Du line up original, il ne demeure plus que le bassiste John Curley et le leader/chanteur, Greg Dulli. Un Dulli qui semble avoir retrouvé sa voix. Toujours aussi nicotinée, graveleuse, soul, malsaine et tellement bouleversante. Le band s’était séparé en 2001, après avoir publié 6 albums. Il s’est reconstitué dix ans plus tard, et « Do to the beast » constitue son premier elpee, depuis la reformation. Entre-temps, Dulli a tenté une aventure en compagnie de Mark Lanegan, au sein de The Gutter Twins, puis a monté un autre combo, Twilight Singers.
Mais venons-en au tout nouvel elpee. Pas nécessairement bien reçu par la critique. A cause de l’absence du guitariste Rick McCollum. Et puis parce que les arrangements réservés au long playing ont été particulièrement soignés. Ce qui libère moins de groove. Enfin, apparemment. Car finalement, au fil des écoutes, les compos vous pénètrent insidieusement et ne finissent par ne plus vous lâcher. Elles sont marécageuses, parfois même hymniques. Depuis le puissant et sordide « Parked outside » au mélodramatique et cuivré « These sticks », en passant par le syncopé, au refrain contagieux, « Matamoros », la ballade mélancolique et sanglante « It kills », déchirée par le falsetto de Van Hunt, le western spaghetti « Algiers (NDR : premier single, également), l’angoissant (‘hitchcockien ?’) « Lost in the woods », caractérisé par ses luxuriantes orchestrations de cordes et de cuivres, le plus enlevé « The lottery » et le destructeur « I am fire ». Quant aux thèmes développés dans les lyrics de Dulli, ils abordent naturellement la mort, la moralité, la spiritualité et la sexualité.
Pour enregistrer cet opus, outre Van Hunt, Afghan Whigs a notamment reçu le concours de Joseph Arthur, Mark McGuire ainsi que des membres de Queens of The Stone Age et Chavez. Bref, n’en déplaise aux détracteurs, cet album est tout bonnement excellent !