Agé de 44 balais, Mike Morgan, est depuis près de vingt années un des fleurons blues de la guitare à Dallas. Une ville texane qui s’est forgé une notoriété dans ce domaine, en abritant des talents tels qu’Anson Funderburgh, Jim Suhler, Bugs Henderson, Johnny Moeller et bien d'autres encore. En 86, Mike fonde le Crawl en compagnie du chanteur Darrell Nulisch. Venu tout droit de Kansas City, Lee Mc Bee remplace ce dernier en 89. La grande aventure est en marche ! Premier elpee, "Raw and ready" paraît l'année suivante. Et le fantastique "Mighty fine dancin", en 91. Un opus dont il reprend ici "Frankie's blues" et "Blues for Al & Peg". Pour notre plus grand bonheur, la vie musicale de Mike était accompagnée de la voix et du souffle du grand Lee McBee. Et pour l’instant, leurs destins sont séparés ; ce qui a donné naissance à deux formidables blues bands. Une situation qui permet de mesurer tout le talent de Mike Morgan, comme seul soliste du Crawl ; et croyez moi, cet événement n'est pas banal ! D’autant plus qu’il est ‘live’.
Nous sommes donc le 1er juin 2002 au Bootlegger's de Dallas. Les vibrations sont excellentes. Les quatre musiciens se retrouvent pour la première fois depuis un mois. Kevin Schermerhorn est derrière ses caisses, Rhandy Simmons à la basse, et Chris Zalez, le nouveau chanteur, se réserve aussi la guitare rythmique. Pendant ce temps, l'œil droit toujours caché, Mike Morgan se fait le roi de cœur… et de la guitare. Tous ces musiciens avaient déjà participé à la confection de l'album précédent, "Texas man", un disque paru en 2001. Le concert s'ouvre par une superbe version de "One of a kind", issu de l'album "I like the way you work it". Bien sûr, Lee McBee n'est pas là. Son harmonica manque. Bien qu’elle tente de l’imiter, la voix de Chris Zalez n'a pas sa puissance ; mais qu'est-ce que Mike Morgan dégage ! Ses parties de guitares sont époustouflantes. Il semble totalement libéré tout en manifestant un charisme certain. Le "Frankie's blues" de Frankie Lee Sims ne recèle pas de solo. Tout est dans la rythmique. "Mother-in-law blues" est un de ces shuffles qu'on n’entend plus qu'au Texas. A Dallas ou à Austin, en particulier. La partie de cordes est encore une fois extraordinaire. "Blues for Al & Peg" est le slow blues instrumental sur lequel Mike peut libérer le feeling débordant de son écriture personnelle. Dans l’esprit de ce que faisait Stevie Ray Vaughan sur "Tin Pan Alley". Quand Mr Morgan saisit sa slide, il se fait Elmore, mais son coup de patte si personnel, si modéré, libère tellement de beauté simple dans l’exécution… Chris Zalez chante impeccablement "Help me baby", un autre shuffle au cours duquel il prend aussi un solo très réconfortant, sous l'œil du maître. Le Crawl se transporte dans les swamps louisianais quand il joue "Those lonely, lonely nights", une plage dont la partie vocale est tellement inspirée par Guitar Slim. On y ressent même la présence du fantôme de Lee McBee. Mais n’ayez crainte, il reviendra bien un jour prochain, le grand Lee ! Pendant ce temps, Mike se sent revivre sur ce rythme si chaleureux du sud des Etats-Unis. Le concert s’achève par la reprise du notoire "Shame, shame, shame" de Jimmy Reed. Ce premier opus ‘live’ du Crawl est un véritable régal ; et pas seulement parce que Mike Morgan est un tout grand guitariste…