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Benjamin Biolay

Benjamin Biolay et un orchestre symphonique…

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En janvier dernier, Benjamin Biolay accordait un concert évènement dans sa ville natale, au milieu de l'orchestre National de Lyon et dans cette salle incroyable qu’est l'Auditorium de Lyon, sous la direction de Dirk Brossé.

Ce concert hors du temps est maintenant disponible en Livre CD et en double vinyle. C’est le tout premier album live de la discographie de Benjamin Biolay.

Vous y redécouvrirez ses plus grands titres comme "La Superbe", "Comment est ta peine ?", "Ton Héritage", ou "Lyon presqu'île" dans une version symphonique inédite.

La vidéo consacrée à “Ton Héritage” est disponible ici

 

 

Benjamin Biolay

Une certaine idée de la variété française...

Le temps est maussade, on aurait préféré rester chez soi, blotti dans une couverture chaude à boire un bon thé. Mais il est vendredi soir, et Benjamin Biolay donne un concert à l'Ancienne Belgique. On aime bien Benjamin, qu'on a découvert à la télé, aux Victoires de la Musique… Il y chantait « Los Angeles » (enfin c'est fort probable), d'un ton emprunté qui nous rappelait Gainsbourg jeune. D'ailleurs, Benjamin fume aussi, et ses textes brillent d'une patine agréable, un rien bourgeoise. Sa musique, c'est un peu le charme discret de la bourgeoisie : marié à Chiara Mastroianni, Benjamin a donc pour belle-mère Catherine Deneuve. La Belle de Nuit, ici, c'était bien sûr Chiara, au chœur de presque toutes les chansons de son nouvel album, « Négatif ». Dans la pénombre, elle a les yeux qui tombent, comme si la vue d'un public si proche la liquéfiait. Benjamin, lui, est tranquille. Il chante et tire à ses clopes avec élégance, comme un dandy bohème qui aurait ses entrées dans le cercle très fermé des stars internationales du cinéma français. On parie qu'il mange tous les dimanches chez Depardieu, un gros poulet à la broche avec des frites. Benjamin est un peu seul dans la chanson française. Ni proche des Dominique A, Miossec et de toute la nouvelle génération rock fromage, ni proche des enfoirés foireux de la variétoche, Ben est dans son trip, Hollywood, Kennedy, Monroe. Los Angeles, toujours, les palmiers, les « privés », les producteurs véreux, les road movies, le rêve américain regardé par des millions de gens moyens sur leur télé couleur. Ben a sans doute rêvé d'être du clan Kennedy, comme Schwarzenegger. Chiara, c'est déjà pas mal. Sur scène, ils sont côte à côte, mais Benjamin reste zen. La musique avant tout. Il exhorte le public à encore l'applaudir. Il aime Bruxelles. Ses musiciens semblent eux aussi sortir d'un film de Robert Altman ou de Coppola : Ben devrait faire une BO ou même un film. Parce qu'il a la gueule, et la musique. Tendance Kyle McLachlan. Twin Peaks. Toujours le même trip. De « Rose Kennedy », il n'aura retenu que quatre chansons : « Novembre toute l'année » en clôture, « Les cerfs volants » en premier rappel, « Les roses et les promesses », et bien sûr « Los Angeles », dans une version dépouillée et cool, comme lui. Du nouvel album, beaucoup de titres, presque tout : « Billy Bob a toujours raison », l'amusant « Chaise à Tokyo », « Des lendemains qui chantent », le bouillonnant « Négatif », ainsi qu'une chanson inédite et la reprise d'un titre de Valérie Lagrange (« Fleuve Congo »), dont il a composé partiellement le dernier album. C'était bien. De bons musiciens. Une Chiara timide piquant de sa féminité trouble les titres de son Ben de mari. Et un Biolay en grande forme, généreux, parfois rigolard, mais avant tout, classe. Un concert agréable et joli, qui nous réconcilie avec « une certaine idée de la variété française ».

 

 

Benjamin Biolay

Palermo Hollywood

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Benjamin Biolay a véritablement capté l’attention du grand public dès l’an 2000, en composant, à l’aide de Keren Ann, l'album d'Henri Salvador, « Chambre avec vue », au sein duquel figure la chanson « Jardin d'hiver ».

Celui que beaucoup comparent à Serge Gainsbourg, à cause de ses frasques et de sa grande gueule, s’est vu coller, par la critique, le qualificatif de mauvais garçon de la scène française.

Globalement, la carrière musicale de l’artiste est pourtant faite de jolis exercices de style. Ses compositions originales sont souvent intéressantes, mais parfois inégales, à l’instar de celles qui figurent sur son elpee « La Superbe », sorti il y a maintenant sept longues années.

Il a toujours mis en exergue une forme de mélancolie aux accords lyriques à travers laquelle ses thèmes de prédilections (déceptions amoureuses et vicissitudes de la vie) peinaient à s’exprimer.

A la suite d’un énième spleen, l’écorché vif met le cap sur l’Argentine, dans un quartier de Buenos-Aires pour y concocter un concept album intitulé "Palermo Hollywood".

Entamé à Paris, enregistré au nord et au sud, ce dixième opus rend un bel hommage, mais également sincère et poignant, à ce pays d’Amérique du Sud qu’il connaît et affectionne particulièrement, puisqu’il y est allé à plusieurs reprises, y a tourné un long métrage (‘Mariage à Mendoza’) et rêve même d’y finir ses jours.

Pour enregistrer ce nouveau format, il a reçu le concours de musiciens argentins, uruguayens et même colombiens. Sofia Wilhelmi et Alika viennent également poser leurs voix sur trois morceaux. Enjoué, ensoleillé et rayonnant, cet opus baigne donc au sein d’un climat latino ; on peut donc affirmer que la musique de l’artiste a opéré un virage à 180°.

Dès le titre éponyme, l’immersion est totale ! Les mots chuchotés sont posés sur un lit de cordes lancinantes et s’accompagnent d’un rythme lent.

Les plages suivantes sont amples et sensuelles. Ça sent le sable chaud ! Affichant une nonchalance déconcertante, on a l’impression que le gaillard s’amuse comme jamais. Les mélodies sont soignées et les arrangements mêlent subtilement et intelligemment tempos argentins et cuivres sud-américains.

De sa voix de crooner grave, il y parle de ce qu’il aime, comme le football (« Borges Futbol Club »), les passions amoureuses (« Palermo Queen », « Miss Miss »), les échecs sentimentaux (« La débandade ») ou encore du pays qui lui a ouvert les bras du succès (« Ballade française »).

Bref, teinté d’exotisme, ce savoureux voyage constitue une ode à l’évasion qui reflète, en quelque sorte, la bande originale de sa vie. Peut-être s’était-il dispersé au fil du temps… Comme quoi, on peut s’inventer en se réinventant !

Benjamin Biolay

Jusqu’aux portes du Paradis…

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Auteur-compositeur-interprète et chanteur, Benjamin Biolay est né en 1973 dans le Rhône, à Villefranche-sur-Saône, très exactement. Il s’illustre d’abord en composant quelques chansons pour l’album d’Henri Salvador, « Chambre avec vue », en 2000. Depuis, il a apporté sa collaboration à de nombreux artistes, et notamment Françoise Hardy, Carla Bruni, Vanessa Paradis, Julien Clerc ou encore 113. Publié en 2009, son double album « La Superbe » récolte un franc succès. Plus ténébreux voire plus rock (encore que les compos recèlent des traces de hip hop et d’électronica) son sixième opus, intitulé « Vengeance », est paru en novembre 2012, et il épingle de nombreux duos. Echangés notamment en compagnie de l’ex-Libertine Carl Barât ou d’Oxmo Puccino. C’est d’ailleurs pour défendre cette œuvre que la nouvelle coqueluche de l’Hexagone est partie en tournée…

Et si sur disque, pour réaliser ses duos, il invite régulièrement collaborateurs et collaboratrices, ce soir il assume lui-même les deux voix. Sous cette forme, « Ne Regrette Rien », le titre pour lequel il avait pourtant reçu le concours d’Orelsan en studio, constitue une des meilleurs moments du concert. Tout comme « Laisse aboyer les chiens ». Mais la plus grosse surprise nous viendra de la participation de Vanessa Paradis, lors du premier rappel. Ensemble, ils vont interpréter « Profite », en fin de parcours.

Mathis Gardel assure le supporting act. Il est surtout connu pour son single « Reste encore ». Pourtant, ce jeune songwriter ne manque pas de talent. Il appartient à la génération du renouveau de la chanson française. Il reconnaît pour influences majeures, Daho et Bashung. Ce qui explique sans doute pourquoi Biolay l’a emmené dans ses bagages. Il faut dire que l'on a déjà vu et entendu pire comme première partie, d’autant que dans son style, il s’en sort plutôt bien, et puis, il a une bonne voix.  

Ce soir, Biolay sera généreux. Et va proposer un spectacle de deux heures, en forme de ‘best of’. Car non seulement il va interpréter les meilleurs morceaux de son dernier elpee, mais également, ses classiques, prenant bien soin d’équilibrer ancien et nouveau répertoire. Benjamin Biolay est une valeur sûre, en ‘live’, et il va de nouveau le prouver ce soir…

Il est 20h35. Le chiffre ‘600’ s'affiche en lettres lumineuses au fond de la scène. Une voix cynique résonne dans les haut-parleurs. Elle communique ‘Biolay fait de la pop française comme de la pop anglaise mais en moins bien’. Autodérision ? Benjamin et ses acolytes débarquent alors sur les planches et le spectacle peut commencer…

Après un "Cactus Concerto" déconcertant, Benjamin et ses musicos attaquent « Sous le lac gelé ». Le son est excellent. La formation très soudée. Benjamin Biolay paraît à l'aise sur scène. Sa voix est grave et profonde. Les arrangements sont particulièrement soignés. Il arpente le podium de long en large et lève parfois le poing, quand la foule l'acclame. Les guitares incisives ont leur mot à dire et on est ici très loin de la variété française. Le groupe s’autorise même une incursion dans la dance sur « Rendez-vous qui sait », l’électro pop (« A l’origine ») et même le funk (« Qu’est-ce que ça peut faire » et « Padam »).   

‘C'est bien d'être ici, ça fait longtemps’ déclare le chanteur, avant de se lancer dans une splendide interprétation de « La Superbe ». Une des ballades qui reflète parfaitement son univers mélancolique. Celui où il communique le mieux ses émotions. Et ces ballades seront nombreuses ce soir, puisqu’il exécutera également « La pénombre des Pays-Bas », « Aime mon amour », « Chère inconnue », « Ton Héritage » ainsi que « Confetti » (NDR : sur l’elpee, c’est Julia Stone qui lui donne la réplique).

Le public en veut encore et le Caladois réapparait sur le podium, suivi par la silhouette d'une dame. On entend les premières notes de "Profite" et une immense ovation s’élève de la foule pour accueillir Vanessa Paradis, venue en guest partager la scène avec Benjamin. Le public est ravi et le Français revient une seconde fois pour interpréter « Marlène est aux Anges ». Au bout de 120 minutes, il clôt sa prestation par l’incontournable « Les Cerfs-Volants ». Un chouette concert !

Setlist :

Cactus concerto
Sous le lac gelé
La Superbe
La pénombre des Pays-Bas
Dans la Merco Benz
Laisse aboyer les chiens
Aime mon amour
Chère inconnue
Rendez-vous qui sait
Qu'est ce que ça peut faire
Ton Héritage
Ne regrette rien
Dans mon dos
Confettis
Ground Zero Bar
15 septembre

Personne dans mon lit
A l'origine
Padam 

1er rappel

Profite (avec Vanessa Paradis)

2ème rappel

Marlène déconne
Les cerfs-volants

(Organisation AJA concerts)

 

Benjamin Biolay

Vengeance

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Adulé par les uns, détesté par les autres, le dandy de la chanson française est de retour ! Ce qui réclamait bien « Vengeance » ;-)

Passons ces considérations d’amour/haine pour aller chercher ce qui nous intéresse : la musique, les chansons. Et là, il fait fort, à nouveau très fort… Benjamin a vraiment la taille extra large, c’est du costaud.

« Vengeance » qui succède au magique « La superbe » ne l’est pas moins. Ce ne sont pas moins de quatorze nouveaux titres que le grand ténébreux nous présente et qu’il chante ‘à moitié’ seul ou (très) bien accompagné.  En effet, par sept fois, une seconde voix lui donne le change ; ce qui apporte une plus value à ces chansons, c’est un dommage collatéral bien appréciable, indéniablement. Là où Vanessa Paradis, Julia Stone ou Carl Barât ne prêtent que leur bel organe, les Gesa Hansen, Sol Sanchez, Orlesan et autre Oxmo Puccino mettent également leur plume à disposition du bellâtre. De son côté, Biolay, qui n’est pas un ingrat, leur tendra le micro pour partager l’interprétation du titre. Hommage pour service rendu...

Quant on connaît la qualité du double album paru il a un peu moins de trois ans, on se demandait si BB allait pouvoir assurer une suite qui tienne la route. Et on n’est pas déçu, loin de là. On navigue toujours au top, musicalement parlant. Dès leur intro, les mélodies font mouche. Synthé, guitares et section rythmique font bon ménage et (em)portent magnifiquement la voix ténébreuse et envoûtante du beau brun. La production et les arrangements sont à la hauteur de l’écriture et des partitions ; bref, on (je) nage à nouveau en pleine ‘béatitude’. Rien à dire, tout est bon, c’est comme dans le cochon ! Quelques morceaux (toujours comme dans le cochon) procurent quand même une saveur un peu plus délicate que d’autres. A l’écoute des premières notes d’« Aime mon amour », on a compris, le vainqueur des Victoires de la musique 2009 nous capture dans ses filets et ne nous lâchera plus. Une heure durant quasiment, le plaisir est intense et l’accessibilité parfois ‘limite’ lors des parutions précédentes est améliorée d’une façon géniale. Les puristes prétendront sans aucun doute que l’univers de Biolay se dilue quelque peu dans ce nouvel opus qui fait la part belle à la ‘variété’ ; mais n’est-ce pas le signe d’un grand, de rassembler autour de son art ? Néanmoins, Biolay ne déroge pas à ses principes et perpétue une qualité d’écriture et aux "Trésor Trésor", "Aime mon amour" succèdent les "Ne regrette rien", "Personne dans mon lit" ou "Le lac gelé" tristement somptueux qui conservent une certaine marque de fabrique typique à la vie dissolue de cet écorché vif.

« Vengeance », un album fabuleux à acheter d’urgence !

 

Benjamin Biolay

La ‘Comédie Humaine’ revue et corrigée par Benjamin Biolay…

Écrit par

Artiste déchiré, controversé, Benjamin Biolay aime provoquer et s’écorcher publiquement. Ses célèbres coups de gueule dans le monde artistique francophone et son autosuffisance affichée lui ont d’ailleurs coûté une petite mort médiatique. Petite mort dont il a utilisé soigneusement les stigmates pour signer l’un des meilleurs albums de chanson française de cette décennie. Parmi ces fleurs du mal, a fini par éclore « La Superbe », essence magistrale d’un auteur-compositeur-interprète de génie aux dérapages capricieux qui le condamnent à marcher dans l’ombre d’un Gainsbourg. Ce dernier ouvrage lui a valu la reconnaissance méritée de ses pairs : il remporte trois victoires de la musique dont celle du meilleur album et de l’artiste interprète de l’année.   

Adoré ou détesté, le dandy lyonnais s’érige dès lors comme l’un des artistes les plus prolixes et les plus doués de sa génération. Bref, une icône masculine adulée par les femmes –détestée par leur mari– qui nous offre ce soir la quintessence de son cinquième album sur les planches de l’AB de Bruxelles. Ville chère à ses yeux où il a écrit (NDR : Biolay évoque le célèbre café-concert l’Archiduc), composé et enregistré (ICP) la majorité des sillons lumineux de son dernier opus.       

20h30. Sur un fond de décor noir, simple et intimiste, le dandy ténébreux investit les lieux et introduit « Même si tu pars », sur un ton serein et assagi. Un nouveau visage Biolay, plus calme, moins torturé, s’affiche d’emblée pour nous livrer un set qui gagne en valeur au fur et à mesure que la setlist avance. L’artiste se livre progressivement au public, communie crescendo d’anecdotes, d’humeurs de vie… et parvient finalement à tisser un lien doux et amical avec le public. L’atmosphère prend corps et donne de l’assurance aux compos. La voix grave et hésitante se rassure au fil des morceaux et finit par vaincre une timidité profonde. Puis, elle s’impose doucement comme si elle acquiesçait progressivement à l’autorisation tacite de s’inviter parmi nous. Sur « Night Shop », Benjamin Biolay se libère et se métamorphose furtivement en un délicieux raconteur d’histoires. Ensuite, les titres déboulent…

Armée de cinq musiciens (harpe, batterie, guitares, basse, claviers), la performance scénique peine cependant à trouver la grandiloquence du studio. Les arrangements et les compositions ‘live’ trahissent les finitions fines de l’album et ne parviennent que trop rarement à utiliser les aspérités de la scène pour donner vie aux textes. Victime d’un album presque parfait, le concert sue et se chagrine davantage de nostalgie sur les morceaux de « Trash Yéyé ». Ainsi, « Bien Avant », « Dans La Merco Benz » et « Qu’est-ce que ça peut faire », moins instrumentalisés, redonnent un supplément d’âme à l’AB.   

C’est d’ailleurs lorsque la ‘spleen machine’ se retrouve seule au piano, légèrement habillée d’une harpe délicate et de quelques percussions discrètes (« Nuit Blanche »), que les mélodies sombres et déchirantes retrouvent pleinement leur âme originelle.

« La Superbe » et « Qu’est-ce que ça peut faire » attendront encore une heure avant de crouler sous les innombrables brassées d’applaudissements d’un public absolument fan et conquis. Enfin, le concert se referme sur le plus intimiste « A l’Origine ». Trois rappels viendront  clôturer cette soirée aux paroles hautement émotives : le plus léger « Padam », le mélancolique « Les Cerfs-Volants » et l’authentique « Brandt Rhapsodie », sur lequel l’audacieuse harpiste palliera l’absence vocale de Jeanne Cherhal.     

Pas de gifle musicale étourdissante ce soir à l’AB. Plutôt les confessions intimes d’un homme fragile et sincère qui nous propose un nouveau profil touchant d’humanité et d’ironie amère…

(Voir aussi notre section photos) 

 

Benjamin Biolay

Benjamin, LE Superbe !

Écrit par

‘Benjamin Biolay ne fait rien comme les autres et pas grand-chose pour qu’on l’aime’ ! J’avais lu cette phrase au sein d’un article, mais je ne me souviens plus de sa source. N’ayant que ma curiosité à opposer à ces paroles pas très ‘sympathiques’, je me demandais qui donc et surtout pourquoi on pouvait bien véhiculer ce genre d’affirmation gratuite… N’étant jamais si bien servi que par soi-même je décidai donc de vérifier la véracité ( ?) de ces propos.

Bien avant son entrée en scène, Biolay avait convié un duo bruxellois plutôt insignifiant pour ouvrir l’appétit d’un public éclectique où jeunes, moins jeunes et pas jeunes du tout même se pressaient afin d’entendre ce ‘mutant’ de la chanson française. Ses géniteurs seraient tous deux… masculins, le premier pourrait être Gainsbourg dont il aurait hérité le don des mélodies, le sens de l’orchestration et… la clope souvent suspendue aux lèvres. Le second pourrait être Bashung à qui il aurait hérité de la voix à la fois chaude et rocailleuse ainsi que la facilité d’écrire des textes d’une beauté et d’une justesse incomparables. Et puis, n’aurait-il pas eu comme ‘nounou’ Etienne Daho qui lui aurait laissé comme bagage le sens du rythme pop des eighties ?

Encore tout auréolé de son trophée aux victoires de la musique et à peine sorti d’un scandale médiatisé à souhait par la presse people, le plus mélancolique des sombres chanteurs français avait mis les petits plats dans les grands jeudi soir à Lille. Devant une salle comble (NDR : deux mille personnes entièrement dévouées à sa cause), l’ex-mari de Chiara Mastroianni, en compagnie de laquelle il avait signé un elpee de duos piquants et amoureux, nous l’a joué dandy, tendre et sensuel à souhait.

Benjamin sait que le public sera chaud/bouillant dès les premières notes et mots qui émergeront de l’obscurité. Et il se fait désirer pendant près de 40 minutes. Après les petits zakouskis sans saveur servis par le supporting act, de quoi encore faire monter la pression. Et inévitablement, dès les premiers accords de « Pour écrire un seul vers », c’est le délire dans les travées de l’Aéronef. Pari gagné pour ce beau brun un peu timide, réservé, qui remercie gauchement, et dix fois plutôt qu’une, ses admirateurs.

Un piano à queue noir trône au milieu de la scène devant un décor romantico-baroque, dont les pans de murs aux hauteurs différentes sont recouverts de feuilles d’aluminium qui scintillent aux rythmes des ballades chaloupées du ‘quintet biolesque’. Cinq, ils sont cinq pour donner vie au monde musical de Benjamin.

Une harpiste/violoncelliste/choriste, deux guitaristes, un batteur et un claviériste/touche à tout (utilisant le theremin, espèce de scie musicale) démontrent par cette richesse instrumentale, toute l’étendue du talent affiché par le beau Lyonnais. Le sixième c’est lui, seul au piano pour quelques morceaux plus intimes dont le sublime « Ton héritage » et une fois, une seule à la trompette, dos au public comme gêné de souffler, peut-être, dans un instrument un peu ringard aux yeux de ses fans…

Il faudra cependant plus d’une demi-heure pour que la tension, espèce de vernis dont est recouvert Benjamin, se craquelle. Enveloppé dans une timidité, une gêne quasi palpable, le trentenaire ténébreux lâchera enfin les chevaux à partir de « Lyon presqu’île » mais surtout « Prenons le large », repris en chœur par une salle en ébullition. 

Jouant à saute-mouton dans son répertoire, alternant le piano-voix (« Nuage Noir », « Novembre toute l’année », « Négatif »), les ambiances vaporeuses (« Même si tu pars »), la pop eighties (« Si tu suis mon regard », « Qu'est-ce que ça peut faire ? »), le déchirement glacé (« Night shop »), les boucles électro (« L'espoir fait vivre ») ou la nostalgie dansante (« Lyon Presqu'île »), Benjamin se remue, complètement décomplexé à présent, levant le poing plus souvent, et sur « A l'origine », finit même par se rouler par terre en vociférant, dans un tonnerre de guitares-batterie très réussi.

Deux heures passent hélas très (trop) vite et au vu du catalogue musical de Benjamin Biolay, on aurait volontiers écouté une dizaine de morceaux en plus ; car c’est réellement un très grand compositeur, un musicien hors pair et un arrangeur exceptionnel qui nous fait face ce soir.

Quatre rappels seront accordés dont le splendide « Padam », mais en guise de clôture, définitive cette fois, en duo avec sa complice harpiste, il nous délivre le déjà mythique « Brandt Rapsodhy » évoquant une liaison par post-it interposés ; et il met le doigt là où ça souffre, passant des éclaboussures d’un grand amour à une déchirure brutale.

Une fin dramatique pour un spectacle tout en nuances, sombre et lumineux, mélancolique et mélodique.

Quel est le con qui a dit : ‘Benjamin Biolay ne fait rien comme les autres et pas grand-chose pour qu’on l’aime’ ?

(Voir aussi notre section photos)

Organisation Vérone Prod 

Benjamin Biolay

La superbe

Écrit par

Benjamin Biolay est certainement un des artistes les plus controversés du paysage musical français. On l’aime ou on le déteste. A vrai dire il s’en fout éperdument ; choque juste pour le plaisir et ne fait rien pour plaire. Il continue son bonhomme de chemin, et n’en a rien à cirer de ce que l’on pense de lui. Tant mieux pour les uns, tant pis pour les autres !

Benjamin nous propose son cinquième opus. Réunissant 22 titres, il est double. Et, avouons-le tout de suite, c’est certainement ce qu’il a fait de meilleur jusqu’à présent. Non content de proposer des compositions très soignées, couvertes de pop anglaise, mais il est parvenu à les habiller de textes à la hauteur de son immense talent.

Les comparaisons foisonnent : de Gainsboug à Sheller, en passant par Brel, Daho ou Bashung, Benjamin ferme le bec à tous ses détracteurs, y compris à quelques-uns de ses soi-disant ‘bons collègues du métier’.

Evidemment, sur ce double Cd, certains morceaux sont un peu plus réussis que d'autres ; mais franchement « Ton héritage », « Night Shop », « Tu es mon amour », « Sans viser personne », « Brandt Rhapsodie », « Tout ça me tourmente », « Raté », « Lyon Presqu'île », « Jaloux de tout », « 15 septembre » et le titre maître sont tout bonnement extraordinaires. Onze chansons qui brillent tant par leurs textes, la musique, la voix que les arrangements…

Tout y est. Les onze autres sont seulement ‘excellentes’, un demi-ton en-dessous d’extraordinaire donc… Tout a un sens ; à chaque plage, Benjamin, magicien des mots et des mélodies qu'il manie avec réel talent, nous invite, sans redites, sans raccourcis, sans facilités, à accomplir un voyage chargé de tristesse et de mélancolie ; mais aussi empreint d’une beauté susceptible de vous flanquer le frisson.

Si vous n’avez jamais trop aimé Biolay, ce n’est pas cet album qui va vous faire changer d’avis. Si vous ne le connaissez pas, je vous invite vivement à le découvrir. Quant aux autres, ils se sont déjà probablement procuré l’elpee. En un mot comme en cent : génial !

 

Benjamin Biolay

Trash Yéyé

Écrit par

Depuis longtemps, on lit tout et son contraire au sujet de Benjamin Biolay. « A l’origine » avait éveillé la curiosité et plongé la critique, au fil des albums, dans une joute passionnée. Le débat pourrait prendre fin aujourd’hui, grâce à la sortie de « Trash Yéyé ». D’entrée de jeu, « Bien avant » dépose calmement les armes et impose le talent sublime de l’auteur dans la défaite. Biolay a la carrure de se montrer fragile et, de cette force, poignarde ceux que la passion emporte. « Regarder la lumière », « Qu’est-ce que ça peut faire » ou « Laisse aboyer les chiens », autant de singles potentiels qui claquent à la gueule, mais offrent l’issue de s’en foutre : renoncer. Plus accessible que ses prédécesseurs, comme le prouve l’efficace et attachant premier single (« Dans la Merco Benz »), cet opus ne perd pas pour autant en qualité. Au contraire. Aux textes crus, cruels, cruciaux, viennent se greffer des mélodies élégantes bien ficelées par des arrangements plutôt classes. Un peu dandy, surtout doué, Biolay livre ce petit essai sur les sentiments que l’obscurité prive de toute pudeur. Douloureuses, passionnelles, magnifiques, les chansons de Biolay passent, comme le temps, et qu’importe : « De beaux souvenirs », c’est ce qui doit rester. Une très jolie gifle, pour ceux qui en doutaient encore…

Benjamin Biolay & Chiara Mastroianni

Home

Disque carte postale d’une escapade aux Pays-Bas, « Home » est le premier disque en duo du couple Benjamin Biolay-Chiara Mastroianni. Après les quelques chansons à deux voix de « Négatif », les deux tourtereaux les plus branchés de France sont donc vraiment passés à l’acte. Résultat : « Home » est un disque fait à la maison, dont l’écoute se veut avant tout domestique, le mieux dans l’espace confiné d’une voiture. On y retrouve évidemment la patte Biolay, ce souci de plaire en murmurant des mots d’amour, une certaine préciosité vieille France, de l’élégance gainsbourgienne, et toujours cette fascination pour l’Amérique… Et pour la circonstance, plus de blues, guitares s’entend. C’est là qu’« Home » impressionne le plus : dans cette envie d’embrasser le blues et la country à bras-le-corps, de front et sans rougir. Il y a du « Velvet Underground » (l’album éponyme) dans ces mélodies douces-amères au parfum de gitanes, voire du Beach Boys (« Dance Rock’n’Roll »). Sur la banquette d’un Motor Inn perdu en plein désert mojave, un couple s’enlace, boit du café, s’échange quelques mots en sourdine (« Tête à Claques », « Folle de Toi »). Ils sont beaux parce qu’ils s’aiment, pour de vrai. Ca s’entend, même si parfois ça cabotine. De retour dans leur carlingue (une Buick ?), ils reprennent la route, direction le sud, ces terres arides d’où viennent les vrais bluesmen. A l’horizon, point de danger : le soleil brille, le ciel est dégagé. L’amour, c’est clair, n’a que faire des routines.