La première édition du Tough Festival se déroulait ces vendredi 29 et samedi 30 novembre au Botanique, à Bruxelles. Trois salles accueillent cet événement : l’Orangerie, la Rotonde et le Museum. Au menu, de l’americana, du psychédélisme, du surf, du garage rock ou punk, soit des styles qui entretiennent un lien unique, de près ou de loin, avec le blues…
Et comme on est au Bota, à côté de formations et artistes confirmés, une large place est réservée à la scène émergente, c’est-à-dire celles et ceux qui innovent et explorent. Depuis que Frédéric Marchal est devenu directeur général au Botanique, il y a du changement dans la programmation. On y retrouve ainsi la griffe qu’il avait apposée au Centre Culturel René Magritte de Lessines, au Boogie Town et au Roots And Roses de Lessines…
Trois artistes ou groupes sont programmés par salle et se produisent en même temps. Il faut donc opérer des choix. Donc impossible d’assister à l’intégralité des concerts.
Dehors, il fait un froid de canard, et comme le festival se déroule dans la ‘Maison des courant d’air’, on est littéralement frigorifiés… Ce qui contraste avec la bonne saison, lorsque le soleil illumine de ses rayons, le jardin et les serres…
Tupenny Bunters ouvre les hostilités à l’Orangerie, un duo réunissant les multi-instrumentistes Dave et Fi Dulake. Le projet est né en 2012, la même année que leur mariage. Gérant un pub musical notoire de Southend, baptisé The Railway Hotel, le couple, dont le patronyme s’inspire des prostituées de l’époque ‘Régence’, a gravé deux elpees (en vinyle), à ce jour, « A Tuppenny Upright », en 2015 et « The Tuppenny Hangover », en 2022.
La setlist est constituée de titres brefs et déchirants imprimés sur un tempo endiablé, parfois même frénétique. Une forme de garage pop 60’s qui aurait rencontré de la new wave trashy des 70’s. Les mélodies sont entraînantes. Le concert est emballant voire festif.
C'est la posture puissante de Fi, lorsqu’elle est derrière les claviers, qui focalise l’attention. Elle râle alors ou hurle manière maniaque, mais toujours mélodieuse. D’ailleurs, en général, sa voix est plutôt emphatique. Les musicos intervertissent leurs instruments (drums/ivoires), en fonction des morceaux. Très classe !
Direction Museum pour découvrir Karma Sheen. Fondé en 2014, ce combo d’origine pakistanaise s’est établi à Londres.
Sa musique fusionne le classique hindoustani, le rock fuzzy ‘hendrixien’ des 60’s et le lyrisme d'inspiration soufie, profondément enraciné dans l'héritage culturel. La musique traditionnelle pakistanaise moderne se base sur des sonorités vieilles de 600 ans.
Dirigé par Sameer Khan, qui en perpétue l’héritage, ce collectif de multi-instrumentistes a pour objectif d'amener la tradition intemporelle vers de nouveaux horizons. Karma Sheen symbolise le renouveau intrépide du rock psychédélique. Le préposé à la cithare est plutôt doué. C‘est également lui qui se sert du thérémine d’un geste précis de la main qu’il éloigne ou rapproche. Ces deux instruments combinés aux deux sixcordes, à la basse et aux drums produisent une solution sonore étrangement hypnotique. Une sorte de psychédélisme désorientant et fluide qui tourbillonne dans votre tête avant de glisser vers votre moelle épinière en rêvant d’une vie meilleure.
Devant la Rotonde, pas mal de monde attend de pouvoir y pénétrer pour assister au set de The Glücks. Le duo ostendais n‘était pas annoncé au programme. Pratiquant du garage punk sauvage, Il bien évolué et parvient à canaliser son énergie débridée, tout en laissant intactes la rage et la puissance. En outre, il laisse davantage de place à l’excellente voix de Tina Ghillebert. Néanmoins, le volume sonore est excessif et génère des désagréables infrabasses. Votre serviteur préfère s’éclipser et n’est pas étonné que la foule lui emboîte le pas. Pourtant, il avait eu le loisir d’assister à un excellent set du band, lors de l’édition 2023 du Roots & Roses.
Habibi (‘mon amour’ en arabe) s’apprête à grimper sur les planches de l’Orangerie. Fondé à Brooklyn, en 2011, ce quintet féminin combine le son des girl-groups des 60’s au punk new-yorkais et à la pop psyché du Moyen-Orient. Sur son troisième long playing, « Dreamachine », il s’est brillamment renouvelé en incorporant de nouvelles sonorités post-punk et disco vintage. Diaphanes et atmosphériques, les harmonies vocales auraient pu naître d’une rencontre entre ESG et les Shangri-Las. La lead vocaliste est cependant peu communicative. Heureusement, au fil du concert, elle se lâche et la prestation devient de plus en plus fun…
Sextuor gantois, A Murder In Mississipi a gravé son troisième album, « Rêverie », début novembre. Et il va nous en réserver, ce soir, de larges extraits. Sa roots music intègre des tas de styles musicaux, de l’americana au blues, en passant par la country, le folk irlandais, le bluegrass, la polka, le gospel et on en passe…
Les membres du groupe partagent une passion pour la musique et mettent en commun leurs expériences personnelles pour créer un large éventail de sonorités à travers leurs propres compos, créant ainsi leur propre style mais avec une touche contemporaine.
La formation ouvre le bal par le très puissant « Black Train », extrait du nouvel opus. Un vrai délice ! Violon, guitare, banjo, contrebasse et claviers, mais également douces harmonies aux mélodies entraînantes, transportent un public nombreux et très attentif, dans les plaines ouvertes de l'Amérique du Nord. En outre, tous les musicos collaborent aux vocaux. Coups de cœur à « Mary Lou », « Midnight Roller », « Black Cats » Dance In the Barn », « Banjer City », au cours duquel, une clarinettiste invitée participe, et « Medicine Man ».
Votre serviteur a pris froid et soupçonne avoir chopé une bronchite. Il préfère rejoindre ses pénates, bien au chaud…
Pokey LaFarge + Chuck Prophet + A Murder In Mississippi + The Dad Horse Experience + Dead Chic + PowerSolo + DRUUGG + Karma Sheen + Tupenny Bunters + Habibi + Tuff Guac + The Sha-La-Lee’s + Jim Jones All Stars + Siena Root + High Jinks Delegation + Everyone Is Guilty + Warm Exit + THE TAILSPINS.
(Organisation : Botanique)