Musicien écossais émigré aux Etats-Unis depuis de longues années, Chris Connelly possède un impressionnant curriculum vitae. Il a joué chez Ministry, Revolting Cocks, Damage Manual (en compagnie de Jah Wobble) et officie encore dans le ‘all-star band’ Pigface. « The Episodes » n’a pourtant rien en commun avec le bruit et la fureur auxquels ces formations nous ont habitués. Cet album solo (dernier en date d’une longue série) est en fait largement acoustique. Ce qui ne l’empêche pas d’expérimenter les formats et les sonorités. Connelly s’est associé à Tim Kinsella (leader de Joan of Arc) et Ben Vida (du groupe expérimental Town and Country) pour concocter cette œuvre au combien étrange. Certains titres ont même été enregistrés en plein air au bord du Lac Wandawega, dans le Wisconsin. Sept plages partagent cet opus. Sept titres qui s’étalent très souvent au delà des huit minutes et où les repaires de l’auditeur sont mis à rude épreuve. On démarre par le magnifique « Mirror Lips », ballade lysergique où se télescopent guitares folk, congas, batterie jazz et vibraphone, dans un esprit très proche du free jazz de Pharoah Sanders ou Alice Coltrane. Le reste du disque s’aventure dans l’expérimental. On a droit à d’étranges mélopées tribales où la voix de Connelly (très proche de celle de Bowie) hésite entre le calme et la tempête. Long blues disloqué, « The son of empty Sam » est amorcée par un chœur inspiré des moines bouddhistes. Rappelant les premiers travaux solos de Nick Cave, cette plage finit par changer de cap. Elle laisse ainsi place aux chuchotements des musiciens avant de reprendre par des accords de guitare sèche qui retournent au thème initial. Mélopée de neuf minutes, « Every Ghost has an Orchestra » est presque entièrement profilée sur un seul accord de guitare. Elle est traversée de quelques variations mélodiques et caractérisée par un son aigu réminiscent du passé ‘noisy’ de Connelly. Le reste est à l’avenant : éprouvant (surtout les onze minutes cacophoniques de « Henry vs. Miller »), triste et désespéré. Néanmoins, ce folk apocalyptique jouit d’un charme vénéneux qui le rapproche des travaux de David Tibet, Scott Walker et des premiers essais de Nick Cave & the Bad Seeds. Plongez-y, mais n’oubliez pas de remonter, de temps à autre, pour prendre un peu d’air.

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