Dadaïstes bizarroïdes, égocentriques loufoques, les Residents continuent de sortir des disques. Enfin, disons des chansons. Pour la peine, on peut parler de formation culte. Echafaudé au débuts des années 70 en Louisiane (‘c’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme…’), le groupe se façonne autour de son goût commun pour l’étrange, les cris d’animaux, le jazz, la musique orientale, le baroque, le punk, l’underground et l’avant-garde. Résultat de telles passions : un bric-à-brac inclassable, foutraque et barré comme un orchestre de nains de jardin en concert au milieu de la forêt de Sherwood. Certains ont parlé de post-punk, de no wave. D’autres ont préféré classer les Residents sous la banderole « Experimental Music ». En vérité, personne ne comprend très bien où ces vieux briscards veulent en venir. Et, petite anecdote qui vient pimenter encore un peu plus l’énigme : les apparitions des Residents sont carnavalesques. Les membres du groupe sont, en effet, toujours apparus masqués. Bref, The Residents, c’est le bordel. Et ce n’est certainement pas le nouvel album de ces serviteurs écervelés qui va changer la donne. « Animal Lover » confirme l’admiration animalière des messieurs. Pour la prochaine sortie, leur maison de disques peut craindre le pire : un truc du genre, ‘à l’achat du nouveau Residents, une mygale gratuite’ ! Youppie. Une fois encore, ils travaillent dans l’anonymat le plus total et livrent un panachage de bruits sordides et rigolos à en cracher des vers de terre. Les textes sont également fidèles à la réputation du groupe. Puisqu’ils sont tout bonnement abstraits, voire incompréhensibles. Le disque chevauche ainsi des paysages inimaginables où de vilaines gargouilles se tapent une fiesta dans la crypte d’une église abandonnée au milieu de nulle part. Le tableau est insaisissable, désordonné. Ce projet n’a ni queue ni tête. Et ce n’est rien de l’écrire…