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Jackson & His Computer Band

Electron libre

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Comme tous les genres, la musique électronique évolue. Elle cherche sa voie, entre samples et beats frénétiques. Astucieuse ou vigoureuse, elle tend toujours à imposer son rythme. En France, au début des années 90, la mode électro convoitait les artistes assimilés à la « French touch », mouvement musical abstrait au sein duquel cohabitaient des artistes aux influences éloignées (Air, Daft Punk, Cassius, Stardust, Laurent Garnier, etc.). Quelques années plus tard, le passage au nouveau millénaire a amorcé un renouveau. Désormais la « French Touch » semble bien loin. La boule à facettes a tourné, l'électronique s'est décomplexée, modernisée. Enfant de cette nouvelle vague, Jackson Fourgeaud déconstruit les sons pour mieux les danser. Auteur d'un premier album (« Smash ») revigorant, l'esthète parisien s'est laissé accoster par Warp Records, le plus prestigieux des labels électroniques. Jackson & His Computer Band entraient ainsi dans la transe. Japon, Etats-Unis, Europe, le chemin des dance-floors s'ouvrait à lui, mais non sans mal : Jackson pose son computer et s'explique...  

Comment arrive-t-on à la musique électronique ? Est-ce un ras-le-bol des guitares ou un flux naturel ?

L'esthétique de la musique électronique m'a séduit. Quand ce style musical est apparu, nous n'avions aucun repère. Elle ne ressemblait à rien de connu. C'était une musique de fin du monde, en quelque sorte. Le fait d'être confronté à une musique où les balises n'étaient pas établies me plaisait. Déjà, elle ne me renvoyait pas à mes parents, à leurs goûts personnels. En ce sens, elle constituait une véritable mouvance générationnelle. Il s'agissait d'une véritable remise en question. Je suis né en 1979. Mais jusqu'au déclic 'électronique', je rejetais catégoriquement tous les sons issus d'une boîte à rythmes. Adolescent, je vibrais aux sons des seventies : les Rolling Stones, Pink Floyd, Jimmy Hendrix étaient mes modèles d'alors. A l'époque, le mot 'machine' était synonyme de 'mauvais'. Le jour où je me suis aperçu que l'essence de la musique n'était pas la virtuosité, j'ai changé mon fusil d'épaule. Ma conception des choses devait ainsi changer. J'ai donc rencontré des gens obnubilés par les musiques électroniques. En entendant leurs 'morceaux' pour la première fois, j'ai rigolé, commençant à les mépriser et leur soutenir qu'en moins d'une journée, je leur composerais un titre techno d'anthologie. A la maison, ma mère possédait un petit synthétiseur. Je me suis acharné dessus comme un forcené, fier d'apporter à mes nouveaux amis le fruit d'une journée de dur labeur. On l'a écouté ensemble. Après cette écoute, je suis devenu la risée de mes potes. Ça ne ressemblait à rien. Fâché, je suis rentré chez moi, bien décidé à m'y remettre... A partir de cet instant, j'ai commencé à travailler plus sérieusement, prenant soin de ne louper aucune 'rave party'.

Et comment débarque-t-on chez Warp Records ? Chose plutôt rare, d'ailleurs, pour un artiste français. Quel est le secret pour se faire une place au soleil de l'un des labels les plus influents dans la musique électronique ?

Le label est venu me chercher ! Vous voulez connaître l'histoire ? Au départ, un journaliste anglais a rédigé un article à mon sujet. Ensuite, il a mentionné mon nom auprès des représentants du label... Quelques jours plus tard, je devais recevoir un coup de téléphone et une proposition émanant de chez Warp. Je suis conscient d'être hébergé sur un label de grande qualité. Et force est d'admettre que de nombreux artistes signés chez eux ont eu une influence considérable sur ma musique.

Serais-tu tenté de colporter ta musique par le seul biais d'Internet ?

Je ne pense pas. L'objet physique me plaît : c'est une sorte de totem. Tout le processus de création est immatériel. Mais au final, c'est un objet qui fixe le résultat de ton travail. Ce principe est important. Ensuite, on peut mettre en avant toute une esthétique, une imagerie associée au format album. Par contre, il ne faut pas nier l'impact d'Internet. Le public peut, pour la première fois, établir un lien direct avec l'artiste. Il n'y a plus d'obstacle, plus de logistique entre les musiciens et les mélomanes. Là, c'est clairement une avancée...  De plus, cette évolution met en exergue le point fort de l'industrie du disque : les artistes. Jusqu'à maintenant, les artistes étaient planqués. Grâce aux nouvelles technologies, ils redeviennent les vrais protagonistes de l'industrie musicale. Aujourd'hui, tu peux même dialoguer avec les artistes grâce aux ordinateurs. Internet contribue ainsi à détruire certaines idées reçues. Vu le développement du réseau de l'information, rien n'est acquis : on n'est pas fatalement un musicien alternatif (underground) ou un artiste mainstream. Internet participe à brouiller les frontières. Sur le web, le génie se retrouve partout. Aussi bien dans une musique de stade que dans une musique complexe.

Ton premier album est sorti au milieu de l'année. Mais, auparavant, tu avais déjà lâché quelques singles. Pendant ce temps, le disque tardait à paraître. Comment expliques-tu ces longs délais d'attente ?

Je ne pense pas que je sois quelqu'un de 'désordonné' par nature. Cependant, quelque chose me poussait à évoluer à contre-courant, à défier les codes, les systèmes en place. En appréhendant les événements de cette façon, je me suis retrouvé livré à moi-même. Et un artiste lié à lui-même rencontre de nombreuses difficultés : des impératifs de temps, d'argent, d'organisation, etc. Du coup, mon disque a été livré dans le chaos le plus total. Je ne dormais plus depuis près d'une semaine, sans parvenir à achever cet album. Un de mes amis me payait un studio. Au bout d'un moment, il en a eu assez. Il m'a viré... Essentiellement pour une question de budget. Alors, je me suis promené, mon ordi sous le bras, à la recherche d'amplis : une véritable galère. C'est à moment-là que la maison de disques m'est à nouveau tombée dessus. Elle me pressait vraiment. J'ai encore essayé de les mener en bateau. Mais, après plus de deux ans de bobards, ce n'est plus passé. La maison de disques m'a donc annoncé la date définitive du mastering de l'album...

Et maintenant que l'album est disponible chez les disquaires, es-tu satisfait du résultat ? 

Je suis fier de la réaction des gens par rapport à ce disque. Je sais aussi que je ne pouvais pas en faire davantage. Ou peut-être que si. Mais alors, j'allais finir par me jeter dans la Seine. J'étais en train de devenir fou... Pour mon deuxième album, je ne veux plus me mettre dans ces états. C'est vraiment nul. Avec du recul, je considère cet affreux périple comme une fuite des responsabilités. Je refuse d'être ce mec là toute ma vie ! Dans ma carrière, ce premier album constituera sans doute une étape importante. Pour revenir au disque, j'espère qu'il existe plusieurs niveaux de lecture, que les gens écoutant l'album vivent la musique de façon différente. En espérant, aussi, que certaines personnes apprécient ce disque sans savoir pourquoi.

Quelles sont les étapes nécessaires dans ton processus créatif ?

C'est toujours une question d'équilibre et de contraintes. Peu à peu, j'ai cherché à enlever les contraintes. Il convient alors de trouver le juste équilibre entre ce qu'on a envie de faire et ce qu'on est capable de faire. Il est très difficile de trouver ce juste milieu. Au bout du compte, tout le monde a envie de se mettre devant un ordinateur et de mixer la somme de ses influences musicales. Mais en réalité, c'est moins drôle : après avoir samplé à souhait, on obtient un nouveau morceau. Et on se pose une question essentielle : est-ce qu'il me ressemble ? La mise en forme de mon premier album a été périlleuse : je m'endettais, je perdais mes potes, je ne me faisais plus confiance, etc. Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre... Ou presque !

La légende raconte que tu as été mannequin... la pochette de ton album est très stylisée. Considères-tu que la musique électronique s'associe forcément à une certaine forme vestimentaire ?

Ah, cette légende ! A 18 ans, j'ai été mannequin pendant 6 mois. Après cet épisode, les gens ont pensé qu'il s'agissait de mon métier. Mais je n'ai jamais été mannequin professionnel. Pour la pochette, c'est une autre histoire. J'écoute énormément de musique, j'adore de nombreux artistes. En règle générale, je me tape de savoir comment s'habille le chanteur d'une chanson que j'apprécie. Par contre, il est incroyable de pouvoir s'identifier à la musique. C'est un phénomène très puissant. Il est certain que j'aimerai trouver un style vestimentaire qui colle à ma musique. Mais aujourd'hui, je n'ai pas l'impression de l'avoir trouvé. Quand la musique te donne envie de changer ta façon de vivre, de t'habiller, c'est qu'elle dégage un truc énorme. J'aime l'implication totale dans la musique.

Ta maman vient poser sa voix sur deux titres de l'album (« Utopia » et « Fast Life »). Alors, comment demande-t-on à sa mère de participer à un projet électro ?

Un jour, elle est venue manger à la maison. J'étais occupé de bosser sur « Utopia ». A la base, je souhaitais inviter une chorale pour chanter sur ce morceau. Je voulais y apporter un beat christique, un relent ecclésiastique, quelque chose de sacré. Dans les années 80, ma mère était chanteuse. Profitant de sa présence, je lui ai demandé de chanter, un peu comme dans une chorale. Et si c'était à refaire ? Je retourne directement dans les bras de ma mère !