissait… un temps que nous n'avons – hélas ! – pas connu… Et si vous n’êtes toujours pas convaincu par le talent de cet artiste, je vous invite à prêter une oreille attentive à un titre comme "You got me nervous", un fragment parcouru par les rythmes exotiques et syncopés de rumba. Ou encore par "Cant' hide a lie", un des sommets de l'album. Empruntant le style d’Otis Rush, Nick Moss se réserve une envolée épique sur les cordes ; mais il la convertit progressivement en un style bien personnel. L’elpee explore d’autres horizons sonores. A l’instar d’"I want to love you", une plage qui s'enfonce dans les marécages louisianais. Nous ne sommes alors plus tellement loin du monde de Lazy Lester. Pas étonnant que Mark Hummel apprécie ce diable de Lupkin. Etrange, mais régulièrement, Bill me rappelle un de mes artistes favoris : William Clarke. "What you gonna do" en est la plus belle démonstration. A cause de cette force de frappe, de cette puissance de souffle et de cette conviction jamais prise en défaut. La voix est bien adaptée au style. Hundt y apporte une touche originale à l’aide de sa mandoline. Dans un registre réminiscent de Johnny Young. En fin d'album le disque nous réserve une version différente de "Move out to the country". Plus cool, elle remonte à l’an 2000. Elle implique la plupart des mêmes musiciens. Steve Lupkin, le petit frère, a rejoint le line up. Il y est préposé à la basse. Hubert Sumlin participe à cette plage à l’ambiance assez Howlin' Wolf. Ce clin d’œil adressé à Bill Clarke est reproduit lors du slow blues, "Early hours of the mornin". Cinq minutes de bonheur! Bienvenue chez les Grands, Mr Lupkin!