La Pologne ne se distingue pas seulement par son équipe de football, dans le cadre européen; mais aussi par ses festivals. L’Open’er, au fil de ses 15 éditions, s’est taillé une solide réputation dans le paysage pourtant déjà dense des grands festivals.
Pour preuve, dès notre départ en matinée à l’aéroport de Bruxelles, on remarque la présence de nombreux jeunes. Ils ont emporté leur matériel de camping et s’apprêtent à faire le (long) déplacement. Il faut dire que les tarifs pratiqués –pass d’entrée, boissons et nourriture– sont bien moins élevés qu’en Belgique. Comptez carrément la moitié des prix. De quoi compenser le coût du billet d’avion ; finalement pas très élevé non plus, d’ailleurs…
Et la soirée débute par un retour très attendu, celui de PJ Harvey. Elle vient défendre son dernier opus, « The Hope Six Demolition Project », qui succède, au sublime « Let England shake » (NDR : un titre bien d’actualité vu le Brexit ; communauté et foot compris). Manifestement, Polly n’a rien perdu de sa superbe. Elle est soutenue par 9 musiciens, dont ses fidèles John Parish et Mick Harvey (NDR : qui rappelons-le n’a aucun lien de parenté avec elle). Et à l’instar de « Chain of keys » proposé en en ouverture, les touches de jazz et de blues sont accentuées par les deux saxophonistes. En outre, les lumières tamisées et le décor de fond (un mur lounge au relief en 3D) donnent l’impression d’être plongé au sein d’un grand club de jazz. Elégamment (NDR : malgré ses 47 balais) la toujours jolie brune vient poser sa voix. Les titres du dernier opus sont presque joués dans l’ordre (« The Ministry of Defence », « The Community of Hope », « The Orange Monkey », « A Line in the Sand », etc.) Il faudra attendre la fin de set pour qu’elle attaque son répertoire plus ancien, dont le décapant « 50th queenie » enchaîné aux « Down by the Water » et « To Bring You My Love ». Avant que ne se produise le point d’orgue de la soirée (NDR : et peut-être du festival), lorsque les 10 artistes vont se pencher, deux par deux, sur les cinq micros en front de scène. Et achever « River Anacostia » en chantant a cappella le refrain ‘What will become if God's gonna trouble waters?’ Un morceau qui reflète bien l’aspect sombre des textes du dernier opus de PJ. Des lyrics qui s’inspirent de la pauvreté qui sévit à Washington DC, mais également de la guerre en Afghanistan ou au Kosovo, pays qu’elle a visités, pour trouver l’inspiration. Sur le long playing, la rythmique du sax est omniprésente (NDR : tout comme sur les planches, il sont trois à assurer cette mission, dont Polly elle-même) et les percus sont hypnotiques. En extrapolant, on imagine facilement des sirènes inhérentes aux conflits armés ; mais également des défilés patriotiques. Et en fin de parcours, les musicos quittent sobrement et un par un, l’estrade, de manière quasi-militaire. Avant que le public, visiblement comblé, réclame haut et fort un rappel. Qui tardera à se concrétiser. Mais les plus patients ont eu raison d’attendre le long ‘encore’. Au cours duquel le band va nous réserver en finale « A perfect day Elise », qu’on aurait pu modifier pour l’occasion en ‘A perfect evening Polly’ !
Lorsqu’elles s’étaient produites à l’Orangerie (NDR : à deux reprises !) les Savages avaient fait un tabac. Sous un énorme chapiteau (NDR : vu la météo, heureusement que cet Alter stage est couverte cette année), la formation britannique est bien en place. Vêtues de tenues sombres, classes et sexy à la fois, le quatuor féminin fait rapidement le ménage (NDR : oui elle est facile, je l’admets…). Le public est dans les cordes. Faut dire que Jehnny Beth et ses copines alignent uppercuts et crochets qui font mouche, comme si elles étaient sur un ring de boxe. Girl power !
La soirée est décidemment bien féminine. Florence and The Machine est programmé au même moment sur la grande scène. Que de chemin parcouru depuis sa prestation accordée dans le cadre du mini festival des Inrocks à Lille en 2009 (NDLR : voir le compte-rendu ici)
C’est la grande foule à l’entrée du site. Et le show sera à la hauteur. La jolie rousse aligne ses tubes, tels un bon vieux juke-box qui tourne sans jamais vouloir s’arrêter. On aura ainsi droit aux incontournables « Shake it out », « Sweet nothing », « Cosmic love » et «You’ve got the love». Florence Welsh est de bonne humeur et elle varie ses chorégraphies. Elle descend même régulièrement dans la fosse (NDR : a contrario de la plupart des artistes qui figurent à l’affiche de ce premier jour). Mais la musique reste de la pop bien gentillette ; et si elle communique avec le public, son discours entre les morceaux est un peu trop fleur bleue, parlant essentiellement de l’amour idyllique…
Pour assister à un spectacle un peu plus original, il est nécessaire de retourner sous l’Alter stage, où Mac DeMarco est programmé. Caractérisées par ses riffs déjantés, ses compos naviguent quelque part entre celles de Pavement et la nouvelle coqueluche, DIIV. Des morceaux noisy/punk aux refrains parfois carrément humoristiques. Et il draine, lui, heureusement, un auditoire bien plus rock’n’roll que sur le podium principal. Car oui, le ‘rock’ a de moins en moins de place dans les festivals ; et il faudrait que les organisateurs pensent tout doucement à retirer ce terme de leur appellation. Suffit de prendre connaissance de la programmation affichée par la plupart des festivals estivaux, pour s’en rendre compte…
(Organisation Open’er)