Lorsqu’on vend 60 millions d’albums en un peu plus de trente années d’existence, dans un domaine aussi pointu que la musique rock progressive, décrochant au passage deux numéros un aux States, on mérite assurément le statut de légende. A l’instar de Yes, Genesis circa Peter Gabriel, Vander Graaf Generator ou King Crimson. Ce qui n’a pas empêché Jethro Tull de connaître une période relativement creuse au cours des eighties, avant de revenir en force, il y a plus ou moins cinq ans. Sous une forme folk rock tout d’abord, style au sein duquel il a toujours excellé. Puis par le biais de la sortie de deux opus intéressants. En l’occurrence l’œuvre solo de Ian Anderson " Divinities ", instrumental aux accents classiques, pour ne pas dire symphoniques. Puis, le très étonnant, " Roots to branches ", digne de " Thick as a brick " voire d’" Aqualung ". C’était il y a déjà quatre ans.
Aujourd’hui, " J-Tull dot com ", qui ne sort plus chez Chrysalis, mais Papillon (NDR : cherchez l’astuce !), nous a laissé un goût de trop peu. Ian n’a rien perdu de son talent de flûtiste et possède toujours ce baryton chaleureux et profond. Mais le retour de Martin Barre (NDR : qui a dit Martin Guerre ?) n’est pas très judicieux. Parce que le style lourd et hardeux de cet ex guitariste du Tull, n’a guère évolué en trois décennies. Quant aux synthés, ils font un peu tâche d’huile dans l’ensemble. C’est d’ailleurs lorsque le Tull revient aux sources qu’il est le plus performant. Une situation trop rare pour permettre aux inconditionnels du groupe de vraiment s’éclater. Et il ne faut pas nous dire, après coup, qu’ils n’avaient pas été prévenus !