Au cours des trois dernières années, DFA (Death From Above) est incontestablement devenu un des labels les plus prolifiques. Sans doute que le travail apporté par James Murphy explique cette situation. Producteur et ingénieur du son infatigable, recruteur de génie, le Newyorkais réussit à jongler magnifiquement entre son groupe, LCD Soundsystem et son label DFA, une écurie cofondée en compagnie de son ami de longue date, Tim Goldsworthy. Un personnage qui ne vous dit peut-être pas grand-chose ; et pourtant, c’est bien lui qui a découvert Hercules and Love Affair.
Projet d’Andrew Butler, DJ et producteur de la Grande Pomme, l’homme a bénéficié du concours d’une orchestration issue de la scène underground newyorkaise ; et, cerise sur le gâteau, de la participation d’Antony, mais pour la circonstance, sans ses Johnsons. Il prête sa voix à cinq titres. Un registre que l’on ne lui connaissait pas, mais au sein duquel il se transforme, d’une façon magistrale, en un crooner androgyne. Disco. A la voix tendre et suave. Ce premier opus est éponyme. Une œuvre qui ne manque pas d’élégance. Ni de rythmes funk et disco. Dispensés à la manière d’un Bronsky Beat, ils sont ici propulsés dans le nouveau millénaire. Les voix féminines de Nomi et de Kim Ann Foxman sont imprégnées de sensualité. A l’instar des ‘Traîtresses de l’Ile du Désir,’ elles roucoulent de plaisir tout au long de « You Belong » ou encore d’« Athene », une plage dont les beats disco étourdissants, épicés de sonorités de cloches sont dynamisés par des accès de basse orgasmiques. Un univers sonore qui a bien failli faire chavirer Hercule lors de l’accomplissement de ses douze travaux. Mais il a résisté. Non sans mal ; jusqu’à ce que, Antony vienne entonner « Blind », tube herculéen déjà classé historiquement. Tracée par un Tyler Pope (!!!, LCD) bien inspiré, la ligne de basse est pure. Typiquement disco et enrichi de cuivres, le tempo serait susceptible de faire danser un mort sur un dancefloor couvert de paillettes. Ce dancefloor… Un endroit de repos éternel : mais également le vestige d’une Grèce Antique, revisitée par un producteur des temps modernes, pour célébrer une histoire d’amour et une réconciliation avec les années 80 !
A mon humble avis, « Hercules and Love Affair » risque fort de devenir le disque majeur d’une année 2008 explosive. Une énorme boule à facettes qui n’est pas prête de se décrocher et devrait continuer à tourner jusqu'à rayure du disque. Un grand moment de néo-disco que ce petit malin de Butler a reconstitué intelligemment. Mais aussi et surtout, un choix encore une fois judicieux du très très grand label DFA. Messieurs Murphy et Goldsworthy : chapeaux bas !
Pour voir la vidéo de « You belong » : http://fr.youtube.com/watch?v=T5spXHUCmWc