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Jason Ricci

Approved by snakes

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Jason Ricci est considéré comme l'un des harmonicistes contemporains les plus doués encore en vie. Agé aujourd’hui de 43 ans, il a déjà séduit plusieurs générations de mélomanes passionnés par son instrument. Originaire de Portland, dans le Maine, il s’établit à Memphis, en 1995, où il opère officiellement ses débuts et publie un premier LP éponyme. En 2002, il monte sa propre formation, Jason Ricci & New Blood. Le band publie alors deux elpees pour le label californien, Eclecto Groove. En 2011, Jason met le cap sur la Nouvelle-Orléans. Ce qui lui permet d’expérimenter un mélange de blues, jazz et funk. En 2015, il recrute un nouveau backing group, The Bad Kind. Et deux ans plus tard, il signe chez Ellersoul, une écurie dynamique basée à Washington. Il y grave alors un premier opus, "Approved by Snakes". Le line up de son nouveau combo implique des musicos locaux chevronnés ; en l’occurrence, le guitariste John Lisi (NDR : ce spécialiste du Delta Funk a notamment apporté son concours à Dr John, Cyril Neville et Bryan Lee), le bassiste Andy Kurz, le second gratteur Sam Hotchkiss, et le drummer Adam Beaumol. Tout au long des 80’ de ce long playing, Ricci ne fait pas dans la demi-mesure. Les plages sont longues. En outre, ses lyrics traitent des divers problèmes qui rongent l'artiste : addiction aux drogues, sexualité perturbée ou encore expériences sociales diverses.

La basse cède rapidement le relais à l'harmonica pour amorcer "My true love is a dope whore" (Trad. : Ma vraie passion est une p***** de drogue). Le climat est étrange. La voix est déclamatoire. De cris participatifs traversent l’espace sonore. Les guitares dispensent une succession de sons secs et tranchants avant que de vifs échanges entre l’harmo de Jason et les cordes de Hotchkiss interviennent. Funky/blues, "Something just arrived" est une jam techniquement impressionnante. Les interventions à l’harmo sont à la fois bouleversantes et novatrices. "Demon lover" démarre très lentement. Susurrée, la voix pénètre progressivement au sein d’une atmosphère dépouillée d’où émergent les cordes réverbérées et des accès de basse souples. La voix véhicule un sentiment de mal-être et même d'épouvante. L’intensité monte graduellement jusqu'au moment provoqué par l'envol de l'harmonica. Plage la plus courte, "My mom's gonna yell at you" est aussi celle qui manifeste l’impact le plus direct. Particulièrement rythmée, elle est interprétée en chœur et se distingue par ses sonorités de guitare rock diablement efficaces. "My broken toy" constitue une fameuse tranche de vécu pour Jason, un blues lent presque classique au cours duquel Lisi nous réserve un envol remarquable et bouleversant, sur ses cordes. Dans la foulée, l’implacable "I fink you freaky" se convertit au rap, grâce à la collaboration de la formation sud-africaine Die Antwoords. "Listen here" est la plus longue plage du long playing. Signée par le saxophoniste de jazz Eddie Harris, cette jam adopte un format jazz/funk afin de mettre en exergue le talent des différents musicos : le bassiste, les guitaristes, le drummer et l’harmoniciste. Autre cover, "Terrors of nightlife" est issu de la plume de Dax Riggs, le vocaliste du groupe de death metal Acid Bath. La version est superbe. Torturée, envoûtante, soutenue par celle de Jenny Langer, alias Black Betty, la voix du leader force le respect, alors que les cordes de Hotchkiss se chargent d’une belle intensité et d’une dose d’émotion rare. John Lisi brille encore aux cordes tout au long du funky blues exotique, "Got cleaned up". Du funk et du blues qu’on retrouve sur "I'm too strong for you". Un album vraiment original !

 

Jason Ricci

Done with the devil

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Il faut avouer que le team de Delta Groove a eu le nez creux en recrutant le jeune Jason Ricci.  Un musicien hyperdoué qui avait littéralement cassé la baraque lors de la sortie de son premier album "Rocket number 9". Un disque percutant qui était déjà sorti sur Rocket number 9, la filiale rock de Delta Groove. Et la critique n’avait pas tari d’éloges ce prodige. Pourtant, l’artiste a le succès modeste. Dans les notes consignées à l’intérieur du booklet, il rend hommage au collectif New Blood, un quartet qui le soutient et auquel il accorde une grande importance. D’ailleurs, la plupart des compositions sont signées par l’équipe. Ricci a gardé auprès de lui, le superbe gratteur Shawn Starski et Todd Edmunds, à la basse.

Pour enregistrer ce nouvel opus, Ricci a cependant engagé un nouveau batteur : Ed Michaels. En outre, il a bénéficié du concours de Philip Wolfe. Qui cumule ici les fonctions d’ingénieur du son, d’arrangeur et musicien. C’est également au sein de ses studios, dont il est le proprio (NDR : le Shadow Lane à Nashville, dans le Tennessee), que les sessions d’enregistrement se sont déroulées. On peut donc affirmer qu’il est devenu une pièce importante du nouvel édifice imaginé par Jason.

"Done with the devil" ouvre l’opus. Nerveuse, cette plage adresse un clin d'œil manifeste au blues issu du Mississippi. Jason a vécu quelque temps dans les collines de cet Etat. Il y a côtoyé les regrettés RL Burnside et Junior Kimbrough ; et on s’en rend compte immédiatement sur cette compo, au cours de laquelle il étale rapidement toute sa science et sa vivacité. Bercée d’accents ‘soul pop’, la mélodie de "Sweet loving" est très accessible. Wolf siège derrière l’orgue. Shawn tisse des phrases élégantes sur ses cordes. Quoiqu’élaborée, cette chanson reste agréable. Sculptée dans le funk pur, "Holler for Craig Lowler" laisse libre cours à la virtuosité de ses partenaires. Et notamment à l'étonnante intervention de basse opérée par Edmunds, suivie par celle de la guitare et de l'harmonica. Jason chante passionnément et intensément "Broken toy", une superbe ballade lente que Shawn balise de ses cordes, en prenant soin de préserver la ligne mélodique. Et quand Ricci reprend son instrument diatonique, c’est pour atteindre un des sommets de cet opus. Instrumental, "Ptryptophan pterodactyl" est issu de la plume du bassiste. Un chouette morceau teinté de jazz rock. Jason ne renie pas son attitude punk. Et il le démontre sur "I turned into a martian", une compo agressive qu’il chante d’un timbre violent, puissant ; un morceau qui aurait pu relever du répertoire des Ramones voire des Pistols. Cependant, Jason prend un soin particulier à soigner ici la forme. Ricci est susceptible de dispenser autant de notes que le Jon Popper de Blues Traveler, au sommet de sa forme. Souligné par une jolie partie de guitare, la cover du "As long as I have you" de Willie Dixon nous replonge naturellement, directement et sans la moindre fioriture dans le blues. Starski chante son "How it come to be". Un blues de très bonne facture, proche du "Good morning little schoolgirl" de Sonny Boy Williamson I, au cours duquel il joue du dobro et de la guitare acoustique. Longue fresque instrumentale, "Afro blues" permet à Ricci et Starski de s’autoriser de superbes envolées sur leurs instruments respectifs. Ed Michaels a composé "Keep the wolf from my door", en pensant au grand Howlin' Wolf. Il se réserve les vocaux derrière ses drums. Todd Edmunds assure les parties de basse au sousaphone, tandis que Starski est soutenu par un autre gratteur, Shawn Kellerman. "Enlightement" clôture l’album. Un morceau signé Sun Ra, proposé sous la forme d’un divertissement imprimé sur le rythme d'une valse un peu folle. Wolfe y cumule l'accordéon et la slide. « Done with the devil » est une œuvre qui n’est pas toujours facile d’accès, mais dont le principal mérite est de ne jamais susciter l’ennui.

Jason Ricci

Rocket Number 9

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La machine Delta/Electro Groove est parfaitement huilée. Ce nouvel opus est habillé d’une superbe pochette. Dominée assez nettement par la couleur rouge flamboyante, elle s’ouvre sur un assemblage assez psychédélique. Et croyez-moi, la nouvelle musique de New Blood brûle de mille feux ! Elle est même incandescente voire incendiaire. Pourtant, si le blues est bien présent, l’expression sonore embrasse une multitude d’autres horizons, oscillant du rock au punk sauvage, en passant par la country et le jazz (NDR : s’autorisant même la liberté de création d’un John Coltrane ou d’un Charlie Parker). Nonobstant la complexité de sa musique, New Blood s’attaque à un public large. Pour y parvenir, les musiciens ont intérêt à se révéler de redoutables techniciens. Et c’est tout à fait le cas. Que ce soit le chanteur/harmoniciste Jason, le guitariste Shawn Starsky, le bassiste Todd Edmunds ou le drummer Ron Sutton. La production a été confiée au Britannique John Porter, réputé pour avoir mis en forme des œuvres de BB King, Buddy Guy, Morrissey ou encore des Smiths.

L’elpee s’ouvre par une plage cruciale intitulée "The rocker". Et il faut oser ! Une compo puissante, nerveuse, agressive, libérant une énergie très punk. La palette de sonorités dispensée inouïe. C’est le gratteur Shawn qui se met le premier en évidence. Les changements de rythme sont impressionnants. Le tempo cataclysmique laisse ainsi parfois la place au silence presque complet. Les références aux drogues sont claires. Jason chante en manifestant beaucoup de fougue et de colère jusqu’à ce qu’il laisse enfin éclater l’harmonica, serré rageusement entre ses doigts. Ballade R&B, "I’m a new man" rappelle les Rolling Stones d’une certaine époque. L’importance accordée au rythme est prépondérante ; mais ce sont à nouveau les éclairs des solistes, essaimés alternativement par Shawn et Jason, qui illuminent l’espace sonore. Ricci signe “Loving eyes”. Et il est particulièrement fier de cette longue épopée atmosphérique, née d’un croisement hypothétique entre Junior Kimbrough et des Byrds (NDR : c’est ce qu’il déclare !). Encore qu’au fil des écoutes, on se demande si elle ne s’inscrit pas davantage au cœur d’une démarche tardive des Doors. Sans la voix de Morrison bien entendu. Le New Blood se mue alors en jam band susceptible de donner libre cours à son imagination. A l’infini. Jason est capable de débiter un nombre impressionnant de notes, en utilisant cette fameuse technique de l’overblowing, à laquelle il a recours régulièrement ; et cette technique lui permet d’étendre l’échelle de son instrument sur trois octaves. Recherchée, sa musique laisse la porte ouverte aux invités. A l’instar de "Dodecamedron", une page instrumentale aux accents délibérément jazz, confiée au saxophoniste californien Michael Peloquin. Son intervention flirte magistralement avec celle de l’harmonica, pendant que Buck Weed se consacre à la basse acoustique. La musique balise la ligne mélodique du jazzyfiant "Mr Satan". Un hommage éclatant à l'un de ses maîtres : Adam Gussow, le partenaire de Sterling ‘Satan’ McGhee! (NDR : le duo Satan & Adam pardi!) Bien jolie ballade, "Deliver is" embrasse sa part de douceur et de mélodie. Les échanges entre harmo et cordes sont clairs et parfaits. Blues lent presque classique, "The way I hurt myself" adopte un profil texas blues à la Stevie Ray Vaughan (NDR : si vous voyez ce que je veux dire). Jason chante passionnément ce morceau imprégné par le feeling de Starsky. Ricci est également susceptible de laisser éclater ses émotions. A l’instar d’un Charlie Musselwihte, lorsqu’il est atteint par un sentiment de désespoir. Remake d'un titre composé par Ricci, en 1996, pour son album "Down at the Juke", "Snowflakes and horses" a conservé l’influence très palpable de David ‘Malon’ Kimbrough. Il est vrai qu’à l’époque, il a vécu à Holly Springs. La musique est coriace. Sans la moindre concession, le tempo écrase tout sur son passage. Instrumentaux, "The blow zone layer", "The eternal is" ainsi que "Sonja", un morceau empreint de douceur orientale, focalisent notre attention sur la virtuosité des différents musiciens. De très bonne facture, cet opus s’achève par une réécriture d'un titre de Sun Ra, un chantre du free jazz. L’approche est semblable à celle d’un Zappa. Le vocal agressif affronte la douceur et la légèreté de l’instrumentation. Une fresque musicale étrange, récréative et tellement différente. Le blues de demain?