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Brazen tient la distance…

Après près de dix-huit ans de silence trompeur, Brazen (Genève), revient avec « Distance », une épopée indie-rock ambitieuse où s’entrelacent modulations mélancoliques et harmonies vocales sur un tapis instrumental planant. Les huit titres qui composent…

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Lauren Daigle

L’évangile selon Sainte Lauren…

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Auteure-compositrice-interprète de musique (chrétienne contemporaine évangéliste), Lauren Daigle comptabilise plus d’un milliard de streams sur la toile et continue à accorder des concerts dans le monde entier. Elle se produisait ce 9 juillet à l’Ancienne Belgique, pour la circonstance, en configuration ballroom, devant 900 âmes…

Conjointement à ses performances musicales, Lauren participe activement à l’éducation musicale, au travail avec des jeunes à risques et à la prise en charge des enfants, des personnes âgées et dans le besoin par l’intermédiaire de The Price Fund, une organisation qu’elle a fondée en 2018. À ce jour, elle a fait don de plus de 2,5 millions de dollars à 42 associations à but non lucratif dans le monde entier. Une personne charitable, dans le sens le plus noble du terme. Née en 1991, Lauren a été élevée dans une famille évangéliste à Lafayette, en Louisiane, mais également au son du cajun, du blues et du zydeco. Elle se met à rêver de partir en tournée au cours de laquelle elle sera entourée de la foule, venue la voir chanter ; mais à l’âge de 15 ans, elle est contrainte au confinement chez elle pendant 2 ans après avoir contracté une maladie. Elle se met alors à lire la Bible. Elle l’affirme encore à ce jour que c’est la meilleure chose qui lui soit arrivée. Pourtant, elle ose depuis peu quelques chansons d’amour en faisant le pari de conquérir un public plus large.

Elle a emporté dans ses bagages Benjamin William Hastings, afin d’assurer le supporting act. Et c’est également un homme de foi. Il sera d’ailleurs pas mal question de religion, au cours de cette soirée…

Ce chanteur/compositeur nord-irlandais a grandi dans les rues de Belfast mais a passé la majeure partie de son adolescence à Sydney, en Australie. Il a milité au sein de Hillsong United, formé en 1998, qui a publié 6 elpees composés essentiellement de chants religieux. Il est le cerveau poétique derrière les productions les plus grandioses du collectif, telles que « So Will I (100 Billion X) », « Seasons » et « Highlands (Song Of Ascent) ». Ce soir il se produit en solo. Sa voix, sa guitare, son banjo, son piano et son MPD. Il possède une bonne bouille, un superbe organe vocal et un élégant toucher de cordes.

Dès le début du set, il déclenche son MPD qui lance des beats électro, empoigne un banjo et demande au public s’il se sent bien.

Sa voix est ample. Puissante, elle évoque celle de Bon Jovi, mais elle est aussi capable de virer à la soul ou au gospel. En bref, elle séduit ou arrache littéralement les tripes. Outre sa dextérité derrière les ivoires, il a le bon goût de soigner l’aspect mélodique. Il prêche quand même, parlant de Jésus, la religion, mais heureusement sans nous infliger un bourrage de crâne. D’ailleurs, une belle interaction s’établit avec le public, et se maintiendra tout au long de son récital (voir sa page 'Artistes' ici)

Une tenture est tendue en arrière-plan. Elle représente un tapis de bandelettes multicolores digne du carnaval de Rio. Sept musicos déboulent sur les planches, soit une section de cuivres constituée d’un préposé au trombone à coulisse et un autre à la trompette, un guitariste et sur une estrade en retrait, un drummer, un bassiste/claviériste et un choriste. Sans oublier Lauren Daigle. Elle est vêtue d’un ensemble chemisier-pantalon, sur lequel sont imprimés des carrés de teinte vive, et coiffée d’une casquette brune (qu’elle a retournée) enfoncée sur sa longue chevelure de couleur geai. Et lorsqu’elle débarque sur le podium, elle est vivement acclamée.

Rayonnante, un grand sourire aux lèvres, elle nous remet un ‘bonjour’ en parfait français. En ouverture, elle nous balance son premier skud, « These Are The Days », un hit imprimé sur un tempo enlevé. Elle déménage littéralement sur la scène et entre régulièrement en duel vocal, avec son remarquable choriste. Elle manœuvre la foule habilement, qui réagit au quart de tour. Les cuivres sont omniprésents et changent au gré des compos. Ainsi, bugle et saxophone relaient régulièrement trombone à coulisses et trompette. Et leurs interventions font grimper la température dans la salle.  

C’est sous les ‘hourras’ de l’auditoire que « Look Up Child » et « Trust In You » sont accueillis. Logique, ce sont les chansons préférées des fans. Lauren nous réserve neuf plages de son dernier opus, un éponyme paru ce 8 septembre 2023. A mi-parcours, la troupe prend place sur des tabourets de bar, en ligne, au bord du podium, et dispensent toute une série de compos et de medleys religieux, sous une forme acoustique, dont « Thank God I Do », « Saint Ferdinand », « Everything » et « Valuable ».

Retour à l’effervescence ensuite, grâce aux énergiques « O' Lord », « Turbulent Skies » et « Still Rolling Stones ». Et le public de jumper ou d’applaudir à tout rompre…

Lors de l’intimiste « Thank God I Do », sablé, le timbre de Lauren, vire à la soul voire au gospel. Pas étonnant que sa voix ait été souvent comparée à celle d’Adèle…

Avant de clôturer son concert par « How Can It Be ». Lauren accorde « You Say » (NDR : un méga tube six fois disque de platine), mais sa voix est alors noyée par celle de la foule qui la reprend en chœur. 

A l’issue du rappel accordé sous la forme d’« Inherited », 120 minutes d’un show coloré venait de s’écouler. Et parfois on a eu l’impression d’assister à un défilé de rue animé à la Nouvelle-Orléans, lors d’un carnaval ou une procession…

Setlist : « These Are The Days », « Waiting », « Look Up Child », « Trust In You », « Be Okay », « Hold On To Me », « Kaleidoscope Jesus », « Salvation Mountain », « Rescue », « Thank God I Do », « Saint Ferdinand », « Valuable    », « To Know Me », « O' Lord », « Ego », « Still Rolling Stones », « You Say », « How Can It Be ».

Rappel : « Inherited »,

(Organisation : Greenhouse Talent)

Steve Hackett

Steve Hackett Lies Down... on Brussels...

Parmi les membres originels de Genesis, Steven Richard Hackett est le seul qui maintient vivant le souvenir de la période dorée, de 1970 à 1977, au cours de laquelle le groupe légendaire a sorti 8 albums considérés comme des chefs d'œuvre. Au fil de son impressionnante carrière, le Londonien –aujourd’hui âgé de 74 ans– s’est forgé un style fluide, éthéré et hyper-mélodique, reconnaissable entre mille. Ce soir, il établit ses quartiers à l'Ancienne Belgique, à Bruxelles, pour présenter un nouveau spectacle solo, imaginé d’après l'album culte de Genesis : “The Lamb Lies Down on Broadway”...

C'est le deuxième concert de cette tournée. Il fait suite au coup d'envoi donné hier, au Grand Rex, à Paris. Vêtu très simplement de noir, il n'arbore pas, pour une fois, son inséparable écharpe en velours rouge. Il est, comme d’habitude, d'un abord très discret, voire timide. On le sait, Steve Hackett ne porte pas de masque de renard ni de costumes à motifs fleuris ; ce n'est pas Peter Gabriel ! Toute l'émotion est concentrée sur la musique et sa sublime Les Paul, dont il tire des sons cristallins, d'une beauté quasi-mystique.

La première partie du show constitue, en quelque sorte, un ‘panaché’, au cours duquel il aligne une sélection de titres de son répertoire solo. Après un faux départ, causé par une erreur de branchement de sa guitare, commentée avec humour par Steve Hackett (‘false start !), le band ouvre le bal en interprétant trois morceaux de son nouvel LP, “The Circus and The Nightwhale”. “People of The Smoke”, “Circo Inferno” et “The Passing Clouds” confirment le spectre musical, très large, embrassé par ce ‘concept album’ semi-autobiographique. Première surprise, Steve assure, en personne, les parties vocales, alors que les paroles sont signées par son épouse (NDR : depuis 2011), Joanna Lehmann-Hackett. Sur “The Passing Clouds”, on est emporté, pour la première fois, par ces longues envolées de guitare qui portent la griffe du ‘génésien’.

Au moment de “The Devil's Cathedral”, solennel et sombre à souhait, on découvre les musiciens du groupe, ses fidèles ‘acolytes... de voyage’ (hum...) Au chant principal, l'Américain Nad Sylvan (Agent of Mercy) ; à la basse, le Suédois Ronald Reingold ; à la flûte, au saxophone et à la clarinette, Rob Townsend ; aux claviers, Roger King et à la batterie, Craig Blundell, qui milite également au sein du backing group de Steven Wilson.

Grâce à ces musicos d'exception, on se délecte de petites perles comme “Every Day”, extrait du meilleur opus d'Hackett, “Spectral Mornings”, paru en 1979. En même temps, Hackett adresse un clin d'œil musical à Beethoven (La 9e “An Die Freude”) dans le thème principal du morceau et on s'envole à nouveau sur les ailes de la Les Paul lors du solo final.

“Spectral Mornings” traite de la vie après la mort et il ne faut pas oublier que ce thème traverse l'œuvre de l'Anglais. ‘A l'époque, en parler revenait à être traité de hippie’, ironise Hackett ; ajoutant ‘Aujourd'hui, la science s'est emparée du sujet et parle de phénomènes quantiques...’ Tiens, tiens, Sir Hackett serait-il également intéressé par les thématiques liées à l'élévation de conscience ?

“Camino Royale” embraie. Remontant à 1983, cette compo –précédée par un époustouflant solo de basse, au cours duquel Jonas Reingold glisse des références à Bach (la Suite N° 1 en sol majeur pour violoncelle) et à Jimi Hendrix' ("Voodoo Child”)– est rehaussée ici par une étonnante ‘jam session’ carrément jazzy. La séquence se termine par la dernière partie, instrumentale, de “Shadow of the Hierophant”, la plage titulaire du premier opus solo de l'artiste, sorti en 1975. Comme à chaque fois que l'on assiste à l'interprétation de l’hypnotique “Shadow...”, on est scotché par la beauté de la ligne mélodique et par l'incroyable montée en puissance, culminant dans une apothéose assourdissante. Un grand moment !

Après une courte pause, place au plat de résistance du spectacle et à ‘la nostalgie’, comme le précise Hackett dans un français presque parfait. Focus sur “The Lamb Lies Down on Broadway”, l'album ‘new-yorkais’ de Genesis. Paru en 1974, il constitue un des plus grands succès critiques, artistiques et commerciaux de la formation de rock progressif, mais sera le dernier réalisé en compagnie de Peter Gabriel.

En redécouvrant l'elpee en live, on est frappé par l'incroyable richesse de ce disque, tant au niveau des mélodies que dans les harmonies et les textures sonores. L'ambiance est plus sombre que sur les œuvres précédentes du groupe ; certainement à cause des dissensions régnant entre les musiciens et de leurs problèmes familiaux. Mais, par-dessus tout, cette musique est d'une incroyable force. Ce soir, Steve a troqué sa Les Paul Gold pour une autre Les Paul, noire celle-ci, au son plus brillant, plus tranchant. Et Craig Blundell propose un jeu de batterie qui, dans les moments les plus intenses, casse littéralement la baraque.

Ce “Best of The Lamb” recèle clairement les meilleures plages du double-album. D'abord, la plage titulaire, suivie de “Fly on a Windshield”, “Broadway Melody of 1974” et “Hairless Heart” ; mais le point culminant est atteint par “Carpet Crawlers”, une sublime chanson qui donne, encore aujourd'hui, la chair de poule. “The Chamber of 32 Doors”, “Lilywhite Lilith”, “The Lamia” et “it” complètent cette convaincante évocation. Seul regret : l'absence des diapositives qui magnifiaient ‘le show’ lors de la tournée de 1974-75 et que certaines formations de covers utilisent lors de leurs concerts. Dommage mais, comme déjà souligné auparavant, pour Steve Hackett, seule la musique compte.

Au moment où l'on croit le set terminé, le combo nous gratifie de 3 extraits de “Selling England by The Pound”, le long playing qui précède “The Lamb”. Au début de "Dancing With The Moonlit Knight", les fans entonnent la mélodie hyper connue : ‘Can You Tell Me Where My Country Lies...’ Pendant le break instrumental, on redécouvre l'exceptionnelle technique de Hackett, qui est un des inventeurs du 'finger tapping'. Popularisée par Eddie Van Halen, elle consiste à venir frapper le manche à l’aide des doigts, en hammer-on/pull-off pour dispenser des séquences très rapides de notes. Hackett a élaboré cette méthode en regardant des jazzmen (surtout Emmett Chapman, le créateur du 'Stick'). Le tout premier 'finger-tap' figure probablement dans l'intro de "The Return Of The Giant Hogweed", paru sur "Nursery Cryme", en 1971 !! A noter que feu Eddie Van Halen confesse avoir également été inspiré par la technique de Jimmy Page. Sur ce même morceau, décidément légendaire, Steve Hackett utilise aussi le ‘sweep picking’, qui consiste à faire glisser très rapidement l'onglet au travers de plusieurs cordes de haut en bas et de bas en haut, une technique popularisée par Yngwie Malmsteen...

Mais refermons cette parenthèse musicologique car, “The Cinema Show” nous attend. Un morceau époustouflant grâce aux arpèges de guitare à 12 cordes et, surtout, au long solo de claviers créé par Tony Banks, qui constitue le moment de gloire de la soirée pour Roger King. A l'issue de “Aisle of Plenty”, les musiciens viennent tous à l'avant du podium pour remercier le public et... pour souhaiter un joyeux anniversaire à Rob Townshend.

Comme il fallait s’y attendre, “Firth of Fifth” amorce la partie rappel du concert. Un moment vraiment magique ! Ce tour de force musical est illuminé par un solo d'anthologie à la gratte, d'une beauté déchirante. Au moment de la célèbre note qui reste perchée sur un long 'sustain', le spectre de Carlos Santana se met à planer.

La partie finale du set rayonne autour de “Los Endos”, le brûlot extrait de “A Trick of The Tail”. Craig Blundell nous réserve un extraordinaire solo de drums en intro, et un passage de “Slogans” (1980) est inséré dans le morceau, à mi-parcours. Quand le rappel prend fin, l'ambiance est indescriptible. On a l'impression que l'AB va exploser. Le public réclame un second ‘encore’, mais en vain, car les lumières se rallument.

On quitte l'AB la tête remplie d'une musique magnifique et on remercie Steve Hackett d’avoir donné une seconde vie à la période la plus inspirée de Genesis. Ce soir, on aura tous chanté ‘And The Band... Lies Down... On Bru-u-ussels...’

Setlist :

People of the Smoke

Circo Inferno

These Passing Clouds

The Devil's Cathedral

Every Day

A Tower Struck Down

Basic Instincts

Camino Royale

Shadow of the Hierophant (closing section only)

Set 2 :

The Lamb Lies Down on Broadway

Fly on a Windshield

Broadway Melody of 1974

Hairless Heart

Carpet Crawlers

The Chamber of 32 Doors

Lilywhite Lilith

The Lamia

it

Dancing With the Moonlit Knight

The Cinema Show

Aisle of Plenty

Encore :

Firth of Fifth

Los Endos (1st half; introduced first by a drum solo)

Slogans

Los Endos (2nd half)

(Organisation : Ancienne Belgique + Live Nation)

 

Chelsea Wolfe

En maitresse de cérémonie…

C'est une belle affiche que nous propose l’AB ce soir. Au programme, deux formations qui explorent un univers très 'dark' :  Kælan Mikla et Chelsea Wolfe. Mais dans les deux cas, il s'agit d'une noirceur propice aux scintillements de lueurs brillantes, aveuglantes même.

C'est à 19h45 que Kælan Mikla monte sur les planches. Le trio féminin basé à Reykjavík a été formé en 2013 et on mesure le chemin parcouru entre le Bonnefooi, le café situé en face de l'AB, où les 3 Islandaises avaient joué en 2017, coincées entre la porte et le bar, et la prestigieuse scène de l'Ancienne Belgique. Dès les premières notes de leur morceau éponyme, on est immergé dans un univers spectral, peuplé d'ombres et de sorcières, une cold-dark-wave teintée de folklore islandais, glacée et envoûtante. Mais on retiendra surtout le magnifique “Sírenur”, extrait du dernier album du combo, l'excellent “Undir Köldum Norðurljósum”, une composition d'une beauté déchirante, qui met parfaitement en valeur la voix de Laufey Soffía. Sólveig Matthildur Kristjánsdóttir se consacre, quant à elle, aux voix, aux claviers et à la flûte tandis que Margrét Rósa Dóru-Harrýsdóttir nous gratifie des sons énormes et abyssaux qu'elle tire de sa basse. Une très belle prestation, qui donne envie de se replonger dans l'atmosphère nordique de leurs productions. (Pour accéder la page ‘Artistes’ de Kælan Mikla, c’est ici).

Dès 21h, c'est au tour de la grande prêtresse, Chelsea Wolfe, de monter sur les planches. A ses côtés, son comparse à la scène comme à la ville, Ben Chisholm, se charge de la basse et des synthés, Bryan Tulao (Black Math Horseman, MGR, Mother Tongue) de la guitare et Jess Gowrie (Horseneck, Red Host, The Drama, Mrs. Piss) des drums. Tout de noir vêtue, la Californienne focalise tous les regards. Etablie à Sacramento, Chelsea est responsable, à ce jour, de 8 superbes albums. Aujourd'hui, elle vient présenter le 'petit dernier', paru récemment sur Loma Vista. « She Reaches Out To She Reaches Out To She » constituera donc, tout naturellement, l'épine dorsale de la setlist.

En grande maîtresse de la soirée, Chelsea Wolfe entretient une atmosphère mystérieuse, déroulant les lentes vagues d'un post-doom-folk lancinant... Dans les arrangements du dernier opus, Chelsea a renoué avec le style plus électronique de “Pain Is Beauty”, qui reste, aux yeux de votre chroniqueur, son chef-d'œuvre. Mais le son est ici moins trip-hop / electronica et lorgne carrément vers le ‘power electronics rock’ de Nine Inch Nails. Pour notre plus grand bonheur.

C'est particulièrement audible dans les 2 premiers titres de la setlist : “Whispers in the Echo Chamber” et “Everything Turns Blue”. Pendant “House of Self‐Undoing”, imprimé sur un rythme plus rapide, l'artiste se saisit du micro et ose quelques pas sur le podium. Elle ne se cache plus derrière un voile comme à ses débuts mais on sent qu'elle est toujours très farouche, très fragile. Il y a néanmoins une sérénité dans son attitude, qui n'est pas étrangère à sa décision, il y a quelques années, d'adopter un mode de vie sobre et sans-alcool.

Au moment de “16Psyche”, extrait de “Hiss Spun”, on est de retour dans le versant ‘guitaristique’ de Chelsea Wolfe et le public se manifeste dès les premières notes du riff aux accents ‘bluesy’. Cette incursion dans “Hiss Spun” se poursuit grâce à “The Culling”, un morceau qui permet d'admirer la maîtrise de la dynamique affichée par le band car on passe en quelques secondes d'un mur du son bruitiste à un final apaisé et tout en retenue. Pendant le très beau “After The Fall”, Ben Chisolm qui, à propos, arbore désormais une imposante moustache, passe des claviers à la basse et la beauté pénétrante de la mélodie finit par nous crucifier. Le chant de Chelsea est parfait et ce, en dépit des petits problèmes de voix qui nous avaient été rapportés par son entourage. 

Pour “The Mother Road”, extrait de “Birth of violence”, Chelsea passe à la guitare acoustique et c'est un des moments les plus poignants de la soirée. Le final tout en harmonies mineures est époustouflant et éminemment hypnotique. Ayant acquis les bases de la sorcellerie blanche grâce à sa grand-mère, l'artiste a le talent pour élaborer des élixirs soniques capables de nous emmener très loin.

Autres grands moments : “Feral Love” et “Salt”, deux superbes compos ‘dark-trip-hop’, qui évoquent Portishead et Tricky. Dans “Unseen World”, Chelsea nous guide dans les mondes parallèles en agitant un pendule, avant une dernière série de 3 plages extraites de son dernier opus. Pour clôturer le set, le désormais classique “Flatlands” nous amène tout en douceur vers un rappel qui renouera d'abord avec le post-metal, grâce à “Carrion Flowers” avant de laisser retomber définitivement le rideau sur un déchirant “The Liminal”, interprété en solo à la gratte sèche...

Setlist :

Whispers in the Echo Chamber

Everything Turns Blue

House of SelfUndoing

Tunnel Lights

16 Psyche

The Culling

After the Fall

The Mother Road

Deranged for Rock & Roll

Feral Love

Salt

Unseen World

Eyes Like Nightshade

Place in the Sun

Dusk

Flatlands

Rappel :

Carrion Flowers

The Liminal (Chelsea Wolfe solo)

Crédit photo : Hugues de Castillo

(Organisation : Ancienne Belgique)

Eosine

Eosine a mis le feu à la Fête de la Musique…

Mais où vont-ils s'arrêter ? C'est la question qu'on est en droit de se poser concernant Eosine. Originaire de Liège et emmenée par la très talentueuse Elena Lacroix, cette formation ne cesse de surprendre. Après sa victoire au Concours-Circuit et la sortie de deux remarquables Eps, elle est occupée d'exploser grâce à une série de concerts hallucinants.

Il y a quelques jours, son style shoegaze hybride et innovant a enflammé le podium de la Fête de la Musique, au Cinquantenaire, à Bruxelles. Une prestation énergique et captivante qui a enthousiasmé les spectateurs présents qui, pour la plupart, ne connaissaient pas le combo.

Fait surprenant, la majorité de la setlist est composée de titres inédits. Seuls “Plant Healing”, “Digitaline” et “Progeria”, son dernier single, relèvent de sa discographie. Les 5 autres morceaux sont des compositions récentes et, pour être franc, ils sont époustouflants. L’expression sonore évolue toujours dans un style combinant shoegaze, postpunk, dream-pop et inspiration celtique mais le spectre musical s’élargit grâce à des touches progressives, krautrock et, par moments, carrément grunge.

Le nouveau guitariste, Dima Fontaine, qui militait auparavant au sein du groupe liégeois Naked Passion, n'est certainement pas étranger à cette évolution. Il apporte une palette musicale très riche et renforce parfaitement le travail vocal d'Elena.

Mais ce qui frappe le plus dans ce nouvel avatar d'Eosine, qui est complété par Benjamin Franssen à la batterie et Guillaume Van Ngoc à la basse (remplaçant), c'est la puissance de son show en ‘live’. Le côté shoegaze un peu nonchalant est supplanté, sur les planches, par une énergie brute et une maîtrise étonnante des pulsions et des flux. Le groupe alterne les moments aériens et les envolées rythmiques les plus féroces.

D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas car l'espace devant la scène se remplit au fil des minutes et l’auditoire devient plus en plus conséquent. Il finit même par s’enflammer, et lors de la dernière partie du show, les premiers rangs s’engagent dans un ‘pogo’ débridé, et tout particulièrement lors du final, “Digitaline”. Pour faire monter la pression, Elena se lance dans une diatribe vocale insensée sur la rythmique hyperrapide et, conclusion paroxystique, se roule par terre en criant comme une possédée. L'ange habillé de blanc s'était transformée en démon. Le tout, devant une foule médusée, touchée par une sorte de transe. Un moment inoubliable.

On attend impatiemment le nouvel Ep du groupe. Il doit sortir en septembre sur le label Mayway Records, qui héberge déjà les excellents Haunted Youth. Et l'année prochaine, paraîtra le premier album ‘long format’ du quatuor. Tout est en place pour qu'Eosine devienne un des groupes phares du rock belge, au même titre qu'un Whispering Sons. En tout cas, et sans mauvais jeu de mot, au Cinquantenaire, Eosine était déjà un monument...

Pour consulter les autres articles (interviews, chroniques de disques, etc.) consacrés au band, cliquez sur le nom de l’Artiste dans le cadre informations complémentaires., ci-dessous.

Si vous souhaitez écouter les interviews en podcast dans l'émission ‘WAVES’, c’est ici pour Eosine et pour le projet solo d’Elena, Tokyo Witch.

(Crédit photo : Christophe Dehousse)

 

iDKHOW

Un CONCERT en lettres capitales…

Écrit par

Originaire de Salt Lake City, dans l'Utah, iDKHOW (NDR : c’est la contraction de ‘I Don't Know How But They Found Me’), réunissait, au départ, le leader/chanteur/guitariste, Dallon James Weekes –un ancien membre du band américain Panic ! At The Disco, au sein duquel il a milité pendant plus de dix ans– et le drummer Ryan Seaman. En 2016, ce dernier quitte le navire et iDKHOW devient le projet solo de Dallon…

Un Ep et trois elpees à son actif, dont le dernier, « Gloom Division », paru en février dernier et coproduit par Dave Fridmann (Mercury Rev, The Flaming Lips, …) Ce soir, il va nous en proposer de larges extraits. Le concert est sold out.

Le supporting act est assuré par le jeune band anglais The Molotovs. Un power trio drivé par la charismatique chanteuse et bassiste leader Issey Carts. La chevelure blonde décolorée, elle est vêtue d’une veste d’officier anglais (période Tuniques rouges), d’un shorty de teinte noire, et chaussée de bottes en plastique de couleur rouge vif. Elle est soutenue par le guitariste/chanteur Matt Molotov et le drummer Will Fooks, dont la chevelure rappelle celle des mods qui ont sévi au cours des sixties (The Who, The Small Faces, The Kinks, …) Matt a enfilé une veste de soldat de couleur verte (Tommy de la Grande Guerre) garnie d’un tas de décorations et Will, un costume de ville de teinte bleue.

Pas moins de 300 concerts au compteur, mais pas encore d’Ep ni d’album à son actif, mais simplement des démos.

Le set s’ouvre par « More, more, more ». Le drumming est littéralement tempétueux. Tout comme sur « New Flash ». Au début de « Satisfaction » les sonorités de sixcordes s’ébrouent en douceur, puis le morceau monte en puissance, avant l’explosion finale. Bien en phase, la section rythmique canalise une énergie punk aux relents rhythm’n’blues (NDR : probablement ceux qu’ils empruntent aux groupes mod des sixties).

Sur les planches, Issey ne tient pas en place, tout en servant de sa basse ; elle sautille ou se dandine sur place, faute d’espace laissé par le matos d’iDKHOW. Bref, le concert a libéré une fameuse dose d’énergie et bien chauffé la salle pour la tête d’affiche.

(Lien vers la page ‘Artistes’ de The Molotovs )

Setlist : « More More More », « Johnny », « Satisfaction », « Wasted Of Mouth », « New Flash », « The Game », « Rhythm Of Yourself », « Don’t Doubs Me », « No Time To Talk », « Come On No ».

iDKHOW fait une entrée remarquée en entamant son show par « SPKOTHDVL ». Au lieu d'attendre le rappel ou la fin de parcours pour attaquer ses compos les plus populaires, il les aligne d’entrée de jeu et notamment « Do It All The Time », « Cluster Hug » ainsi que « Social Claim », des chansons que la foule reprend passionnément en chœur.

Le backing group de Dallons James Weekes est constitué d’un guitariste/claviériste (Anthony Purpura), d’un bassiste (Isaac Paul) et d’un drummer (Ronnie Strauss). Il est en totale interactivité avec le public, et descend, à plusieurs reprises, dans la fosse, pour y circuler en chantant sans micro, ni électricité. Et il semble ravi de constater que ses fans connaissent les paroles.

La setlist va nous réserver six plages de son nouvel opus (NDR : dont les titres s’écrivent en lettres capitales) et quatre nouvelles versions de pistes signées par son band précédent, The Brobecks, dont l’énergique et excitant « A letter ».

Weekes demande, en plaisantant, à toute personne de moins de 25 ans de se boucher les oreilles pendant « WHAT LOVE ? », une chanson qui détaille les tentations provoquées par une relation toxique et torride.

Pendant « Visitation of the Ghost », la fosse s’ouvre en deux parties afin de permettre au frontman de se frayer un passage. Dès qu’il remonte sur l’estrade, le band nous réserve une excellente cover du « Murder On The Dancefloor » de Sophie Ellis‐Bextor. Toute la salle saute en l’air et danse. Les téléphones s’allument et se balancent. Et iDKHOW achève son concert, comme il a commencé, par trois skuds : « SUNNYSIDE », « Choke » et « Razzmatazz », avant de quitter la scène.

Le combo revient rapidement pour accorder un rappel, dont un des premiers morceaux publiés sous le nom d'iDKHOW : « Nobody Likes The Opening Band », bien que Weekes précise qu’il n’a gardé aucune rancune envers Benches. Et il prend encore le temps de présenter ses musicos.

On a assisté, ce soir, à un CONCERT en lettres capitales d’iDKHOW ; mais on épinglera, surtout, la voix de Dallon Weekes, qui chante en ‘live’ aussi juste qu’en studio…

Setlist : « SPKOTHDVL », « Do It All The Time », « Cluster Hug » (The Brobecks cover), « Social Climb », « DOWNSIDE », « GLOOMTOWN BRATS », « New Invention », « INFATUATION », « SIXFT », « Leave Me Alone », « A Letter » (The Brobecks cover), « WHAT LOVE ? », « Visitation Of The Ghost » (The Brobecks cover) », « Murder On The Dancefloor » (Sophie EllisBextor cover), « Kiss Goodnight », « SUNNYSIDE », « Choke », « Razzmatazz ».

Rappel : « Nobody Likes The Opening Band », « Boring « (The Brobecks cover).

(Organisation : Ancienne Belgique)

Ghinzu

De retour sur les planches et déjà au top !

Écrit par

Afin de célébrer les 20 ans de son album emblématique « Blow », Ghinzu opère son grand retour en accordant une série de dates exceptionnelles, dont 5 concerts à l’AB. Et les spectacles ont été décrétés quasi-soldout dans l’heure de mise en vente des tickets d’entrée. Votre serviteur assite à celui du mardi 11 juin 2024.

Pas de supporting act et l’affiche attire un public multigénérationnel.

Paru en 2004, « Blow » a servi de B.O. à de nombreux films et en particulier pour « Dikkenek », « Les Chevaliers Du Ciel », « Taken ». Et surtout le titre maitre pour le documentaire environnemental « Nous Resterons Sur Terre » ainsi que le long métrage néerlandophone « Ex-Drummer ». Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, la formation devrait sortir, prochainement, son quatrième opus ; il serait même prêt à 80%. Le band va même nous réserver quelques morceaux, au cours du show. On l’attend avec impatience !!!

Au sein du line up, le leader/chanteur/claviériste John Stargasm, le bassiste Mika ‘Nagazaki’ Hasson (également impliqué chez Polyphonic Size) et le guitariste Greg Remy sont toujours au poste. Mais c’est Antoine Michel qui assure les drums alors que Jean Montevideo se consacre aux claviers, à la sixcordes et aux backing vocaux.

C’est la bande originale préenregistrée du film Rocky, « Going The Distance, qui sert d’ouverture. Et puis, le quintet attaque « Blow », alors que Stargasm mime les gestes du boxeur. Proches des structures prog, les multiples parties et variations d’intensité, entre douceur et rage, se succèdent tout au long des 9 minutes, et sont aussi susceptibles de rappeler Muse…

Déjà, les fans se bousculent, sautent dans tous les sens en scandant les paroles, et le concert opère un virage chaotique qui se marie bien avec l'élégante excentricité de la musique et du style de Ghinzu. De façon générale, ce sont les morceaux les plus nerveux du groupe qui fonctionnent le mieux. A l’instar de « Cockpit Inferno » au cours duquel les claviers sont puissants et la section rythmique devient entêtante. Mais également « Dragon », « Mirror Mirror », « Until You Faint » et « Mine » dont les riffs résonnent avec violence dans le temple de l’AB.

Le light show est spectaculaire : leds, stroboscopes, projecteurs, lasers, etc.)

Dans la fosse, la foule pogote sec et les round circles se multiplient ; mais heureusement, la sécurité veille au grain, et en particulier pour les adeptes du crowdsurfing. Et Stargasm n’hésite pas à se mêler aux antagonistes.

Le band ira également puiser l’un ou l’autre morceau dans « Electronic Jacuzzi » et » Mirror Mirror », ses deux autres elpees studio, parus en 2000 et 2010.

Pendant « Cold Love » et « 21st Century Crooners », les voix du public recouvrent presque les instruments.

Interprété en mode piano/voix, l’envoûtant « Sweet Love » permet à tout le monde de souffler. Les spectres de dEUS et d’Archive se mettent à planer.

John Stargasm est en continuelle communion avec son auditoire. Emu, il semble ravi de la réaction des fans de la première heure, qu’il complimente à plusieurs reprises. Il rejoint encore la fosse pendant « The End Of The World ».

La setlist est structurée de telle sorte que Ghinzu offre à son audience deux rappels : un premier composé de 5 chansons, ouvert par le sublime « Sweet Love », qui va aller crescendo jusqu’à « Mine » et ainsi replonger la fosse dans le chaos et un second encore, au cours duquel Ghinzu va nous réserver « Forever », morceau absent des plateformes de streaming mais joué en live dès 2015. Au bout de 90 minutes de set, le public est conquis par la performance, malgré une majorité d’oreilles dont les tympans ont fini en compote…

Ghinzu n’a rien perdu de sa superbe en live, qui a tant contribué à sa réputation et son succès.

Setlist : « Going The Distance » (préenregistré), « Blow », « Jet Sex », « Cockpit Inferno », « High Voltage Queen (The Reign Of) », « Dragon », « Sea-Side Friends », « Barbe Bleue », « The Dragster-Wave », « 21st Century Crooners », « Cold Love », « Do You Read Me ? », « The End of the World », « Dracula Cowboy », « 'Til You Faint »

Rappel 1 : « Sweet Love », « Mother Allegra », « Mirror Mirror », « Dream Maker », « Mine ».

Rappel 2 : « This War Is Silent », « Forever »

(Organisation Ancienne Belgique + Progress Booking)

 

Billy Talent

On n’a pas vu les 90 minutes passer

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Fondée en 1993, dans l’Ontario, sous le patronyme Pezz avant de se rebaptiser Billy Talent en 1999, la formation canadienne est parvenue à s’imposer comme une valeur sûre du rock alternatif, construisant son succès autour de titres puissants tels que « Red Flag » ou encore « Fallen Leaves ». A son actif, sept elpees studio, dont le dernier « Crisis of Faith », paru en 2022, célébrait un retour aux sources. Son dernier album, « Live at Festhalle Frankfurt » est, comme son titre l’indique, un disque immortalisé en public.

Le concert est sold out, et c’est Wargasm qui assure le supporting act.

Né en 2019, ce duo anglais est surtout connu pour son mélange unique et dynamique de punk, de metal et d’électronique. Réunissant Milkie Way et Sam Matlock, il a rapidement attiré l’attention grâce son énergie brute et explosive libérée sur les planches et ses paroles percutantes. Sa musique est souvent décrite comme intense et provocante, alors que les paroles des compos traitent de la politique, de la société et de la mentalité des jeunes.

Les haut-parleurs crachent un collage de « Loveshack » des B-52's et « Before I Forget » de Slipknot. De quoi déjà mettre l’ambiance dans la fosse. D’autant plus que le couple est vêtu comme s’il allait à la plage. Elle porte un microshort et un haut de bikini de couleur noire et lui, un short hawaïen à fleurs. Ils sont accompagnés d’un scratcheur/claviériste/percussionniste (il frappe, de temps à autre, impétueusement sur une grosse caisse), d’un batteur et d’un bassiste.

Le concert s’ouvre par le titre éponyme du second album, « Venon ». La chorégraphie du duo –qui déménage beaucoup sur le podium– est sémillante et plaisante. Une belle interactivité s’opère entre les musicos et un public devenu chaud-boulette ; et votre serviteur l’est tout autant...

Un set puissant et électrique que vous pourrez (re)voir dans le cadre des Lokerse feesten… (Page ‘Artistes’ consacrée à Wargasm ici)

(Pour le reportage photos signé Romain Ballez, c’est )

Setlist : « Venon », « Fukstar », « Rage All Over », « Bang Ya Head », « Feral », « Pyro Pyro », « Feral », « Modern Love », « Bang Ya Head », « D.R.I.L.D.O », « Spit », « Do It So Good ».

Place ensuite à Billy Talent. Divisée en 4 parties, une grande toile a été tendue en arrière-plan. Tout au long du show, des vidéos y seront projetées. Perché sur une estrade, le drummer est entouré d’une imposante rampe d’éclairage.

A l’instar de la plupart de ses spectacles, « Devil in a Midnight Mass » entame les hostilités. Dès que les cordes de Ian D'Sa se mettent à vibrer, on attrape la chair de poule. Il ne faut pas très longtemps pour que les gobelets (réutilisables) de bière, volent aux quatre coins de la fosse, déclarant officiellement le premier mosh pit. Et ils se multiplieront tout au long de la soirée. Tout comme les pogos et round circles…

Si les Canadiens étaient peut-être conscients que leur discographie est gravée dans la mémoire du public, Benjamin Kowalewicz –bien qu’infatigable– n’a jamais demandé ni imploré d’interaction. Il a préféré ne pas perdre de temps en interprétant le plus de morceaux possibles. Après environ une demi-heure, « Rusted From the Rain » a véritablement dynamisé le set en rapprochant le band de la foule. Caractérisé par une solide attitude rock'n'roll, le leader connait ses classiques punk/rock très old school, par chœur. Puissant, « End of Me » nous replonge une dizaine d’années en arrière. Et le détonnant « Surprise Surprise » pète littéralement des flammes. Les fans transforment chaque chanson en hymne. Intense, « Viking Death March » constitue un autre moment fort du concert.

On n’a pas vu les 90 minutes passer. Et c’est l’hymnique « Red Flag » qui clôture une prestation qui vous rebooste pour la semaine…

(Pour le reportage photos signé Romain Ballez, c’est ici)

Setlist : « Devil in a Midnight Mass », « This Suffering », « I Beg To Differ (This Will Get Better) », « Afraid Of Heights », « The Ex », « River Below », « Pins And Needles », « Rusted From The Rain », « Try Honesty », « Surrender », « Saint Veronika », « End Of Me », « Diamond On A Landmine », « Reckless Paradise », « Surprise Surprise », « Fallen Leaves », « Devil On My Shoulder », « Viking Death March », « Red Flag ».

(Organisqtion : Live Nation)

 

Drahla

Quand on prend le train en marche…

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Issu de Leeds, Drahla est un groupe de post-punk dont le second elpee, « Angeltape », est paru ce 5 avril 2024. Il se produisait ce mardi 4 juin, à l’Aéronef de Lille précédé, en supporting act, de Sacrificial Chanting Mood et de Spill Gold. Malheureusement, Spill Gold a dû déclarer forfait pour raisons médicales (NDR : une rumeur signalait un accident) ; et alors que la tête d’affiche était censée se produire à 21h50, elle est montée sur les planches à 21 heures. Imaginant arriver confortablement vers 21h 20, pour ne rien rater de la headliner, le concert est déjà bien entamé lorsque nous débaquons dans la salle.

Après être passée d’un trio à un quintet, la formation semble s’être stabilisée à un quartet. Un drummer, un bassiste et deux guitaristes, dont la chanteuse et leader Luciel Brown. Enfin chanteuse, c’est un grand mot, puisque sa voix est plutôt déclamatoire, proche d’un ‘spoken word’ à la Kim Gordon. Encore que parfois, ses intonations deviennent plus maléfiques que mystérieuses. Et pourtant, l’expression sonore navigue à des années-lumière du métal. Certains médias l’ont même qualifiée d’art rock. D’autres de noisy post punk ou de no wave. En y ajoutant un peu de funk blanc, on devrait probablement être proche de la solution…

Le temps de se fondre dans l’ambiance –il n’y a qu’une centaine de spectateurs, mais enthousiastes, certains n’hésitent pas à se lancer dans le crowdsurfing– le band nous réserve son titre le plus accessible de son long playing, « Default parody ». Les riffs sont tour à tour tranchants, à l’instar de Gang of Four ou dissonants voire corrosifs comme chez Sonic Youth, mais encore semblent entrer en conversation ou alors se limitent à des arpèges minimalistes… lorsque les sonorités de sixcordes ne se mettent à tintinnabuler, dans l’esprit de Sad Lovers & Giants. Cependant, lorsque qu’elles s’élèvent dans l’éther psychédélique, on pense plutôt à The Cure (NDR : on comprend mieux pourquoi Robert Smith avait insisté pour le band soit à l’affiche du Meltdown festival, en 2018). Et comme le drummer y imprime un tempo new wave et que la ligne de basse semble calquée sur celle Simon Gallup, ce n’est plus étonnant du tout. M’enfin, en général, cette ligne de basse est aussi cotonneuse, glaciale et hypnotique que celle de Peter Hook. C’est même elle qui fédère les morceaux. 

En observant plus attentivement le batteur, Mike Ainsley –qui a enfilé un magnifique t-shirt à l’effigie de Motörhead première génération, on constate que ses interventions sont aussi amples que précises, même lorsqu’il accélère le tempo.

Les morceaux semblent quelquefois déraper dans le chaos, et pourtant, tout est soigneusement organisé. Dommage que Luciel (NDR : dont deux pinces retiennent autant de mèches de cheveux pour former un cœur sur son front) ne se soit pas servie de son saxophone, afin d’enrichir l’une ou l’autre composition, et surtout les rendre un peu moins cliniques…

Après deux titres en rappel, Drahla se retire et file directement au stand merchandising. Difficile de vous en dire plus, pour le peu que nous avons pu écouter et voir. A ce propos, le reportage photos réalisé par Ludovic Vandenweghe est disponible .

(Organisation : Aéronef, Lille)

Amenra

A vous glacer le sang…

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Dans le cadre d’une tournée mondiale, Amenra se produit ces 30 et 31 mai 2024, à l’Ancienne Belgique. Les deux concerts sont sold out. Votre serviteur assite au second. Et la formation revient pour 3 nouvelles dates, dans la même salle, en mars 2025, preuve que leur succès ne fait que s’amplifier...

Plus rien ne semble arrêter la formation courtraisienne fondée en 1999 et construite autour du chanteur charismatique Colin H. Van Eeckhout.

Le line up implique également les guitariste Mathieu Vandekerckhove et Lennart Bossu, le drummer Bjorn Lebon ainsi que le bassiste Tim De Gieter.

Le combo pratique un post/doom puissant et intriguant à la fois. Raison pour laquelle, elle arpente, depuis plusieurs années déjà, les plus grandes scènes du monde entier, à la rencontre des adeptes de la Church Of Ra. Notoire pour l'intensité de ses performances live, le groupe entraîne à chaque fois son public dans un voyage musical étrange au cours duquel Colin et ses disciples exorcisent leurs démons. Dans leurs textes, ils abordent, pour thèmes, la douleur et la souffrance, mais aussi le droit d'oser regarder les choses en face. Chaque album est l'intégration d'un traumatisme. Ce qui explique la série d'albums baptisée « Mass », suivie, en 2021, par « De Doorn », un opus en explore les thèmes du deuil et du chagrin, marquant un tournant dans son évolution.

Doodseskader assure le supporting act. Il s’agit d’un duo belge réunissant le bassiste d’Amenra et guitariste d’Every Stranger Looks Like You, Tim De Gieter, et le drummer de The K., Sigfried Burroughs. Formé à Gand, en 2019. son sludge est teinté d'influences post hardcore, punk, heavy metal, hip hop et grunge. A son actif, deux elpees, « MMXX : Year Zero », paru en 2022, et « Year II ».

Une toile noire est tendue en arrière-plan sur laquelle des vidéos plus morbides les unes que les autres sont projetées, mais également les paroles des morceaux, comme lors d’un karaoké –et la foule ne se prive pas de les reprendre en chœur, laissant uniquement les ombres de cette section rythmique basse/batterie se profiler sur cet écran.

Baignant au sein d’un climat en clair-obscur permanent, cette prestation quoique sombre et percutante va se révéler unique en son genre et surtout superbe ! (Pour plus d’infos sur le groupe, voir page ‘Artistes’ ici)

Setlist : « Pastel Prison », « The Sheer Horror Of The Human Condition », « Bone Pipe », « I Ask With My Mouth, I'll Take With My Fist », « Innocence (An Offering) », « FLF », « People Have Poisoned My Mind To A Point Where I Can No Longer Function ».

Les rituels d'Amenra sont depuis longtemps universels et gagnent à chaque tournée des fidèles toujours plus nombreux, de Saint-Pétersbourg à Rio de Janeiro. Amenra en live, c'est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie, qui vous donnera envie de les revoir encore.

« Boden » la pièce d’entrée va durer pas loin de 20 minutes et les 15 premières minutes sont réservées au drummer qui fait tinter une cloche tibétaine. Puis, les deux guitares se mettent à vibrer avant que le reste de l’instrumentation ne rejoigne l’expression sonore et le morceau de s’achever en apothéose. On vient d’entrer dans l’univers d’Amenra.

« Razoreater » embraie sans transition. Les sixcordes libèrent tranquillement leurs sons monocordes, le batteur apporte les nuances et la basse se greffe à l'ensemble. Tout est parfait. Dos au public, Colin déclame son texte de manière un peu froide et impersonnelle, puis sa voix devient ‘screamée’. Mais il ne s’établit aune interactivité entre le band et l’auditoire. Tout semble figé et glacé. Même la musique. Et pas la peine d’espérer un pogo ou round circle. L'entrée furieuse des guitares, l'apocalyptique démesure de cette rythmique incendiaire et ce chant noyé sous le magma sonore ininterrompu, finit par vous glacer le sang… Amen(ra) ! Et pas la moindre respiration entre les 9 morceaux du concert !

Avant la Covid votre serviteur avait découvert Amenra lors d’un set acoustique de toute bonne facture. Ce soir, le contraste est saisissant. Malgré un début prometteur, la suite s’est révélée bien trop monocorde au goût de votre serviteur, et il est resté sur sa faim…

Setlist : « Boden », « Razoreater », « De Evenmens », « Plus près de toi -/ Het Gloren », « Heden », « Aorte-Ritual », « A Solitary Reign », « Diaken », « Terziele, Am Kreuz »

(Organisation : Ancienne Belgique + Live Nation)

Slowdive

Comme à l’issue d’une séance de méditation transcendantale…

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Si le rock indé est à nouveau en pleine effervescence depuis le début du siècle, il le doit en grande partie aux mouvements shoegaze et dream pop, courants qui semblent attirer une toute nouvelle génération de disciples. Et pour cause, les concerts des formations du style, de première génération (les 90’s) et celles de la seconde (depuis + ou - 2015), séduisent un public de plus en plus jeune. Ainsi, ce dimanche 26 mai, pour applaudir Slowdive, il est carrément intergénérationnel, réunissant pré-ados, leurs parents et parfois même leurs grands-parents. Impressionnant ! Et ce soir, il y a du peuple dans la salle. Il y a même du monde au balcon !

Fondé en 1989, le groupe britannique s’est reformé en 2015 et a gravé depuis, deux elpees, un éponyme en 2017 et « Everything is alive », l’an dernier. Ce dernier davantage infusé d’électronique. De quoi inquiéter les plus anciens aficionados qui craignaient l’évaporation de l’instrumentation organique, sur les planches. Ce ne sera pas le cas…

Bonne nouvelle, le supporting act est assuré par Pale Blue Eyes, un trio drivé par un couple ; en l’occurrence le chanteur/compositeur/guitariste Matthew Board et la drummeuse, Lucy ; le line up impliquant également le bassiste Aubrey Simpson, et en tournée, le claviériste/guitariste John Gooding. Deux long playings à l’actif du band : « Souvenirs », en 2022, et « This house », l’année suivante. Des œuvres plutôt douloureuses, dont les textes traitent du chagrin à la suite de la perte d’êtres chers.

Et pourtant, sur scène, les musicos respirent la joie de vivre. Physiquement et vocalement Matthew me fait un peu penser à Martin Phillipps des Chills.  

Le set s’ouvre par « Take me over », un morceau dont l’explosion d’énergie est déjà bien maitrisée. Le son est d’excellent facture et les balances impeccables. La dextérité d’Aubrey sur ses cordes de basse, qu’il palpe de ses doigts, est spectaculaire. Les compos se distinguent par de bonnes accroches mélodiques. Si au début de « Sister », long titre qui clôt la prestation, le spectre de New Order se met à planer, progressivement l’expression sonore se transforme en transe psychédélique réminiscente de Spiritualized. Franchement, on assiste rarement à des premières parties de ce calibre… (Lien page Artistes Pale Blue Eyes)

(Photos Ludovic Vandeweghe ici)

Setlist :

Takes Me Over, TV Flicker, Spaces, Dr Pong, Motionless, Our History, Chelsea, Sister

Une bande préenregistrée diffuse le « Deep Blues Day » de Brian Eno pendant que les musiciens s’installent. Coiffé d’une casquette de base-ball, le chanteur/guitariste Neil Halstead s’installe à l’extrême droite, et l’autre sixcordiste, Christian Savill, à l’extrême gauche. Vêtue d’une robe noire légèrement bouffante dans le bas, la chanteuse Rachel Goswell se plante devant un clavier. On dirait Alice au pays des merveilles à l’âge adulte. Mais souriante, elle a conservé son visage d’enfant. De temps à autre, elle empoigne une guitare flambant neuve de couleur… noire, donc assortie à sa tenue. Et tout a long du spectacle, comme bercée par la musique, elle se balance nonchalamment…

Le concert s’ouvre par « Shanty », le premier morceau du nouvel elpee, « Everything Is Alive ». La lente impulsion électronique se répand un peu comme chez New Order, puis des vagues de sonorités de guitares commence à prendre leur envol, un envol qui se reproduit sur « Star roving » et le panoramique « Catch the breeze ».

Plus atmosphérique, « Skin in the game » nous plonge dans une certaine forme de léthargie. Certains spectateurs ferment les yeux et leurs esprits embrumés se mettent à planer.   

« Crazy for You » s’ébroue au sein d’un même climat. Les guitares entrent en dialogue, et enfin de parcours le morceau prend une nouvelle envolée.

Cosmique, « Souvlaki Space Station » nous propulse au cœur d’un univers floydien, alors que traversés de fumée, les faisceaux lumineux ressemblent à des colonnes de marbre blanc. Et lorsque les lumières stroboscopiques se déclenchent, les mouvements des musicos se décomposent…

Les oscillations de grattes chatoyantes propagées tout au long de « Sugar for the Pill » reflètent les impressions mélancoliques d’un Durutti Column. « Kisses » réverbère des échos empruntés au « Disintegration » de The Cure.

Plus noisy, « When the Sun Hits » alterne moments paisibles et bien percutants. Et le concert s’achève par « 40 days », une remarquable compo aux sonorités de guitares brimbalantes.

Pour le premier titre du rappel, « Chained to a cloud », le bassiste est passé aux claviers. On entre alors dans une ambiance ‘cathédralesque’.

A remarquer que tout au long du concert, Nick Chaplin n’arrête pas de déambuler sur l’estrade, à contrario des autres musiciens, plutôt stoïques ; et quand il se sert de la basse, il la tient à hauteur des genoux, un peu à la manière de Paul Simonon, chez The Clash.

On épinglera encore les échanges de voix entre Rachel, plus éthérée et fluette, et celle de Neil, bien timbrée, même si le volume sonore élevé ne permettait pas toujours de bien saisir ces nuances.

Si la setlist a alterné ancien et nouveau répertoire, le set s’achève par la reprise du « Goden hair » de Syd Barrett. Une forme d’hommage rendu à un artiste que les membres de Slowdive ont toujours admiré. Une version remarquable, respectueuse de la mélodie originale, mais qui sous un format shoegaze sert de lancement à un final tonifié par les percus alors tribales de Simon Scott ; et bien sûr, que l’intensité électrique sublime…

Les musiciens remercient la foule, pendant que les baffles crachent un nouveau titre de Brian Eno, « An Ending (Ascent) ».

En quittant la salle, la foule semblait particulièrement sereine, comme si comblée, elle venait de participer à une séance de méditation transcendantale…  

(Photos Ludovic Vandenweghe )

Setlist :

Deep Blue Day (Brian Eno song), Shanty, Star Roving, Catch the Breeze, Skin in the game, Crazy for You, Souvlaki Space Station, Sugar for the Pill, Slomo, Kisses, Alison, When the Sun Hits, 40 Days

Rappel :

Chained to a cloud, Dagger, Golden Hair (Syd Barrett cover), Song played from tape : An Ending (Ascent) (Brian Eno song)

(Organisation : Aéronef Lille)

 

 

 

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