Relent communiste primaire ou simple provocation bolcheviste, ¡Forward, Russia! revendique la possession commune des moyens de production et s’extirpe de la bouillonnante communauté artistique de Leeds. Pour ¡Forward, Russia!, la doctrine présente des avantages considérables : le matérialisme, l’entraide, la gratuité, etc. Ce collectivisme permet ici au quatuor post-punk de s’inspirer sans vergogne de camarades contemporains : Bloc Party, Blood Brothers, Editors et autres Test Icicles. A première vue, cette thèse ressemble aux bases élémentaires d’une imbuvable cacophonie. Mais ¡Forward, Russia! s’en sort plutôt bien. Premier titre sorti du lot des intitulés numérotés, « Thirteen » : bombinette hésitant entre les joies du dance-floor et la fureur du rock’n’roll. Efficace. On passe ensuite à « Twelve », chanson survoltée, contrebalancée de « hands clappings » guillerets. En Grande-Bretagne, ce premier single a positionné le groupe dans l’antre des charts. Il n’en fallait pas plus pour modeler une nouvelle hype, renforcée par la sortie de « Nine », une attaque de riffs tranchants épaulée d’envolées lyriques à la Kele Okereke (Bloc Party).
Au chant patriotique, le camarade Tom Woodhead en fait parfois des tonnes (l’insupportable « Nineteen » ou l’anecdotique « Eighteen ») mais s’excite toujours à point. C’est simple, dès que l’ennui pointe le bout du nez, on se ramasse de coriaces décharges d’adrénaline. « Seventeen », « Fifteen pt II » et « Eleven » remplissent ainsi leur contrat de puissance. Certes, ¡Forward, Russia! n’a pas les prétentions destructrices d’un bloc communiste. Mais possède néanmoins de sérieux atouts pour concurrencer Bloc Party.