Dave est un tout jeune musicien. Il vient de fêter ses 24 ans. Et pourtant, il suscite déjà le respect. Il en impose, si vous préférez. Il est parvenu à faire la fusion entre toute une pléiade d’influences, dont le blues, le jazz, le swing et le rock, pour se forger un style qui tient bien a route. "You don't love me", son premier opus, est paru en 2004. Il était déjà chargé de promesses. Deux années plus tard, "Take the gamble" montre de nets progrès. Pour son troisième essai, les médias l’attendaient au tournant. Et avouons-le le gamin n’a pas déçu. Sans pour autant renier la tradition musicale, sa maturité est étonnante. Et sa maîtrise instrumentale impressionne. Au fil du temps, les cordes vocales de Dave prennent de la bouteille. Et transpirent de plus en plus le vécu….
Une impression confirmée dès le premier fragment. Une ouverture royale ! La cover du "It's my life, baby" de Don Robey est enrichie par une section de cuivres imposante. Dave laisse libre cours à son inspiration sur les cordes ; et franchement, c’est un guitariste de première classe. Il chante "Rock in my shoe", un rock'n'roll pur et dur, très fifties. Son timbre vocal libère la même puissance et la même rage que celle de Little Richard. Préposé au piano, Mike Lattrell alimente et balise l’expression sonore. Dave en profite pour arpenter la scène de long en large. Il imite les pas de canard institués par Chuck Berry, au faîte de sa gloire. Les chœurs, auxquels participe la charmante Gina Sicilia, soutiennent la voix de Mr Gross. Signé Ike Turner, "Cubano jump" campe le premier instrumental convaincant. Le son de la gratte est pourri, légèrement rerverb, direct, franc, menaçant. Il domine les interventions des deux saxophones baryton assurés par Garry Niewood et Rob Chaseman. Une compo très solide. La plage éponyme émarge au jazz traditionnel urbain. Celui de la Nouvelle Orléans. Conal Fowkes égrène ses accords de piano érodés. La clarinette et la trompette dodelinent, alors que la section rythmique –composée de Scott Hornick à la basse et de Michael Bram à la batterie– soutient l’ensemble. Un titre admirablement exécuté, dans l’esprit de ce prestigieux passé. "Baby, wont you please come home ?" reproduit la même recette. Tout ce beau monde est épaulé par le banjo de Matt Munisteri et le sax baryton de Scott Robinson. Dave puise également son inspiration dans le R&B de la fin des années 40. A l’instar d’"Inspiration blues". Niewood est passé sans encombre de la clarinette au sax ténor. Un fragment percutant au cours duquel les notes succinctes de guitare s’enchaînent, mais sont abordées dans un esprit purement jazz… Slow blues cabaret, "You're not the one" est imprimé sur un tempo indolent. Un tempo assuré par la basse acoustique de Hornick. Les interventions des solistes, Kellso et Gross, sont majestueuses. L’elpee recèle deux plages ‘hénaurmes’. Très blues aussi. Tout d’abord "Don't take too long". Dennis Gruenling s’y révèle sémillant à l'harmonica. A cours de ce R&B vivifiant, Gross attaque ses cordes sèchement, dans un style fort proche de Jimmie Vaughan. Et puis "Find yourself another man", un merveilleux blues lent, contaminé par l'esprit du Chicago Southside. Plus de 5' de bonheur ! L’elpee est manifestement très éclectique. "It was born in the 20's" en est une nouvelle illustration. Une longue compo qui prélude le final. Plutôt manouche. Cette forme de jazz traditionnelle est même hantée par Django Reinhardt. A l’instar de "A little love, a little kiss", une plage instrumentale dont les accords classiques et hispanisants ne peuvent que se référer au maître. N’empêche, cet elpee reflète toute la maturité de ce futur artiste majeur. Enfin, c’est tout le mal qu’on lui souhaite…