Un kit de survie pour Bertrand Betsch…

Au crépuscule du grand et joyeux ballet de ses 19 précédents ouvrages, l’exubérant Bertrand Betsch s’inscrit, une nouvelle fois, dans ce qu’il fait de mieux : la belle chanson française en première lecture, l’ironie ensuite, la justesse enfin. Comme toujours,…

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David Maxwell & Louisiana Red

You got to move

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De son véritable nom Iverson Minter, Louisiana Red est né en 1932. Pas en Louisiane mais dans l'Alabama. Cette légende vivante du blues a publié plus de cinquante albums sous son nom ; et "You got to move" constitue son second elpee concocté au cours de l’année 2009. Il fait suite à "Back to the black bayou", réalisé en compagnie de Little Victor's Juke Joint, un elpee qui avait reçu le concours de Kim Wilson. Il a d'ailleurs été honoré dernièrement pour ces deux productions.

Notoire au sein de la profession, David Maxwell est un pianiste particulièrement talentueux. Il est issu de Boston et ses collaborations sont innombrables. Epinglons, quand même, deux œuvres indispensables. Tout d’abord "Maximum blues piano", paru en 1997. Puis "Max attack", en 2005, pour lequel il avait bénéficié de la participation de ses célèbres amis Hubert Sumlin, James Cotton, Pinetop Perkins, Duke Robillard, Ronnie Earl et Kim Wilson.

Louisiana Red a le blues. Il le vit depuis sa naissance. Il est d’ailleurs né orphelin de sa mère. Et quelques années plus tard, son père est victime du Ku Klux Klan. Très jeune, il s’engage à l’armée. Et participe à la guerre de Corée, alors qu’il n’a que 16 ans. Le musicien a passé une grande partie de son existence, en Europe. Tout particulièrement en Allemagne. Il jouit d’ailleurs d’une plus grande notoriété sur le Vieux Continent qu’aux States. Mais il fait l’unanimité autour de lui. Autant pour sa gentillesse que pour le blues authentique dont il est responsable. Il est tellement contaminé par le virus du blues qu’il serait capable d’enregistrer dix albums par an, sans se forcer… David Maxwell en était bien conscient et lorsqu’il en a eu l’opportunité, il l’a invité pour participer à une session impromptue dans l’état de New England. C’était au cours de l’été 2007. Et la magie a opéré. Tout au long de cet opus, son blues très terre-à-terre est susceptible, à tout instant, de vous flanquer des frissons partout. Les musiciens sont très complices. Ils affichent une maîtrise naturelle de leurs instruments. Bien sûr, on a parfois l’impression qu’ils en remettent une couche, mais il faut reconnaître qu’ils nous éclaboussent de leur talent. Red est un adepte du bottleneck. Il est doué et force le respect dans cet exercice de style. Il aime attaquer les cordes, un goulot de bouteille autour du doigt. Ce qui lui permet de libérer un son métallique très caractéristique. Brillant, Maxwell est pétri de classe ; en outre, il est capable de s’immerger totalement dans le blues de son vieil ami. Red a toujours préféré les tempos lents ; et il le démontre une nouvelle fois sur cet elpee. Notamment lorsqu’il caresse ses cordes sur "Barbara Jean". Et comme ce vieux sorcier de Maxwell a tout compris d'Otis Spann, c'est le bonheur. Dès les premières notes de "Get your hands off my woman", on a l’impression de revivre une rencontre entre Muddy Waters et Otis Spann. La similitude est saisissante. Une seule plage est imprimée sur un tempo plus soutenu : "Going back to Memphis". Elle met surtout en exergue le jeu fluide de David aux ivoires. Douceur et tristesse infinie envahissent "You got to move". "New Jersey women" emprunte délicatement le célèbre riff de slide immortalisé par Elmore James. Et tout au long de "Been down so long", la sensibilité des partenaires est littéralement exacerbée. Une véritable propagande pour le blues !

 

Louisiana Red

A different shade of Red

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Depuis qu'il a commencé à enregistrer, c'est à dire au début des 50's, cet artiste a commis un nombre incalculable d'albums. De son vrai nom, Iverson Minter, il est né en mars 1932. A Vicksburg, dans le Mississippi. Il a vécu une enfance assez misérable. Sa mère est décédée d'une pneumonie, une semaine après sa naissance. Son père a été massacré par le Ku Klux Klan. Après avoir été recueilli quelque temps par sa grand-mère, il a été ensuite hébergé chez sa tante Corrine Drive. Mais son compagnon détestait et battait Iverson. Résultat des courses, il sera placé à l'orphelinat. Mais le sort ne l'épargne toujours pas. En 1972, il perd sa première femme, Ealase, atteinte d'un cancer.

Depuis 1981, il vit en Allemagne. Où il s'est déjà produit sous divers patronymes : Cryin' Red, Elmore James Jr, Guitar Red, Playboy Fuller, Rockin' Red et bien d'autres. Mais en mars 2001, Louisiana Red se voit remettre les clés de la cité de Woodstock. A l'instar de Muddy Waters, de nombreuses années auparavant. En août de la même année, notre homme se retrouve dans la même cité. Dans les studios "Levon's Barn" de l'ancien batteur du Band, Levon Helm. Il bénéficie alors de la production des guitaristes Brian Bisesi et Jimmy Vivino.

Sous-titré "The Woodstock sessions", l'album démarre d'une manière surprenante par "Take your time". Une plage funky, balayée de cuivres. Et lorsque David Raynor s'en extrait, c'est pour livrer un superbe solo sur son saxophone. Et je m'en voudrais en omettant de mettre en exergue le brio du guitariste Brian Bisesi. "Lou Jean" est imprimé sur un tempo très rapide. Louisiana Red chante à la manière d'un shouter, devant la section de cuivres au grand complet. Le piano de David Maxwell est très présent. La guitare, manifestement à l'aide dans ce contexte, opère une heureuse sortie. Red possède une voix éraillée, puissante, tellement belle dans son style. Elle crie, gémit sans douleur. Le registre s'avère cependant inhabituel pour interpréter "Alabama train", une ballade assez rock, très sudiste dans la démarche. Implacable, la rythmique est assurée par Steve Gomes à la basse et Levon Helm à la batterie. Le tempo décélère quelque peu pour permettre à Red de sortir enfin sa slide et chanter "I had a dream". Le son de la slide est relativement pourri, mais colle parfaitement à l'expression sonore. Sa voix est capable d'opérer des exercices de style et les cordes libèrent leur intensité sur le fil du rasoir. Il chante de manière inimitable, avec tellement de vécu, "Blue evening". Un fragment qui bénéficie de la participation du saxophone de Garth Hudson, un autre musicien du Band. "Blues 2001" est une nouvelle plage funky. Red joue avec sa voix. Benjie Porecki est à l'orgue. Les saxes sont présents. Tout comme les guitares bien électriques assumées par Vivino et Bisesi. Signée Sandy Jones Jr, "Laundromat blues" est une cover bien roots. Red chante et joue de la guitare. Levon Helm est à l'harmonica. Jimmy Vivino se réserve la mandoline. David Maxwell, le piano. Une pause acoustique opportune qui se prolonge sur "Philippa". "Lightning bug" sonne le retour intégral des cuivres. Un fragment qui met une nouvelle fois en évidence les dons de chanteur de l'artiste, dont le timbre se module à l'infini. "Where's my friends" campe un sublime blues classique. La slide électrique, le piano et les drums se conjuguent pour libérer une solide dose d'émotions. L'opus s'achève par une jolie ballade, illuminée par un solo de sax : "Sleep Little Robert". Un chouette album !

 

Louisiana Red

Driftin

Écrit par

Iverson ‘Lousiana Red’ Minter est né en 1932 dans l'Alabama. Il perd sa maman quelques jours plus tard. Quant à son père, il sera assassiné par le Ku Klux Klan, en 1941. Sa jeunesse n'a donc pas été facile. Il ne fait donc aucun doute que sa rencontre avec le blues en a été facilitée. Depuis 1981, il vit en Allemagne, mais se rend désormais régulièrement dans son pays.

Bluesman remarquable, authentique, marqué par Muddy Waters et Lightnin' Hopkins, il a déjà signé quelques albums d'excellente facture pour Earwig. Notamment "Sittin' here wanderin" en 95 et "Millenium blues" en 99. Il reste avant tout un véritable blues writer, dont les lyrics prennent toujours tout leur sens. Comme par le passé, il se partage entre son blues acoustique ancré dans le Delta, et un blues urbain, puissant, largement électrique, à l'instar de l'ouverture "Driftin". Les musiciens sont de 1ère classe. Pas difficile à comprendre, puisqu'on y retrouve les mêmes que sur son précédent opus. En l'occurrence le pianiste Allen Batts, l'harmoniciste Willie "Big Eyes" Smith et le bassiste Willie Kent. Il est seul, assis, au bord du Mississippi, pour crier son "Hard hard time", avec pour unique compagnon, son dobro. Il embraie par le "Bring me some water" de Lightnin' Hopkins, avec un tel naturel et une telle présence, qu'il en devient impressionnant. Pareille pureté dans le blues se fait rare de nos jours. C'est toujours en solitaire qu'il nous accorde un boogie sale, primaire, éclairé de sa voix dominante : "Leaving Grandma". Petit hommage à une légende vivante, "The day I met B.B King", marque son retour à l'amplification. Red hurle alors son mal de vivre au Seigneur ; un cri de douleur épanché sur "Keep your hands on the plow". Il signe alors un témoignage, acoustique celui-ci : "I met Lightnin' Hopkins". En fin d'album, plusieurs plages électriques rappellent le Chicago blues de naguère. Et en particulier "Powder room blues" et "Train station blues". Une époque au cours de laquelle Muddy Waters régnait sans partage. Un excellent album!