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Lemon Straw

Soit dans dix ans je suis encore là, soit j’arrête…

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Cette interview devait se réaliser avant le début du spectacle. Soit vers 21h30. Mais à 18 heures 35, je reçois un SMS : le concert est avancé à 22 heures, et c’est donc après le show que l’entretien se déroulera ; soit vers 23 heures. Qu’importe, le plaisir sera d’autant plus grand. J’espère toutefois que la formation m’accordera le maximum de disponibilité… Pas de stress ! Après tout, ces aléas appartiennent au monde des artistes…  et par conséquent, des journalistes…
Lorsque le set prend fin, je gagne le backstage afin d’y rencontrer le trio. A ma grande surprise, seul le chanteur se prête au jeu des questions/réponses.

Question bateau, mais nécessaire afin que nos lecteurs puissent mieux te définir, pourrais-tu nous relater tes expériences musicales ?

J’ai commencé au sein de petits groupes, il y a une quinzaine d’années. En fait, il n’y en a pas beaucoup. Trois, tout au plus ! Il y a 10 ans que je milite chez Lemon Straw. Pour ma part, je suis auteur-compositeur et quand tu joues dans plusieurs formations, tu ne peux pas réaliser tes propres projets.

Quelles sont tes influences musicales ?

Elles sont diverses. C’est bizarre, mais j’ai écouté pas mal de variétés françaises, lorsque j’étais adolescent. Puis, j’ai aimé des groupes comme Wet Wet Wet, Talk Talk, Depeche Mode. Ensuite, en grandissant les Beatles, Led Zeppelin, Genesis, Peter Gabriel, Police. Je m’intéresse aussi beaucoup à la scène actuelle.

Pourrais-tu me donner le titre de trois albums que tu considères comme ‘culte’ ?

L’album « Blanc » des Beatles (NDR : ce titre lui a été attribué, parce que sa pochette extérieure est entièrement blanche) ; « III » de Led Zeppelin et « Synchronicity » de Police.

Comment définirais-tu la musique de Lemon Straw ?

Aujourd’hui, c’est de la pop/folk/electro.

Peut-on la qualifier de légère (épurée) ?

Oui.

Tu sembles également très proche du public ? Est-ce important pour toi ?

C’est important, parce tu peux être vraiment près de ton public, à partir du moment où les gens se déplacent pour toi. Nous sommes en plein développement. C’est une proximité qui se travaille. Grâce à la confiance que tu acquiers. C’est forcément important, parce que sans eux, tu n’existes pas.

Ce deuxième LP s’annonce comme une aventure différente et constitue un changement important dans l’univers musical du groupe. Lemon Straw s’enrichit de sons planants : des claviers atmosphériques, de la lap steel guitare, des chœurs et une utilisation décomplexée de la boîte à rythmes. Les fans de la première heure pourraient ne pas s’y retrouver. Qu’en penses-tu ?

Je pense qu’ils s’y retrouveront parce cet album constitue une passerelle. Maintenant, il y a toujours des changements qui ne plaisent pas toujours à tout le monde. Ce qui constitue toujours un risque. Nous l’assumons. Toutefois, nous ne passons pas du blanc au noir. Pour te donner une idée, avant, nous privilégions les teintes ‘blanches’, mais maintenant elles évoluent dans les tons ‘beige/beige-foncé’. Il s’agit d’une progression, d’une évolution, mais pas d’une révolution.

Giani, on ressent toujours chez toi une certaine fragilité, une sensibilité dans la voix… Te considères-tu comme une source d’émotion ?

Je ne sais pas. Mais, je la vis et si les gens sont touchés, alors oui. Je pense que c’est l’émotion qui me motive à composer et à chanter.

« See you on the other side », titre figurant sur le premier elpee, raconte une histoire sur l’amitié. On la retrouve à nouveau sur cet elpee, mais des arrangements plus contemporains y ont été apportés. Pourquoi ce choix ?

Notre ancien claviériste Renaud est décédé il y a quelques mois. On a tout vécu ensemble. J’estimais que pour ce deuxième album, sur lequel il a quand même un peu participé, il était important de lui rendre hommage. Cette chanson, je l’avais écrite pour lui. Il fallait qu’il y ait une trace de Renaud. C’était important pour nous tous !

C’est une forme de thérapie en quelque sorte ?

Oui, aussi. Sûrement. C’est l’acceptation.

Lemon Straw est donc avant toute chose, une histoire d’amitié ?

J’ai travaillé à l’usine pendant six ans. Un jour, j’en ai eu mare. J’ai pris des cours de guitare et rencontré Boris. Puis Renaud. Au départ, elle n’existait pas, mais au fil du temps une réelle amitié s’est installée. Ce n’est donc pas seulement une histoire musicale. Je suis le parrain de la fille de Boris. C’est une petite famille en quelque sorte.

Cinq années se sont écoulées depuis la sortie du premier long playing. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de publier celui-ci ?

En fait, j’avais de nouvelles envies. Je ne parvenais pas à les exprimer. Je ne voulais pas sortir un truc pour lequel, je ne me sentais pas prêt. C’était vraiment difficile. On a failli splitter. Puis, on a malheureusement dû se séparer de Renaud. Il a fallu ensuite retrouver un autre claviériste. J’ai vécu certaines situations personnelles aussi, parfois chouettes, parfois beaucoup moins. Ce sont des événements qui t’inspirent et te permettent d’avoir une nouvelle vision de la composition. La créativité se réinstalle. Elle a nécessité cinq ans ; mais c’était un mal nécessaire. Je pense que si ce second album était sorti plus tôt, l’émotion aurait été absente.

En 2014, lors de la sortie de l’Ep 3 titres, tu avais eu l’idée de customiser le support à l’aide d’une housse artisanale en tricot. Et elles avaient toutes des couleurs différentes. C’était une initiative particulièrement créative. Aimerais-tu la réitérer ?

C’est encore à l’ordre du jour. On vend encore l’Ep dans sa housse en tricot. Sur scène également, il y a du tricot. Qui recouvre le pied de micro. C’est une petite scénographie exprimée en forme de clin d’oeil. Ce sont des seniors qui ont permis la réalisation de ce projet. Humainement et socialement, c’était vraiment une chouette idée. Et puis, il a un côté chaleureux, coloré.

Les chansons véhiculent des messages forts. Pourquoi ne pas chanter dans la langue de Molière ?

Je ne sais pas. Peut-être s’agit-il d’une manière de me cacher. Je n’ai peut-être pas le talent pour écrire en français. Peut-être pour chanter en français. La semaine dernière, on a fait un concert où j’ai dû m’y mettre. Il semble que ça a plutôt bien fonctionné (rires). Peut-être qu’un jour… mais j’estime ne pas encore avoir un niveau suffisant pour rédiger dans cette langue.

La set list est-elle immuable ou la modifies-tu en fonction des circonstances ?

Pour l’instant, c’est une ébauche. La set list a été constamment modifiée. Mais le répertoire que nous avons accordé ce soir, nous le reproduirons lorsque nous devrons jouer entre 45 et 50 minutes… Il s’agit d’un nouveau spectacle que nous avons dû mettre en place rapidement. Nous avons donc misé sur la sécurité avant tout. Il y a tellement de changements qu’il faut pouvoir les maîtriser. Dans le futur, elle se modifiera, c’est sûr.

Comment verrais-tu Lemon Straw dans 10 ans ?

Ecoute, c’est simple. Soit dans dix ans je suis encore là, soit j’arrête. J’ai envie d’en vivre. Je suis quelque part un privilégié, parce que j’en vis partiellement, mais pas encore totalement. Mais pour pouvoir en faire un job professionnel et aller au bout de tes idées, tu dois, à un certain moment, t’installer et t’y consacrer full time. J’espère avoir un jour cette chance, mais je ne mise pas tout là-dessus.

La toile et les réseaux sociaux, est-ce important pour toi ?

C’est important parce nous sommes dans cette mouvance. Mais sincèrement, si les réseaux sociaux n’existaient pas, j’épargnerais beaucoup d’énergie et j’aurais plus de temps à consacrer à autre chose. C’est important aussi parce que les musiciens doivent développer les réseaux sociaux. C’est de la communication. Il faut savoir communiquer. Il y a plein de tâches à gérer. Aller chercher les gens pour qu’ils t’aiment ou qu’ils te découvrent, oui. Mais, je préfère que le processus se fasse naturellement. C’est clair, il faut un peu de promo, mais ce système me met parfois dans une situation inconfortable. Je dois le faire alors je le fais. Le feedback est réconfortant. Mais quelquefois, j’aimerais y consacrer moins de temps.

A ce sujet, quelle est ta position sur le téléchargement illégal ? Comment réagirais-tu si tu en étais victime ?

La musique doit être écoutée. Si les internautes téléchargent illégalement, mais qu’ils viennent te voir concert, why not ? Je préfère cette option plutôt que de ne pas être écouté du tout. Cela ne me dérange pas, tant que tu peux exister et tourner.

De nombreux artistes déclarent qu’il est illusoire de vivre décemment de la musique en Belgique. Les sources de revenus proviennent essentiellement de places de concerts et surtout, majoritairement, du merchandising. Partages-tu ce constat ?

On a un sigle qui pour l’instant passe bien en radio. Mais là où tu gagnes ta vie, c’est en jouant sur scène. Il y a les droits d’auteur aussi. Ce n’est pas la vente d’albums qui te permet de gagner réellement ta vie.

Le vinyle et la bonne vieille cassette audio, ringard ou effet de mode ?

La cassette est un objet devenu obsolète. Le vinyle, quant à lui, est un objet d’une certaine classe. Lemon Straw n’a pas encore le statut pour pouvoir en graver. Mais, si on pouvait, c’est sûr que nous en presserions quelques-uns. C’est l’objet que je préfère. Imagine qu’il y a quelque temps, on te présentait un vinyle alors qu’aujourd’hui, les clés USB prolifèrent. Le vinyle est d’ailleurs en train de regagner du terrain. 

Cet échange verbal durera une bonne vingtaine de minutes… Nous discutons encore de tout et de rien… Giani me quitte et rejoint les groupies qui l’attentent. Les autographes seront légion ce soir. C’est une certitude !