Après avoir accordé un remarquable concert à l’Aéronef de Lille, en octobre dernier, Last Train, se produisait à la Rotonde du Botanique, ce jeudi 19 décembre. Votre serviteur n’est pas trop enthousiaste de revoir un même artiste ou groupe dans un laps de temps aussi court ; mais comme il était prévu de rencontrer la formation alsacienne dans le cadre d’une interview, juste avant le show, il semblait logique d’y assister. D’ici une quinzaine de jours, vous pourrez d’ailleurs découvrir cet entretien dans ces colonnes. Mais place au compte-rendu.
Il revient à Elvyn Birds d’assurer le supporting act. Il s’agit du projet solo de Renaud Ledru, le chanteur/compositeur du duo Alaska Gold Rush. Il va nous proposer des chansons poétiques incitant au voyage et à la réflexion, en s’accompagnant à la sèche qu’il joue le plus souvent en picking. Et parfois, il souffle dans un harmo posé sur un rack. En outre, il ne manque pas d’humour, en s’adressant à l’auditoire. Mais le plus étonnant procède de ses inflexions vocales qu’il emprunte régulièrement à Bob Dylan. Il termine son set par un morceau relatant le parcours des réfugiés qui traversent la Méditerranée au péril de leurs vies. Le set tient la route, mais trop confiné à l’univers du folk, il devient progressivement monocorde. Suffirait cependant du soutien d’un violoniste et/ou d’un violoncelliste pour que l’expression sonore prenne une autre dimension. Enfin, ce n’est qu’un avis personnel…
Place ensuite à la tête d’affiche. Le « The lonely shepherd » du célèbre flûtiste roumain Gheorge Zamfir sert d’intro. La scène est plongée dans un décor en noir et blanc. Le quatuor grimpe alors sur l’estrade sous les applaudissements de la foule. C’est sold out, ce soir ! Jean-Noël balance un premier ‘Bonsoir Bruxelles’, avant d’attaquer « All Alone ». Déjà les trois gratteurs déambulent de long en large droite sur le podium, comme ils vont très souvent le faire au cours du show. Ceux-ci incitent la foule à frapper dans les mains, tout au long de « House on the moon ». Plus élaboré, « On our knees » s’ébroue sur un tempo plus lent. Une compo atmosphérique qui subit quelques déflagrations électriques, avant le retour au calme, moment choisi par les trois guitaristes pour faire face au batteur. Puis le drumming devient martial et conduit à l’explosion finale. « One side road » est imprimé sur un tempo bien carré. Les six cordes vibrent comme à l’époque du Creedence Clearwater Revival. Puis Jean-Noël descend dans la fosse, la traverse, monte les marches, va taper dans la main de l’ingénieur du son, derrière sa table de mixage. Et quand il remonte sur le podium, le band est prêt à attaquer « Between wounds ». Lors des refrains, la foule chante. Jean-Noël tourne le micro vers la fosse. Ce qui n’empêche pas la compo de multiplier les déflagrations sonores. Et le groupe de d’embrayer par un instrumental décapant, au cours duquel la foule est à nouveau invitée à frapper dans les mains. De petites mélodies sont échangées entre les deux guitares tout au long de « Disappointed ». Caractérisé par cette ligne de basse bourdonnante, percutante, ce titre est manifestement hanté par Muse. Entre accalmies et explosions sonores, la foule reprend les lyrics de « Fire » en chœur, et Jean-Noël présente encore son micro à l’auditoire. Il empoigne un tambourin avant d’aborder « Leaving you now », le dernier morceau du set, puis quelques secondes plus tard, le jette en coulisses. La fin du show est à nouveau très électrique, presque psychédélique, et lorsque le combo se retire, la foule réserve une belle ovation au band. Elle en veut encore. L’attente est longue. En remontant sur l’estrade, le vocaliste remercie tout son staff, puis décrète que ce sera la dernière chanson du concert. En l’occurrence, « The big picture ». Un spectateur lui répond alors qu’il en veut davantage. Et qu’après ce morceau, il en faudra un deuxième, puis un troisième, et pourquoi pas un quatrième. Et qu’il sait où le groupe a garé son véhicule… Ce qui déclenche l’hilarité dans le public mais aussi chez les musicos. La foule reprend de nouveau les paroles en chœur pendant ce morceau. Enfin, sauf quand les musiciens se déchaînent sur leurs instruments. Jean-Noël jette son pied de micro sur les planches. Le soliste s’autorise un long feedback, alors que Jean-Noël brandit sa guitare d’une seule main bien levée vers le ciel, un peu comme un sportif qui exhibe son trophée. Et avant de prendre congé, comme à l’Aéronef, les musicos de Last Train vont se serrer dans les bras, visiblement heureux d’avoir conquis l’assemblée. Un concert aussi efficace que celui accordé à Lille, mais en plus condensé...
(Voir aussi notre section potos ici)
Setlist :
All Alone, Way Out, House on the Moon, On Our Knees, One Side Road/Between Wounds, Disappointed, Fire, Leaving You Now
Encore:
The Big Picture.
(Organisation : Odessa Maison d'artistes)