Jasper Steverlinck inspiré par Roy Orbison ?

Jasper Steverlinck vient de sortir un nouveau single. Il en parle : ‘« Nashville Tears » est l'une de ces chansons qui m'est venue à moi, instinctivement. Elle a coulé d'un seul jet, comme si la chanson s'était écrite toute seule. Elle évoque un moment très…

logo_musiczine

TORRES perdue dans une salle immense…

TORRES (le nom de scène de l'artiste new-yorkaise Mackenzie Scott) publiera son nouvel elpee, « What an enormous room », ce le 26 janvier 2024. La chanteuse américaine propose également son premier single/vidéo, « Collect ». Parallèlement à cette annonce,…

Trouver des articles

Suivez-nous !

Facebook Instagram Myspace Myspace

Fil de navigation

concours_200

Se connecter

Nos partenaires

Search results (7 Items)

Broken Social Scene

La parfaite osmose entre une somme d'individualités...

Écrit par

Fondé par Emily Haines (NDR : la fille du poète Paul Haines, personnage qui a notamment écrit pour Carla Bley, Robert Wyatt et Albert Ayler) et le guitariste James Shaw, Metric compte aujourd'hui 8 années d'existence. Duo à l'origine, cette formation canadienne a depuis recruté un drummer (Joules Scott-Key) et un bassiste (Joshua Winstead). Emily a en outre collaboré à l'enregistrement du dernier opus de Broken Social Scene, « You forgot it in people ». Les deux albums commis à ce jour par Metric (« Grow up and blow away » et « Old world underground, where are you now ? ») privilégient les synthés et l'électronique. J'étais donc très curieux d'entendre ce que le quatuor allait nous réserver sur les planches. Et je dois avouer que j'ai été agréablement surpris. Parce que le groupe donne une toute autre dimension (NDR : ou un autre système, si vous préférez !?!?!?) de son répertoire sur scène. Plus rock, plus groovy, plus excitante, plus dansante. Les trois autres musiciens assument parfaitement leur mission de fil conducteur. Barbes de trois jours, le guitariste et le bassiste ont presque l'air de jumeaux ! Emily chante et se réserve bien sûr les synthés. Très sexy dans sa mini robe effilochée, elle partage ses deux rôles avec énormément de conviction, enfonçant les touches de ses claviers avec une frénésie presque 'garage' ! (NDR : qui a dit sauvage ?)

Kevin Drew monte sur les planches. Seul. Il entame une conversation avec le public, demandant notamment qui parmi les spectateurs avait participé à leur dernier concert accordé à l'AB, l'an dernier. Puis il appelle les musiciens. Pour les présenter au public. Un à un. Avant de les étreindre comme s'ils ne s'étaient plus vus depuis 6 mois. Formation canadienne à géométrie variable, Broken Social Scene repose bien sûr sur une base fixe : Kevin, Brendan Canning, Jason Colet, Andrew Whiteman et Justin Peroff. Encore que chacun d'entre eux possède ses propres projets alternatifs. Aussi, il n'est pas étonnant que suivant les circonstances on remarque la présence ou l'absence de tel ou tel autre musicien. Ce soir au Bota, le line up comptera 11 personnes au maximum, dont la chanteuse Emily Haines. Car selon les compositions, le line up varie. Sans oublier que les musiciens sont capables de changer d'instrument. Kevin passant ainsi de la guitare au clavier. Parmi la flopée de guitaristes (jusque 6 !), trois sont également capables de se consacrer aux cuivres (NDR : un régal pour les oreilles !). Quant aux lead vocaux, ils sont partagés invariablement entre Kevin (NDR : un remarquable qui n'est sans doute pas assez mis en évidence !), Brendan, Andrew et Emily. Sans oublier les claviers au sol (NDR : bien cachés, mais bien présents !). Et le set s'ébroue en douceur, comme si le groupe avait le dessein de nous plonger dans une ambiance relaxante. Puis, peu à peu, l'intensité monte. Et le groupe d'interpréter la quasi-totalité des chansons de son dernier album : « KC accidental », « Stars ans sons », « Looks like the sun »,  « Cause = time » (NDR : ma préférée !), « Lover's spit » ainsi qu'« Anthems for a seventeen old girl », caractérisée par ce chuchotement trafiqué d'Emily. Et une nouvelle ! Qui mettra en présence 6 guitares et une basse. Sans se marcher sur les pieds. Un régal ! Une heure et demie de spectacle au cours duquel ils vont étaler tout leur charisme, leur passion et leur enthousiasme. Sans jamais tomber dans le chaos, même si en final on va entrer dans un délire psychédélique absolument génial. On avait même l'impression qu'un des guitaristes déversait son feedback dans un des diffuseurs. Le plus étonnant, c'est qu'aucun instrument n'étouffe l'autre. Chacun d'entre eux a son importance et participe à créer l'équilibre de la chanson. Une somme d'individualités qui se fondent dans un collectif pour entrer en parfaite osmose. Le tout dispensé par des musiciens talentueux qui prennent un plaisir évident à se produire sur scène. Ah oui, il y a eu un rappel. Mais bon, c'était prémédité. N'empêche, quel concert !

 

Broken Social Scene

Hug of Thunder

Écrit par

Il y a quand même sept longues années que Broken Social Scene n’avait plus publié d’album. C’était l’excellent « Forgiveness Rock Record ». Bien sûr, depuis, les membres du collectif ont participé à de multiples projets. « Hug of thunder » constitue donc son sixième LP studio. Auquel ont participé trois vocalistes féminines. Et tout d’abord Emily Haines, celle de Metric. Elle pose sont timbre éthéré sur l’offensif « Protest song », alors que les cordes de guitares sont carrément déchiquetées. Puis Leslie Feist. Dont le lead vocal atmosphérique nous plonge dans une forme de mélancolie rêveuse, sur le titre maître. Et enfin Ariel Engle, nouvelle recrue, dont la voix se révèle aussi stratosphérique que celle d’Elizabeth Frazer sur le plus électro « Gonna get better » ainsi que « Halfway home ». Brendan Canning et Kevin Drew sont toujours à la baguette d’une formation dont la musique reste, en général, luxuriante et célébratoire, même si certaines plages sont un peu plus downtempo. Et la plus riche, « Vanity hail kids », lorgne même vers Arcade Fire. Luxuriante et puissante comme sur le très électrique « Old dead young », la piste qui clôt ce long playing. On regrettera cependant ce recours un peu trop systématique à l’électro (synthés, boîte à rythmes) et parfois même aux samples. Pas que ces sonorités synthétiques soient envahissantes, mais plutôt inappropriées. Et puis surtout l’absence de titres véritablement irrésistibles…

 

Broken Social Scene

Forgiveness Rock Record

Écrit par

Broken Social Scene est certainement une des formations les plus brillantes sur les planches. Elle est même le plus souvent impressionnante. Drivé par Brendan Canning et Kevin Drew, ce collectif nous propose son cinquième opus, « Forgiveness Rock Record ». Un elpee qui fait donc suite à leur éponyme controversé, publié en 2005.

Et malgré ces 5 longues années d’attente, il faut reconnaître que le collectif torontois n’a rien perdu de sa superbe. Pour mettre en forme ce long playing, BSS a donc reçu le concours du génial John McEntire. Pour la toute première fois, le band a bossé à l’extérieur de sa ville natale. En l’occurrence, à Chicago, au sein des studios du leader de Tortoise. Toute une série de paramètres susceptibles de donner une nouvelle orientation musicale à cet ensemble canadien. Ben pas vraiment. Pas de révolution majeure, mais un album toutefois plus accessible, presque pop, même parfois.  A l’instar des excellents « Texico Bitches » et « All To All ». On retrouve d’ailleurs le profil épique si caractéristique sur « World Sick » et « Forced To Love », deux morceaux dont l’irrésistible climax est manifestement taillé pour la scène. Le line up de BSS est toujours à géométrie variable. Mais il réserve également un espace à des invités. Dont Feist sur le fabuleux « All To All », le vétéran Sam Prekop (The Sea and The Cake) ou encore des membres de Do Make Say Think. Une chose est sûre les aventures en solitaire vécues par Kevin Drew et Brendan Cannings n’ont pas tari leur créativité. Ni leur énergie (NDR : ces cuivres sur « Art House Director » !) On a même droit à une intro africaine pour « Highway Slipper Jam » et des claviers loufoques tout au long d’« Ungrateful Little Father ». Et le plaisir que semblent s’être procuré nos deux compères, tout au long des sessions d’enregistrement, est manifestement communicatif…

La scène torontoise (Arcade Fire, Feist, Metric, Stars, etc.) est toujours aussi vivace. Et en nous réservant des œuvres de ce type, elle n’est pas près de disparaître. A croire que ses musiciens ont ajouté une potion magique dans leur sirop d’érable pour faire preuve d’autant d’imagination. A ce jour, le parcours de Broken Social Scene est en progression constante. Et on se demande même où il va s’arrêter. Pas trop vite, on le souhaite ardemment. De manière à encore pouvoir apprécier leurs sets ‘live’, lieu privilégiés, où les musicos sont souvent en état de grâce. D’ailleurs, ils se produiront dans le cadre du festival Les Ardentes, ce 8 juillet prochain ! Et si vous voulez en savoir davantage, je vous invite à lire l’interview que Brendan Cannings a accordée à Musiczine, juste avant la sortie de cet opus.

Broken Social Scene

Au feeling !

Écrit par

Eponyme, le dernier opus du collectif canadien remonte déjà à 2005. Les mélomanes les plus difficiles l’estimaient trop brouillon. Les autres, particulièrement créatif. En tout cas, il n’était pas aussi raffiné que « You Forgot It in People », publié en 2002. Pour enregistrer « Forgiveness Rock Record », le collectif canadien a reçu le concours, entre autres, de Feist, Sam Prekop (The Sea and The Cake) ainsi que du légendaire John McEntire (Tortoise) à la production. A quelques semaines de la sortie de leur 3ème album, nous avons rencontré Brendan Cannings (NDR : il partage le leadership du combo, avec Kevin Drew), au café de l’Ancienne Belgique. Loquace, affable et surtout passionné de musique, Brendan nous livre ses premières impressions sur ce nouvel opus…

Pourquoi avoir choisi votre héros, en l’occurrence John McEntire pour mettre en forme « Forgiveness Rock Record » ? Qu’attendiez-vous de lui en matière de production ?

John McEntire est en effet une sorte de héros pour certains membres du groupe ! Nous sommes en tous cas fascinés par son œuvre. Quel mélomane ne le serait d’ailleurs pas, en écoutant ce qu’il a pu réaliser au sein de Tortoise. Les sessions se sont déroulées dans ses studios, à Chicago. Une merveilleuse expérience ! C’était la première fois que nous enregistrions, à l’extérieur de Toronto. J’avoue avoir été envahi par une certaine appréhension, au cours des premiers jours, mais au fil du temps l’expérience est devenue de plus en plus enrichissante. Nous avons d’ailleurs accumulé plus de 30 morceaux !

Avant d’entrer en studio, aviez-vous déjà une petite idée du choix de votre nouvelle orientation musicale ?

Avant d’entamer l’enregistrement d’un album, nous ne décidons jamais de la direction que prendra notre musique. Tout le monde débarque avec ses propres idées et nous commençons à jouer, en attendant que l’alchimie opère, que le moment magique arrive. Et après des heures de répétition, les morceaux prennent forme tout naturellement. Au feeling ! Jusqu’au moment où nous touchons à la mélodie idéale… C’est une chance que nous soyons tous véritablement mordus par la musique. Nous pouvons jouer des heures, sans nous accorder la moindre pause…

Certaines de vos dernières découvertes musicales vous ont-elles influencées ?

Tout ce que j’écoute m’influence, que je le veuille ou non. Mais il est certain que les dernières productions de Neon Indian, Atlas Sound et Animal Collective nous ont fortement marquées. Certains artistes hip-hop comme Mos Def également. Tout mon parcours musical agit sur mon subconscient, en fait. De mes premiers amours ‘metal’ jusqu’à l’indie-rock des années 90, en passant par la scène contemporaine. En entrant ici, j’ai entendu une chanson d’Erika Badu ; et je suis convaincu qu’elle influera sur mes compositions futures. Cette chanson me sensibilise tellement, que cet après-midi, j’essaierai d’aller me procurer ce cd, chez un disquaire, à Bruxelles.

Votre dernier elpee remonte à 2005. Depuis, il me semble que vous vous êtes, à l’instar de  Kevin, surtout concentrés sur vos projets solos respectifs. Vous vouliez faire un break ?

Non, non, croyez-moi, je n’ai pas chômé une seconde ! J’ai participé à l’écriture de la B.O. de certains films comme « Half-Nelson » de Ryan Fleck en compagnie de Ryan Gosling (Dead Man’s Bones) ainsi que pour deux long métrages mettant en scène Ellen Page. Tout d’abord « The Tracy Fragment » en 2006, jamais projeté dans les salles européennes, et surtout « Juno » (NDR : sorti en 2007, il a décroché une multitude d’Awards, ). En fait je compose sans arrêt…

Six personnes seulement ont participé à l’écriture de « Forgiveness Rock Record ». Cette simplification vous a-t-elle facilité la tâche ?

Que nous soyons 15 ou 6, le processus de travail en studio est quasiment invariable.

Sam Prekop (The Sea and the Cake) a participé à la confection de cet album. Vous l’aviez invité ?

Sam est un ami de John McEntire. Ce dernier lui a demandé de participer aux sessions. La rencontre s’est donc déroulée sans aucun problème. D’autant plus que tous les membres du groupe aiment ce flirt si caractéristique, entre pop et jazz, pratiqué par The Sea and the Cake…

L’aspect mélodique de « Forgiveness Rock Record » semble plus soigné. Et par conséquent les compos paraissent plus accessibles que sur les disques précédents. Notamment des plages comme “Texico Bitches” ou encore “All To All”. Etait-ce intentionnel?

Pas du tout! Nous composons nos morceaux en fonction de leur bonne transposition en ‘live’. Nous avons opéré consciemment un seul choix : ajouter un chant africain pour introduire « Highway Slipper Jam », une décision prise après avoir découvert Fela Kuti. Et je dois avouer que sa musique nous a beaucoup impressionnés…

Pourquoi avoir choisi un tel titre pour l’album ? Avez-vous quelque chose en particulier à vous faire pardonner ?

Des milliers de choses… j’estime que le pardon est l’une des émotions les plus nobles. Pas facile à accorder mais ça fait tellement du bien.

Vous avez souvent parlé de l’esprit collectif propre à la communauté musicale de Toronto. Est-il toujours bien présent, malgré le succès rencontré par certains groupes ?

Oui, la scène de Toronto est toujours aussi soudée qu’il y a quelques années. Tout le monde se connaît et s’entraide. Le centre de la ville est comme un grand village peuplé d’artistes. On se croise constamment. Il faut avouer que pour un musicien, cet endroit est assez formidable. J’ai quitté la banlieue et surtout son formatage, pour emménager au centre de la Cité, à la fin de mon adolescence. Mais je crains fort que cette ‘standardisation’ ne me rattrape et gagne peu à peu le cœur de la ville. Certains signes avant-coureurs alimentent mon inquiétude, malheureusement.

Y a-t-il un groupe sur lequel vous avez flashé, récemment ?

Vous connaissez Broken Social Scene (rires) ?

Votre collectif prend toute sa dimension sur les planches. Certaines de vos prestations sont même proches de l’envoûtement. Le public belge aura-t-il bientôt la chance de vous y revoir ?

Nous nous produirons, en tout cas, dans le cadre du Festival des Ardentes, à Liège, ce 8 juillet, ainsi qu’à l’Ancienne Belgique (NDR : la date n’est pas encore confirmée). J’espère que nos shows seront de meilleure facture que celui accordé à Louvain, il y a quelques années. Nous avons donné, ce jour-là, le pire concert de toute notre tournée…

 

 

Broken Social Scene

Broken Social Scene

Écrit par
Séduit par leur dernier opus (« You forgot it in people »), paru en 2004, et surtout fasciné par leur prestation scénique accordé en juin denier au Botanique de Bruxelles, j’attendais impatiemment la sortie du nouvel album de Broken Social Scene. Un disque éponyme pour lequel ils ont encore enrichi leur line up. 17 musiciens ont ainsi participé à l’enregistrement de cet elpee. Qui m’a franchement déçu. En fait, le groupe (et surtout le producteur David Newfeld) semble avoir perdu la formule magique qui lui permettait de trouver le parfait équilibre entre arrangements et instrumentation. Parfois on n’est même plus très loin de la cacophonie. Newfeld n’est sans doute pas le seul responsable ; puisque Brendan Canning et Kevin Drew, les têtes pensantes du collectif canadien, ont participé activement à la mise en forme. Et pourtant sur la plupart des compos de cette plaque, la recette est presque identique : une pop orchestrale qui oscille du folk au post rock. Et raffinée par les vocaux limpides de Kevin ou de Brendan que vient soutenir régulièrement Leslie Feist. Le rapper KOS apporte même ses rimes crépusculaires sur le single « Windsurfing nation » (NDR : qui aurait dû être le titre de l’elpee). Il y a bien l’une ou l’autre compo mid tempo, vaporeuse, réminiscente du krautrock de Can (le faussement idyllique « Major label debut » et l’atmosphérique « Bandwithch »). Ou encore les 10 minutes du final « It’s all gonna break », dont le début campe une mélodie qui aurait pu relever du répertoire de Nada Surf. Et qui s’achève dans un semi psychédélisme, semi krautrock de très bonne facture. Mais le reste ressemble à une immense jam au sein de laquelle tout le monde essaie de tirer son épingle du jeu. En n’y parvenant que trop rarement. Une solution ? Refiler les bandes à un producteur externe. Et le résultat risque d’être d’une toute autre trempe…

Broken Social Scene

Démocratie à géométrie variable...

Écrit par

La scène canadienne est en pleine ébullition : The Dears, The Stars, Metric, New Pornographers, Arcade Fire, Treble Charger, A Silver Mt Zion, Mascott, Hot Hot Heat ainsi que Broken Social Scene (NDR : et la liste n'est pas exhaustive) apportent, depuis deux ou trois ans, un véritable vent de fraîcheur à la scène musicale pop rock internationale. Le plus étonnant, c'est que la plupart des musiciens de tous ces groupes se connaissent, se respectent, s'apprécient et parfois même participent aux projets des autres formations. A l'instar d'Arcade Fire, Broken Social Scene est un des fers de lance de ce mouvement. Plus d'une dizaine de musiciens participent à ce collectif à géométrie variable, au sein duquel Brendan Canning, Jason Colett, Andrew Whiteman, Justin Peroff et Kevin Drew forment l'ossature. Kevin (NDR : chanteur/guitariste/claviériste) s'est fait le porte-parole de l'ensemble pour nous accorder cet entretien. Un personnage extrêmement sympathique, profond, humain et très lucide. Jugez vous-mêmes…

Pour Kevin, cette prolifération de groupes n'est pas tout à fait une coïncidence. Il s'explique : " Je pense qu'il souhaitaient tous cette ouverture. Nous n'avons jamais eu la volonté de vivre en vase clos. Hormis Hot Hot Heat - il pratique de la 'dance' et fait un peu bande à part - tous les musiciens se connaissent. Et forment presque une communauté. Depuis la côte est à la côte ouest. Parce que nous avons la volonté de créer quelque chose de bien, d'honnête, de grandiose. La plupart des line up comptent de nombreux membres : Arcade Fire 9 ou 10, les Dears 6 ou 7, les Stars 6, et nous plus d'une dizaine. Qui se défient et se respectent. Le but étant de se surpasser. Et de surpasser les autres. D'être compétitif. On apprécie énormément ce que réalisent les autres. Et on aime assister à leurs concerts. Entrer en communion avec eux. Et quelque part on se soutient. Pour une fois que notre pays décroche cette forme de reconnaissance on ne va pas s'en plaindre… " Curieusement, il n'existe aucune corrélation entre la scène anglophone et francophone au Canada. Kevin se justifie : " Ce sont deux mondes différents. Je ne connais aucun groupe francophone au Québec. Je pense que la sensibilité musicale y est plus proche de celle des Européens. Je n'y ai jamais prêté attention. D'ailleurs, je ne comprends pas la langue française… "

Chez Broken Social Scene, le nombre de musiciens est très variable. Un collectif à géométrie variable ! Kevin n'avait jamais entendu une formule pareille, mais il acquiesce : " C'est la première fois qu'on me fait une semblable réflexion. Il est vrai que le groupe change constamment. Et que l'absence ou la présence d'un musicien influe sur les compositions. Particulièrement en 'live'. " Un collectif au sein duquel règne une véritable démocratie. La patience, la tolérance et le compromis sont d'ailleurs des valeurs cultivées chez B.S.S. Pas tout à fait comme en politique. Kevin s'explique : " Nous essayons de faire en sorte que tout le monde puisse exprimer son opinion. La présence de chaque membre est indispensable. Beaucoup de formations dépendent d'un leader. Nous en comptons plusieurs. Il n'existe pas de dictature chez B.S.S. Le départ ou l'arrivée de musiciens ne pose aucun problème. Parce que tout le monde contribue de manière égale. Et la rétribution financière est partagée de manière équitable. Un équilibre qu'on essaie de préserver par respect mutuel. Ce n'est pas toujours facile, mais tout le monde met de l'eau dans son vin. Ce n'est pas comme en politique… " Un véritable challenge, lorsqu'on sait que tous les membres du groupe participent à la composition. On se demande d'ailleurs comment ils parviennent à composer une chanson, sans sombrer dans l'anarchie. Kevin éclaircit la situation : " Ce travail s'effectue le plus souvent lors de l'enregistrement. Certains arrivent avec des accords, d'autres avec des chansons. Et l'élaboration des compositions germe en studio lorsqu'on est ensemble. Pour l'album ‘You forgot it in people’, on a véritablement squatté le studio. Un jour un des musiciens se pointe. Et on travaille avec lui. Le lendemain, c'est un autre. Et on remet le couvert. Une chanson est un cadeau. Quelque chose qui nous grandit. Elle est le fruit d'un partage… " Cet opus a été produit par un certain David Newfeld. Un type complètement fêlé, suivant les déclarations des membres de B.S.S. Ce qui méritait une explication. " En fait, c'est parce qu'il a un grand cœur. Il est incapable de s'arrêter de travailler. Il bosse comme un malade. Il ne prend même pas le temps de manger. Il recommence 100 fois la prise avant de choisir celle qui lui semble la plus potable. Il n'est jamais satisfait. Un gars intelligent. Un cerveau ! Intelligent mais sensible. Un type adorable ! "

Pour Kevin, la musique contemporaine ne propose plus rien d'original ou de différent. Pour lui, tout a déjà été fait. Seule la présentation change. Mais à ses yeux (NDR : et à ses oreilles) cette situation n'est guère importante : " La scène contemporaine est en perpétuel mouvement. Des nouveaux groupes se forment tous les jours. Il existe plein de Led Zeppelin et de Beatles en herbe actuellement. Mais aussi plein de belles choses. Il ne faut pas constamment regarder dans le passé. Et si tout à été fait des milliers de fois, il y a toujours moyen de découvrir quelque chose de bon et il y a toujours quelqu'un de prêt à s'y consacrer. Maintenant, il faut être fou pour affirmer que les influences n'existent pas. Quoiqu'il arrive tout est influence… " Kevin a des goûts très éclectiques. Il apprécie aussi bien Dinosaur Jr, Tortoise, Modest Mouse que Polyphonic Spree. Mais un musicien a exercé une fascination particulière chez Drew : Jeff Buckley. " Je l'ai découvert à la radio. J'ai alors appris que son album était sorti depuis plus d'un an. J'ai rencontré son groupe. De braves gars ! J'appréciais tout particulièrement l'aspect dramatique de sa voix. J'ai assisté à ses concerts à 4 reprises. Trois fois à Toronto et une fois à Londres. Lorsque j'ai appris la nouvelle de sa disparition, j'ai été bouleversé… Eddie Vedder a également influencé un grand nombre de formations sur cette planète. Sa voix est juste et empreinte de passion. Ce sont des artistes qui comptent dans l'univers de la musique… " Notre interlocuteur est, par contre, agacé par la musique consensuelle : " Je n'aime pas citer de noms, parce qu'en général, ce sont des personnes sympathiques qui jouent cette musique de merde. Je ne comprends pas comment on peut écouter des trucs pareils. Je la déteste parce qu'elle reproduit toujours les mêmes paroles, les mêmes rythmes, les mêmes clichés. Maintenant, il est vrai que si elle n'existait pas nous ne serions peut-être pas aussi bons… "

Kevin a également une vision très sagace sur les questions sociales et politiques. Et lorsqu'on lui reparle des dernières élections présidentielles américaines, c'est un peu comme si on retournait le couteau dans la plaie. " On assiste au retour des principes établis au cours des années 50 : noir/blanc, bon/mauvais, gauche/droite. C'est manifestement un recul de la société. J'ai l'impression que le gouvernement en place cherche asseoir ses idées. A fixer des interdits. A te forcer la main. Pas qu'on veuille te voler tes opinions, mais on te les impose sous une forme légale. L'étiquette de l'écolier blanc hante à nouveau les esprits. Elle vous dicte la façon dont vous devez regarder les événements, la manière dont vous devez les vivre (NDR : le WASP !) Un phénomène qui s'est immiscé dans les foyers, les familles. Sans qu'ils ne s'en rendent compte. A la limite, on te menace de l'enfer si tu n'obéis pas à ces principes. Et chez les personnes crédules, ça marche ! Le message de Broken Social Scene va à contre-courant. Dénonce ce diktat. De quel droit peut-on décréter que telle ou telle chose est bien ou mal. Cherche à éveiller les consciences. Même si ce travail de sensibilisation n'est pas facile. Lorsqu'on monte sur scène, notre discours interpelle. Nous voulons être les gardiens de la conscience éveillée. Nous ne voulons pas dicter cette prise de conscience. Notre musique est très politisée. Qu'est ce qui est bien, qu'est ce qui est mal ? Aux States, le système répond à votre place. Au Canada, la pensée est moins conservatrice, plus libérale. Nous essayons de secouer les gens. Réagir face à la pensée unique. Combattre la pensée discriminatoire. Régénérer, réoxygéner le cerveau des jeunes au bord de l'asphyxie. Leur injecter du nouveau sang. C'est la raison pour laquelle nous faisons de la musique. On y met du sens. Le lendemain d'un concert, ils ne vont peut-être plus le ressentir, mais ils ne vont pas l'oublier… "

Depuis la fin de la guerre en Irak, les Américains doivent se poser des questions. Il y a eu plus de morts de soldats yankees suite aux attaques terroristes que lors du conflit. L'Amérique profonde devrait quand même réagir. Ne plus nécessairement partager les opinions de Bush. Craindre le spectre d'un nouveau Vietnam. Kevin réagit : " Je m'attendais à la question ! En Irak, c'est un bordel inimaginable. Il faut savoir que tout le monde ne partage pas l'opinion de Bush. Mais Bush parle tellement fort, qu'on n'entend que lui. Malheureusement, il est occupé de détruire son pays. Un beau pays comme les Etats-Unis. Je ne crois pas qu'il faille blâmer les Américains. Il y a des tas de gens qui veulent faire entendre leur voix aux States, mais ils sont battus par ceux qui ont plus d'argent qu'eux. En outre, les médias font le jeu de la politique en place. Les Européens ont une vision très stéréotypée des Etats-Unis. Il faut s'y rendre pour mieux comprendre sa population. Cependant, je ne vois pas comment on pourrait inverser le cours les choses ; car il existe deux systèmes de pensée qui cohabitent. Tu choisis ton camp : soit tu optes pour le diable, soit tu crèves. Que choisir ? Personne ne sait ! Tout ce que je peux dire c'est qu'il y a des tas de gens qui boivent les paroles de ces barjots… Plus personne n'a d'opinion. Notamment les jeunes. Tout va trop vite. Il y a le SIDA, Internet, etc. Plus rien ne dure. La sécurité n'est même plus assurée. On en arrive même à donner de l'argent aux pays en voie de développement - et ce n'est même pas sûr que ta participation arrive à destination - tout en buvant du coca-cola et en consommant du porno. Cela n'a pas de sens. C'est comme dans le domaine de l'éducation. Comment éduquer tes enfants lorsqu'il n'existe plus de repères ? J'en reviens à ton allusion au Vietnam. En parler à nos parents. Pas la peine d'y penser. Aborder le sujet de la deuxième guerre mondiale en compagnie de nos grands-parents ? C'est toujours aussi tabou ! Et en Europe, c'est pareil. C'est même offensant ! Faut faire gaffe à ce qu'on dit. Maintenant, les Européens ont beau jeu de critiquer la politique menée par les Américains, ils traînent également leurs casseroles. Si je viens en Belgique pour parler du génocide au Rwanda, je vais être bien reçu. Et en Allemagne pour soulever la question de l'Holocauste, tu peux imaginer le tableau. Tous les pays concèdent un lourd héritage au passé, et je ne me permettrai jamais de hiérarchiser les tranches de l'histoire. Je ne suis pas ici pour cette raison, mais pour vivre et exister. Pas refaire le monde… "

Broken Social Scene vient d'enregistrer deux nouveaux albums. Mais pas moyen d'en savoir davantage. C'est top secret ! Par contre, Kevin confirme que tous les musiciens du groupe bossent sur leurs projets personnels : Apostle of Hustle, Do Make Say Think, etc. Il a même l'intention de concocter un album solo. Et de conclure " On n'arrête jamais. C'est infernal ! On a tellement de boulot qu'on a même plus le temps d'accorder ces putains d'interviews au cours desquelles on peut parler de nos aïeux ou des Beatles. D'essayer de vivre, d'exister. De se donner du bon temps… "

Merci à Vincent Devos

 

Broken Social Scene

You forgot it in people

Écrit par
Issu de Toronto, ce collectif réunit une bonne dizaine de musiciens (quinze si on compte les invités) issus de la scène locale ; et en particulier des Stars, Do Make Say Think, Treble Charger, A Silver Mt Zion et Mascott. Un projet expérimental responsable de deux elpees à ce jour. Produit par un illustre inconnu qui répond au nom de David Newfeld, « You forgot it in people » évolue au sein d’un univers sonore riche, très riche même, que certains médias n’ont pas hésité à qualifié de ‘symphcore’. Parce que leurs compositions sont régulièrement enrichies d’arrangements et d’orchestrations symphoniques. Imaginez un peu une rencontre hypothétique entre Godspeed You ! Black Emperor, Sigur Ros et Mogwai, et vous aurez une petite idée du style pratiqué par Broken Social Scene. Une petite idée, parce que le résultat de cette fusion est très souvent filtré à travers différentes sources sonores. Psychédélique, post et alt rock, pop et popcore, jazz, prog, punk, lo fi, noisy, lounge, dub, cold wave, électronique ou encore ambient. Vous ne serez donc pas trop étonnés d’apprendre que cet opus recèle plusieurs plages instrumentales. Mais le plus intéressant procède de cette originalité, de cette fraîcheur, et surtout de ce sens contagieux de la mélodie que nous communiquent les 13 fragments de cet elpee. A l’instar de « Cause = time », dont le groove irrésistible est littéralement tapissé de cordes de guitares chatoyantes, ‘pépiantes’ (NDR : réminiscences de Dinosaur Jr ou de Clapton époque Delaney & Bonnie, au choix !) ; du majestueux « Lover’s spit » qui aurait pu figurer au répertoire d’un Flaming Lips ; ou encore de « Stars ans sons », tramé sur une ligne de basse digne de Peter Hook ! Bref, un album fort intéressant, même si sa complexité nécessite plusieurs écoutes avant d’être apprécié à sa juste valeur. Serions-nous entrés dans une ère de néo prog ?