Jello Biaffra a été le chanteur des Dead Kennedys de 1978 à 1986. Mais ce n’est pas son seul méfait. Activiste, politicien, militant écologiste, membre du parti ‘vert’ américain, il est aussi le fondateur et le boss du label Alternative Tentacles. Biaffra n’a jamais été avare de démonstration en ce qui concerne ses opinions, que ce soit dans la musique, dans ses disques consacrés aux ‘spoken words’ ou lors de ses actions politiques ‘coup de poing’. En 1979, il se présente comme candidat à la mairie de San Francisco. Il décroche la quatrième place sur dix candidats, en proposant un programme que de nombreux électeurs avaient pris pour un canular (obliger les hommes d’affaire à travailler avec des masques de clowns, bannir toutes les voitures de la ville, autoriser l’occupation des édifices vacants par les sans-abris ou plébisciter les policiers de quartiers). En 1999, il participe aux mouvements de protestation dénonçant les dérives de l’Organisation Mondiale du Commerce, à Seattle. En 2000 il se présente à la présidence de l’investiture du ‘green party’ (sans succès).
La musique des Dead Kennedys est un véritable pamphlet contre une certaine politique américaine. Il y condamne, avec un humour plus que corrosif, toutes les dérives du système capitaliste. Les titres des chansons et les pochettes des albums sont de véritables coups de poings décochés à la face des Yankees. La pochette d’« Holidays in Cambodia » représente une scène de torture, celle de « Plastic Surgery Disasters » le corps d’un enfant souffrant des affres de la famine. En 1986, après avoir divorcé dans la douleur (financière) des Dead Kennedys, il participe à un nombre incroyable de projets musicaux comme LARD où il fricote l’indus en compagnie d’Al Jourgensen de Ministry ou Tumor Circus. Il enregistre des albums en compagnie des punks canadiens de D.O.A, de NoMeansNo, des Melvins et bien d’autres. Formé début 2009, Jello Biafra and the Guantanamo School of Medicine constitue son premier véritable groupe depuis la mort des ‘Kennedys’, en 1986. On retrouve dans ce groupe toute l’essence de la personnalité de Monsieur Biaffra. Le patronyme du groupe ‘Jello Biafra et l’école de médecine de Guantanamo’ reflète parfaitement son goût pour l’humour noir. Un patronyme qui dénonce le système américain en huit petits mots. Le titre de l’album : « The Audacity of Hype » fait référence au livre de Barack Obama : « The Audacity Of Hope ». Il démontre bien que le vieil activiste punk n’a toujours pas peur de s’attaquer au pouvoir en place. Le livret de la pochette lui-même est du même acabit que celui des disques des Dead Kennedys : un patchwork de textes de chansons, de photos choc, de dessins et de coupures de journaux qui seraient hilarantes si elles n’étaient pas aussi désespérément navrantes pour la culture américaine. Un concept qui porte sans conteste la patte du punk rocker légendaire. Les textes dénoncent : racisme, stupidité, pollution et paranoïa américaine liée au 11 septembre. Tous les fers de lance du combat Jello y sont exposés. Pour véhiculer ses idées, Biafra se sert de ce qu’il fait de mieux : du Punk. Déjanté et virulent. Pas si éloigné de celui des Dead Kennedys. Il lui serait d’ailleurs difficile d’emprunter une autre méthode, vu son timbre de voix aussi atypique. Certains des titres proposés ici auraient très bien pu figurer sur « Plastic Surgery Disasters » ou « Frankenchrist ». Les parties de basse ont été enregistrée par Billy Gould. Depuis, il a rejoint ses compagnons de Faith No More. Les guitares, moins folles mais bien plus acérées que celles des Dead Kennedys, se fendent souvent de soli de guitares plus métal que punk. « The Audacity of Hype » ne pourra que plaire à ceux qui ont un jour trippé sur la musique des Kennedys Morts.
A 51 ans bien tassés, Jello Biafra n’a rien perdu de sa superbe ni de son intégrité. Si, un jour, sur terre, il ne reste qu’un seul véritable punk, sans conteste, ce sera lui.