Buddy avance aujourd’hui l'âge respectable de 74 ans. Il est devenu une légende vivante. Originaire de la Louisiane, ce chanteur/guitariste flamboyant a forgé sa notoriété dans la ville de Chicago. Au cœur des années 50, il participe au mouvement naissant du quartier Westside, à l’instar de Magic Sam, Otis Rush, Luther Allison et Magic Slim. Il a fait très longtemps équipe en compagnie de l'harmoniciste Junior Wells, forgé à la rude école du Muddy Waters Band. Depuis près de vingt ans, c’est-à-dire depuis la publication de "Damn right I've got the blues", en 1991, il relève du label Jive/Silvertone pour lequel il a publié une bonne dizaine d'albums qui ont rencontré un certain succès. Pour concocter cet opus, Buddy a pu compter sur la présence de quelques collaborateurs brillants, et en particulier le second gratteur David Grissom, le claviériste Reese Wynans, le bassiste Michael Rhodes et le drummer Tom Hambridge. Ce dernier assure également la production.
Pour introduire ce nouvel opus, Buddy nous confesse son âge : "74 years young". Sa superbe voix est bien mise en évidence face aux cordes acoustiques ; mais très vite, elles se chargent d'une bonne dose de décibels. L'enfant terrible du blues est volubile, et il en profite largement dès la première ouverture. Mr Guy a écrit "Thank me someday" en pensant à sa Louisiane natale, à ses champs de coton, mais aussi au mal de vivre ; un slow blues à la charge émotionnelle et dramatique considérable. Très expansif, ce dieu de la guitare se laisse aller tout au long de cet exercice de style, mais sa sensibilité profonde n’est jamais prise en défaut. Une section de cuivres imprime un tempo largement funky à "On the road". Le maître éprouve de plus en plus de difficultés à se contrôler et libère d'importantes vagues de notes largement amplifiées. C'est le moment choisi par le bon vieux maître de Memphis, BB King, pour introduire sa chère et fidèle Lucille. Les deux bluesmen d'exception se partagent le chant sur cette lente ballade colorée par l'orgue Hammond de Wynans. Blues lent d’excellente facture, "Key don't fit" est judicieusement électrifié, sans excès. Faut dire qu’à l’arrière, parfaitement soudée, l’équipe accomplit de l’excellent boulot. Bien ficelé, le titre maître évolue sur un mid tempo, un boogie blues dont les sonorités évoquent quelque part le ZZ Top. "Where the blues begins" est incontestablement un des sommets de l’elpee. La voix de Guy passe parfaitement la rampe tout au long de cette compo classieuse, originale, envahie d’un flot de percussions, et impliquant un invité de marque : Carlos Santana. Les échanges opérés entre les deux six-cordistes sont absolument remarquables. "Too soon" est un shuffle très dynamique au cours duquel Buddy enveloppe son chant de grappes de notes sans fin. Quelle santé ! "Everybody's got to go" est une ballade richement texturée par l’orgue Hammond et les chœurs féminins. L’opus ne souffre d’aucune faiblesse. Et nous livre un autre slow blues à la sauce Buddy, "Guess what", une compo dont le déluge de notes torrentueuses évoque la quintessence de l’œuvre de Guy, et en particulier le fameux "First time I met the blues". Le disque s’achève par un instrumental, "Skanky", un morceau d’excellente facture qui adresse un clin d’œil manifeste au regretté Freddie King, pour rappel, également membre du Westside blues!