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Hippo Campus sort la tête de l’eau…

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Tough Enough festival 2024 : samedi 30 novembre

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La première édition du Tough Festival se déroulait ces vendredi 29 et samedi 30 novembre au Botanique, à Bruxelles. Trois salles accueillent cet événement : l’Orangerie, la Rotonde et le Museum. Au menu, de l’americana, du psychédélisme, du surf, du garage rock ou punk, soit des styles qui entretiennent un lien unique, de près ou de loin, avec le blues…

Et comme on est au Bota, à côté de formations et artistes confirmés, une large place est réservée à la scène émergente, c’est-à-dire celles et ceux qui innovent et explorent. Depuis que Frédéric Marchal est devenu directeur général au Botanique, il y a du changement dans la programmation. On y retrouve ainsi la griffe qu’il avait apposée au Centre Culturel René Magritte de Lessines, au Boogie Town et au Roots And Roses de Lessines…

Trois artistes ou groupes sont programmés par salle et se produisent en même temps. Il faut donc opérer des choix. Donc impossible d’assister à l’intégralité des concerts.

Dehors, il fait un froid de canard, et comme le festival se déroule dans la ‘Maison des courant d’air’, on est littéralement frigorifiés… Ce qui contraste avec la bonne saison, lorsque le soleil illumine de ses rayons, le jardin et les serres…

Tupenny Bunters ouvre les hostilités à l’Orangerie, un duo réunissant les multi-instrumentistes Dave et Fi Dulake. Le projet est né en 2012, la même année que leur mariage. Gérant un pub musical notoire de Southend, baptisé The Railway Hotel, le couple, dont le patronyme s’inspire des prostituées de l’époque ‘Régence’, a gravé deux elpees (en vinyle), à ce jour, « A Tuppenny Upright », en 2015 et « The Tuppenny Hangover », en 2022.

La setlist est constituée de titres brefs et déchirants imprimés sur un tempo endiablé, parfois même frénétique. Une forme de garage pop 60’s qui aurait rencontré de la new wave trashy des 70’s. Les mélodies sont entraînantes. Le concert est emballant voire festif.

C'est la posture puissante de Fi, lorsqu’elle est derrière les claviers, qui focalise l’attention. Elle râle alors ou hurle manière maniaque, mais toujours mélodieuse. D’ailleurs, en général, sa voix est plutôt emphatique. Les musicos intervertissent leurs instruments (drums/ivoires), en fonction des morceaux. Très classe !

Direction Museum pour découvrir Karma Sheen. Fondé en 2014, ce combo d’origine pakistanaise s’est établi à Londres.

Sa musique fusionne le classique hindoustani, le rock fuzzy ‘hendrixien’ des 60’s et le lyrisme d'inspiration soufie, profondément enraciné dans l'héritage culturel. La musique traditionnelle pakistanaise moderne se base sur des sonorités vieilles de 600 ans.

Dirigé par Sameer Khan, qui en perpétue l’héritage, ce collectif de multi-instrumentistes a pour objectif d'amener la tradition intemporelle vers de nouveaux horizons. Karma Sheen symbolise le renouveau intrépide du rock psychédélique. Le préposé à la cithare est plutôt doué. C‘est également lui qui se sert du thérémine d’un geste précis de la main qu’il éloigne ou rapproche. Ces deux instruments combinés aux deux sixcordes, à la basse et aux drums produisent une solution sonore étrangement hypnotique. Une sorte de psychédélisme désorientant et fluide qui tourbillonne dans votre tête avant de glisser vers votre moelle épinière en rêvant d’une vie meilleure.

Devant la Rotonde, pas mal de monde attend de pouvoir y pénétrer pour assister au set de The Glücks. Le duo ostendais n‘était pas annoncé au programme. Pratiquant du garage punk sauvage, Il bien évolué et parvient à canaliser son énergie débridée, tout en laissant intactes la rage et la puissance. En outre, il laisse davantage de place à l’excellente voix de Tina Ghillebert. Néanmoins, le volume sonore est excessif et génère des désagréables infrabasses. Votre serviteur préfère s’éclipser et n’est pas étonné que la foule lui emboîte le pas. Pourtant, il avait eu le loisir d’assister à un excellent set du band, lors de l’édition 2023 du Roots & Roses.

Habibi (‘mon amour’ en arabe) s’apprête à grimper sur les planches de l’Orangerie. Fondé à Brooklyn, en 2011, ce quintet féminin combine le son des girl-groups des 60’s au punk new-yorkais et à la pop psyché du Moyen-Orient. Sur son troisième long playing, « Dreamachine », il s’est brillamment renouvelé en incorporant de nouvelles sonorités post-punk et disco vintage. Diaphanes et atmosphériques, les harmonies vocales auraient pu naître d’une rencontre entre ESG et les Shangri-Las. La lead vocaliste est cependant peu communicative. Heureusement, au fil du concert, elle se lâche et la prestation devient de plus en plus fun…

Sextuor gantois, A Murder In Mississipi a gravé son troisième album, « Rêverie », début novembre. Et il va nous en réserver, ce soir, de larges extraits. Sa roots music intègre des tas de styles musicaux, de l’americana au blues, en passant par la country, le folk irlandais, le bluegrass, la polka, le gospel et on en passe…

Les membres du groupe partagent une passion pour la musique et mettent en commun leurs expériences personnelles pour créer un large éventail de sonorités à travers leurs propres compos, créant ainsi leur propre style mais avec une touche contemporaine.

La formation ouvre le bal par le très puissant « Black Train », extrait du nouvel opus. Un vrai délice ! Violon, guitare, banjo, contrebasse et claviers, mais également douces harmonies aux mélodies entraînantes, transportent un public nombreux et très attentif, dans les plaines ouvertes de l'Amérique du Nord. En outre, tous les musicos collaborent aux vocaux. Coups de cœur à « Mary Lou », « Midnight Roller », « Black Cats » Dance In the Barn », « Banjer City », au cours duquel, une clarinettiste invitée participe, et « Medicine Man ».

Votre serviteur a pris froid et soupçonne avoir chopé une bronchite. Il préfère rejoindre ses pénates, bien au chaud…

Pokey LaFarge + Chuck Prophet + A Murder In Mississippi + The Dad Horse Experience + Dead Chic + PowerSolo + DRUUGG + Karma Sheen + Tupenny Bunters + Habibi + Tuff Guac + The Sha-La-Lee’s + Jim Jones All Stars + Siena Root + High Jinks Delegation + Everyone Is Guilty + Warm Exit + THE TAILSPINS.

(Organisation : Botanique)

Tough Enough festival 2024 : vendredi 29 novembre

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La première édition du Tough Festival se déroulait ces vendredi 29 et samedi 30 novembre au Botanique, à Bruxelles. Trois salles accueillent cet événement : l’Orangerie, la Rotonde et le Museum. Au menu, de l’americana, du psychédélisme, du surf, du garage rock ou punk, soit des styles qui entretiennent un lien unique, de près ou de loin, avec le blues…

Et comme on est au Bota, à côté de formations et artistes confirmés, une large place est réservée à la scène émergente, c’est-à-dire celles et ceux qui innovent et explorent. Depuis que Frédéric Marchal est devenu directeur général au Botanique, il y a du changement dans la programmation. On y retrouve ainsi la griffe qu’il avait apposée au Centre Culturel René Magritte de Lessines, au Boogie Town et au Roots And Roses de Lessines…

Trois artistes ou groupes sont programmés par salle et se produisent en même temps. Il faut donc opérer des choix. Donc impossible d’assister à l’intégralité des concerts.

Dehors, il fait un froid de canard, et comme le festival se déroule dans la ‘Maison des courant d’air’, on est littéralement frigorifiés….

Votre serviteur prend d’abord la direction de l’Orangerie pour découvrir Les Lullies, un quatuor fondé à Montpellier en 2016. Les Lulliens s’inscrivent dans une longue tradition de groupes et artistes dont le credo est simple : monter dans le camion, parcourir des bornes et jouer du rock’n’roll. Le combo propose cependant quelque chose d’un peu différent, de plus personnel et les textes sont interprétés dans la langue de Molière. Dans son cocktail de rock normand (Fixed Up, Dogs), de glam et de power pop (The Records), on retrouve des accents empruntés aux Real Kids, à Phil Spector et même aux Saints. Bref du punk garage de bonne facture, sauvage et excitant, taillé pour le live.  En 40 minutes le band va nous réserver de larges extraits de ses deux derniers elpees, « Mauvaise Foi » et « Garage Punk… », parus tous deux, en 2023.

Power trio établi à berne, en Suisse, The Jackets se produit à la Rotonde. Un combo impliquant la chanteuse/guitariste Jackie Brutsche, le drummer Chris Rosales (un expatrié américain originaire de Los Angeles) et le bassiste Samuel ‘Schmidi’ Schmidiger. Notoire pour ses shows énergiques, la formation pratique une fusion de garage rock et de punk qu’elle plonge dans un bain psychédélique à coloration 60’s. En réduisant le rock’n’roll à son essence, elle crée un son authentique et rafraîchissant qui capture la simplicité et l'honnêteté du genre. Des morceaux comme « Wasting My Time », « Keep Yourself Alive » et « Freak Out » sont devenus des hymnes des temps modernes, tout en conservant l'esprit et les racines du garage punk. The Jackets ne craint pas de se frotter aux ballades, puis d’attaquer du punk primitif. Le groupe va nous présenter de larges extraits de son dernier opus, « Intuition », paru en octobre 2024. C’est tout chaud et tout bon. Délicieusement nerveux, « Crossing Streets baigne dans un climat rock garage réminiscent du « White Rabbit » de Jefferson Airplane. Le rythme incite à taper du pied, alors que les accords de guitare sont complexes. Morceau rétro dansant et dynamique, « Gambling Town » met presque en garde contre les dangers de fréquenter une ville où tout peut arriver, comme si c’était ‘Sin City’…

Au Museum, Andrea von Kampen termine son récital. Il reste deux titres au set de l’Américaine (NDR : elle est originaire de Lincoln, dans le Nebraska).  Elle chante en s’accompagnant à la semi-acoustique (NDR : elle dispose de deux modèles). Son toucher de gratte est délicat. Sa voix est douce, atmosphérique et chaleureuse. Le son est cristallin. Il règne un calme apaisant dans la salle. Il n’y a pas beaucoup de monde, mais les spectateurs sont assis sagement sur le sol. On se croirait revenu fin des sixties/début des seventies.

Le dernier concert de votre serviteur se déroule à l’Orangerie. Il s’agit de Black Mirrors, un ensemble qu’il suit depuis ses débuts. Mais aujourd’hui, il tourne davantage à l’étranger qu’en Belgique. Active depuis 2013, la bande à Marcella Di Troia en a parcouru du chemin. Elle a gravé deux Eps et autant de long playings, « Look Into The Black Mirrors » (2018) et « Tomorrow Will Be Without Us » (2022). Un troisième est annoncé. Le groupe va d’ailleurs nous en proposer plusieurs plages. Marcella a changé de look. Elle s’est teint les cheveux en blond. Mais elle est toujours aussi habitée par son chant. C’est sa principale caractéristique. Elle se tortille sur place en remuant constamment les bras et les mains et en adaptant sa voix à ses mimiques. Malheureusement, cette voix est trop souvent noyée sous le volume sonore, car les musicos demandent constamment de monter le son, sans se soucier des balances. Mais le temps presse, votre serviteur a un dernier train qui n’attend pas les festivaliers de la province…

Dehors, il caille de plus en plus. A demain !

Fifty Foot Combo + The Sonic Dawn + Black Mirrors + LoKa and the Moonshiners + Lydia Luce + Andrea Von Kampen + The Jackets + Giant Sand + Les Lullies.

(Organisation : Le Botanique)

 

Bondo

Harmonica

Bondo (NDR : rien à voir avec l’épine dorsale) est un quatuor issu de Los Angeles dont la musique est essentiellement instrumentale. Pas étonnant, puisqu’il pratique du post rock. Mais un post rock moderne qui se teinte, suivant les morceaux, de math rock ou de psychédélisme, explorant des tempos déplacés, des mélodies fracturées, des morceaux carrément explosifs ou de petites ballades intrigantes. En outre, le band ne lésine pas sur l’overdub, le delay et la distorsion.

Les compositions organiquement mécaniques errent avec l'intention de ne pas être sans but, mais d'être consommées dans un processus naturel, sans trop réfléchir, et en essayant de garder le sentiment aussi intact et brut que possible.

Elles sont simultanément urgentes et sans précipitation

« Harmonica » constitue son second opus. Extrait de cet album, « Headcleaner » est en écoute ici

 Podcast # 58 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

Welcome Strawberry

Stragel (single)

Écrit par

Etabli à Oakland en Californie, Welcome Strawberry a décidé de faire du rock une terre d’expérimentation, et d’en explorer son versant le plus noisy. Il en résulte une musique plus proche de l’avant-pop que d’un shoegazing rigoureux.

Mais si « Stragel », son single, fusionne tout ce qui touche à la contre-culture des 60’s au 70’s, et en particulier l’univers du psychédélisme, il se frotte également à la dream pop, au trip-hop et à l’électronique pour créer une compo percutante.

Superbe, la mélodie de ce morceau est plongée dans un bain étrange d’arrangements, de distorsions et de réverbérations. La vignette pop onirique se transforme alors en paysage ambivalent, davantage ombragé et accidenté.

Le clip de « Stragel » est à voir et écouter

Podcast # 58 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

jasmine.4.t

Elephant (Single)

Écrit par

jasmine.4.t, c’est le pseudo de l’auteure-compositrice-interprète Jasmine Cruickshank. Basée à Manchester, elle est soutenue par un groupe composé exclusivement de transgenres. Elle est d’ailleurs également transgenre. Son coming out n’a pas été accepté par ses proches. Enfin, pas tous. utres bien. Elle a divorcé et sa vie familiale difficile l'a incitée à écrire alors qu'elle était sans abri et dans des conditions de logement précaires, dormant sur les canapés d'amis et comptant sur le soutien de la communauté.

Son album « You Are The Morning » paraîtra ce 17 janvier 2025. En attendant, elle en a extrait un single, « Elephant ».

Comme Jasmine considère que ses chansons sont fluides et en constante évolution, ce morceau est empreint de cet esprit libre et spontané. Ce single en fait la parfaite démonstration et le clip est disponible .

Podcast # 58 émission Inaudible (cliquez sur le logo ci-dessous)

METZ

Sans concession

Écrit par

METZ se produisait au club de l’Aéronef, ce samedi 23 novembre. Son cinquième elpee, « Up on gravity Hill », est paru en avril dernier. Il est moins âpre que les précédents. Mais lorsque le trio torontois est sur les planches, son cocktail de noise-rock, de post-punk et de hardcore, parfois légèrement teinté de funk blanc, est sans concession.

Il revient à Stuffed Foxes d’assurer le supporting act. Un sextuor issu de Tours réunissant quatre sixcordistes, dont l’un double régulièrement aux claviers, un bassiste qui pianote, de temps à autre, également, sur un petit clavier, et un batteur. Parmi les guitaristes, figurent deux solistes. Caché derrière le chanteur, le premier se charge des distorsions et le second, imperturbable, semble canaliser l’énergie dispensée par le groupe. D’ailleurs, hormis ce dernier et le drummer, dont les interventions sont aussi amples qu’efficaces, ils entrent régulièrement dans une forme de transe.

L’expression sonore navigue à la croisée des chemins du shoegaze, du post rock et de la prog. Elle alterne passages empreints de sérénité ou chargés d’une folle intensité instrumentale. Le band s’autorise même une reprise, plutôt réussie, du « Ghost rider » de Suicide. Le seul bémol émane du préposé aux vocaux ; surtout lorsqu’il se met à hurler. Dommage, car la formation dispose d’un fameux potentiel. D’ailleurs, lors du morceau final, le plus calme, en tout cas, il s’est mis à chanter. Allez comprendre ! N’est pas Frank Black qui veut ! ((Photos Ludovic Vandenweghe ici)

METZ débarque vers 21h15, sous les acclamations de la foule et attaque immédiatement son set par « No Reservation / Love Comes Crashing ». Une véritable agression sonore. Aux drums, Hayden Menzies pilonne ses fûts. Alex Edkins chante d’une voix déclamatoire tout en dispensant des riffs de guitare grinçants. Telle une mélopée, la mélodie devient ensuite insidieuse et le refrain, paradoxalement hymnique.  

La voix d’Alex est chargée de reverb tout au long de « Blind Youth Industrial Park », une sorte de « Danse du sabre » électrique, mais également d’« Acetate », un morceau entrecoupé de brefs breaks, alors que la sixcordes crisse comme une scie circulaire.

La formation maîtrise parfaitement son chaos organisé. Chaque salve de feedback et chaque accord chargé de distorsion semblent à la fois instinctifs et soigneusement élaborés.

Pendant le convulsif « Get Off », Alex grimpe sur les retours de scène alors qu’un spectateur tente un premier crowdsurfing, au cours duquel il balance sa bière sur les premiers rangs. A partir de ce moment, ces slams vont se poursuivre tout au long du concert, s’achevant même par le stagediving de quelques casse-cous.

« Entwined » se distingue par son riff accrocheur alors qu’une boîte à rythmes amorce « Demolition Row ». Après la ballade presque shoegaze « Light Your Way Home », « Mess of Wires » emprunte le tempo d’une valse qui accélère en fin de parcours.

Bref et percutant, « The Swimmer » émarge au punk pur et dur.

Alors qu'il torture ses cordes, la sueur coule du visage d'Edkins. Sa chemise est d’ailleurs complètement trempée.

Le band n’en n’oublie pas son single à la mélodie entêtante, « 99 ».

Après l’offensif « Headache », le show s’achève par « A Boat to Drown In », au cours duquel le batteur révèle toute l’amplitude de sa technique.

Le combo revient rapidement pour accorder « Wet Blanket », en rappel. Alex invite l’auditoire à frapper dans les mains en cadence, puis la compo repart rondement, le batteur marquant parfois cette course échevelée par des coups de sticks comparables à des coups de feu.

METZ est scintillant mais terrifiant, comme une force de la nature sauvage qui ne peut être bridée. Mais si la frustration principale procède du son de la basse de Chris Slorach, qu’on pourrait résumer à un gros bourdonnement, difficile de comprendre pourquoi le light show nous a semblé autant à contre-courant…

Le band a annoncé qu'il allait faire une ‘pause indéfinie’, à l’issue de sa tournée européenne. (Photos Ludovic Vandenweghe )

(Organisation : Aéronef, Lille)

 

 

Portland

Mélancolique et intimiste…

Écrit par

Vainqueur de l’édition 2019 du concours ‘De Nieuwe Lichting’, organisé par StuBru, Portland se produisait, ce vendredi 15 novembre, au Cirque Royal.

Après avoir gravé un premier album baptisé » Your Colors Will Stain » et avoir accordé de solides performances, le groupe de dream pop s’est imposé rapidement dans la catégorie restreinte des Belges qui réussissent à l'étranger. Pour le second opus, les musiciens ont fait d’incessants allers-retours au Royaume-Uni. C'était une période mouvementée au cours de laquelle ils étaient à peine chez eux ou repartaient constamment. Ce qui explique le titre du deuxième elpee, « Departures ».

Chaque concert est une expérience magique plébiscitée par une communauté de fans toujours plus nombreux et constamment au rendez-vous. Comme en témoigne la rapidité à laquelle les tickets de ses shows s’épuisent. 

Lauréat de la Nouvelle Vague 2023 et Prix du Public lors du Humo's Rock Rally 2022, Isaac Roux assure le supporting act. C’est le pseudo choisi par Louis De Roo. Il grimpe seul sur les planches, armé de sa guitare électrique et s’installe devant son micro. Son indie folk est teinté de légères touches électroniques. Il puise manifestement ses influences chez Bon Iver et Bear's Den. Sa voix peut être très cool un instant et s’envoler dans les aigus le suivant. Il est parvenu à captiver l’auditoire grâce à des morceaux comme « White Rose », et son premier single, « Troubled Waters », une excellente chanson empreinte de douceur. Sans enflammer les planches du Cirque Royal, il a accordé une prestation de bonne facture page ‘Artistes’ ici).

Place ensuite à Portland. Le line up implique le chanteur/guitariste charismatique Jente Pironet, la chanteuse/claviériste Nina Kortekaas (NDR : elle est vêtue d’une longue robe blanche, d’un blanc immaculé, mais qui change de couleur, en fonction du light show), le drummer Bram Van Hove, le guitariste Sebastian Ley et le bassiste/claviériste Boris Van Overschee.

Sous un déluge de lumières bleues, Jente apparaît seul. Il interprète, en s’accompagnant à la guitare semi-acoustique, « Time To Talk ». Les autres musicos déboulent ensuite ; Bram et Joris prennent place sur leurs estrades respectives. Et la formation, au complet, embraie par « Alyson ». Jente pète littéralement le feu (NDR : son cancer est en rémission depuis 2023). Le drumming monte en crescendo. Les sonorités satinées de la guitare se marient parfaitement à la voix délicate de Nina.

De teinte mauve, la tenture, tendue en arrière-plan, varie également de couleur, au gré du jeu de lumières.

Jente change de gratte, à chaque morceau, alternant semi-acoustique et électrique. Il invite une dame, installée aux premiers rangs, à venir l’accompagner au chant, pour une chanson, mais encore, vient s’asseoir sur un haut-parleur, pour en interpréter une autre, face au public. Il nous réserve un bouleversant « She Really Means It », en mode piano/voix. La setlist puise dans les deux long playings du band.

Intimiste, le concert s’achève par « Pouring Rain ». Il n’y aura pas de rappel.

L’indie pop mélancolique de Portland a magnifiquement résonné dans le cadre du Cirque Royal, créant une expérience unique pour le public présent.

Ce concert a marqué une étape importante pour Portland, qui, après une année difficile, est revenu sur scène avec une énergie renouvelée, confirmant son engagement envers la musique live et son fidèle auditoire.

Setlist : « Time To Talk », « Alyson », « Sensationnel », « Ally Ally », « Step Aside », « Killer's Mind », « Never Leave », « How It Is », « Serpentine », « Good Girls », « Deadlines », « Lucky Clover », « Aftermath », « She Really Means It » (Metejoor cover), « Pouring Rain »

(Organisation : Live Nation)

Meimuna

C’est demain que je meurs

Écrit par

Si Meimuna est un genre d'insectes hémiptères de la sous-famille des Cicadinae (famille des Cicadidae, les cigales) qui peut passer plus de vingt ans à errer sous terre à l’état de larve, pour ensuite remonter à la surface et profiter du soleil avant de mourir… en fin de journée, c’est également le patronyme de Cyrielle Formaz, un choix destiné à illustrer au mieux le courant musical dans lequel elle se distingue aujourd’hui.

Une orientation stylistique qui n’est pas anodine, car cet insecte symbolise la renaissance, la métamorphose ainsi que la vie après la mort. Il est d’ailleurs mis en valeur dans de nombreuses cultures, comme en Egypte, où des cigales sont posées sur les yeux des défunts.

Fille d'un professeur d'art et d'une musicienne, Formaz baigne dans l’art et la musique, en particulier, depuis sa tendre enfance. Elle apprivoise donc (naturellement) la guitare dès l’âge de 7 ans, en suivant un enseignement rigoureux au Conservatoire, dont elle soulignera l’efficacité quelques années plus tard, lorsqu’elle fonde Macaô, un quintet aux accents rock, en compagnie d’un ami du collège, Pascal Vigolo.

Alors que cette parenthèse musicale ne constituait, au départ, qu’un prétexte pour prendre du bon temps, la formation finira par décrocher un joli succès d’estime et critique, notamment en enjambant la scène du Montreux Jazz ou encore en assurant les premières parties de Zaz, Patrick Bruel ou Polnareff.

Mais le besoin d’un projet plus proche d’elle-même devenant urgent, elle tourne la page dès 2016, en créant Meimuna, parabole proche de l’univers ouaté de Patrick Watson ou encore de la sensibilité des textes de Rive.

Après cinq Eps très remarqués, elle nous propose donc son premier long format. « C’est demain que je meurs » a bénéficié du concours d’une équipe hors du commun : Ella van der Woude, compositrice de musiques de films, à la coproduction, Randal Dunn au mix et Heba Kadry au mastering.

Introspectif, l’album est découpé en 10 chansons qui inspirent et s’inspirent de la vie de la jeune femme. Et contrairement à ce que laisse sous-entendre son titre, il ne berce pas pour autant dans le spleen sidéral ; au contraire, lorsqu’on porte une oreille attentive aux textes, il célèbre le renouveau sur fond de poésie française, si ce n’est cette petite incursion dans la langue de Shakespeare pour l’angélique « Lullaby for a satellite ».

Formaz, dont la signature vocale est étrangement proche de celle de Juliette Bossé (musicienne, autrice et compositrice bruxelloise), nous réserve un ouvrage ambitieux, d’une authenticité rare, le tout baignant dans un univers à fleur de peau, enrichi d’une orchestration élégante et sophistiquée.

On ne peut rester insensible à cette texture vocale d’une grande profondeur qui communique bien-être et paix intérieure. Les mots et les mélodies s’alignent tels des astres et s’embrassent tendrement dans un tourbillon émotionnel et onirique, à l’instar de ce titre éponyme à la fois pudique, charnel et d’une sincérité jouissive.

On notera au passage le vibrant hommage rendu à une figure du show business des années 80 et 90 à travers « Eve V. (battre des records) », aka Ève Vallois, jeune femme qui rêvait de ressembler à Brigitte Bardot, à Marilyn Monroe, et qui deviendra après 25 opérations de chirurgie esthétique… Lolo Ferrari. Tournée en dérision, elle finira par devenir, pour certains, la cible de médisances récurrentes, tandis que d'autres, la considéreront comme un véritable objet de culte. Quoiqu’il en soit, portée par un mal-être depuis toujours, elle finira par se donner la mort le matin du 5 mars 2000.

Paradoxe des temps modernes puisque s’éloignant des diktats commerciaux d’une société consumériste, « C’est demain que je meurs » est un disque vertueux, de très bonne facture et plein de surprises.

Si Formaz était un médicament, il devrait être prescrit à profusion.

 

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Julien Doré

Imposteur

Écrit par

Il faut reconnaître que Julien Doré évolue loin des conventions qui règnent dans l’univers du show-business. Depuis sa participation à la ‘Nouvelle Star’ en 2007, où sélectionné lors d'une audition à Marseille, il adapte « Excellent » du groupe Sharko armé d’un ukulélé floqué d’un ‘Dig Up Elvis’, il ne fait rien comme les autres. A cette époque, son seul objectif était de faire connaître son groupe au travers du prisme de la télé.

L’histoire ne dira pas si le but a été atteint, mais toujours est-il que, pourtant, de casting en casting, il finit par remporter brillamment le concours, grâce notamment aux reprises absurdes dont il a seul le secret, comme cette version folle de « Like a Virgin » de Madonna (empruntée au chanteur américain Richard Cheese) ou encore ce détonnant « Moi... Lolita », à l'origine interprétée par Alizée (une mouture par ailleurs imaginée avec son autre groupe, The Jean D'Ormesson Disco Suicide).

Mais le coup de génie de Doré ne s’arrête pas là ! Outre ses versions décalées, il s’amuse à modifier les paroles originales, en y insérant des allusions personnelles ; ce qui lui vaut de faire les gros titres de la presse écrite, dont le quotidien Libération. Rien que ça !

Pour « Imposteur », il fait mieux encore ! Ainsi, afin de promotionner la sortie de ce nouvel opus auprès de la presse spécialisée, l’artiste a refilé une clé USB aux journalistes, comportant, non pas les titres originaux, mais une version vaguement karaoké, exécutée au piano par un Julien Doré qui, bien évidemment, s’est réjoui de cette supercherie.

Pour ce dernier elpee, tout juste quatre ans après avoir gravé « Aimée », le rebelle rend donc ses lettres de noblesse à la chanson française, en compagnie d’artistes qui l’ont inspiré ou marqué.

Surprise de taille et non des moindres, le long playing recèle 17 plages (pour une heure d’écoute), ce qui paraît impensable de nos jours. Lui, a osé !

Est-ce pour autant un gage de qualité ? Pas nécessairement !

Objectivement, le disque offre de belles surprises à l’instar de « Les sunlights des tropiques » ou encore « Couleur menthe à l’eau ». On y sent un Doré pleinement investi, pudique et sans exagération. Ou encore sur ce poignant « Les yeux de la mama » de Kendji Girac, dans lequel il rend un hommage bouleversant à sa maman décédée, dont la voix résonne en introduction.

Mais trop souvent, la grandiloquence l’emporte sur l’interprétation (« Pourvu qu’elles soient douces »). Si l’exercice de style est intéressant et audacieux, l’orientation artistique dans laquelle il s’est engouffré les yeux fermés, met en péril sa crédibilité. Et les quelques featurings (Francis Cabrel, Hélène Ségara, Sharon Stone, parmi d’autres) n’y changent pas grand-chose.

Autres éléments en la défaveur de Monsieur Doré, ce sont les arrangements kitsch qui desservent l’esprit originel des compositions, à l’instar de « Mourir sur scène » et son disco poussiéreux ou la tournure pop volage de « Les démons de minuit ».

Le quadra possède une certaine assise dans le métier et c’est sans doute la raison pour laquelle il a opté pour la liberté de ton et d’action. Et si ce n’est l’album du siècle ou le meilleur de sa discographie, il lui sert en tout cas de prétexte pour proposer un produit à son image, léger et second degré.

Si Doré ne se positionne pas nécessairement en imposteur, il reste, en tout cas, un artiste abscons…

 

Crows

L’une des formations les plus excitantes de la scène post-punk contemporaine…

Écrit par

Après avoir sorti son troisième elpee, « Reason enough », ce 27 septembre 2024, Crows est donc reparti en tournée. Un périple qui passait par l’Aéronef de Lille, ce mercredi 13 novembre. Il s’était produit au même endroit, en février 2023, après avoir gravé son second essai, « Beware believers », en mars 2022. Et le show avait déjà été convaincant

Dans l’univers du rock indé, « Reason enough » devrait figurer parmi les albums de l’année. C’est, en tout cas, une certitude pour l’équipe d’Inaudible

Mais il est toujours intéressant d’assister au concert d’un groupe quand il vient défendre de nouvelles compositions. D’autant plus que Crows a passé des années à perfectionner son art, se forgeant une réputation pour que son expression sonore devienne à la fois brute, électrique et atmosphérique.

Une constante : un concert de Crows dure 60 minutes, parce que les musicos estiment que c’est suffisant.

En arrière-plan, on remarque la présence du logo du groupe. Et puis, le podium du club a été relooké ; ce qui permet d’offrir une meilleure visibilité à l’auditoire, mais aussi, en rehaussant le plafond de cette scène, de rendre le light show plus efficace.

A 21 heures, après la diffusion d’une bande sonore, Crows grimpe sur l’estrade et attaque « Room 156 ». James Cox dispose de deux micros, dont un astatique et joue régulièrement avec les supports de ces microphones. Le grognement de la basse d'Amarasinghe se révèle déjà ténébreux.

Dès le viscéral « Bored », James Cox descend dans la foule, micro en main, brisant ainsi le fossé traditionnel qui sépare l’artiste du public.

Un exercice qu’il réitèrera pendant « Healing ». Il est toujours dans la fosse au début de « Demeanour », mais finit par remonter sur les planches au milieu de cette compo imprimée sur un tempo à la Ramones et caractérisée par ses riffs de sixcordes hypnotiques.

Après l’échevelé « Wednesday’s Child », « Land of the rose », imprimé dans sa première partie sur un rythme new wave, prend un virage ouvertement politique. Il décrit le combat intérieur de James entre l’amour et la haine à l’égard de son pays détruit par les ceux qui le dirigent. Il se sert alors de nouveau des deux micros pour entonner ‘Goodbye, Goodbye, Goodbye to the Land of the Rose’

Tout a long de l’introspectif « Vision of me », un morceau qui fusionne les lignes de guitare sombres et anguleuses ainsi que les rythmes lourds du post-punk avec une sensibilité moderne, le spectre de Ian Curtis se met à planer.

Evoluant sur un tempo tribal, « Slowly Separate » est écorché par les stridulations féroces de la guitare. La batterie de Sam Lister et la basse de Jith Amarasinghe - il assure quand même et régulièrement les backing vocals - cognent avec une force viscérale, amplifiant l’énergie libérée et créant une atmosphère électrique alors que la voix de Cox s’élève au-dessus de l’ensemble.

Avant que le band n’entame « Every day of every year », Cox enlève sa veste. Après l’hymnique « Silhouettes », « Living on my knees » monte progressivement en crescendo. Le refrain est construit sur un chant répétitif. Un couplet est récité en spoken word et James se sert alors et encore, mais alternativement, de ses deux microphones ; mais soudain, tel un coup de feu, la guitare électrique retentit. Un audacieux se lance alors dans un crowdsurfing. La foule est de plus en remuante et notamment durant le punkysant « Closer still », « Garden of England » et le décapant « The Itch »

Le set s’achève par le mélodieux « Is it better ? », au cours duquel Cox pose une question existentielle : ‘Vaut-il mieux aimer et vivre dans la peur de la douleur ?’, alors qu’un téméraire risque l’exercice du stagediving.

La performance de la soirée a clairement confirmé que Crows n’est pas seulement un groupe de studio, mais qu’il est également taillé pour le ‘live’, où sa musique prend vraiment une dimension viscérale et conflictuelle. Ce qui en fait l’une des formations les plus excitantes de la scène post-punk contemporaine.

Photos Ludovic Vandenweghe ici

Setlist

Room 156
Bored
Demeanour
Wednesday’s child
Land of the rose
Vision of me
Slowly separate
Every day of every year
Silhouettes
Living on my knees
Healing
Closer Stll
Garden of England
The itch
Is it better ?

(Organisation : Aéronef Lille)

 

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