Bella Union est un de ces labels dont on attend avec impatiemment chaque sortie discographique, tant son catalogue croule sous les perles folk/americana/indie. Pour les néophytes, cette compile s’avère donc une parfaite introduction, d’autant que ce genre de sampler se vend toujours à un prix « découverte », bref démocratique. Si The Autumns pêche par pompiérisme (du rock ampoulé à la Veils : sortez les violons), The Dears arrive de suite à point nommé pour relever le niveau : du piano, des cuivres et des cordes, et le fantôme de Lee Hazlewood qui guette. A l’arrivée ces Dears nous sont déjà très chers, sur la foi d’un seul titre. Laura Veirs, elle, pourrait bien être la révélation de l’année, tant son folk irradie d’une mélancolie cajoleuse : ses albums sont des splendeurs, à écouter toutes affaires cessantes. On en dira autant des Czars, toujours magnifiques dans leur rôle sur mesure de ‘bourreaux des cœurs de bars louches’, et de Trespassers Williams, du slowcore comme on l’aime, bref nocturne et berceur. Mais Bella Union ne limite pas à du folk-rock crépusculaire capable de jouer avec nos nerfs avant de nous étreindre : c’est aussi du hip hop blanc-bec à la Lex/Anticon (Josh Martinez), du math-rock enjoué (Mandarin) et du post-rock romantique (Explosions In The Sky, superbe). Une certaine vision de l’Amérique profonde, qui joue de la bonne musique au lieu de voter Bush, qui tente de survivre malgré l’ennui ambiant. Un collectif de maquisards, qui résistent à la médiocrité : un label à surveiller du coin de l’œil, les prochaines quatre années.