Il fût un temps où Pearl Jam incarnait, pour les jeunes, le groupe de rock ultime, indépendant et droit dans ses bottes, alternatif mais pas trop, osant se dresser contre l’establishment musical en portant des chemises de bûcherons tout en refusant le jeu promotionnel. C’était l’époque du grunge… mais cette époque semble aujourd’hui bien loin. Si Pearl Jam continue son bout de chemin sans se soucier des modes, il s’est aussi grossièrement assagi, jusqu’à ressembler au backing band de Tom Petty. Finie la rage sonore de « Once » et « Spin The Black Circle » : en 2005 Pearl Jam ressemble davantage aux groupes qu’il répugnait il y a plus de 10 ans, en enchaînant les ballades à la Neil Young mais sans les tripes. C’est de l’histoire ancienne, pratiquement : un vieux souvenir sentant la naphtaline, quand en pleine puberté on croyait encore qu’Eddie Vedder remplacerait (non sans mal) Kurt Cobain dans nos cœurs. Par dépit on aura même continué à acheter tous les disques… pour se rendre compte assez vite que toute cette histoire, finalement, n’avait rien d’exceptionnel. Pearl Jam aujourd’hui, pratique du rock ennuyeux qui se mordille la queue. Un truc conventionnel et daté, alors qu’à 15 ans on était sûrs d’être les seuls à comprendre. Parce qu’à ce moment-là déjà Pearl Jam n’inventait pas la poudre, et ce ‘best of’ nous le rappelle avec une certaine véhémence. Il y a des bons titres, certes (ceux des trois premiers albums, en gros) ; mais en prenant du recul, on se dit que Pearl Jam n’était qu’un petit groupe de passage (à l’âge adulte, au rock indé, aux chemises quand même plus classes). Ce n’est ni critiquable ni honteux : c’est juste dans l’ordre des choses, et c’est très bien ainsi. On en a même la nostalgie ; et parfois (mais pas trop) c’est nécessaire. Maintenant : aller de l’avant.