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Les décibels de Chatte Royal…

Le premier elpee de Chatte Royal, « Mick Torres Plays Too Fucking Loud », paraîtra ce 8 mars 2024. Fondé en 2020 par Diego Di Vito, Dennis Vercauteren et François Hannecart, et rejoint par Téo Crommen en 2021, il compte deux Eps à son actif, « Septembre », en…

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Frank Black

Live at Melweg

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Cet enregistrement ‘live’ remonte au 24 mars 2001. Il avait été immortalisé au Melkweg d’Amstedam, dans le cadre de la sortie de l’album « Dog in the sand ». Frank Black & The Catholics est un épisode de la carrière de Charles Thompson, qu’il a vécue entre 1997 et 2003, une aventure concrétisée par la publication de 6 albums. Après la sortie de « Show Me Your Tears », les Pixies vont se reformer. Et en écoutant ce disque, on se rend compte que ce come-back cogite dans la tête de Black ; car si la setlist réunit une majorité de titres issus du répertoire de FB&TC, il épingle également plusieurs morceaux du quatuor mythique bostonien. A l’instar de la plupart de ses concerts accordés sous cette formule, Black est généreux. Il lui arrive de jouer pendant deux heures de suite. Et cet enregistrement en public, dont 17 titres ont été sélectionnés, en est une belle démonstration. Outre l’excellente qualité sonore de cet elpee, on retiendra les interventions fréquentes de Rich Gilbert à la pedal steel, et bien sûr la voix unique de Frank qui propage une frénésie communicative à l’ensemble des compos interprétées lors de ce concert…

 

Frank Black

Svn Fngrs

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De son véritable nom Charlie Michael Kittridge Thompson IV, Black Francis alias Frank Black nous propose son 15ème album solo. Un mini elpee. Découpé en 7 titres, il ne va pas au-delà des vingt minutes. Un disque qui s’inscrit dans la lignée de « Bluefinger », paru l’an dernier. C’est-à-dire davantage dans l’esprit des Pixies. Encore qu’après avoir écouté attentivement les compos, les nuances sont bien plus subtiles. « The seus », morceau qui ouvre la plaque, campe un hybride entre punk, blues, hip hop et funk blanc. Il s’agit également du single. Un titre mordant qui aurait pu naître d’une rencontre entre Rage Against The Machine et Captain Beefheart. Caractérisé par sa basse propulsive et sa jolie mélodie, « Garbage heap » rappelle « Here comes your man », alors que « I sent away » campe une sorte de boogie post punk plongé dans un climat menaçant, digne du « I feel like a wog » des Stranglers. Finalement, la compo la plus ‘pixiesque’ est probablement celle qui clôt le cd : « When they come to murder me ». Hymnique, balisée par des drums implacables, on y recèle quand même, dans le refrain, une référence à Neil Young. Et c’est encore plus flagrant sur « Half man », une chanson plus basique hantée par une voix haut-perchée, rappelant, non pas le ‘loner’, mais Robert Pollard (Guided By Voices). Enfin, une frénésie acoustique hante le titre maître alors qu’apparemment plus allègre (NDR : imaginez la version du « Blue Suede Shoes » de Kevin Ayers revue et corrigée par les Stones), « The tale of lonesome fetter » joue sur les breaks du tempo. Il est même parfois carrément à l’arrêt, avant de repartir de plus belle.

Bref un opus bien agréable, au cours duquel le vocal primal, abrasif de Francis s’en donne à cœur joie (NDR : pensez à « Debaser »), les accords de sa guitare sont plus turbulents et excitants que jamais, et les interventions à l’harmonica judicieuses. Et si ce n’est pas un chef d’œuvre (NDR : l’album a été écrit, enregistré et mixé en 6 jours), ce « Svn Fngrs » n’en est pas moins très rafraîchissant…

 

Frank Black

Bluefinger

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Frank Black est de retour et il a décidé d’opter pour le patronyme Francis Black. Pourquoi pas ? Le plus important c’est le contenu de son nouvel opus. Et ce contenu nous réserve quelques bonnes plages, une bonne moitié des compos de « Bluefinger » -son quatorzième album solo !- lorgnant manifestement vers les Pixies circa « Trompe le monde ». Depuis le frénétique, aride et troublant (ce groove !) « Captain Pasty » au menaçant « Tight black rubber », en passant par le blues plus morbide que viscéral « Test pilot blues », une compo subversive entretenue par cette basse ténébreuse inexorablement pixiesque. « Threshold apprehension » également. Caractérisé par son riff de guitare staccato, emprunté probablement à Green Day, mais aussi et surtout les glapissements de Frank, « Lolita » aurait pu être chantée par Kim Deal, une chanson dont la mélodie pop me rappelle quelque part Suede et les inflexions vocales, Brett Anderson. Sans oublier la cover brutale, punkysante du « You can’t break a heart and have it » de feu Herman Brood. L’album rend d’ailleurs hommage à cet illustre artiste néerlandais (NDR : il a sévi chez Cuby & the Blizzards avant de fonder son propre groupe, Herman Brood and His Wild Romance. Il a également côtoyé, début des 80’s Nina Hagen. Mais il était également peintre et son œuvre est reconnue à travers le monde entier). L’abus de drogues et d’alcool l’a conduit au suicide en 2001 (se sachant condamné depuis plusieurs mois, il s’est jeté du toit de l’hôtel Hilton à Amsterdam). Deux autres compos lui sont ainsi dédiées. Tout d’abord « Your mouth into mine » et puis « Angels come to comfort you ». De structure traditionnelle au départ, cette dernière est progressivement épurée de chœurs célestes (NDR : quoique la sirène en fin de parcours soit plutôt de mauvais goût). Préposée aux backing vocaux, Violet Clark, l’épouse de Frank, en est la responsable. Elle partage également quelques duos avec son époux sur l’elpee. Et en particulier sur la ballade mid tempo et légère « Discothèque 36 » ainsi que l’excellent « She took all the money », dont les propriétés mélodiques sont manifestement contagieuses. En final, le titre maître consomme une intensité blanche crazyhorsienne, malgré son tempo lent et sa forme légèrement bluesy. Une bonne surprise !

Frank Black

Dog in the sand

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Depuis le split des Pixies, Frank Black éprouve toutes les peines du monde à faire décoller sa carrière solo. Il a pourtant gravé " Teenager of the year " en 1993, " The cult of Ray " en 1996, "Frank Black & The Catholics" en 1998 et "Pistolero" en 1999. Des albums de bonne facture, variés, oscillant de punk au metal en passant par le surf et la new wave. Mais dont le succès n'a été que trop confidentiel. En fait, le fantôme des Pixies hante encore la musique de Frank. Un spectre dont il ne parvient d'ailleurs toujours pas à se débarrasser sur les planches. Un passé qui lui est aujourd'hui plus préjudiciable que profitable. Pourtant, si Frank n'est pas encore au bout du tunnel, il faut reconnaître que son nouvel opus embrasse un nouvel horizon sonore.

Hormis " Robert Onion ", sur lequel Joe Santiago est venu donner un petit coup de guitare, et sous une forme plus countryfiante, " Bullet ", les autres compositions ont pris un virage à 180°. De country/rock il en est d'ailleurs question sur ce disque. A cause du recours à la steel guitar et à la pedal steel. Si l'influence du Band de Bob Dylan (" Blonde on blonde ") est évidente, celle de REM l'est paradoxalement encore davantage sur " St Francis Dam disaster ". Mais c'est l'empreinte des Stones qui est la plus marquée. Et en particulier celle de l'elpee " Exile on main street ". Une métamorphose due, en grande partie, à la participation d'Eric Drew Feldamn (Captain Beefheart, Pere Ubu). Non pas à la production, mais aux claviers et au piano. Il apporte une chaleur et une fluidité spécifiquement rock aux compositions. Rock'n roll même, le disque ayant d'ailleurs été enregistré sans edits ni overdubs ; en prise directe quoi ! L'opus recèle également l'une ou l'autre ballade. Abordée dans l'esprit d'Eric Burdon des Animals sur " The summer " et de Lennon dans " Stupid me " (NDR : surtout à cause de la réverb dans la voix !). Bref un superbe album qui risque cependant de troubler les fans de la première heure, mais aussi et c'est sans doute plus réconfortant, de lui attirer un public différent. Et au vu de la qualité de ce disque, il le mérite franchement !

Frank Black

Au bout du tunnel?

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Depuis le split des Pixies, Frank Black éprouve toutes les peines du monde à faire décoller sa carrière solo. Il a pourtant gravé 'Teenager of the year' en 1993, 'The cult of Ray' en 1996, 'Frank Black & The Catholics' en 1998 et 'Pistolero' en 1999. Des albums de bonne facture, variés, oscillant du punk au métal en passant par le surf et la new wave. Mais dont le succès n'a été que trop confidentiel. En fait, le fantôme des Pixies hante encore la musique de Frank. Un spectre dont il ne parvient d'ailleurs toujours pas à se débarrasser sur les planches. Un passé qui lui est aujourd'hui plus préjudiciable que profitable. Pourtant, si Frank n'est pas encore au bout du tunnel, il faut reconnaître que son nouvel opus embrasse un nouvel horizon sonore. C'est d'ailleurs principalement au sujet de ce 'Dog in the sand' que nous avons eu un long entretien…

" Au départ, le disque devait s'intituler 'Lano del Rio', mais le manager penchait plutôt pour 'The swimmer', alors que le batteur avait un faible pour 'I'll be blue'. Un jour, en me promenant, j'ai vu chien dans le sable, et cela a fait tilt ". Pas d'ordre alphabétique pour enchaîner les titres, cependant, comme sur les précédents opus ; même si au départ Frank en avait l'intention. " Nous avons décidé, après en avoir débattu entre nous, que 'Blast off' entamerait le CD et que le titre maître l'achèverait ". Enfin, à l'intérieur du booklet, des fossiles marins apparaissent en trame de fond, conférant à la pochette un petit aspect arty tellement caractéristique du design 4AD. A propos de son ancien label, la sortie simultanée de 'Complete B sides' des Pixies ne le dérange pas trop. Bien du contraire. " Rien de tel pour attirer plus de monde lors de mes concerts. Et puis pour la santé de mon compte en banque ! " Pour Frank, si les fans incarnent son inspiration, c'est parce que ce sont les mécènes. Il est l'artiste qui donne la représentation, et ils apportent l'argent. Un peu comme jadis…

Frank aime beaucoup la France. Sa cuisine, sa culture. Mais il ne baragouine que quelques mots dans la langue de Molière. Sur 'Blast off', il a ainsi glissé une phrase ('Union pour la promotion de la propulsion photonique') qui méritait bien une explication. " Il s'agit d'une organisation que je connais mal, mais qui s'intéresse à la planète Mars, en développant des arguments pour justifier le voyage pour s'y rendre. Robert Zubran est un personnage qui est beaucoup respecté dans l'industrie aéronautique. Il a travaillé autrefois dans la NASA avant de devenir interlocuteur privilégié chez CNN. En fait c'est un fameux personnage qui a toujours des bonnes idées à propos de ce périple. Il est même allé jusqu'à suggérer la méthode la plus efficace et la moins coûteuse pour réaliser le projet ; mais personne ne l'écoute. Faut dire que la bureaucratie et la lenteur du monde politique ralentissent considérablement les prises de décision ". 'Blast off' s'intéresse donc à ce voyage difficile entre la terre et Mars. Un voyage qui devrait durer entre 6 à 9 mois. " Je me demande ce que les passagers vont pouvoir faire pendant tout ce temps. Du point 'A' au point 'B' ". Mais pourquoi, alors évoquer dans la même chanson Samuel Beckett ? " Personnellement, voyager dans l'espace et vivre sur une autre planète est quelque chose de très abstrait. Et les abstractions me font penser à Samuel Beckett. Il était Irlandais, mais avait fait de la France sa deuxième patrie. Du moins, il avait décidé que sa deuxième culture deviendrait française. Ainsi donc, pour aller de la terre à Mars, tout le monde a son propre programme. Ses propres idées. Qu'elles soient politiques, économiques, financières, religieuses ou autres. Ce qui fait beaucoup d'opinions différentes à propos de ce qu'on devrait faire avec le nouvel espace à découvrir. Donc le sentiment qui circule dans la chanson c'est ma propre façon de voir les choses. Je retrouve ainsi l'Irlandais qui est en moi, le Beckett qui est en moi… "

Sur 'St. Francis Dam Disaster' il évoque un raz-de-marée qui a endeuillé la Californie en 1928. Un événement qui ne date pas d'hier, mais qui semble encore marquer la population de cette région, et surtout celle de Los Angeles. " J'ai vécu et grandi en Californie. On y voit de belles choses, mais aussi d'affreuses. Notamment dans le domaine de l'environnement. L.A. n'est pas une ville type comme on pourrait la connaître en Europe. C'est une métropole. Elle ne s'est pas américanisée. Elle est en quelque sorte futuriste. Et le responsable de cette situation est William O'Land (NDR : orthographe du nom pas garantie !), un ingénieur des eaux qui a imaginé la construction d'un immense barrage pour alimenter la ville en eau. La Californie pour le meilleur ou pour le pire ! Et sans cette alimentation en eau, L.A. serait un désert. L'eau détient donc ici le pouvoir. La métropole est-elle une bonne ou une mauvaise chose ? L'eau, la terre, le feu et l'air sont les quatre éléments fondamentaux de la nature. Ils sont plus puissants que l'être humain. L'eau va de la montagne à la mer. La détourner de son chemin naturel n'est techniquement plus un gros problème. Mais l'accident est toujours possible, car l'eau essaie toujours de trouver son propre chemin. L'eau a sa propre vision de son futur. C'est ce qui s'est produit en 1928. Il y a eu une gigantesque inondation qui a tout emporté sur son passage… et cette situation pourrait survenir un peu partout dans le monde… "

Frank a une aversion profonde pour les spots publicitaires, et il communique ce dégoût sur 'I've seen your picture'. Sympa, il me remercie pour avoir bien compris le sens de la chanson. " Parce qu'il y a beaucoup de monde qui en donne une interprétation erronée. Ce qui m'amuse. Nous sommes bombardés d'images. Je ne veux pas qu'on me prenne pour un socialiste, mais je suis opposé à cette publicité à outrance. J'ignore pourquoi ? Mais elle me rend malade. Tu sais, j'ai lu dans des magazines qu'on envisageait de mettre des panneaux d'affichage dans la stratosphère. Ce serait vraiment un comble ! On verrait la pub dans les cieux. Comme si on allait à la rencontre de la lune ou des étoiles. J'ignore si ce truc va se réaliser, mais j'ai des appréhensions. C'est un peu comme pour l'affaire des immenses panneaux solaires que la Russie imaginait y placer pour rendre la Sibérie plus lumineuse. Au premier instant, tu te dis que c'est génial, mais après mûre réflexion ; c'est une idée horrible et dangereuse… "

Joe Santiago est venu donner un petit coup de guitare sur 'Rober Onion', mais si cette chanson possède un climat proche des Pixies, ce n'est pas parce que l'ex guitariste des Pixies tient la guitare solo ; il s'est juste contenté de jouer de la rythmique. Autre invité de marque, Eric Drew Feldman. Ce vétéran qui a sévi dans le passé chez Captain Beefheart et Pere Ubu, avait déjà travaillé en compagnie de Frank. Mais sur le nouvel album, il y épand généreusement ses notes de clavier et de piano. Pourtant, Frank avait un jour déclaré que le recours à ce type d'instrument ne correspondait pas à l'esprit de sa musique. Il admet avoir changé d'avis, même si Eric avait déjà prodigué un peu de clavier sur 'Teenage of the year'. Et il remercie les Stones pour lui avoir ouvert les oreilles à ce sujet. Notamment à travers la chanson 'Sympathy for the devil'. Des Stones, le groupe a beaucoup écouté l'album 'Exile on main street' dans la camionnette. " Il était chargé dans un lecteur à 10 CD, et c'était toujours le premier qui passait. Parfois on en avait marre de l'écouter, et puis on le laissait quand même parce qu'on se disait qu'il était vraiment bien. "

Influence inattendue sur son nouvel opus : c'est celle de Dylan. Ce qui explique sans doute pourquoi le groupe a eu recours à une steel guitar et une pedal steel. Il faut croire que la formation voulait s'imprégner du climat laissé par le Zim, parce que 'Blonde on blonde' était également dans le fameux chargeur… " J'ai toujours aimé la musique de Dylan, depuis ma tendre jeunesse. Surtout son attitude faite de mystère et d'intellect, qui est intéressante. C'est difficile à comprendre. Il projette des images fortes dans ses chansons. Tu sais dans les années 60, un kid qui écoutait Dylan devait se demander ce qu'il racontait. L'impact politico-culturel d'une chanson comme 'Blowin' in the wind' est considérable, mais il faut avoir une certaine maturité pour comprendre son message… "

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Eric Burdon, un autre mythe des sixties a également exercé une influence sur le nouvel opus de Black. Et on le ressent très fort sur 'The swimmer'. " Exact ! J'ai un jour lu la critique d'un journaliste qui comparait ma voix à celle de Burdon. Et j'en étais fier. Oui, sur cette composition j'ai fait une fixation sur les Animals. Mais c'est particulièrement difficile à réaliser. On était un peu sur le mode de 'The house of the rising sun'. Dans le même style on a longtemps essayé de reprendre 'Sister isabel' de Del Shannon. Mais j'étais obligé de chanter une octave plus basse. Trop difficile, on a abandonné le projet ". Pour 'Stupid me', Frank a utilisé la reverb dans la voix, un peu comme Lennon. " J'allais oublier l'influence qu'il a eu sur moi. Jusqu'au jour ou un journaliste m'a dit que cette chanson lui faisait penser à Lennon. Teenager, j'ai beaucoup écouté ses disques…"

L'album a été enregistré sans retouches, ni overdubs. En prise directe quoi. " Il y a des groupes qui enregistrent en 4 à 5 jours, et d'autres qui campent pendant des semaines. Mixer et tout le bataclan pour ne tirer que le meilleur. Un peu comme si on voulait atteindre la perfection technique de Steely Dan. Après 15 années de route, cela fait du bien de se sentir musicien. S'asseoir près du producteur et discuter avec lui. Faire une prise et s'entendre dire : elle est bonne ! Le timing est là, les notes sont là, tout y est. Et c'est mieux que de toujours créer des fac-similés d'un morceau. On a déjà donné quand on était jeunes. "

Et pour terminer l'entretien, nous avons causé des OVNIS, mais vous ne saurez rien de la conversation, nous risquerions d'être fichés par les aliens…

Merci à Vincent Devos, Danièle (Aéronef) à Alice (Naïve).

(Version originale de l'interview parue dans le n° 91 - mars/avril/mai 2001 - de Mofo)

 

 

 

 

Frank Black

The Man In Black

Écrit par

Si Frank Black vient de se mettre au régime, il y a belle lurette que son inspiration est, elle, anorexique. Pourtant, l'empathie l'emporte toujours lorsqu'on rencontre ce très gros nounours gentil, pas amer pour un sou, et dont la foi –catholique mais sans l'Inquisition– dans le rock et sa musique est aussi grande que celle qu'il place dans les petits hommes déjà venus de l'espace...

Pourquoi avoir une nouvelle fois utilisé un deux-pistes pour enregistrer "Pistolero"?

Ça ne coûte pas cher et en plus, le résultat me paraît supérieur, parce qu'il me ressemble... C'est plus brut...

Es-tu parfois frustré par ton statut et le manque de considération dont tu fais l'objet?

Personne ne mérite de considération, en particulier dans le milieu du rock. On n'a jamais raison. On ne reçoit que ce qu'on mérite.

Mais les Pixies avaient inventé un concept ; et en les copiant, des groupes grunge ont gagné beaucoup plus d'argent que vous…

Mais j'ai gagné beaucoup d'argent ! On ne peut pas décemment être fâché parce que quelqu'un gagne plus que soi. Et puis, qu'est-ce qui compte? En ce qui me concerne, je peux me payer à bouffer dans n'importe quel restaurant!

Tu y vas souvent ?

Tout dépend de ce qu'on entend par ‘souvent’. Disons facilement deux fois par semaine. Mais qui n’établit pas le lien entre le plaisir et la nourriture? Pour beaucoup de monde, et j'en fais partie, manger est l'une des choses les plus importantes...

Tu te sens bien dans ta peau de ‘gros’?

Faut croire que non puisque j'essaie de perdre du poids en mangeant moins et en faisant de l'exercice!

Est-ce facile de faire régime?

C'est plus simple quand on a recours à un diététicien. Parce que s’imposer un régime personnellement, c'est dur... J'ai déjà perdu un peu poids –5 kilos, ce qui dans mon cas, n'est pas très significatif.

Et E.T. dans tout ca?

D'où vient cet amour de la langue espagnole que tu utilisais à la fois chez les Pixies et puis dans ta carrière solo?

Je crois que c’est dans ma culture ; je veux dire la culture américaine. Pourtant, je ne suis pas très bon en espagnol. Disons que je me débrouille.

Quel est ton avis sur la musique latino, très à la mode ici actuellement?

A Los Angeles, elle passe beaucoup à la radio ; mais on y entend davantage de trucs chicanos que de la musique cubaine, plus en vogue à New York ou Miami bien sûr. Cette idée de village global me plaît bien, comme d'ailleurs le fait que des musiciens issus de tous les horizons puissent passer leur musique dans des médias du ‘Wonderful West’.

Tu n'as pas de plan, du genre enregistrer un disque en compagnie des Gypsy Kings, par exemple?

Non, parce qu'ils font ce qu'ils font. Et puis, ils sont originaires de Bayonne. Moi je viens de Los Angeles.

Ton avis sur la politique de 4AD qui continue à piocher dans l'héritage des Pixies?

Je ne peux pas vraiment m'en plaindre puisqu’elle me permet de toucher des royalties... Ça ne me dérange franchement pas. C'est comme faire briller une vieille voiture...

Quelle est le point commun entre Billy Radcliffe (un des titres phares du dernier album) et disons… Alec Eiffel?

Les deux sont liés à l'aéronautique. "Alec Eiffel" est une chanson biographique à propos de la relation entre Alec et Gustave Eiffel, le constructeur de la tour Eiffel, considéré comme un pionnier de l'aérodynamique. "Billy Radcliffe" est aussi un récit biographique à propos du premier bébé né dans l'espace. Bien sûr, il vit, souffre et meurt à cause de l'aérodynamisme, étant ce qu'il est là où il vit. Peut-être est-il le fils spirituel d'Alec Eiffel...

La simplicité semble être la base de ce que tu proposes actuellement. Penses-tu que la scène rock est trop cérébrale?

Non (il rit)! Elle ne me semble pas cérébrale du tout. Le rock est ce qu'il est. Je crois au rock'n'roll ; mais je ne crois pas forcément à la scène rock actuelle. Elle est une simple pierre dans la statue du rock.

Penses-tu appartenir au présent, au passé ou être un visionnaire?

Je suis du passé et du présent, mais c'est gentil de dire que je suis aussi du futur!

Tu t'attends à quelque chose de spécial de la part des extra-terrestres pour l'an 2000?

Non, je ne crois pas à cette connerie de l'an 2000!

Mais tu crois aux martiens…

Certains jours oui, d'autres non. Tout dépend de quel côté de mon lit je sors le matin (rires).

Le ‘Jeffe’ et les catholiques vont-ils lancer une inquisition rock'n'rollienne?

Non, non. Nous sommes de mauvais catholiques, à l'esprit ouvert et large, des libéraux... Bien que je doive avouer quelques fantaisies sexuelles, du genre attacher des filles et les ‘torturer’. Mais rien de sérieux comparé à l'inquisition espagnole.

Dernière question: tu as des nouvelles de Kim et des autres ?

Les autres ont aussi un nom, tu sais? En fait, je vois tout le temps Joe. Quant aux autres, pas de nouvelles! Pas une lettre, un coup de téléphone... Rien! Nada!

(Article paru dans le n° 74 de juin 1999 du magazine Mofo)

 

Frank Black

The cult of Ray

Revoici Charles Thompson alias Frank Black avec un troisième album solo sous le bras. Son titre? "The cult of Ray" choisi en hommage à l'auteur de science fiction, Ray Bradbury. Première constatation, l'ex leader des Pixies est revenu à un style plus basique, plus instantané, plus cru. Plus punk quoi. Ou plutôt punkcore. Caractérisé par cette construction menaçante négociée dans l'esprit du défunt et mythique groupe bostonien. Encore qu'au fil de l'écoute notre jugement se charge de nuances. A cause des multiples références volontaires ou involontaires qui remontent à la surface. Fait inhabituel dans le chef de Frank, il faut le souligner. Dispensées sous la forme de clins d'œil à l'histoire du rock 'n roll. Qu'il adresse tantôt à Clash ("Men in Black"), aux Eagles ("The last stand of Shazeb Andleeb"), aux Doobie Brothers ("You ain't me"), aux Stones ("The adventure and the resolution"), à Dead Kennedys ("Dance war"), au Who voire aux Kinks sur le titre maître. Et pour ceux qui se procureraient les premiers exemplaires de ce disque, aux Pistols sur "Everybody got the beat", fragment qui figure sur un EP de quatre titres, réservé à l'édition limitée du CD. Il y en a bien d'autres, mais nous vous laissons le soin de les découvrir. Frank Black semble en tous cas avoir pris un énorme plaisir à enregistrer "The cult of the Ray". Un disque où muscle, âme et passion se rejoignent dans une même intensité mélodique.

 

Frank Black

Teenager Of The Year

Deuxième album solo pour l'ex-leader des Pixies. Et première constatation, il est double. Enfin presque, puisque le second morceau de plastique se résume à trois versions différentes du single "Headache". Soit un total général qui s'élève à vingt-cinq fragments. Avec ou sans boulier compteur!... Si "Teenager Of The Year" affiche encore certaines spécifications propres au défunt et mythique groupe bostonien (ligne de basse menaçante, riffs de guitare vicieux, corrosifs, breaks vertigineux, changements de tempo, vocal écorché), il faut regretter que la plupart des compositions semblent avoir perdu une bonne dose de leur adrénaline. Au profit d'un popcore arrosé de claviers rognés ou allègres, enrobé d'arrangements de cuivres, voire épicés de twang hawaïen, de country, de reggae ou de romance. Attention, cet opus reste d'excellente facture, mais les inconditionnels des Pixies auront l'impression que la matière première a été passée à l'attendrisseur...