En ce début de siècle, le rock s'est indubitablement remis sur la bonne voie. Pour sa part, The Coral participe activement à l'émulation ambiante. Aahh quel bonheur! Comme nous étions heureux, enchantés de découvrir leur album éponyme aux premiers jours de ce nouveau millénaire. La couleur Coralienne était annoncée: un condensé juvénile foutraque, branleur et diablement sexy. Une musique taillée dans le rock psychédélique, le folk et la Britpop. Mais quatre années plus tard, que sont devenus les six de Hoylake ? Les pensionnaires de la banlieue liverpuldienne se portent au mieux, merci pour eux! D'ailleurs, au rythme effréné d'un disque par an, personne ne sait vraiment où en seront ces petits gars (23 ans de moyenne d'âge) dans dix ans. Mais peu importe. Aujourd'hui, ils sont là et c'est déjà énorme. La voix de James Skelly s'élève: grave et puissante, mélancolique et assurée tel l'intonation d'un Jim Morrison planqué dans l'organe d'un matelot de la Merseyside. Dès l'intro perpétrée par "She shings the Mourning", l'auditeur constate l'insolente maturité vocale de Skelly. Et puis, il y a cette musique: melting-pot indiscutable mais difficilement dissociable. Quel rock ces garçons peuvent-ils bien traficoter? Du Johnny Cash en compagnie de The Specials, The Doors en compassion devant The Beatles: The Coral, c'est le monde à l'envers! Pourtant, "The invisble invasion" ne renferme pas encore ‘le’ tube en or massif. Tant pis… ou plutôt tant mieux. Car ce quatrième disque reste de loin le plus cohérent signé à ce jour par ces ‘musicologues’ précoces. Au final, rien ne manque au tableau esquissé par The Coral: de la bourrasque rock ("Arabian sand") à la promenade pop des anglais ("In the morning") en passant par l'élancée mystique ("Far from the Crowd"), ils n'ont strictement rien oublié. Alors jeunes gens, levez-vous et chantez au monde entier que, oui, nous vivons une époque formidable!