Luca Giordano est un guitariste italien de 33 ans. Quique Gomez est un harmoniciste espagnol. Madrilène, pour être plus précis. En 2005, Luca émigre à Chicago pour rencontrer les acteurs du blues local. Il publie un album solo, en 2012, "My kind of blues", disque pour lequel il reçoit le concours de Chris Cain, Sax Gordon et Bob Stroger.
Le duo avait déjà bossé ensemble sur un premier opus, en 2010, "Dead Mama blues". Quique a milité au sein du groupe espagnol Gatos Bizcos. Lors de cette aventure, il a participé à la confection d’"I can't believe my eyes", en 2012.
Nos deux compères sont soutenus par le drummer Marty Binder (ex-Albert Collins Band, Junior Wells), le bassiste Harlan Terson (Lonnie Brooks Band, Otis Rush), et le pianiste Ariyo (Billy Branch & Sons of the Blues). Les sessions d’enregistrement se sont déroulées au Studio 3011 de Chicago, sous la houlette de Pete Galanis, lui-même guitariste, ex-Howard and the White Boys, Rob Blaine's Big Otis Blues.
Piano et harmonica ouvrent "Blow my blues away". Un blues imprimé sur un mid tempo. Manifestement, le chanteur ne s'exprime pas dans sa langue maternelle. Les premières ouvertures émanent des ivoires d'Ariyo et des cordes de Giordano. Les choses sérieuses commencent dès "The fool", un Chicago shuffle" canalisé par l'harmonica de Gomez et caractérisé par l’excellence des vocaux. La guitare de Luca s'autorise un envol à la fois superbe et parcimonieux. Véhiculant des accents swamps, dans l’esprit de Slim Harpo, "You're fine" nous entraîne dans la danse ; une belle opportunité pour Gomez de se mettre en évidence. "Three wheels automobile" est un blues qui aurait pu être signé par Willie Dixon pour Little Walter. C'est pourtant Luca qui fait d’abord la différence. Impeccablement ficelé, son solo monte progressivement en puissance, avant de céder le relais à Quique, qui piaffait d’impatience. Toujours aussi brillant, "Livin' in a campsite" est bercé par un swing délicat, un swing alimenté par la section rythmique et le piano converti au jazz! Les deux amis reprennent le "Woman don't lie" de Luther ‘Snake Boy’ Johnson, guitariste du Muddy Waters Band au cours des années 60. Quique en profite pour s’accorder un nouveau billet de sortie lumineux. La qualité est toujours au rendez-vous tout au long de "Travellin' man", une piste imprimée sur un tempo funky. Bob Stroger se réserve la quatre cordes et chante le classique d'Eddie Taylor, "Bad boy". Au cours de ces dernières années, ce vétéran a remporté deux fois l'award du meilleur bassiste de blues. Quique et Luca son particulièrement inspirés pour attaquer le long blues lent "Outskirt of town". Une plage bouleversante. Jimmy Burns prête sa voix à "That's life". Et elle a du vécu ! Billy Branch vient souffler dans son harmo sur "Rocket 88". Il ne manque d’ailleurs pas de panache. Eddie C. Campbell chante et gratte sur son "Eddie's shuffle", un blues saignant. Enfin, en bonus, tout ce beau monde se retrouve en studio pour attaquer "Jammin' with friends", une finale très ‘Made in Chicago’. Un album sans prétention mais bigrement plaisant !