Pas d’amis, pas de douleur pour Johnnie Carwash…

« No Friends No Pain », c’est le titre du nouvel elpee de Johnnie Carwash. En attendant, il nous en propose un extrait, sous forme de clip, « Aha (it's ok) ». Ballade pop façon The Drums, « Aha (it's ok) » est un morceau mélancolique qui a conservé la…

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Fuzz

Back to the end of the sixties…

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Ce samedi 4 mars, l’Aéronef accueille trois groupes : Death Valley Girls, Hooveriii et en tête d’affiche, Fuzz, un des nombreux projets de Ty Segall. Ce chanteur, guitariste et batteur californien est tellement prolifique qu’il est parfois difficile de s’y retrouver dans sa discographie, d’autant plus qu’il multiplie les collaborations. Fondé en 2011, Fuzz est un trio réunissant Ty (qui se charge des fûts et du chant), le guitariste Charles Moothart (également frontman, sixcordiste chez CFM et batteur au sein de différents projets de Segall) et le bassiste Chad Ubovich (frontman, sixcordiste chez Meatbodies) qui a remplacé Roland Cosio, en 2013.

Lorsque nous débarquons dans la salle, Hooveriii vient d’entamer son set et il doit y avoir plus ou moins 700 personnes, dans la fosse. Elle est, en tous cas, bien remplie, réunissant pour la moitié des trentenaires et des quadras, mais aussi des jeunes –beaucoup de filles– d’une vingtaine d’années. Etonnant, vu le programme qui va suivre !   

Hoveriii (NDR : prononcez Hoover Three) est une formation californienne, dont le dernier album, « A round of applause », est paru en juillet de l’an dernier. C’est son sixième, si on ne tient pas compte du mini LP « Highland Park TV », publié en 2018. Bert Hoover en est le leader. Il est aussi chanteur/guitariste, tout comme Gabe Flores. Le line up est complété par le bassiste Kaz Mirblouk, le préposé au mini-synthé/MPD James Novick (un bonnet enfoncé sur le crâne) et le batteur Owen Barrett. Hormis Gabe, dont la chevelure est abondante, mais bouclée, ils portent tous des cheveux longs et même pour le leader, très longs. 

Première constatation, le son est puissant, voire un peu trop. Au bout de quelques minutes, il faut se résigner à s’enfoncer des bouchons dans les oreilles. Dommage, car on perd inévitablement une fréquence des aigus. Au cours de son set, le band va nous proposer une sorte de kraut/space/psyché/blues rock dont les références oscillent de Can à Allman Brothers Band, en passant par Hawkwind et Pink Fairies. Malgré le tourbillon de riffs et le mur de son spatial, viscéral et fuzz, le sens mélodique est souvent préservé, d’autant plus que les deux chanteurs ont des voix bien timbrées ; cependant, comme elles se conjuguent rarement en harmonie, elles glissent plus difficilement dans les portugaises (NDR : sans les bouchons, évidemment…)

Photos Ludovic Vandenweghe

Place ensuite à Fuzz. Le trio entame le concert par « Let it love », une compo qui s’ébroue dans le psychédélisme atmosphérique, avant d’opérer une accélération, déjà fulgurante (NDR : les sonorités dispensées par la guitare rappellent celles d’Adrian Gurvitz, du band londonien The Gun, un trio qui avait décroché un hit en 1968, « Race with the devil »). Le combo embraie par « Fuzz's Fourth Dream », d’abord sous la forme d’un blues avant de changer complètement de direction en mettant la gomme. Une construction qui va se reproduire régulièrement au cours du show. L’ombre de The Cream plane (NDR : composé du guitariste chanteur Eric Clapton, du bassiste chanteur Jack Bruce et du batteur Ginger Baker, The Cream était un supergroupe qui a sévi de 1966 à 1968). Mais parfois aussi celles de Groundhogs ou de l’Allman Brothers Band (encore !) …

Dès le quatrième morceau, des audacieux se lancent dans le crowdsurfing, discipline qui va perdurer tout le concert. Ty Segall assure donc le drumming et le chant. Pas vraiment facile à coordonner, mais Ty a de l’expérience et il a une frappe d’enfer. Parfois, on aurait cependant aimé qu’elle soit plus souple. Sur certaines compos, Charles Moothart se consacre également au micro. Notamment sur « Rat race ». Mais c’est sur sa guitare qu’il étale toute sa technique. Encore que lorsqu’il en rajoute plusieurs couches, la démonstration devient gratuite. Si c’est sa manière d’improviser, il n’y a pratiquement plus que les solistes des groupes de métal qui déversent gratuitement un tel flux de notes. Enfin, c’est une question de goût !

Au bout d’une demi-heure de set, Ty s’adresse à la foule pour la première fois et demande : ‘How are you ?’, ajoutant ensuite ‘That’s good’, alors que quasiment personne dans l’auditoire n’a répondu. Lorsque la guitare épouse la voix, votre serviteur ne peut s’empêcher de penser à Taste, trio irlandais qui a sévi à la fin des sixties, et dont le sixcordiste n’était autre que Rory Gallagher. Décidément, les références aux sixties se multiplient. De jolis lasers blancs balaient le podium lors du fiévreux « Say Hello », un morceau qui tout naturellement va prendre de la vitesse en cours de route. Une certitude, le light show est vraiment superbe et évolue bien en phase avec la musique. Tout au long d’un autre blues, « What’s in my head », la basse et la guitare se lancent dans un long bavardage. C’est le titre qui clôt le concert.

Le trio remonte quand même sur l’estrade pour accorder un rappel. Ty concède une seconde fois, quelques mots à l’auditoire. Enfin, pas grand-chose, simplement ‘Thank you !’. Pas très bavard l’artiste. Et la soirée s’achève donc par « Time Collapse/The 7th terror », un morceau caractérisé par son groove entêtant, mais toujours dans l’esprit revivaliste du concert au cours duquel, Fuzz aura puisé dans ses trois elpees, gravés à ce jour…

Photos Ludovic Vandenweghe, ici

Setlist

Let It Live

Fuzz's Fourth Dream

Loose Sutures

Sleigh Ride

Nothing People

Returning

Rat Race

Spit

Jack the Maggot

Earthen Gate

Raise

Say Hello

What's in My Head

Rappel

Time collapse / The 7th terror

(Organisation Aéronef)

The Fuzztones

Un tourbillon de psyché garage...

Écrit par

Il revenait à la formation Sheetah et les Weissmuller d'ouvrir la soirée. Un ensemble issu de l'Hexagone qui ne manque pas d'enthousiasme. Enturbanné, le chanteur ne tient pas en place et arpente constamment la largeur de la scène. La plupart du temps, il chante dans la langue de Molière. Mais le plus dérangeant procède de sa voix, dont le timbre est un peu trop proche de celui de Claude François, à mon goût. Le drummer et le percussionniste semblent prendre leur pied. Ce dernier a même suspendu des crânes en caoutchouc sur le support de son tambourin,  crânes qui agitent la mâchoire lorsqu'il frappe sur la toile. Et le bassiste, qui arbore un superbe et immense badge du « Prisonnier » soutient parfaitement ce tandem déchaîné. Plus discrets, le guitariste et le claviériste (NDR : physiquement on dirait un hybride entre Arno et Dave Formula) canalisent les mélodies. Reste un deuxième claviériste, perdu à gauche de la scène qui passe la plupart de son temps à frapper sur un tambourin. La musique de Sheetah et ses Weissmuller est coincée quelque part entre garage (normal), yé-yé, twist et rock 'bleu blanc rouge'. Et si lors de leur set, l'ombre de Gainsbourg (la reprise de « Conctact »), de Dutronc (NDR : le final « Je cherche, mais je ne trouve pas ») ou de Bijou planent sur les meilleurs titres, le manque de relief des compos finit par lasser.

Le Fifty Foot Combo remplaçait au pied levé les Seeds, qui avaient déclaré forfait quelques jours plus tôt (NDR : problème de santé du chanteur !). Une formation basée à Gand qui compte en son sein un guitariste espagnol et une claviériste française (NDR : issue de Marseille, pour être plus précis). Un sextuor dont la réputation de groupe de scène a envahi toute l'Europe. Dès que l'ensemble monte sur les planches, l'attention est immédiatement focalisée sur la claviériste. Si son physique lui aurait sans soute permis de jouer dans « Pulp fiction » de Tarantino, ses gesticulations et ses poses semblent le fruit d'un cocktail d'humour, d'extravagance et de sensualité. On a même parfois l'impression qu'elle atteint l'orgasme sur son clavier (…) Un clavier fluide qui infiltre toutes les compos du combo. Des compos qui mélangent allègrement garage, soul, punk, rock, surf et psychédélisme. Dans l'esprit des Trashmen, de Link Wray, des Ventures ou encore de Question Mark & The Mysterians. Une seule règle : la musique est exclusivement instrumentale. Enfin, presque. Puisque un des guitaristes vient quand même chanter de sa voix rocailleuse un blues crapuleux. Ce sera l'exception qui confirme la règle. Ce gratteur et le soliste espagnol (NDR : en cours de set, il présente les musiciens dans la langue de Cervantès !) se complètent à merveille, même si ce dernier semble davantage privilégier les accès de funk. A l'arrière, le drummer et le percussionniste (NDR : il est coiffé du même chapeau que John Mc Crea) impressionnent par leur virtuosité. Ils nous réservent même un petit exercice de style tribal, en terminant leur prestation sur la même caisse de batterie. Et finalement, c'est le bassiste qui déménage le plus. Il est également le leader du groupe. Pétillante, sauvage, exaltante et stylisée, leur prestation sera à la hauteur de leur réputation ; le groupe nous accordant même une cover exquise du « Banana split » de Lio. Et s'il est vrai que la présence d'un vocaliste pourrait apporter un plus à leur musique, il faut admettre qu'ils sont vraiment uniques en leur genre. D'autant plus qu'en concert, ils se produisent en compagnie de go-go girls. Qui étaient absentes à Lille. Dommage !

Pas de balances pour les Fuzztones. Le montage du matos, les quelques réglages et le rapide soundcheck sont effectués quelques minutes avant l'entrée en scène des musiciens. Une technique plutôt inhabituelle, lorsqu'on sait que certains artistes ont souvent besoin d'un temps infini pour être et parfois même ne pas être au point, le moment voulu. Faut dire que les Fuzztones sont nés en 1982, et que nonobstant quelques pauses survenues depuis, la scène n'a plus de secret pour eux. Le temps de jeter quelques 'set lists' sur le sol, et le concert peut commencer. Le quintet monte sur les planches en affichant un look plutôt gothique. Rudi Protrudi n'a pas changé depuis 20 ans. Sa longue chevelure de jais retombe sur les épaules de son immense carcasse. Lunettes noires, t-shirt à l'effigie de Love, il empoigne le micro d'une main et le pied de micro dans l'autre pour poser le baryton profond de sa voix. Un pied de micro qui va en voir de toutes les couleurs le temps de deux morceaux. Il harangue la foule, s'approche du bord de la scène et se penche vers le public, qui essaie de toucher son idole ( ?!?!?). A sa droite et à sa gauche, le guitariste et le bassiste exhibent une drôle de gratte. Sculptée dans une caisse à la forme plus ou moins hexagonale, elle répond au nom de Vox Phantom. A l'arrière, le drummer assure sobrement et efficacement, pendant que la claviériste toute de noir vêtue (NDR : très jolie !), se tient en station debout, les jambes écartées (NDR : évidemment, il y en a encore qui vont comprendre de travers, hein ! Bande de polissons…), derrière son orgue, instrument qui lui permet de napper les mélodies de ses fameuses sonorités rognées. Passé les deux premiers titres, au cours duquel un inconscient est parvenu à jeter le fond de sa bière sur une des pédales de disto (NDR : bonjour les grésillements !), Rudi ôte ses lunettes et empoigne sa guitare. Et le répertoire des Fuzztones peut déferler. La plupart des titres de son dernier album (« Salt for Zombies ») se succèdent, entrecoupés de standards comme « Strychnine » ou « Cinderella ». Pratiquement pas le temps de respirer, puisqu'un véritable tourbillon de psyché garage croustillant, rafraîchissant, parfois trempé dans le feedback, se met à déferler. Et le public ne s'y trompe pas, puisqu'il réagit en pogotant frénétiquement sur le devant de la scène. Episodiquement, Rudi sort un harmo de sa poche, pour y souffler des poussières de blues. Et probablement pour rendre un hommage à feu leur ami Screamin' Jay Hawkins. Un set ténébreux, hanté par le spectre du célèbre bluesman, sans la moindre faille et terriblement excitant (NDR : quel groove !) qui trouvera un prolongement à travers deux rappels. Au cours du premier, les Fuzztones vont nous servir une longue compo sculptée dans le bruit blanc. Du psychédélisme à l'état pur ! Et puis une chanson au cours de laquelle le soliste abandonnera ses six cordes pour un theremin. Un seul regret : l'assistance : 350 à 400 personnes pour assister à la prestation d'une légende comme les Fuzztones est totalement incompréhensible. D'autant qu'ils ne se produisent pas souvent chez nous. D'ailleurs, suivant la formule consacrée, les absents ont eu tort !

 

 

 

The Fuzztones

Raw Heat (The real sound of In Heat)

Écrit par

En 1989, les Fuzztones publiaient “In heat”, un disque alors produit par Shel Talmy. La mise en forme, Le groupe semble ne jamais trop avoir digérée, puisqu’il a décidé de rééditer le disque sous sa mouture originale. En fait, à l’époque, Rudi Protrudi et Ian Astbury, el chanteur de The Cult, s’étaient liés d’amitié. Ce qui avait permis à la formation new-yorkaise de décrocher un contrat chez Beggars Banquet (NDR : alors une compagnie major !) Mais lorsque les bandes sont arrivées chez le label, il a fallu les relifter. La boîte estimait que leur musique était trop rude. L’écurie a donc choisi Shel Talmy, un producteur notoire qui avait notamment bossé pour le Who et les Kinks, pour effectuer l’opération. Le résultat et catastrophique, puisque les morceaux sont constamment noyés sous l’orgue ‘cathédralesque’, un peu comme chez certains groupes de hard rock atmosphériques.

La nouvelle version du disque est donc la plus proche possible de l’originelle. Le groupe avait même conservé les démos, dans le plus grand secret. Rudi et Jordan Tarlow (Outta Place) se sont chargés de traiter les plages, suivant leur propre philosophie ; et l’ordre du tracklisting a été complètement chamboulé. Et le résultat est plutôt concluant, puisqu’on y distingue enfin les autres instruments, et notamment les guitares ainsi que l’harmo, qui font la marque de fabrique du combo de garage revival. La bande à Protudi a voulu remettre les pendules à l’heure. C’est donc fait !

Après plus de trente années d’existence, les Fuzztones sont encore en activité et leurs prestations ‘live’ toujours aussi excitantes. Si en 1989 ils surfaient sur une vague garage, propulsée par des Chesterfield Kings, Lyres ou enocre Cynics, aujourd’hui ils peuvent se targuer d’avoir enfanté des héritiers aussi prestigieux que les Strokes ou encore et surtout The Hives…

 

 

The Fuzztones

Preachers to the perverted

Écrit par

Les Fuzztones comptent déjà 31 ans d’existence. Bien sûr la formation new-yorkaise s’est accordé une pause à la fin des nineties ; mais elle est toujours demeurée fidèle à son style garage. En concoctant ce nouvel opus, la bande à Protrudi a voulu restituer le son le plus proche possible des disques enregistrés au cours des sixties. Ainsi la voix de Rudi est bien (trop) mise en relief alors que les drums n’en ont pratiquement pas. Et puis ces chœurs ringards à la Yardbirds me restent sur l’estomac. Résultat des courses, on a l’impression que les compos sont sous-produites. Certains vont adorer, d’autres détester. Perso, j’estime que si l’elpee recèle de bonnes chansons, une meilleure mise en forme, pas nécessairement optimale mais au moins soucieuse de l’équilibre entre les différents instruments, leur aurait permis de faire la différence. Néanmoins, on épinglera quand même l’hymnique « Between the lines », l’énigmatique « Flirt, hurt & desert », les excellents « Invisible » et « Don’t speak ill of the dead », deux plages réminiscentes du Floyd circa « The Piper at the Gates of Dawn », la première menaçante et la seconde fiévreuse, ainsi que le presque stoogien « Old », un titre hypnotique, au cours duquel le chant de Protrudi est aussi déclamatoire que celui d’Iggy Pop. Pour le reste, pas de souci, on retrouve ce climat malsain entretenu par ces cordes de guitare psychédéliques, filandreuses, frémissantes et l’orgue Vox tout à tour rogné, fluide, poussiéreux et même atmosphérique sur le ‘manzarekien’ « Lust pavillon ». Mais au final, on a beaucoup de mal à assimiler ces sonorités brutes de décoffrage. Une petite déception.

 

 

Fuzzy Lights

Twin feathers

Écrit par

L'album s'ouvre par l'instrumental « Obscura », quelques notes volées à un xylophone traînant dans un grenier poussiéreux, un vent tourbillonnant soufflé par un violon larmoyant, le tout appuyé par les pleurs d'une scie aux dents longues. J’appréhende alors déjà le pire. A savoir d'être submergé tout au long de ce « Twin feathers» par un pathos conférant à la mièvrerie. Sur mes gardes, je tends l'oreille à « Fallen trees ». Serpentant au sein d’un climat inquiétant, quelques larsens avancent à la lisière d'un chemin. Le violon de Rachel Watkins fraie avec le diable, entamant une triste danse. Ici, au centre de cette clairière, la douce choisit d'entamer son chant aux résonances moyenâgeuses. Irritant. Bientôt, le tout est emporté dans un final pompeux où de manière incompréhensible, la batterie s'estompe quand justement elle gagnerait à monter en puissance.

Je reste peu convaincu par tant d'esbroufe maladroite. J'en viens à me demander si je n'écoute pas une énième resucée de Mono ou Presence of Soul, tant ce final frise la grandiloquence parfaitement affirmée des deux précités. J'hésite encore à me prononcer. Nippon, ni mauvais. J'attends la suite. La voix de monsieur Watkins prenant le pas sur celle de son épouse, dès le troisième titre, ce « Through water » s'avère de meilleure facture et bien moins maniéré. De quoi présager une suite moins énervante. Passé l'interlude « The Museum song », où le violon se garde d'en faire trop, l'ambiance feutrée de « Lucida », et l'agréable « Rituals », aux guitares diluées dans un delay de fond, « Shipwrecks » retombe hélas dans les travers de production, noyant la batterie dans les tréfonds de guitares saturées. Agacé, mais au final loin d'être frustré, je me laisse aller au decrescendo en apesanteur de « Slowing time », avant que « The sea and the heather » ne clôture cet opus tout en douceur.

Au bout du compte, aucun morceau de bravoure mal assumée de cet album ne viendra le sauver d'un anonymat où Fuzzy Lights est pour l'instant condamné à errer.

 

Fuzz Orchestra

Comunicato N°2

Écrit par

C’est toujours avec une certaine appréhension que je vois atterrir dans ma boîte aux lettres, les Cd promos estampillés du logo de Mandaï Distribution. Bien que j’admire le courage commercial de ce distributeur d’enregistrements indépendants, j’avoue à ma grande honte que ses produits, souvent difficiles d’accès, me laissent souvent indifférent. « Communicato N°2 » des Italiens de Fuzz Orchestra pourrait bien changer un peu la donne.

Fuzz Orchestra est né en 2005. Il a été fondé par trois des quatre membres de Bron Y Aur. Objectif ? Créer un groupe différent dont la musique serait basée sur une improvisation construite autour d’une structure rock et de manipulation sonores. En clair : on s’enferme dans un studio, Luca improvise de gros riffs de guitare, Marco y colle la batterie, on s’enregistre et Fiè bidouille les bandes en y ajoutant des sons aussi divers et variés que des discours de Mussolini, des extraits de films (italiens), des sirènes, etc. Plutôt surprenant, surtout que parfois, l’improvisation débouche sur un résultat d’assez bonne facture. Comme par exemple l’excellent « Focu d’Amuri » où un énorme riff doom métal est mixé avec un sample de l’harmonica de la B.O. du ‘Il était une fois dans l’ouest’ d’Enio Morricone et à un chant féminin relativement exotique tiré d’un film italien quelconque. A d’autres moments, par contre, les improvisations et les bidouillages digitaux sont beaucoup moins heureux et débouchent sur une bouillie sonore plutôt imbuvable. Au rayon ‘horripilant’ on notera aussi l’abus d’utilisation d’un saxophone dissonant qui, s’il donne un côté jazz rock à la musique, agresse quand même un peu l’oreille de l’amateur de rock pur et simple. Sur « Luglio 01 », le titre le plus accessible de l’album, le chant (en italien) vient apporter une couleur Black Sabbath ‘vintage’ bienvenue.

Bien loin d’être un disque de mauvaise facture, « Communicato N°2 » nécessite cependant une certaine acclimatation pour être apprécié. La guitare lourde et les rythmes lents pourraient probablement plaire aux amateurs de doom métal les plus ouverts ou aux inconditionnels du rock expérimental.

The Fuzztones

Horny as hell

Écrit par

Pour enregistrer son nouvel essai, Rudi Protrudi est parvenu à convaincre ‘Mad’ Mike de revenir frapper sur les fûts. Comme entre 1986 et 1992. Forgeant pour la circonstance une section d’enfer en compagnie du bassiste Screamin’ Bo Pille. En outre, le New-yorkais a bénéficié de la participation de backing vocals féminins et reçu la collaboration d’une section de cuivres. Des cuivres qui apportent une coloration r&b particulièrement chaleureuse, fiévreuse même, à la plupart des plages de l’elpee. Ajoutez-y la conjugaison cinglante entre les guitares de Protrudi et de Lenny Silver ; et puis bien sûr les claviers Hammond C3 subrepticement rognés par Lana Loveland. Il ne reste plus qu’à la voix vitale et énergétique de Rudi à faire le reste. Et ma foi, le résultat est concluant. Enfin, si vous êtes un aficionado de garage inspiré par les sixties. Celui des Monkees, Dave Clark Five, Crying Shames ou encore des Sonics, pour être plus précis.

L’opus recèle de nouvelles versions d’anciennes compositions. Tout d’abord « Ward 81 ». Ensuite « She’s wicked ». « Cheyenne rider », également. Une adaptation très réussie d’un titre signé par Jordan Tarlow et Mike Czekaj, deux ex-membres des Fuzztones. Cette plage pourrait même figurer au répertoire des Fleshtones. Le disque épingle également toute une série de covers, dont le « Garden of my mind » de Mickey Finn, « Girl, you captivate me », un morceau signé DiFrancesco/Dischel popularisé par ? & The Mysterians, le « Be forewarned » de Pentagral » ainsi que le « 99th floor » de Billy F Gibbons. Issu de la plume d’un certain Ceynowa, « Black lightning light » baigne d’abord dans des sonorités de claviers ‘deepurpleliennes’ (NDR : pensez à « Child in time »). Et pourtant ce n’est pas Jon Lord qui siège derrière l’orgue. Avant de s’autoriser un petit trip dans la prog et de glisser finalement vers un r&b garage digne du Spencer Davis Group. Une compo de 7’43 ! Signalons encore la présence du bassiste et du chanteur des Pretty Things, Wally Waller (il partage les harmonies vocales) sur une cover des Pretties, « Alexander ». L’elpee recèle enfin un morceau absolument fantastique et irrésistible : « Third time’s the charm » (NDR : cette voix caverneuse de Protrudi ! Brrrrrr…) Et il n’est pas interdit de danser. Excellent !

 

The Fuzztones

C est dans les vieilles marmites qu on fait la meilleure soupe...

Écrit par

Vétéran de la scène garage, Rudi Protrudi a fondé son premier groupe, King Arthur's Quart, en 1966. Entre 1976 et 1983, il a sévi chez le très obscur Tina Peel, avant de fonder les Fuzztones. Une formation devenue aujourd'hui légendaire. Bien sûr l'aventure a vécu quelques pauses ; mais elle a eu le mérite de refaire régulièrement surface. Albums et tournées à la clef. A l'issue du set accordé à l'Aéronef de Lille, ce 2 avril, Rudi nous a accordé cette très longue interview. Faut dire que vu son parcours, il a de quoi raconter…

Les Strokes, le Hives, Mando Diao, les Von Bondies ou encore les Detroit Cobras, n'ont rien inventé. Les Fuzztones non plus, d'ailleurs. Mais Rudi ne s'en cache pas, et ne s'en est d'ailleurs jamais caché. Cherchant à perpétuer ce qu'il considère comme le véritable héritage du rock'n roll : Les Animals, Them, les Doors et les Stones d'avant 1969 en tête. A un tel point que parfois, on imagine que les compilations 'Nuggets' et 'Peebles' sont devenues sa Bible ou son Coran. Rudi s'en défend : " J'apprécie ces anthologies. Elles sont importantes. Et donnent l'opportunité au public novice de découvrir ces groupes. Mais aussi à ceux qui n'ont pas les moyens de se procurer les singles de cette époque qui se négocient à des prix exorbitants, de compléter leur compactothèque. Bien sûr, les Fuzztones sont influencés par ce type de musique ; mais également par le rock'n roll des 50's. Même par les New York Dolls. Notre répertoire d'influence est très ample. Nous ne nous contentons pas d'explorer un créneau musical unique. Nous ratissons large. J'ai fondé mon premier groupe dans les 60's. J'ai découvert les 'Pebbles' au Top 40 au cours de mon adolescence. Dès 1966 ! Et en particulier les Seeds, The Blues Magoos et Music Machine. Difficile de croire que ces formations atteignaient le top 10 à cette époque. On n'appelait pas cette musique garage, mais le top 40. Je suis très heureux que cette musique refasse surface. Qu'on la rende accessible. Et de toutes façons, on l'aurait fait nous-mêmes. Nous n'avons pas attendu… "

Rudi a joué en compagnie d'une multitude de musiciens. Et en particulier de ses idoles. Mais il rêve encore de se produire en compagnie de Bo Diddley et surtout de Jerry Lee Lewis. Il a aussi côtoyé une multitude d'artistes dont le Chocolate Watch Band, Vinnie Martell (le guitariste de Vanilla Fudge), Sean Bonniwell, Sylvain Sylvain des New York Dolls, Craig Moore et surtout feu le célèbre Screamin' Jay Hawkins. Rudi lui rend d'ailleurs hommage sur son dernier elpee, 'Salt for Zombies', en utilisant des enregistrements de sa voix entre plusieurs plages. Un peu comme s'il se manifestait outre-tombe. Rudi se confie : " C'était un ami. On s'entraidait beaucoup. Et bien qu'il soit disparu, il parvient encore à se manifester dans ma vie, de temps à autre. La nuit au cours de laquelle il est décédé, il m'avait appelé. Il vivait à Paris. Il n'était plus très jeune et perdait un peu la mémoire. J'avais beau lui répéter que je ne disposais pas de fax, c'était toujours ce numéro qu'il composait d'abord. Il m'appelait le plus souvent au beau milieu de la nuit, quand je dormais (NDR : ce qui peut se comprendre vu le décalage horaire !) Et lorsque je décrochais l'appareil, j'entendais le signal d'émission d'un fax. La nuit qui a précédé sa mort, il a de nouveau essayé de me contacter. Sans succès. Vous devinez facilement pourquoi. Le lendemain, j'ai appris la triste nouvelle. J'étais la dernière personne à qui il voulait parler. Et je ne saurai jamais ce qu'il avait voulu me dire. Note dernière conversation par téléphone s'était déroulée une semaine avant qu'il ne nous quitte. Et la dernière chose qu'il m'a dite est 'Rudi je ne vais pas mourir !' Et c'est dans cet esprit que j'ai enregistré ce nouvel opus. Pour honorer sa mémoire. Afin qu'il reste une trace. Personnellement, j'ai l'impression qu'il est toujours bien présent auprès de moi. Chaque soir, son esprit monte sur scène pour nous inspirer… Il adorait faire de farces. Peu de temps après sa disparition, il m'est arrivé une drôle d'aventure. Je traversais un pont au beau milieu de la nuit. Et il a éteint les phares de ma voiture. La nuit suivante, sur le même pont, il a recommencé la plaisanterie. J'aurais pu me tuer, mais je pense qu'il veillait. En fait c'est son sens de l'humour. Et les phares se sont rallumés après avoir franchi le pont… "

Pour concocter 'Salt for Zombies', Rudi a invité James Lowe des Electric Prunes et Sky Saxon des Seeds. Une manière de rendre hommage à ses héros. Protrudi confirme : " En fait, c'est assez facile pour moi. Je me lie facilement d'amitié avec mes héros. D'abord je les invite à bosser avec nous. Puis je les encourage à remonter sur scène. Et la plupart d'entre eux me remercient par après. James Lowe est probablement un des personnages issu des sixties avec lequel je m'entends le mieux. Un gars très intelligent, très terre à terre ; mais surtout très sympa. Sa célébrité ne lui a pas monté à la tête. Et puis, il m'a autorisé à reprendre certaines chansons des Electric Prunes, gratos. M'enfin, ces reprises étaient la moindre des choses que je pouvais faire pour lui… " Au cours de sa dernière tournée en Grèce, Mark Lindsay, le chanteur de Paul Revere & The Raiders, a rejoint les Fuzztones sur les planches. Pour deux shows. Rudi précise : " The Raiders étaient le premier groupe que j'ai vu en 'live'. En 1966 ! C'était une des meilleures formations sur scène. Mais la roue tourne. Et 38 ans plus tard, j'ai eu l'occasion de les remercier à ma manière… " Arthur Lee de Love appartient également au cercle des amis de Rudi. " Il y a quelques semaines, nous avons participé au festival 'The Deat' à Londres. Un festival qui s'étalait sur 3 jours. A l'affiche, les Yardbirds se produisaient le premier jour. Le lendemain, le Chocolate Watch Band. Et le surlendemain, Love. Nous avons rejoint Arthur backstage, à l'issue du set. On se débrouille toujours pour être sur la guest list. Notamment lorsque nous avons assisté au set 'live' des Pretty Things. C'était incroyable. Une conjugaison de musiciens talentueux au sein d'un des groupes majeurs de l'histoire du rock'n roll. En outre, ils ont encore capables d'écrire de bonnes chansons. Comme sur leur dernier album 'Rage before beauty'. Des gars très sympas, en plus. Nous nous sommes également liés d'amitié… Lors de l'enregistrement de notre dernier opus, Sky Saxon et James Lowe nous avaient rejoints. Pour le prochain, nous inviterons deux autres musiciens issus des années 60. J'ignore de qui il s'agira, mais j'ai déjà ma petite idée. Je connais beaucoup de monde issu de cette époque. Beaucoup d'entre eux jouent encore, même si certains ont abandonné depuis des lustres. Mais ils demeurent d'excellents musiciens. Et je compte en inviter régulièrement, lors de l'enregistrement de mes prochains disques… Mais mon rêve serait de jouer en compagnie de Bo Diddley et surtout de Jerry Lee Lewis… " Et Rudi a oublié de mentionner Syd Barrett auquel il voue une grande admiration, un profond respect. Evidemment, vu l'état de santé de l'ex Pink Floyd, ce serait une utopie. Et d'ajouter " Personne ne pourra jamais atteindre le génie de Syd. Il est la classe à lui seul… "

Rudi n'est apparemment guère branché sur la musique contemporaine. Même psychédélique. Les Warlocks, Spiritualized ou Madrugada : il n'en a jamais entendu parler. Il se justifie : " Je n'écoute pas la musique actuelle. Pas que je refuse de l'écouter, mais je ne tiens pas à dépenser mon fric pour des groupes dont je n'ai jamais entendu la moindre note. Les radios ne diffusent que ce que les compagnies majors souhaitent qu'elles diffusent. Elles imposent leur playlist. Je suis conscient de passer à côté de plein de choses que je ne peux écouter. Et par conséquent, pas acheter. Tu sais, les States constituent un big business. Et ce big business contrôle le monde de la musique. Ce qui explique pourquoi on ne nous balance que des conneries. Je suis complètement hors de ce circuit. Je ne comprends pas et je n'ai pas envie de le comprendre. Mais il est vrai qu'il faudrait que j'essaie d'écouter de la musique moderne. Si j'ai le temps… et l'opportunité… "

En 1983, les Fuzztones accomplissaient une tournée mémorable en première partie des Damned, sur le sol britannique. Rudi s'en souvient très bien : " Mémorable ? Tu parles ! Oui, oui, je m'en souviens très bien. Inimaginable ! Difficile de décrire les conditions dans lesquelles le périple s'est déroulé. Nous nous étions déplacés à 7 ou 8 personnes, le staff compris. Et tout ce petit monde était véhiculé dans un camion/caravane très inconfortable. Il n'y avait même pas de fenêtre et nous ne savions même pas où nous allions. Les Damned nous laissaient la moitié de l'éclairage et la moitié de la scène. Ils nous accordaient sept minutes de soundcheck. Et toutes les nuits, lorsqu'on se produisait, les fans nous crachaient dessus, nous jetaient des cigarettes allumées et des bouteilles. A cette époque, les fans purs et durs suivaient le groupe de concert en concert. Damned venait de sortir 'Phantasmagoria' et l'interprétait 'live'. Un album qui trahissait l'envie du groupe de prendre une nouvelle direction. Et je dois avouer qu'ils avaient fait le bon choix. Mais son public voulait du punk. Et il n'aimait pas cet album. C'est alors qu'il a réalisé que nous étions plus punk que les Damned ! Il a alors commencé à nous suivre. Nous avions, en quelque sorte, volé le public de Damned. Mais je pense que nous avions largement payé nos dettes. Après avoir vécu une telle aventure pendant trois mois, au cours desquels nous voyagions 8 à 12 heures par jour ou par nuit dans des conditions épouvantables, nous méritions vraiment cette reconnaissance. Mais avec le recul, il faut admettre que cette expérience a été salutaire… "

'Salt for Zombies', le dernier album des Fuzztones est partagé entre covers et compos personnelles. Enfin pas tout à fait, puisque ces dernières ont été écrites par son épouse. Qui décrit les expériences personnelles de Rudi. Une sorte d'autobiographie par personne interposée. " Je m'y dévoile. Je m'y livre. C'est la même chose pour les covers. Nous n'effectuons jamais de reprises qui ne veulent rien dire pour nous. Tout au moins les lyrics. Je choisis ces morceaux parce qu'ils me parlent et parce que j'estime l'adaptation possible. Si vous ne vous identifiez pas à la chanson, comment voulez-vous faire pour la communiquer à l'auditeur ? Aussi, je l'adapte en fonction de mon existence, de mes pensées et de mes expériences. A ce qu'on ressent et à la façon dont on regarde la vie… " Dans le passé ces textes lui ont valu des critiques acerbes. Un journaliste a même un jour pondu que les Fuzztones étaient à la misogynie ce que Tom et Jerry étaient à la violence écervelée. De quoi faire bondir Rudi : " Cette réflexion émane d'un critique ringard et ignare. Un type qui n'a jamais baisé. Et s'il l'a fait un jour, sa partenaire avait gardé sa petite culotte. Je ne suis pas un personnage de dessin animé. Ces journalistes sont incapables d'imaginer que quelqu'un puisse vivre différemment tellement ils sont formatés par le discours unique du politiquement correct. Je ne suis ni un misogyne efféminé ni un pédé ! Toute ma vie, j'ai dit aux femmes ce qu'elles devaient faire. Et elles l'ont fait. Les femmes aiment bien les mecs qui sont un peu machos. Ai-je raison ? (NDR : une fille dans le fond de la pièce répond par l'affirmative) C'est ce que je suis pour le meilleur et pour le pire. Car je suis le chef dans mes relations… " Pour en revenir à l'autobiographie, Rudi est occupé d'écrire la sienne dans un livre. Et il a déjà choisi le titre de son bouquin : 'Pissing in the wind' (trad : en pissant dans le vent). Mais est-il sûr de pisser dans la bonne direction ? " C'est ce que j'ai fait toute ma vie : pisser dans la bonne direction ! C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai eu du succès… et des échecs. Mais au moins je les ai vécus avec panache… " A l'origine, les Fuzztones véhiculaient une imagerie de la jeunesse typiquement américaine : les motos, les filles, le sexe, l'infidélité, l'alcool et la délinquance qui en découlait. Vingt ans plus tard, le message est-il identique ? Surtout lorsqu'on sait que le puritanisme a fait son chemin aux States. Rudi réagit : " Ben oui. Merde alors ! Nous n'avons plus rien à voir avec ce qui se passe aux Etats-Unis aujourd'hui. En fait, lorsque nous étions jeunes, nous symbolisions ce qui alimentait nos fantasmes. Des fantasmes, oui des fantasmes… Que nous n'avons concrétisés qu'à l'âge de 25 ans… "

A l'instar de la plupart des formations 'psyché/garage', la culture du Moyen-Orient a eu une influence majeure sur la musique des Fuzztones. Même indirectement. Rudi acquiesce : " Le psychédélisme des 60's était directement inspiré du Moyen-Orient. Cette musique est vraiment capable de vous transporter ailleurs. Et je m'adresse ici aux journalistes qui me traitent de pédé : j'aimerais savoir combien d'entre eux ont déjà consommé du LSD ? Je suis certain qu'ils n'ont pas la moindre idée des effets qu'il produit. J'ai pris cette substance depuis 1968, et je sais combien elle affecte la musique. Lorsqu'on ne sait pas de quoi on parle, on la ferme. Comment peut-on critiquer ce qu'on ne connaît pas ? Si vous affichez une appréciation saine pour les drogues psychédéliques, alors la musique orientale est un excellent moyen de transport. Elles agissent sur le système de perception auditive…. "

La plupart des médias considèrent 'Lysergic emanations' comme l'album de référence pour les Fuzztones. Evidemment, notre interlocuteur ne partage pas cet avis. " Personnellement je pense qu'il s'agit de 'Songs we taught the Fuzztones'. Pourquoi ? Parce qu'à l'époque, il n'existait que 2 ou 3 groupes de garage revival qui avaient sorti des disques avant nous. En fait leurs projets se sont concrétisés avant le nôtre, parce que des labels leur avaient montré de l'intérêt. L'elpee a été enregistré en 1984 ; mais nous nous consacrions à ce type de musique depuis 1980. Or, à cette époque, personne ne s'intéressait à nous. Je pense que c'est un album remarquable. Pourtant, ce n'est pas celui que le public a surtout retenu de nous. Question de goût. Ou d'opinion ! Et une opinion, c'est comme un trou du cul ; tout le monde en a un… "

Sin Records est le propre label des Fuzztones. Mais apparemment, Rudi ne souhaite pas signer d'autres groupes. " Non. Quoique. Je m'explique. En fait, l'affaire tourne autour d'une même personne. Et je n'ai pas d'argent. J'ai produit une formation que j'ai toujours adorée, parce que j'étais sûr de récolter les royalties. Et puis je vais sortir en même temps un double CD et un double vinyle. Une histoire qui va me coûter la peau des fesses. Mais ce sera un album d'hommage. A ce jour, j'ai reçu beaucoup de réponses. Il sortira fin de cette année. Des artistes et des groupes issus des quatre coins de la planète viendront interpréter notre répertoire à leur manière. Et il y aura quelques grosses pointures : Ian Ashbury, Plasticland, Mash Mallow, Jane County, Nikki Sudden et des tas de gens dont vous n'avez jamais entendu parler et que vous apprécierez parce qu'ils ont vraiment bourrés de talent. Et dans la foulée, nous sortirons un disque qui a déjà choqué du monde à Los Angeles. D'autres ont souri. C'est tout ce que je puis dévoiler. Top secret ! J'ai encore une multitude d'autres projets. Je n'arrête jamais… "

Rudi a également fait du cinéma. Il a notamment joué dans un film de vampire intitulé 'Night turn'. Pas étonnant qu'il partage la même passion que les Cramps pour les films de série B. Rudi confirme : " C'est parce que nous avons grandi à la même époque et que nous partageons les mêmes influences : le rock'n roll, les films de série B, les voitures et les guitares des années 60, la culture trash. Nous n'avons jamais laissé les rêves mourir. Et c'est la façon dont nous vivons également. On a un jour assumé le supporting act des Cramps. Mais ils n'ont plus voulu nous inviter, parce que nous étions meilleurs qu'eux (rires). En réalité nous nous apprécions beaucoup. Poison a participé à l'enregistrement d'un de mes disques et elle a remplacé notre bassiste, au pied levé, lors d'une tournée… "

Hormis pour son dernier opus 'Salt for Zombies', Rudi est l'auteur du graphisme des pochettes des Fuzztones. Mais n'a-t-il jamais rêvé un jour de devenir dessinateur de BD ? Rudi s'épanche : " Lorsque vous jouez de la musique, vous avez une réponse immédiate. Quand vous vous investissez dans l'art, il faut attendre des mois avant de voir un retour. Et j'ai besoin de ce feedback immédiat pour savoir si ce que je fais est valable. J'ai cependant confiance en moi. J'estime que ce que je fais est bien ; mais si je n'ai pas la réaction du public, j'éprouve d'énormes difficultés à le supporter. Un artiste qui expose doit tabler sur la fréquentation du public. L'attente est donc plus longue pour y parvenir. Je ne pense pas qu'il existe beaucoup d'artistes susceptibles d'exprimer ce qu'ils ressentent aussi instantanément qu'à travers la musique. Il y a des exceptions, mais elles ne courent pas les rues… J'adore le travail de Bolek Budzyn. Il y a quelques années que je suis attentif à son œuvre. Et je la comprends très bien. Avant cet elpee, j'avais confectionné toutes les couvertures. C'est lui qui a dessiné la dernière. Il peut t'aider. Je peux l'aider. J'estime qu'il est utile de s'aider, de s'entraider. Notre audience n'a pas spécialement besoin de cette collaboration, mais elle constitue un plus. En outre, elle exprime une forme de reconnaissance vis-à-vis de son travail…"

Merci à Vincent Devos et à Emilie (Aéronef)

 

The Fuzztones

Salt for zombies

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Oui cet album est sorti l’an dernier. Et il n’a jamais bénéficié d’une distribution officielle chez nous. Alors pourquoi en parler ? Parce qu’il le mérite tout simplement. « Salt for zombies » est le premier opus studio du mythique groupe garage depuis 13 ans. Il y a bien eu un album ‘live’ (« Lysergic ejaculations ») paru en 1994. Et une compile ainsi que quelques projets parallèles menés par Rudi Protrudi. Mais rien de bien consistant à se mettre sous la dent. C’est donc chose faite avec « Salt for zombies ». Un disque pour lequel il a reçu le concours de James Lowe des Electric Prunes et Sky Saxon des Seeds. En fait, Rudi les a surtout persuadé de revenir à la musique. Dans la foulée, les Seeds se sont d’ailleurs remis à tourner. Et pour rendre hommage à feu son ami Screamin’ Jay Hawkins, entre la plupart des compos, on entend la voix du vieux bluesman, un peu comme s’il se manifestait d’outre-tombe. Sans quoi, partagé entre reprises d’obscurs groupes psyché/garage (We the People, The Plague, Boss Tweads, Shy Guys, etc.) et originaux, le combo nous entraîne dans un tourbillon sonore qui fleure bon les sixties. Guitares bourdonnantes, vibrantes, hammond aux sonorités pourries, groove, section rythmique implacable, drums tribaux, bongos, sitar et j’en passe : tout y est ! Le tout épicé par le baryton profond, sensuel de Rudi. Et si vous souhaitez en savoir davantage, je vous invite à lire la longue interview que Protrudi nous a accordée, il y a quelques mois…