Archers of Loaf est une formation étasunienne (Chapell Hill) qui a sévi de 1991 à 1998. Après 4 albums, une poignée de singles et d’Eps, elle a décidé de se séparer, pour se reformer en 2011. Sous le même line up ! Et première conséquence à ce come-back, le label Merge a décidé de ressortir leurs quatre elpees. Dont cet « All the nations aiports », publié à l’origine en 1996, chez Elektra. Après leur split, Eric Bachmann avait participé à différents projets. Tout d’abord au sein de Barry Black, et puis surtout Crooked Fingers.
Archers of Loaf appartient à la scène lo-fi, tout comme Guided By Voices, Build To Spill et Pavement. Mais il n’a jamais eu la reconnaissance escomptée. La voix de Bachmann est aussi écorchée que celle Stephen Malkmus ; et manifestement il existe quelques corrélations entre les deux groupes, notamment dans cette recherche constante de la dissonance mélodique, le plus souvent alimentée par les guitares duales. Chez AoL, elles sont dispensées par les cordes des deux Eric, Bachmann et Johnson.
Le disque est enrichi d’un bonus disc, sur lequel figure 19 pistes, dont 17 démos qui ont servi de base de travail à l’album. Deux d’entre-elles avaient été éliminées à l’époque, et la première mouture du titre maître est imprimée sur une boîte à rythmes. L’intérêt de ce cd permet surtout de constater l’évolution entre le brouillon et le produit fini. Enregistrés à l’aide d’un 4 pistes, ces essais souffrent, vous vous en doutez, d’une qualité de son médiocre. Reste deux titres qui tiennent mieux la route, soit la version 7inches de « Density » et un morceau qui aurait dû figurer sur la flip side d’un single (« Little jets »).
Découpé en 14 plages, « All the nations airports » propose néanmoins quelques compos balisées par le piano. Dont la finale « Bombs away », qui aurait pu servir de B.O. à un film muet romantique. Un instrumental. Le long playing recèle d’ailleurs plusieurs instrumentaux.
Dont le cinématique « Bumps », caractérisé par sa guitare surf. Puis le remarquable « Acromegaly », titre post rock qui aurait pu naître de la rencontre entre Durutti Column et Mogwai ; et enfin l’excellent « Attack of the killer bees », typique de cette discordance mélodique que l’on retrouve sur les autres morceaux de l’elpee. Venons-en maintenant aux pistes chantées. Elles impliquent parfois des changements impromptus voire capricieux de rythmes. Des compos sauvages ou paisibles. Plus ou moins pop. Enlevées, contagieuses ou mimimalistes. Saupoudrées épisodiquement d’un synthé singulier. Mais toujours abrasées par la voix de Bachmann, aussi rauque que celle de Will Johnson (Centro-Matic) voire de Kevin Weatherill (Immaculate Fools).
Excellent lyriciste, mais personnage paranoïaque, Bachmann aborde le thème du complot, de la menace, et même du terrorisme (NDR : ce qui explique aussi le titre de l’album), cinq années avant les événements du 11 septembre 2001. Vous avait dit (mauvais) prophète ?