Jarvis Cocker avait déclaré que son nouvel album renouerait avec les thèmes de la terre, des arbres, de la nature. Des thèmes qu'il avait abordés au début des eighties. Il ne l'a pas fait. Ou plus exactement, il les a négociés sous un angle écologique et surtout satirique : ‘les rivières puent’… ‘les cerfs meurent sur les routes…’, etc. Le titre maître reprend même le discours, là où il l'avait laissé sur " This is hardcore ", son précédent opus. Mais le fait le plus remarquable de cette œuvre, procède du concours de Scott Walker à la production. Un compositeur de musique de film, mais aussi et surtout un chanteur mythique du music hall américain (NDR : il avait notamment popularisé les chansons de Brel aux States) qui a exercé une influence majeure sur des vocalistes tels que Bowie, David Sylvian, Marc Almond et Neil Hannon (Divine Comedy). Et de toute évidence, Cocker. Une collaboration qui ne pouvait donc qu'être fructueuse. D'autant plus que les personnages en présence avouent un goût prononcé pour les orchestrations et les arrangements soignés. Quelques morceaux explorent pourtant des perspectives sonores novatrices, pour Pulp. " Weeds II (the origin of the species) ", tout d'abord. Une composition tramée sur un r&b blues à coloration stax circa Temptations. Le hit potentiel " The trees ". Plus Blur que nature. L'enniomorriconesque " Wickerman ". Et puis surtout le final " Sunrise ". Dont le psychédélique atmosphérique n'est pas loin de Spiritualized. Tout un univers au sein duquel la voix tantôt déclamatoire, tantôt émouvante, croone sur fond sonore déchiré entre alternatif et pop, entre music hall et western spaghetti entre psychédélisme et symphonie. Un exercice de style plutôt complexe, au cours duquel Pulp s'en sort, ma foi, fort bien…