Depuis qu'il a commencé à enregistrer, c'est à dire au début des 50's, cet artiste a commis un nombre incalculable d'albums. De son vrai nom, Iverson Minter, il est né en mars 1932. A Vicksburg, dans le Mississippi. Il a vécu une enfance assez misérable. Sa mère est décédée d'une pneumonie, une semaine après sa naissance. Son père a été massacré par le Ku Klux Klan. Après avoir été recueilli quelque temps par sa grand-mère, il a été ensuite hébergé chez sa tante Corrine Drive. Mais son compagnon détestait et battait Iverson. Résultat des courses, il sera placé à l'orphelinat. Mais le sort ne l'épargne toujours pas. En 1972, il perd sa première femme, Ealase, atteinte d'un cancer.
Depuis 1981, il vit en Allemagne. Où il s'est déjà produit sous divers patronymes : Cryin' Red, Elmore James Jr, Guitar Red, Playboy Fuller, Rockin' Red et bien d'autres. Mais en mars 2001, Louisiana Red se voit remettre les clés de la cité de Woodstock. A l'instar de Muddy Waters, de nombreuses années auparavant. En août de la même année, notre homme se retrouve dans la même cité. Dans les studios "Levon's Barn" de l'ancien batteur du Band, Levon Helm. Il bénéficie alors de la production des guitaristes Brian Bisesi et Jimmy Vivino.
Sous-titré "The Woodstock sessions", l'album démarre d'une manière surprenante par "Take your time". Une plage funky, balayée de cuivres. Et lorsque David Raynor s'en extrait, c'est pour livrer un superbe solo sur son saxophone. Et je m'en voudrais en omettant de mettre en exergue le brio du guitariste Brian Bisesi. "Lou Jean" est imprimé sur un tempo très rapide. Louisiana Red chante à la manière d'un shouter, devant la section de cuivres au grand complet. Le piano de David Maxwell est très présent. La guitare, manifestement à l'aide dans ce contexte, opère une heureuse sortie. Red possède une voix éraillée, puissante, tellement belle dans son style. Elle crie, gémit sans douleur. Le registre s'avère cependant inhabituel pour interpréter "Alabama train", une ballade assez rock, très sudiste dans la démarche. Implacable, la rythmique est assurée par Steve Gomes à la basse et Levon Helm à la batterie. Le tempo décélère quelque peu pour permettre à Red de sortir enfin sa slide et chanter "I had a dream". Le son de la slide est relativement pourri, mais colle parfaitement à l'expression sonore. Sa voix est capable d'opérer des exercices de style et les cordes libèrent leur intensité sur le fil du rasoir. Il chante de manière inimitable, avec tellement de vécu, "Blue evening". Un fragment qui bénéficie de la participation du saxophone de Garth Hudson, un autre musicien du Band. "Blues 2001" est une nouvelle plage funky. Red joue avec sa voix. Benjie Porecki est à l'orgue. Les saxes sont présents. Tout comme les guitares bien électriques assumées par Vivino et Bisesi. Signée Sandy Jones Jr, "Laundromat blues" est une cover bien roots. Red chante et joue de la guitare. Levon Helm est à l'harmonica. Jimmy Vivino se réserve la mandoline. David Maxwell, le piano. Une pause acoustique opportune qui se prolonge sur "Philippa". "Lightning bug" sonne le retour intégral des cuivres. Un fragment qui met une nouvelle fois en évidence les dons de chanteur de l'artiste, dont le timbre se module à l'infini. "Where's my friends" campe un sublime blues classique. La slide électrique, le piano et les drums se conjuguent pour libérer une solide dose d'émotions. L'opus s'achève par une jolie ballade, illuminée par un solo de sax : "Sleep Little Robert". Un chouette album !