Pour Silverstein, un quintet de post-hardcore canadien, tout a débuté en 2000, dans une salle de répétition poussiéreuse de Burlington, en Ontario. À l'époque, personne n’imaginait que, 25 ans plus tard, il serait toujours en tournée dans le monde entier, et compterait à son actif des albums classiques tels que « Discovering The Waterfront », « A Shipwreck In The Sand », « This Is How the Wind Shifts » et « When Broken Is Easily Fixed ». Le band est venu présenter son douzième et dernier opus studio, « Antibloom », paru ce 21 février. Et il annonce un second volume, « Pink Moon », prévu plus tard dans l’année.
La tournée est baptisée ‘25 Years Of Noise’. Dans ses bagages, il a emmené trois groupes : Thursday, The Callous Daoboys et Bloom. Ce qui est intéressant chez chacune de ces formations programmées ce soir, c’est la présence d’au moins deux guitaristes et parfois trois, au sein des line up.
Bloom entame les hostilités à 18h30. Australien, cet autre quintet réunit le chanteur/guitariste Jarod McLaren, le second sixcordiste Oliver Butler, le bassiste Andrew Martin et enfin du batteur Jack Van Vliet. Cette formation déborde d’une rare énergie. Elle pratique un metalcore qu’elle mêle à un hardcore assez mélodique. Pour son premier concert en Belgique, elle souhaite faire grosse impression en nous proposant de larges extraits de son nouvel long playing, « Maybe In Another Life ».
Le set s’ouvre par « The Service », un extrait de l’elpee live, « The Passion », paru en 2021. La dynamique vocale constitue un énorme point fort tout au long de « Bound to Your Whispers », notamment au niveau des voix claires. Bien ancrées dans les morceaux, elles restent adaptées aux paroles. Les voix hurlées, en particulier, sont également parfaitement maîtrisées. Bloom a durci son style, prenant une direction plus metalcore qu'auparavant et délaissant davantage les aspects hardcore mélodique de ses débuts. Mais qui dit metalcore dit aussi refrains insupportables en voix claires... Bah, pas grave, une belle découverte quand même (page ‘Artistes ici) !
Setlist : « The Service », « Bound To Your Whispers », « Cold », « You & I », « The Works Of You », « Maybe In Another Life », « Siren Song ».
The Callous Daoboys est un combo américain originaire d’Atlanta, en Géorgie, qui mélange mathcore et emo. Son patronyme est une contrefaçon de celui de l'équipe de football des Dallas Cowboys. Une des sixcordes est remplacée par un violon joué par Amber ‘The Mind’ Christman. Elle se sert d’un instrument contemporain et électrique. Le reste de la formation implique la bassiste, Jackie ‘Clancy’ Buckalew, le guitariste, Daniel ‘Dip’ Hodsdon et le batteur du Matthew ‘Marty’ Hague. Le groupe puise ses influences chez The Dillinger Escape Plan, Botch, Korn, Slipknot et Linkin Park : que du bon ! Il est venu défendre son dernier opus, « Two-Headed Trout, The Demon of Unreality Limping Like a Dog », paru il y a peu.
Le concert commence par le single et titre maître du nouvel LP, « The Demon of Unreality Limping Like a Dog ».
Alimenté par une agressivité impressionnante, le démoniaque The Callous Daoboys dispense une solution sonore à indice d'octane élevé et rapide, à la fois émotionnel et multiforme. Ne s'appuyant pas sur une approche ou un style unique et linéaire, il s’inspire des créateurs de tendances et des OG du mathcore, apportant sa propre variation de riffs et de signatures rythmiques à évolution rapide, mêlant grognements, synthés et instruments, et offrant une expérience live unique que l'on ne trouve que chez ce combo.
Cependant, c’est Amber qui focalise l’attention. Non seulement elle assure le show tout comme Jackie, en short de cuir et bas nylon noirs, mais c’est elle qui communique une touche singulière à la musique, au cœur de la discorde, lorsque c’est nécessaire (page ‘Artistes' là).
Setlist : « The Demon Of Unreality Limping Like a Dog », « Two‐Headed Trout », « Pushing the Pink Envelope », « Star Baby », « Violent Astrology », « Waco Jesus », « A Brief Article Regarding Time Loops ».
C'est toujours un plaisir de revoir Thursday. Une autre raison pour laquelle cette soirée est si spéciale : musicien de tournée, Wade McNeil d'Alexisonfire remplace Norm Brannon à la guitare. Ce band étasunien (New Jersey) est un véritable vétéran du post-hardcore ; et c’est la toute première fois qu’il tourne en compagnie de Silverstein.
Dès les premières notes de « The Other Side Of The Crash/Over And Out (Of Control) », le groupe s’approprie l’espace scénique. Dynamisées par la section rythmique, les lignes de guitare sonnent comme un assaut tranchant. La voix de Ricky est brisante d’émotion. Mélodique, la solution sonore s’élève à un très haut niveau. La foule est enthousiaste et les pogos éclatent. Faut dire que la setlist est constituée d’une majorité d’anciens titres. Pendant « Cross Out the Eyes », la température dans la salle grimpe encore de quelques degrés. Manifestant sa nervosité caractéristique et sa passion inébranlable, Ricky comble les silences entre les chansons, en profitant pour émettre une critique sociale acerbe et bien ciblée de l’état du monde. Ce qui a mis une couche supplémentaire à la performance, tout en rappelant que le post-hardcore a toujours été un pont entre la colère et l’idéalisme (page ‘Artistes’ ici).
Setlist : « The Other Side Of The Crash/Over And Out (Of Control) », « Cross Out The Eyes », « Signals Over The Air », « Jet Black New Year », « This Song Brought To You By A Falling Bomb », « Fast To The End », « White Bikes », « Paris In Flames », « Understanding In A Car Crash », « War All The Time ».
Alors que les musiciens de Silverstein sont sur le point de grimper sur le podium et que l’excitation est palpable dans la foule, une courte vidéo racontant l'histoire de Silverstein et détaillant le quart de siècle de carrière de la formation est projetée. Emouvante, elle tient l’auditoire en haleine tout en appréhendant le spectacle sous un angle différent.
Le combo va nous réserver un titre de chacun de ses 12 albums. Un défi qu’il va relever mais en les interprétant dans l’ordre chronologique inverse, après avoir entamé et clôturé le concert par des extraits du dernier, « Antibloom », paru le 21 février, et notamment « Skin & Bones » et « Confession », des morceaux taillés pour le live.
Toute la soirée, les trois guitares tourmentent délicatement les tympans sans les agresser. Tout en technique, elles libèrent de longs riffs hyper mélodieux. Ce qui n’empêche pas les aficionados de mettre le souk dans la fosse.
Le post-hardcore est bien exploré. Efficace, la section rythmique peut compter sur la frappe à la fois sauvage et métronomique du drummer.
En rappel, après avoir accordé une version acoustique de « My Heroine », Silverstein nous a réservé deux plages issues de son nouveau long playing, « Bleeds No More » et « Smashed Into Pieces ».
Une belle soirée qui s’est figée dans la nostalgie pour ce groupe canadien.
Setlist : « Skin & Bones », « Confession », « The Altar », « Infinite », « Bad Habits », « The Afterglow », « Aquamarine », « A Midwestern State Of Emergency », « Massachusetts », « Toronto (Abridged) », « One Last Dance », « Sacrifice », « Vices », « The End », « My Disaster », « Your Sword Versus My Dagger », « Call It Karma », « Smile in Your Sleep ».
Rappel : « My Heroine » (Acoustique), « Smashed Into Pieces », « Bleeds No More »
(Organisation : Live nation et Ancienne Belgique)