Sur la pochette, Peaches porte une barbe postiche. Queer. Ce qui plaît chez la Canadienne, c'est la transgression : dans ses textes (elle nous parle de cul), dans sa musique (ni du rock, ni de l'électro). Peaches est une artiste bâtarde qui se fout bien du " politically correct ", rejoignant là les Riot Grrrls, les performers-bruitistes SM et tous ces malades de l'underground qui envisagent l'art comme un défouloir dégueulasse à toutes leurs obsessions inavouables. Peaches, donc, s'en fout. C'est ce qu'elle crie sur le titre d'ouverture, en samplant bêtement " Bad Reputation " de Joan Jett. Elle porte une barbe, montre sa culotte et déclare " aimer les garçons et les filles " (" I U She "). Le sexe, donc. Toute une histoire. Un coup de queue par-ci, un coup de loche par-là (" Shake Your Dix "). Même Iggy Pop, invité sur " Kick It ", a l'air d'être impressionné par cette femme au tempérament, euh, affirmé. Sur son dernier album, il lui rend la pareille en reprenant " Rock Show ". Mais Peaches s'en fout : des types comme lui, elle en mange 5 au petit déjeuner. Puis au dîner, elle se tape quelques meufs, et puis qui sait si elles ont de gros zizis ou vice-versa. Paraît qu'on étudie Peaches à l'université de Toronto, dans la grille des programmes sur les tendances Queer : à l'entendre crier trois mots par chanson, on se dit que le cours doit être bouclé en une demi-heure. " Fuck, shit, fuck, shit " : avant Peaches, il y avait d'ailleurs un groupe no-wave, The Shit. Tout se tient. C'est vrai que Peaches marque son époque. Déjà son premier album, " The Teaches of Peaches " (et elle nous en apprend, des choses !), marquait un peu le début de l'électro eighties revival, avant Le Tigre, avant Chicks on Speed, avant Miss Kittin, avant tous ces Gigolos du label de DJ Hell. La musique : des riffs de guitare hard rock samplés, des beats minimalistes (sa bécane : le Roland Groovebox MC505), des drums squelettiques. Parfois, un piano (les notes martelées de " Back It Up, Boys "). Pas grand chose d'autre. Voilà tout l'art de la suggestion. A l'instar de sa musique, dépouillée (mais pas vierge), Peaches se dénude volontiers, parce qu'elle n'a rien à cacher. Et on l'écoute bouche bée, sans jamais vraiment comprendre, mais avec la certitude qu'elle est loin d'être conne. On y revient toujours, à ces histoires de con(s)… Le sexe, mes amis, est le ferment de notre monde décadent. Et Peaches son ambassadrice la plus téméraire. Qu'elle aille donc se faire foutre, puisque tel est son désir. Nous, on est prêt à lui rendre ce petit service. En attendant, on écoutera son disque. Fuck, Shit, Fuck, Shit, Fuck, Shit, Fuck, Shit.