Pour situer nos nouveaux amis, il convient de les ‘contextualiser’, de les replacer dans leur milieu naturel : sur scène. Celle des bars austères de la Motor City. Saturday Looks Good To Me (ce nom !) est le compagnon de route d’autres formations régionales, toutes prêtes à faire péter la banque mondiale des hits : The Avatars, The Greenhornes, Blanche, Ko & the Knockouts, The Sights, The Dollfaces, Terror At The Opera, etc. A l’analyse, ils sont nombreux à croupir dans l’ombre de la cape dorée de Jack White. Enregistré fin 2004 sur les rives du lac Michigan, ce troisième album de Saturday Looks Good To Me parvient enfin aux portes de notre continent par la magie de l’import. Ainsi disponible dans toutes les bonnes confiseries, « Every Night » est « le » disque à brandir à la face des lourdauds qui viennent de découvrir les White Stripes. Un disque pour frimer ! Et sans déguisement, s’il vous plaît. Au vestiaire les chemises rouges, à la poubelle les grimpants blancs et sur la tombe de Johnny les sapes noires ! Aujourd’hui, c’est samedi, l’air est léger, tout est merveilleux. Ces douze titres sont en harmonie avec l’essence du rock’n’roll. Une dose maximale de reverb, des chansons nuancées de blues, de soul. Un collectif (ils sont plus d’une quinzaine à avoir participé à la confection de cet album) familial dopé aux stations oldies crachouillées par le transistor. Car, « Every Night » s’inscrit indéniablement dans une mouvance passéiste. Un album enregistré à l’ancienne, à la maison, entre la carrosserie et le moteur. Tout grésille, tout pétille autour de ce scintillement de cordes abrasives. La pop recouvre ses lettres de noblesses le temps d’un disque rétroactif, à glisser précieusement entre The Detroit Cobras et Holly Golithly. A la gouverne de Saturday Looks Good To Me, Fred Thomas se montre courtois, invitant Betty Marie Barnes à dérober le micro pour quelques moments mémorables, enveloppés d’une douce nostalgie. A l’évidence, nos samedis ne seront plus jamais les mêmes.