Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

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Dave Gross

Crawling the walls

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Dave est un tout jeune musicien. Il vient de fêter ses 24 ans. Et pourtant, il suscite déjà le respect. Il en impose, si vous préférez. Il est parvenu à faire la fusion entre toute une pléiade d’influences, dont le blues, le jazz, le swing et le rock, pour se forger un style qui tient bien a route. "You don't love me", son premier opus, est paru en 2004. Il était déjà chargé de promesses. Deux années plus tard, "Take the gamble" montre de nets progrès. Pour son troisième essai, les médias l’attendaient au tournant. Et avouons-le le gamin n’a pas déçu. Sans pour autant renier la tradition musicale, sa maturité est étonnante. Et sa maîtrise instrumentale impressionne. Au fil du temps, les cordes vocales de Dave prennent de la bouteille. Et transpirent de plus en plus le vécu….

Une impression confirmée dès le premier fragment. Une ouverture royale ! La cover du "It's my life, baby" de Don Robey est enrichie par une section de cuivres imposante. Dave laisse libre cours à son inspiration sur les cordes ; et franchement, c’est un guitariste de première classe. Il chante "Rock in my shoe", un rock'n'roll pur et dur, très fifties. Son timbre vocal libère la même puissance et la même rage que celle de Little Richard. Préposé au piano, Mike Lattrell alimente et balise l’expression sonore. Dave en profite pour arpenter la scène de long en large. Il imite les pas de canard institués par Chuck Berry, au faîte de sa gloire. Les chœurs, auxquels participe la charmante Gina Sicilia, soutiennent la voix de Mr Gross. Signé Ike Turner, "Cubano jump" campe le premier instrumental convaincant. Le son de la gratte est pourri, légèrement rerverb, direct, franc, menaçant. Il domine les interventions des deux saxophones baryton assurés par Garry Niewood et Rob Chaseman. Une compo très solide. La plage éponyme émarge au jazz traditionnel urbain. Celui de la Nouvelle Orléans. Conal Fowkes égrène ses accords de piano érodés. La clarinette et la trompette dodelinent, alors que la section rythmique –composée de Scott Hornick à la basse et de Michael Bram à la batterie– soutient l’ensemble. Un titre admirablement exécuté, dans l’esprit de ce prestigieux passé. "Baby, wont you please come home ?" reproduit la même recette. Tout ce beau monde est épaulé par le banjo de Matt Munisteri et le sax baryton de Scott Robinson. Dave puise également son inspiration dans le R&B de la fin des années 40. A l’instar d’"Inspiration blues". Niewood est passé sans encombre de la clarinette au sax ténor. Un fragment percutant au cours duquel les notes succinctes de guitare s’enchaînent, mais sont abordées dans un esprit purement jazz… Slow blues cabaret, "You're not the one" est imprimé sur un tempo indolent. Un tempo assuré par la basse acoustique de Hornick. Les interventions des solistes, Kellso et Gross, sont majestueuses. L’elpee recèle deux plages ‘hénaurmes’. Très blues aussi. Tout d’abord "Don't take too long". Dennis Gruenling s’y révèle sémillant à l'harmonica. A cours de ce R&B vivifiant, Gross attaque ses cordes sèchement, dans un style fort proche de Jimmie Vaughan. Et puis "Find yourself another man", un merveilleux blues lent, contaminé par l'esprit du Chicago Southside. Plus de 5' de bonheur ! L’elpee est manifestement très éclectique. "It was born in the 20's" en est une nouvelle illustration. Une longue compo qui prélude le final. Plutôt manouche. Cette forme de jazz traditionnelle est même hantée par Django Reinhardt. A l’instar de "A little love, a little kiss", une plage instrumentale dont les accords classiques et hispanisants ne peuvent que se référer au maître. N’empêche, cet elpee reflète toute la maturité de ce futur artiste majeur. Enfin, c’est tout le mal qu’on lui souhaite… 

Dave Gross

Take the gamble

Écrit par

Ce jeune chanteur/guitariste/compositeur (NDR : il n’est âgé que de 21 ans !) est un talent à l’état pur. Paru en 2004, son second album ("You don't love me") en était déjà la plus belle des promesses. Ce musicien puise aussi bien ses références dans le blues que le jazz. Le blues des années 40 et 50 ainsi que le swing des années 30 et 40. Ce musicien reconnaît pour influences majeures T-Bone Walker, Clarence Gatemouth Brown, Charlie Christian, BB King, Tiny Grimes, Duke Robillard et Jimmie Vaughan.

Dave signe neuf des treize plages de son nouvel opus. Il parvient à y patiner son blues traditionnel, mais aussi contemporain, de touches country, jazz, swing et rock. Sa fidèle section rythmique -AJ Hager à la basse et Matt Rousseau aux drums- est toujours au poste. Cependant, il a reçu, pour la circonstance, le concours de nombreux invités de marque. Sous la houlette bienveillante du grand Duke Robillard. Parmi ces ‘guests’ figurent Arthur Neilson, le guitariste new-yorkais de Shemekia Copeland et du label Dixiefrog (NDR : il est préposé ici à la basse !), Doug James (ex-Roomful of blues) aux saxophones, Al Basile au cornet ainsi que Miss Dona Oxford –véritable princesse du boogie woogie- au piano.

Dès les premières notes du "She walks right in" de Clarence Gatemouth Brown, on ressent la patte du grand Duke. Le son est dense, remarquable. La section rythmique swingue du tonnerre. Dona Oxford virevolte derrière ses ivoires. Une situation idéale pour mettre les différents solistes en exergue. Ce que ne manquent pas de faire Dave Gross aux cordes et Doug James au sax ténor. Cette entrée en matière est une véritable claque qui laisse augurer une suite royale. Gross a pris de la bouteille. Il signe la plupart des plages. Et puis sa voix est aujourd’hui bien plus assurée. "Mess on my plate" nous entraîne dans la cité de la Nouvelle Orléans. Dave et Dona se révèlent très inspirés face aux cuivres de James et d'Al Basile. "I'm leavin' baby" emprunte un rythme syncopé. Nous ne sommes pas tellement loin du rockabilly, mais imprimé sur un tempo plus lent. L'ambiance est cool. Pas de cuivres. Ce qui n’empêche pas la formule d’atteindre un niveau très relevé. Confronté au talent du petit, Duke ne tient plus en place et se pose en rival habile. Premier blues lent, "I'm so hungry blues" baigne au sein d’un climat très fin de soirée. Dans cet univers si naturel et réaliste, très T-Bone Walker aussi, Dave manifeste beaucoup d’assurance face aux interventions somptueuses de Basile au cornet. Instrumental atmosphérique, "Swingin' on all six" trempe dans le jazz et le swing des années 30. Les solistes interviennent à tour de rôle : Doug, Dona, Al, l'ami Dennis Gruenling à l'harmonica et Dave. La classe! Qu’est-ce-que la voix de Dave a pu s’améliorer en quelques années ! Animé par un festival de cuivres, "Walkin' in a daze" en est une des plus belles illustrations. "That's all you get" lorgne davantage vers le R&B contemporain. Préposé à la basse pour cet opus, Arthur Neilson est passé à la guitare rythmique. Dona siège à l'orgue Hammond. Gross en profite pour gratter dans le style funky d'Albert Collins. Dave n’est manifestement pas allergique à l’éclectisme. Abordé dans un style laidback, "You ain't playin' me no more" confirme cet état d’esprit. Sculptée dans le country blues, cette plage brille par son solo en picking, tout en fraîcheur, devant le piano roulant et paresseux de Dona. "I know your wig is gone" rend hommage à T-Bone. Un swing jazz qui puise allègrement dans le passé. Ce qui n’empêche pas les différents instrumentistes de tirer leur épingle du jeu. Ce swing désuet frôle même l’univers de Django Reinhardt et de Benny Goodman sur "After you've gone". Et le concours d’Al Basile n’y est pas étranger ! Plus contemporain, "Movin' on down the line" séduit par son sens mélodique. Tout en finesse, "Make things right" émarge au swamp blues. Assurément un des meilleurs albums parus en 2006!