Celui dont la filiation avec Higelin et Tom Waits est proche, prouve une fois encore qu’on peut exister musicalement dans le plat pays depuis une bonne trentaine d’années et réinventer un art majeur.
En publiant « Human Incognito », Arno revient sur des fondamentaux ! Aucune fioriture, aucun excès. Exit claviers et autres synthés utilisés (maladroitement) dans le passé. Place ici aux instruments organiques.
Enregistré à Bruxelles par Catherine Marks, mixé à Bristol et produit par John Parish (PJ Harvey, Eels…), cet opus se veut résolument rock dans son ensemble ! Il est plutôt relevé ! On y décèle ci et là une pointe bluesy ou électro, à l’instar du percussif « Please Exist ».
Quelques jolies ballades viennent compléter ce joli tableau « Je veux vivre » ou encore « Sant ». Le spectre de Gainsbourg plane étrangement à l’écoute de « Dance like a goose ».
Le mélange des genres dépeint un tableau sobre, mais coloré ! Les compositions font la part belle au français et à l’anglais !
Ce « Vieux fils de pute », référence à la sublime plage titulaire, nous gratifie d’un jouissif des plus intéressants, sans jamais tomber dans la facilité ou la mièvrerie ! Ou comment marier utopie et poésie sur fond de second degré (‘Je veux vivre dans un monde où mon foie arrête de pleurer’). L'être humain l'inspire beaucoup et reste au centre de ses préoccupations.
La voix profonde et rocailleuse de l’Ostendais apporte une certaine rondeur à un son susceptible parfois de devenir crasseux, mais qui bénéficie d’une maîtrise exemplaire. L’accent flamand corrosif (et les postillons que l’on imagine nombreux) ponctuent toujours autant chacune des syllabes. Un peu sa marque de fabrique me direz-vous…
Sans doute un peu plus commercial dans son approche que certains de ses précédents (quoique !), cet LP reste quand même éloigné des stéréotypes radiophoniques de ce XXIème siècle, sans tomber pour autant dans une forme élitiste aveuglante !
Le gaillard reste fidèle à lui-même et à ses principes, tout en conservant une forme de liberté non conventionnelle, référence à « Une chanson absurde », où il nous gratifie de situations granguignolesques, mais tellement amusantes !
Rapidement addictive, la musicalité d’Arno, grave et attachante, traverse les âges et les frontières tout en conservant une ligne de conduite immuable depuis tant d’années. Une musique de qualité ! Humaine, fragile et à fleur de peau !
Une belle réussite !