Vous aimez Interpol ou Editors ? Mieux encore, les Smiths, Joy Division ou The Chameleons ? Ce premier opus de Perverted By Languague est pour vous. Le quintet tire son patronyme du titre d'un album gravé par le groupe anglais The Fall, en 1983, sur Rough Trade.
Formé en 2007, il est basé à Bruxelles mais ne compte dans ses rangs aucun Bruxellois pure souche. Jez Thomas, un Anglais 'expat' (au chant) et le Breton Ronan Collot (guitare), sont les membres fondateurs. Le line up est complété par Elise Boënnec (basse et chant), également issue de la Bretagne, l’Italien Francesco Carlucci (guitare) et Guy Wilssens, originaire de Saint-Nicolas, en Flandre.
Après avoir répété et multiplié les concerts, notamment aux Soirées Cerises et aux Fantastique Nights, le combo vient de publier son premier elpee chez Wonderhouse Records : « Boxers ». Le niveau général de l'album est très élevé. Le travail de Renaud Houben au studio Pyramide à Bruxelles et de Fred Hyatt (mixage et mastering) est remarquable et le son est aussi puissant que clair.
Musicalement, on baigne dans un univers postpunk, où l'on retrouve tour à tour la noirceur de Joy Division, l'inspiration lyrique et sensuelle des Smiths et les guitares cristallines des Chameleons. L'inspiration des Smiths contamine surtout sur les deux premiers titres, « The Box » et « Lost For Words ». Les harmonies et les mélodies, associées aux thèmes contenus dans les (excellentes) paroles de Jez Thomas, évoquent clairement Morrissey.
« Elephantine » et « Amandine » sont imprimés sur un tempo plus lent et dévoilent un autre volet de la personnalité de PBL. Le premier évoque « View From A Hill » des Chameleons et se termine par de très belles harmonies a capella. Le second rappelle immanquablement The Eden House. Logique, puisque Jez m'a confié avoir composé ce titre juste après un concert de la formation anglaise, dont une des chanteuses était une certaine... Amandine Ferrari Fradejas, aussi jolie que talentueuse. Ici, le chant aérien d'Eloïse Boënnec glisse doucement sur un tapis de guitares incandescentes. Une superbe plage !
Après « The Beach », compo très directe qui renoue avec l'énergie pure du punk, on découvre « The Idealist », une chanson qui recèle un haut potentiel. C'est un slow aux accents 'Smithiens' doté d'un refrain immédiatement mémorisable : ‘I once was an Idealist but then I met you...’ et de guitares résolument orientées 'Interpol'. A découvrir !
« All My Mother Favourite Nightmare » débute sur un superbe riff et on est gentiment bercé par le baryton de Jez Thomas. On pense ici au regretté Adrian Borland (The Sound). La plage éponyme « Perverted By Language » se distingue surtout par son refrain très puissant, presque ‘metal’.
Après « Medication », une piste très touchante qui traite du thème de la dépression, l'album se termine sur un tour de force, « Pewter Eyes ». D’une durée de 6 minutes, se morceau se construit sur un rythme tribal et les mélodies ainsi que les paroles de Jez sont probablement ici les plus personnelles de l'opus. L'ambiance est hypnotique et on est emporté par le refrain ‘Turn out the light, turn out the lights,...’ jusqu'au paroxysme final.
En conclusion, cette production belge mérite d'être découverte et se place clairement au niveau international. Il faudra juste que le groupe affirme davantage encore sa personnalité propre, face aux références citées plus haut. Mais le potentiel est très grand : les compositions sont très belles et s'imposent immédiatement comme de futurs 'classiques'. Franchement, bravo les gars et continuez dans cette voie…