Il aura donc fallu deux ans de gestation à Mud Flow, pour le voir sortir son troisième opus. Mais l’attente n’aura pas été vaine, car ce « A life on standby » est tout bonnement épatant. Plantons tout d’abord le décor. Au cours de cette longue période de doute, d’interrogations et de remise en question, les musiciens du groupe ont commencé à être hantés par des idées noires. Et plutôt que de refléter ce spleen sur papier ou sur pellicule, ils l’ont transposé à travers leur musique (NDR : et si vous voulez ne savoir davantage, aller jeter un coup d’œil sur l’interview qui leur est consacrée). Résultat des courses, bercée par la mélancolie douce, cette œuvre conceptuelle baigne dans un climat ténébreux. Conceptuelle, parce que toutes les chansons tournent autour du même sujet. Même les plus pop (« Today » et « Debbie and Charlie » dont certains accents sont empruntés à George Harrison, ainsi que « How I got depressed and started a war » qui aurait pu relever du répertoire de Girls In Hawaii »), véhiculent des lyrics douloureux. Mais le plus étonnant procède de la présence de trois morceaux particulièrement longs et élaborés. Remarquables aussi. Qui nous replongent dans l’univers arty, brumeux, romantique, torturé, d’And Also The Trees voire de Sad Lovers & Giants. L’envoûtant, et complexe, presque prog, balayé de cordes de guitare gémissantes, « Tribal dance » (4’53), tout d’abord. « Five against six » (8’56) ensuite. Et son phrasé de guitare dramatique comparable à une houle perpétuelle. Oui, oui, comme chez And Also The Trees. Beau à pleurer ! Et lorsque l’intensité sonore atteint son paroxysme, c’est un peu comme si une aiguille vous traversait le cœur… Enfin, le final « New Eve » (10’34). De la même veine, mais en plus élaboré. En plus grandiose. Avec cette basse propulsive réminiscente de SL&G, ses quelques touches de claviers analogiques très 80’s (Berlin Blondes ?). Cette mélodie dense, céleste et hypnotique… Enfin, sachez que pour enregistrer cet elpee, le trio a notamment reçu le concours de l’ingénieur du son, Rudy Coclet (Calc, Sharko) et d’Olivier Mellano (Dominique A, Miossec) à la guitare. Un must !