Michaël Gira ne s'était plus montré aussi prolifique depuis bien longtemps. Pensez donc, alors que le dernier album studio de Swans remonte à 1992, il vient de graver successivement "The Great Amnihilator" et "Drainland". Ce dernier est cependant un projet plus personnel, même si on y retrouve la présence de sa compagne Jaboe, de l'ex-drummer de Ministry, Bill Rieflin, ainsi que d'Anton Fier. Parce que ce disque sort en même temps que son premier bouquin ("Empathy & other short stories") publié par Henry Rollins. Au fil des années, la musique de Michaël s'est métamorphosée, est devenue plus intense, moins touffue, plus complexe et surtout mélodieuse. Mais elle a conservé cette forme viscérale si caractéristique qui sied si bien à son baryton profond, tantôt murmuré, tantôt irascible. Chroniqueur cynique, Gira explore sur "Drainland" le monde des égouts. Un disque austère, hypnotique tirant toute sa saveur de la force de la répétition. Post industrielle dans les moments les plus obsessionnels, elle atteint cependant toute la pureté de son feeling, cette forme de sauvagerie mélancolique et sensuelle lorsque Michaël empoigne sa guitare acoustique puissamment électrifiée; et notamment sur le remarquable final, "Blind", dont la subtilité évoque instantanément Joy Division...