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Au Carré 2018 : lundi 2 juillet 2018 Spécial

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Cette année encore, le festival ‘Au Carré’ intègre la jolie cour de l’ancienne caserne montoise, Major Sabbe. On ne peut rêver mieux pour ce premier rendez-vous de l’été…

Incontournable, cet évènement culturel propose une déferlante d’artistes hors du commun. Entre théâtre, cirque, musique, danse, fêtes et soirées thématiques, les spectateurs ont l'embarras du choix.

En pénétrant au sein de cet espace, votre serviteur jette un regard contemplatif sur les immenses bâches blanches qui surplombent l’ensemble. Majestueuses, elles semblent établir le trait d’union entre différents bâtiments qui abritent désormais l’école supérieure des Arts plastiques.

Le soleil frappe fort en ce début juillet ! Ces toiles gigantesques jouent leur rôle à merveille en procurant un ombrage adapté à l’ensemble et une fraîcheur ostentatoire.

Inutile de préciser que les terrasses qui fleurissent le parterre sont bondées. Des couples de quinquas constituent la majorité du parterre.

Peu enclins à s’endimancher, les hommes ont revêtu leur bermuda, laissant apparaître une masculinité affirmée, tandis que le public féminin a adopté une tenue toute aussi légère, dévoilant le plus souvent une plastique empreinte de grâce…

Mondial de football oblige, une poignée d’olibrius a décidé soutenir les ‘Diables Rouges’, en arborant fièrement des t-shirt tricolores.

La Belgique est également à l’honneur aujourd’hui. Et pour cause, les organisateurs ont convié trois artistes noir-jaune-rouge à se produire sur l’estrade montoise : Isadora, Greg Houben et Témé Tan.

Isadora, jeune femme d’à peine une vingtaine d’années, porte une robe légère que la brise du vent vient effleurer de temps à autre. Très naturelle, son sourire rayonne de bonheur. D’emblée, son jeune âge traduit mal une très grande aisance scénique. Elle avance d’un pas décidé.

Artiste originaire de Liège, elle a étudié au Conservatoire de Bruxelles. Elle est devenue populaire, suite à un passage remarqué dans le télécrochet ‘The voice’, version française, au cours duquel sa reprise du « Killing me softly with this song » des Fugees a marqué les esprits.

Elle campe devant un clavier. Le gaillard qui l’accompagne alterne tour à tour saxophone et cajon (instrument de musique inventé au Pérou au XVIIIème siècle) sur lequel il restera d’ailleurs assis, histoire de ne pas se fatiguer les guiboles.

Isadora possède une tessiture vocale qui lui permet de monter dans les aigus avec une facilité déconcertante. Son univers pop/soul, mâtiné de couleurs jazzyfiantes, est proche de celui d’Alicia Keys dont elle s’empare d’ailleurs brillamment d’un titre.

Le set d’environ une demi-heure laisse un goût de trop peu. Malgré tout, la donzelle a montré l’étendue d’une belle palette artistique et est parvenue à conquérir un public manifestement enjoué.

Greg Houben lui emboîte le pas ! Sombrement vêtu et chapeau de paille sur la caboche, sa silhouette et sa dégaine évoquent étrangement… Bourvil…

Il s’avance presque timidement, flanqué de deux musicos. L’un se place devant les claviers et l’autre, Lorenzo Di Maio, figure de proue, se charge –entre autres– de la six cordes.

D’emblée, il souligne son attachement pour le pays qui l’a adopté lors d’un voyage initiatique alors qu’il n’avait que 17 ans. Belo Horizonte, Sao-Paolo et Rio ont semble t-il transformé le Liégeois d’origine.

Trompettiste de formation et comédien de théâtre, il est venu défendre un premier opus de chanson française intitulé « Un Belge à Rio », un disque enregistré en partie à Copacabana au sein du studio mythique, ‘Cia dos técnicos’.

Comme pour assurer la véracité de sa légitimité, il tient son bébé fraîchement enregistré entre les mains, fruit d’un travail acharné de deux ans, précise-t-il, d’un ton quelque peu ironique.

Armé d’un cuivre, il entame un tour de chant qui sent forcément le sable chaud, les cocktails largement garnis de glaces pilées, de citrons verts écrasés et de sucre de canne.

Le public écoute presque religieusement cette fresque haute en couleurs, mais aux subtilités insoupçonnées. On rêve, on s’extase, on ferme les yeux et on entend la mer au loin. On se laisse bercer par les rayons généreux du soleil et ce vent léger qui nous rafraîchit quelquefois la peau. L’écoute est jouissive et maculée de bonheur.

Cette culture musicale forte et profonde est parfois difficile d’accès pour les non-initiés. On est en effet très loin du tout grand ramdam commercial. Pourtant, qu’on ne s’y trompe guère, les aficionados vivent le show, sans crier gare, confortablement assis dans leurs sièges les yeux rivés sur le podium. Le temps s’écoule lentement, paisiblement…

En pleine extase, Gregory tend même les bras vers le ciel tel le Christ Rédempteur du haut du mont du Corcovado, comme pour remercier le créateur de lui avoir permis d’assouvir cette jolie passion jusqu’au bout.

A cet instant, un tourbillon de folie souffle sur quelques énergumènes éparpillés ci et là. Les cris et les applaudissements fusent. La Belgique vient de gagner sa place vers les quarts de finale. Les autres semblent s’en foutre royalement et ne se laissent pas perturber par la quiétude du spectacle.

Houben va nous réserver bien des surprises. A l’instar de cette reprise pour le moins inattendue du « Pourvu qu'elles soient douces » de Mylène Farmer, dont le clip fait revivre François l'Embrouille en guichetier de la SNCB. Ou encore, cette version d’un titre de France Gall, interprétée en compagnie d’Isadora, venue soutenir vocalement son troubadour.

Il y a l’artiste, mais aussi l’homme. D’une sensibilité à toute épreuve, à l’écoute des autres. Sans tralala, il se dévoile insidieusement au travers l’une ou autre ritournelle ‘On dit que je suis souvent assis dans mes spectacles’ ; il se lève alors, fait deux mètres et… se rassied aussitôt sous les applaudissements hilares…

Enfin, c’est par "Animal", une chanson qui aborde humoristiquement le thème de la soumission sur un tempo des plus accrocheurs, qu’il termine une prestation qui restera à jamais ancrée dans la mémoire collective.

Une belle découverte !

Après une pause d’environ une quinzaine de minutes, histoire d’ingurgiter quelques pintes, le troisième larron prend place. Témé Tan ? Quel drôle de pseudonyme !

Derrière l'avatar aux deux T se cache Tanguy Haesevoets. Filiforme, cheveux hirsutes, dégaine d’ado attardé vs Kev Adam et gueule d’ange, on lui donnerait le bon Dieu sans confession.

Il s’affranchit rapidement au milieu des machines à loops et séquenceurs. D’origine congolaise, TT a grandi entre Kinshasa et Bruxelles.

‘Je suis né à Kinshasa, en République Démocratique du Congo’ clame-t-il tout haut en confessant à la foule les souvenirs liés à son enfance, les balades dans la brousse avec sa famille, et la difficulté de vivre dans un environnement austère.

Des hautes herbes africaines à l’urbanisation massive de nos villes, le chemin parcouru est long. Cette conjonction authentique l’a sans aucun doute transformé en une personne singulière…

Seul sur les planches, il est entouré de machines bizarroïdes, comme si elles émanaient d’un autre monde. Sa voix est angélique. Sa musique foisonne d’influences accumulées au gré de ses nombreux voyages. Multiples et cosmopolites, elles oscillent du hip hop à la dance, en passant par la world brésilienne et congolaise. Et elles mettent en exergue autant ses racines ensoleillées que sa recherche de modernité, en y ajoutant ce soupçon de névrose qui rend son approche si attachante. Enfin, ses compos se savourent comme la bande-son d’une vie arc-en-ciel.

Chargées de contrastes, mais paradoxalement minimalistes, les chansons, certes assez inégales, sont riches en harmonies suaves tout en libérant un groove entêtant…

Dans sa set list, il n’oublie pas d’intégrer « Améthys », la plage d’ouverture de sa digne création, référence au cristal de quartz de teinte violette (NDR : que sa mère lui a offerte dès son plus jeune âge) et qui possède, paraît-il des vertus de concentration et de méditation. A démontrer…

Ou encore son hypnotique « Matiti », sobriquet africain pour désigner des hautes herbes du Congo où enfant il s’amusait à jouer à cache-cache avec ses frères aînés. Signification à double lecture puisque cette ode a été écrite à la gloire d’une grand-mère maintenant partie rejoindre ses ancêtres.

‘Ce sera ma dernière chanson calme’, signale-t-il avant d’embrayer par des rythmes plus relevés provoquant un raz-de-marée de gonzesses venue expressément se tortiller le popotin sur une piste improvisée, face à la stage.

Témé Tan creuse son sillon là où beaucoup se seraient déjà cassés les dents. La fougue de sa jeunesse, sa capacité à se remettre en question et la recherche absolue de la perfection, en font le candidat idéal promis à un bel avenir…

Un parfait antidote à la morosité…

Isadora + Greg Houben + Témé Tan

(Organisation : Mars)

Informations supplémentaires

  • Date: 2018-07-02
  • Festival Name: Au Carré
  • Festival Place: Carré des Arts
  • Festival City: Mons
  • Rating: 0
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