Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

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Les Nuits Secrètes 2019 : samedi 27 juillet Spécial

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Le temps qui règne sur la petite ville post-industrielle d'Aulnoye-Aymeries (NDR : c’est dans le nord de la France), sise à 18 km de Maubeuge et nichée au creux du bassin de la Sambre, est décidément bien maussade. Il pleut comme vache qui pisse depuis ce matin et les gros nombreux nuages bas ne laissent présager rien de bon…

Paradoxalement, les gens se sont pressés en masse malgré tout. On doit assurément frôler le sold out…

Les Nuits Secrètes constituent le fleuron de cette bourgade de quelques centaines d’habitants. Le festival devient une véritable machine de guerre et propose une affiche de plus en plus pointue. Faut dire qu’avec ses 18 berges, le petit est devenu un adulte déterminé. La preuve par M qui, pas plus tard que la veille, tenait la chandelle ici…

Il y a peu de temps encore, la plupart des ‘live’ étaient gratuits. Aujourd’hui, il faut désormais mettre la main au portefeuille si on veut se faire plaisir et dorloter ses acuités auditives. Nécessairement les cachets des artistes et les coûts inhérents à la sécurité ont fait grimper les budgets relatifs à l’organisation.

Les rues jalonnent d’artistes qui jouent encore gratos pour stimuler leur popularité ; mais vu la flotte abondante qui s’abat, pas sûr que le succès soit au rendez-vous.

Pas de changements importants pour cette nouvelle édition. Il existe toujours une grande scène ouverte à bâbord et un espace couvert à tribord. Baptisé l’‘Eden’, il s’agit d’une infrastructure métallique initialement conçue pour accueillir le pôle régional des musiques actuelles. Pas vraiment le paradis, mais de quoi s’abriter en cas de mauvais temps ; ce qui n’est déjà pas si mal…

Les organisateurs ont aussi pensé à celles et ceux qui souhaitent remuer le popotin jusqu’aux petites heures. C’est le seul écueil à éviter, les vieux os de votre serviteur lui rappelant gentiment que l’arthrite frappe dès l’âge mûr…

Le live de Blood Red Shoes est quasi terminé lorsque votre serviteur débarque sur le site ; et c’est bien dommage… Un réel regret !

Il s’agit d’un groupe de rock originaire de Brighton, en Angleterre, réunissant Steven Ansell (voix et percussions) et Laura-Mary Carter (voix et guitare).

Le duo compte plusieurs années d’expérience scénique et déploie sur les planches une énergie débordante pour faire vivre une musique déjà bien punchy à l’état brute.

La distorsion des guitares de Carter s’adoucit au contact des sonorités des claviers ; ce qui rend l’ensemble moins punk-rock qu’il n’y paraît sur certaines compos.

Autre style, autre genre en compagnie d’Odezenne, un groupe français (NDR : il est originaire de Bordeaux, en Gironde) alternatif.

Formé par Alix Caillet, Jacques Cormary et Mattia Lucchini, le combo s’est taillé une place de choix dans le monde du rap et du hip hop. A son actif, onze années de carrière et quatre albums.

Son approche stylistique lui permet de décomplexer une musicalité hybride entre nappes de synthé vintage, rythmes saccadés et expressions narratives nonchalantes. Ce qui les différencie peut-être de leurs pairs et leur confère une empreinte reconnaissable entre toutes.

La manière dont il parvient à fédérer une ligne mélodique souvent monocorde et des textes un peu simplistes comme « James Blunt » ou « Au Baccara » est surprenante. Des centaines de badauds marmonnent les refrains.

L’éventail des thématiques est varié, mais tombe souvent dans des clichés vulgaires très premier degré, à l’instar de « Je veux te baiser » (‘Ton cul, ton cul, ton cul / À la limite ta chatte / Mais toujours à quatre pattes / A dada sur mon bide’).

Un spectacle destiné à un public averti, mais une belle découverte quand même.

Flavien Berger est programmé à l’Eden. Un chançard vu du temps qui se dégrade…  

Curieux, mais sans grande motivation, votre serviteur pousse une pointe jusque-là.

Il s’agit d’un artiste français sont la musique hybride agrège électro et psychédélisme, un mariage de sons qui peut surprendre, mais interpelle assurément.

Pour la petite histoire, Berger découvre la composition musicale sur sa Playstation 210 avec Music 2000. C’est dire… Son univers est très particulier. Difficile de le cataloguer. Entre le bidouilleur de bruits et le manipulateur de machines. En parfait autodidacte, il (ré)invente un genre à la Kraftwerk, ponctuant ses compos de jeux de mots incompréhensibles du style ‘faut-il parler pour ne rien dire ?’ Question inutile ! Mais qui suscitera tout de même son flot de réponses chez les quidams…

C’est sympa dix minutes, mais l’ennui guette votre serviteur qui n’a que faire d’un saltimbanque.

La pucelle de va bientôt faire son entrée. N’y voyez là aucune insulte ou insinuation, il s’agit tout bonnement de la signification danoise de son nom de scène.

A même pas trente berges, la blonde platine possède un joli curriculum vitae. Son succès décollera en flèche en 2015 grâce à Major Lazer qui lui demande d’y poser sa voix sur un titre.

On est bien loin de MOR (‘mère’ en Danois), un groupe punk qu’elle a drivé.  Karen Marie Ørsted, à l’état-civil, arbore un look sporty-vintage qui lui va comme un gant.

Aux premières nappes atmosphériques, les soubresauts envahissent son corps qui s’emballe follement à chaque mouvement ondulatoire de ses quatre membres, tel un pantin désarticulé. Elle bouge, sautille et court dans tous les sens.

Son univers est souvent comparé (à juste titre d’ailleurs) à celui de vocalistes electro/pop tels que Grimes, Purity Ring ou Twin Shadow.

Sa présence aux Nuits suscite un engouement sans précédent. La foule est compacte et il est impossible d’atteindre le frontstage depuis plus de trente minutes déjà.

Un podium trône au centre du parterre côté public. Elle s’y lance tout à coup, affranchie d’une pinte dans la main droite. Elle y monte d’un pas décidé, accompagné d’un comparse, et danse alors frénétiquement en éclaboussant les convives qui ne demandaient rien.

Son corps félin exulte, ravive la senteur de l’été et procure des sensations brûlantes dans le bas ventre. Pour une personne issue des pays nordique, on peut affirmer qu’elle n’a pas froid… aux yeux.

Elle devient femme lascive et ténébreuse lorsque ses doigts flirtent avec l’ivoire pour chantonner un « Mercy » d’une sensualité forte, soulignée par une voix douce et suave. Le paroxysme est atteint à cet instant.

L’étincelle finement perceptible dans ses yeux se transforme alors en un brasier géant sur « Blur », dont l’intro et les riffs de gratte ne sont pas sans rappeler le lointain « Where is my mind » des Pixies, pour ensuite déclencher un véritable feu d’artifice à travers « Leon On ».

Après un show d’une bonne heure, quoi de mieux pour achever un set qui restera l’un des meilleurs de cette journée ? « Final song » bien évidemment …

Fils du chanteur Marka et de la comédienne Laurence Bibot, Roméo Elvis s’est affranchi de son pote Le Motel et fait désormais cavalier seul. Une époque bien révolue. Mais, il n’en oublie pas ses origines « Lenita ».

Aujourd’hui, sa renommée s’étend au-delà des frontières. La rançon de la gloire…

L’artiste a bien bourlingué depuis ses débuts en multipliant des collaborations aussi nombreuses qu’internationales : Todiefor, Vladimir Cauchemar, Matthieu Chedid, Témé Tan ou encore Damon Albarn (Blur). Pas étonnant puisque le gaillard a acquis une certaine expérience en côtoyant, notamment, L’Or du Commun, Caballero & JeanJass, Angèle (évidemment), Lomepal, Thérapie Taxi ou encore HER…

Il aime rappeler, qu’il y a dix ans, il figurait au milieu des festivaliers. Comme quoi, il ne faut jamais abandonner ses rêves les plus fous… La messe est dite !

« Chocolat » résonne que déjà la foule comprend ce rapport particulier que le zinneke et cette friandise entretiennent...

Rien de tel pour se chauffer les esprits que « Pogo », une plage chantée en duo en compagnie de M, sur disque, qui provoque inévitablement une danse des plus viriles dans la fosse. Pourquoi pas, selon ses dires, profiter du moment pour mettre son nez dans le trou du cul de sa voisine…

Grâce à des compositions qui sentent bon la bonne humeur et la joie de vivre, le frère d’Angèle s’offre le luxe de proposer un live varié et (réellement) engagé en dispensant des compos satiriques (parfois) ou introspectives lorsqu’il s’agit d’évoquer les ruptures qui rendent « Malade ». Une chanson paradoxalement pétillante, reprise en chœur par des milliers des personnes. C’est dire la popularité du petit Belge dans l’Hexagone !

Sur le fond, la plupart des compositions n’apportent en réalité pas grand-chose. Sur la forme elles provoquent un raz-de-marée collectif. Et c’est sans doute le plus important. Les chansons existent davantage pour être vécues que pour être entendues.

Un concert chargé d'intensité au cours duquel le ket va multiplier les comportements excentriques, tout en remerciant chaleureusement les musiciens.

Quoi de plus normal enfin que de mettre en exergue la belle capitale lors d’un « Bruxelles » ravageur qui laisse un goût de trop peu.

En guise d’happy end, il encourage le peuple à acheter son album deux fois… Pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué ?

Le reste du festival ne sera qu’une suite de prestations électroniques.

Il est temps de rejoindre ses pénates. En espérant que la prochaine édition soit au moins aussi bonne que celle-ci

(Organisation : Les Nuits Secrètes)

Blood Red Shoes + Odezenne + Flavien Berger + MØ + Romeo Elvis

Informations supplémentaires

  • Date: 2019-07-26
  • Festival Name: Les Nuits Secrètes
  • Festival Place: Place du Dr Guersant
  • Festival City: Aulnoy-Aymeries
  • Rating: 7
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