Duo originaire de Londres, Turin Brakes avait cassé la baraque en 2001, suite à la publication d’un premier essai tout en finesse. « The Optimist LP », salué par la critique, mettait en avant la prédisposition de Gale Paridjanian et Olly Knights à engendrer des mélodies instinctives et limpides qui se consomment d’une traite. Boosté par les hits « Average Man » et « Painkiller », « Ether Song » (2003), le second recueil suit une même ligne de conduite. Mais l’adage jamais deux sans trois ne se reproduit pas chez le duo coupable, en 2005, de la confection d’un « JackInABox » en dents de scie. Et pour cause, Turin Brakes a abandonné la pop acoustique spontanée à laquelle il avait habitué son public, pour embrasser des sonorités plus policées et donc plus radiophoniques. Equivalent sonore du chou blanc, les ambitions de « Dark On Fire », le quatrième labeur des Londoniens, va se charger d’achever les troubadours primesautiers.
Turin Brakes n’est effectivement pas une formation dont on attend la révolution ou la redéfinition d’un genre. « Outbursts », le cadet discographique, constitue donc une assez bonne surprise, puisqu’elle ramène enfin le duo à ses premiers amours. Knights et Paridjanian délivrent une œuvre bien léchée, sans prétentions inaccessibles. Le disque démarre d’ailleurs sur un « Sea Change » inspiré, accrocheur et percutant. Et ce, sans user d’aucune instrumentalisation accessoire. D’autres titres, comme « Paper Heart », « Never Stops », « Embryos » ou « Apocolips » atteignent leur cible sans le moindre effort. S’il ne subsistait pas un côté urgent et tourmenté dans les écrits des deux hommes, on pourrait sans aucun doute parler d’un Kings Of Convenience à la sauce anglaise. « Outbursts » réintègre Turin Brakes au sein de la grande famille des formations discrètes mais diablement efficaces.